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Elisa Crabeil (Traducteur)Sarah Raquillet (Traducteur)
EAN : 9782351788905
272 pages
Gallmeister (17/08/2023)
3.58/5   219 notes
Résumé :
Skalde et sa mère Edith vivent dans leur maison isolée à l’orée de la forêt. L’adolescente n’a jamais vu le bleu du ciel : leur région est en proie au brouillard et à la sécheresse depuis si longtemps. Les derniers habitants du coin, après avoir fait sauter l’unique pont qui les reliait au reste du monde, espèrent ainsi que leur autarcie volontaire les protègera du chaos. Un jour, Skalde découvre dans une clairière une enfant à la chevelure rouge feu. D’où vient-ell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
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Un premier roman « Les Dents de lait« , d'une jeune auteure allemande de 28 ans, Hélène Bukowski aux éditions Gallmeister. Un livre curieux à l'atmosphère mystérieuse et envoûtante. Une dystopie, une légende, un conte, ce roman est un mélange savamment dosé des trois sans doute. Les ellipses sont nombreuses dans cette histoire qui s'écrit comme une sorte de journal intime de la toute jeune Skalde. Enfant, elle est élevée par sa mère Edith. Une femme curieuse, étrange, qui n'a pas perdu ses dents de lait. Un détail qui prendra toute son importance dans la suite de ce récit, que je ne souhaite qu'effleurer, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Edith et Skalde se vouent mutuellement un mélange de haine et d'amour, un lien fille-mère ambiguë et un secret difficile à percer. C'est sans doute là, au coeur de cette relation que nous touchons la beauté et dans un même élan, les limites de ces « Dents de lait. » J'ai eu dans la seconde partie du récit, du mal à cerner les liens unissant Edith et Skalde. Edith capable de cruauté envers sa fille Skalde et cette dernière pleine de colère et de ressentiments légitimes. Skalde qui se construit dans l'adversité sur cette terre coupée du monde car le pont le reliant au continent est détruit. On ne sait pas ce qu'il est advenu. le climat a terriblement changé, les oiseaux ont presque disparu, les récoltes de fruits ne sont plus qu'épisodiques. Un village paranoïaque où l'étranger, la différence n'est accueilli que par un rejet violent lié à des fantasmes de changelin, ces êtres légendaires. Lorsque Skalde trouve Meisis, une enfant aux cheveux rouges, dans les bois et qu'elle la ramène à la maison, elle va sans le savoir, déclencher une réaction en chaîne. Qui est Meisis ? D'où vient-elle ? Comment va t'elle pouvoir vivre dans cette communauté fermée où l'on étouffe ? Je n'irais pas plus loin dans ma description de l'histoire. A vous lecteurs de découvrir par vous même ce roman troublant et très bien écrit. Néanmoins, il m'a manqué quelque chose pour être pleinement emporté par le récit. Pour apprécier ce livre, il faut accepter de ne pas tout saisir et c'est justement ce qui m'a empêché d'adhérer à l'histoire dans sa globalité. le lien mère/fille, Edith/Skalde m'a semblé manquer d'éléments pour saisir l'amplitude des ressentiments entre les deux femmes. J'ai peiné à m'attacher aux personnages et suis resté trop en surface des choses par manque de repères. Je n'ai pas réussi à m'abandonner suffisamment pour être absorbé par cet univers décrit trop succinctement. Les personnages restent décrits en surface et nous ne saurons rien ou presque de leur psychologie. Un roman qui m'a décontenancé, sans doute un peu trop froid, les personnages mis à distance, alors que j'ai besoin de les ressentir au plus profond de moi. Chacun a son lien propre avec la littérature et les attentes que nous en avons, c'est très subjectif. Voilà mon ressenti sur ce roman « Les Dents de lait » signé Hélène Bukowski. A vous de vous faire votre propre opinion.


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Gallmeister aime jouer avec les frontières, cheminant parfois allègrement au milieu d'un imaginaire volontiers fantastique comme dans Sauvage de James Bradbury. Pour cette rentrée littéraire, l'éditeur nous propose un premier roman des plus étranges avec Les Dents de lait de l'allemande Hélène Bukowski, qui convoque à la fois les spectres de la dystopie, du récit d'apprentissage (ou coming-of-age pour nos amis anglophones), du conte fantastique et du roman familial.
Un joyeux melting-pot divisé en 77 courts chapitres où Skalde nous raconte son histoire…

De l'autre côté du pont
Cryptique, le roman l'est dès les premières pages.
Il est question d'une enfant, Skalde qui vit avec une certaine Edith (qui se révèlera être sa mère mais qu'elle n'appelle jamais ainsi).
Skalde passe la majeure partie de son existence dans une maison bordée par la forêt et rongée par la brume.
Rapidement, on comprend que quelque chose ne va pas dans le monde de Skalde. le soleil règne en maître, imposant un été qui dure trop longtemps et qui apporte la sécheresse. Les mouettes tombent du ciel et les animaux blanchissent. La couleur elle-même semble suspecte.
On apprend petit à petit que Skalde vit dans une région repliée sur elle-même avec des habitants qui ont décidé de détruire le pont qui les relie au reste du monde, un monde redouté et détesté par ceux qui restent.
Skalde, elle-même n'est pas très bien vu par la communauté, car elle n'est pas des leurs, et sa mère, Edith, encore moins, arrivée un jour d'on ne sait trop où on ne sait trop comment.
Et voici qu'un après-midi, Skalde trouve une petite fille perdue dans la forêt.
Son nom ? Meisis. En décidant de la prendre sous son aile et de la ramener chez elle, Skalde va provoquer la colères des autres habitants car Meisis n'est pas des leurs, Meisis a les cheveux roux et flamboyants, Meisis n'a pas encore perdu ses dents de lait…alors Meisis doit être une créature, un changelin, et Meisis doit mourir pour le bien de la communauté.
Ce background particulier efface les contours géographiques de l'endroit où se déroule le récit de Skalde, lui donnant une sorte d'intemporalité et donne à l'histoire d'Helene Bukowski des allures de fable, de conte. Les habitants croient aux changelins, Edith semble avoir des propriétés inhumaines aux yeux de sa fille, certains évènements n'ont aucune explication rationnelle… L'allemande se sert de la carte du fantastique pour décupler l'étrangeté de son récit, un récit qui fascine rapidement le lecteur.

Ma terre, à jamais !
Pourtant, au-delà de cet aspect surnaturel, Les Dents de lait a un côté crûment réaliste qui file parfois des frissons. En effet, Helene Bukowski nous parle d'un monde où l'été n'en finit pas, où les ressources s'appauvrissent, où les oiseaux meurent. C'est le spectre du changement climatique qui hante Les Dents de lait comme celui d'une certaine dystopie, avec cette communauté repliée sur elle-même qui ne tolère pas l'étranger, qui y voit forcément une menace et tente, par tous les moyens, de le tenir à l'écart de ses frontières. Avec la peur de l'étranger arrive la superstition, la croyance en une menace qui n'a plus rien de rationnelle comme celle d'une enfant aux cheveux roux capables de faire disparaître des jeunes filles ou celle d'une jeune femme capable de commander aux chiens. L'étranger devient un monstre, une terreur qui pourrait aussi bien s'être échappée d'un conte pour enfants.
Skalde, elle, est le produit de cet étranger mis à l'écart et de l'enfant né dans un ailleurs qui est devenu sa propre terre. Personnage fascinant au possible, Skalde devient une figure de résistance pour accueillir l'autre, pour le protéger envers la folie du monde. Mais c'est aussi un personnage blessé, par les autres bien sûr, mais aussi par sa propre mère qu'elle n'arrive jamais à considérer frontalement comme la sienne, qu'elle nomme autrement pour mettre de la distance, qui la regarde avec méfiance et qui s'endort parfois en secret avec ses vêtements pour l'aimer sans le dire.
Les relations entre Skalde et Edith sont tendues, complexes, parfois inconciliables, et l'arrivée de Meisis permet à Skalde de corriger les choses, ou, du moins, d'apporter à la gamine ce qu'elle n'a pu avoir elle-même.
Dans une certaine mesure, cela lui apporte une compréhension du sentiment ambivalent qui ronge Edith depuis toujours à son égard.
Mais surtout, Skalde aime sa terre, aime son foyer où beaucoup la considère pourtant encore comme une anomalie, comme si malgré les générations, un étranger restait toujours un étranger aux yeux des autres. Devant la menace, devant l'oppression et la violence, que faire ? Partir ? Fuir ? Mourir ?
Est-ce même un choix ?
Voilà en substance la beauté du roman d'Helene Bukowski, de parvenir à la fois à aborder l'intimité contrariée entre une mère et sa fille en l'inscrivant dans notre époque et celles à venir pour en faire quelque chose d'intemporel et universel où l'être humain cherche encore et toujours sa place.

Avec ce premier roman étrange et envoûtant, Helene Bukowski oublie la frontière et installe un univers aussi personnel qu'original dans lequel ses personnages vivent et peinent. À la fois récit d'apprentissage et réflexion sur le monde d'aujourd'hui et de demain, Les Dents de lait s'impose comme une histoire belle et troublante qui reste longtemps en tête.
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Le curseur juste un peu plus loin.

Le dérèglement climatique est devenu le seul maître du monde, celui qui décide de ce qui vit et meurt, de ce que les Hommes peuvent encore voir et doivent encore subir.

L'isolement est devenu une règle, du moins pour ceux qui survivent dans ce coin perdu (de l'Allemagne ?), où ils se sont coupés du monde en détruisant le seul pont qui mène à ces terres.

Voilà pour le contexte, et donne une idée de l'ambiance. Les habitants qui font partie de cette histoire étant dans la logique du « chacun pour soi », le récit se classe donc plutôt dans une atmosphère post-apocalyptique que vraiment dystopique.

Mais, Helene Bukowski a cherché avant tout à raconter des femmes et des hommes, le reste n'étant qu'un cadre particulier qui les amène à réagir à leurs manières.

Jeune auteure allemande de 28 ans, et un premier roman qui n'invente rien mais où un talent singulier se révèle déjà. Elle est de la génération touchée et profondément impactée par les changements actuels du climat (et ceux à venir). le message sous-jacent est là, évidemment. Mais il n'est pas le centre du récit, pas le seul présage.

Une fille et sa mère, isolées, des interactions rares avec leurs voisins hors de vue. Une relation chaotique entre une adolescente et une adulte, l'une qui a besoin d'espace, l'autre qui passe par de longues et profondes périodes de dépression.

Et une petite fille rousse qui surgit de nulle part au milieu de la forêt. Recueillie par l'ado, rejetée par tous les autres. « Sorcière », le mot est lancé.

Quand l'Humain se recroqueville sur lui-même, il perd son sens commun. Celui du respect de l'autre, de la tolérance envers la différence et ce qu'on ne comprend pas de prime abord.

Le vrai message du roman est là, à travers ce qui ressemble autant à une fable qu'à un roman initiatique, et à un récit au plus près de la terre.

La peur de survivre se transforme vite en peur de l'autre, malheureusement rien de neuf avec ces comportements-là… Mais il existe encore des bribes de cette humanité chez certains habitants, malgré les superstitions.

L'écriture de l'écrivaine est saisissante, à la fois dans une certaine poésie noire et un réalisme cru. Directe et pourtant imagée. Personnelle, sans aucun doute.

Point d'attention : Il faut accepter de ne pas connaitre les tenants et aboutissants, de ne pas se voir offrir les réponses à nombre de questions. L'autrice fait le choix de laisser le lecteur imaginer beaucoup de choses. Les lecteurs qui ne supportent pas de voir des portes laissées ouvertes risquent de ne pas trouver leur compte. Pour ma part, j'aime ce jeu-là, quand il est bien mené comme ici.

Cette écriture rend les personnages complexes, à la fois irritants et attachants. Et la construction imaginée rend le roman accessible à tous, universel. Un récit assez court, qui se focalise sur les protagonistes et utilise l'environnement pour enfoncer le clou.

Les dents de lait est une fiction mordante dans le propos, lyrique à sa manière. Avec des messages qui portent, si on sait entendre. Clairement, cette manière de projeter la fiction vers un avenir proche et plausible rend la réflexion plus forte. Surtout quand, comme Helene Bukowski, on a un talent de plume personnel, dès son premier roman.
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Voici un premier roman étrange et mystérieux où plusieurs genres se croisent.

Dans une contrée et une époque inconnues, Skalde et sa mère Edith vivent comme des recluses entre leur maison et leur jardin. Au fil du temps, la mère et la fille sont devenues des étrangères l'une pour l'autre. La région s'est transformée progressivement et ce sont désormais le brouillard et la sécheresse qui rythment les saisons. Beaucoup d'animaux ont disparu, les couleurs aussi, laissant place à un blanc perpétuel. Les habitants, méfiants, ont éliminé tout accès jusqu'à eux et ne comptent que sur eux-mêmes pour survivre. Mais un jour, Skalde découvre une petite-fille. Meisis, à la chevelure flamboyante, n'est pas comme les autres. Malgré le rejet de la communauté qui voit en Meisis un danger à éliminer, Skalde décide de recueillir la petite-fille et de la protéger.

Mélange de littérature ado, de fable post-apocalyptique et de fantastique, « Les dents de lait » est un roman qui nous plonge dans une ambiance de fin du monde, emprunt de superstition et de peur. Gris ou bleu, froid ou chaud, tout y est inhospitalier et tout y est lente agonie. Les personnages sont à cran et sont épuisés. Alors rejaillissent les bonnes vieilles peurs ancestrales et universelles qui traversent les siècles : la peur de ce que l'on ne connaît pas, la menace de l'autre, la fausse sécurité de l'entre soi. Au coeur de ce roman oppressant, Meisis symbolise l'espoir. Si l'enfant cristallise la haine de la communauté, elle rapporte au foyer de Skalde et Edith l'humanité qui en était disparue. Skalde n'hésite pas une seconde face à la petite-fille qui éveillera en elle compassion puis rébellion. En lisant cette histoire, on ne peut s'empêcher de voir également une terrible prémonition de ce qui arrivera peut-être un jour avec le dérèglement climatique en cours. Avec un style simple et contemplatif où fleure la poésie, Hélène Bukowski nous offre pour son premier roman une histoire envoûtante et hypnotique, menée par des personnages très forts.
Les excellentes éditions Gallmeister ouvrent leurs frontières et délaissent les USA pour cette jeune auteure allemande. Encore une fois, c'est un bon choix.
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Tout au long de ce premier roman réussi, on se demande : où veut-elle nous emmener ? Est-ce que tout cela aura ni queue ni tête ? mais, H. Bukowski nous y emmène allègrement. Mi fable, allégorie presque, mi dystopie, on entre de plein pied dans ce village coupé du monde, et on découvre ces liens étranges entre Edith et sa fille. Peu importe le lieu, peu importe l'époque, on est comme sur une île déserte avec ces habitants empêtrés dans leurs habitudes, leurs peurs, leurs croyances. Dans tout changement, volontaire ou comme ici par un drame, ce qui compte ce n'est pas tant la volonté d'aller de l'avant que le courage d'abandonner ses valises pleines et les seules limites de nos expériences passées. Être capable d'accepter ce qui vient (d'ailleurs) et ce qui s'en va pour s'alléger... Se solidifier à force, comme après la dent de lait, celle d'après. Et puis passer le fleuve...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il n’était pas question de dormir. Je rodais dans la maison, fébrile. Edith était assise sous le plafonnier de la cuisine et soulignait des phrases dans le livre qu’elle avait ouvert devant elle sur la table. Elle me lançait un regard inquisiteur chaque fois que j’entrais dans la pièce, mais je n’avais pas envie de lui parler.
Ne tenant plus en place à l’intérieur, je finis par sortir dans le jardin et allai m’appuyer contre le prunier. L’écorce me raclait le dos. Je penchai la tête en arrière et observai les branches. Les fleurs étaient desséchées. Elles allaient bientôt tomber. Cette fois encore, il n’y aurait pas de prunes.
Je m’apprêtais à aller dans la remise jeter un œil au purin d’orties que j’avais préparé quelques jours auparavant quand j’entendis un craquement derrière moi, dans le sous-bois. Je tressaillis et fis volte-face. À travers les arbres, j’aperçus plusieurs chevreuils. Tremblants, leur pelage cuivré luisant d’humidité, les yeux révulsés. Je ne bougeai pas, mais ils avaient dû me repérer toute de même, car ils se sauvèrent dans la forêt en trébuchant. M’arrachant brusquement à cette vision, je repris le chemin de la remise. Quand je me penchai en avant pour attraper le seau de purin sous l’établi, la boîte contenant mes dents de lait en tomba.
Elle était lourde dans le creux de ma main. Je l’ouvris avec précaution.
Pendant un long instant, j’examinai du regard les vingts petites dents. À leur image se superposa celle des chevreuils prenant la fuite.
Il allait y avoir une fête. J’en étais sûre. Je tenais mon plan.
Je montai à l’étage dans la chambre de Meisis. Elle dormait à poings fermés. Je m’assis auprès d’elle sur le canapé et la réveillai.
— Tu as encore tes dents de lait ? lui demandai-je.
Meisis me regarda sans comprendre.
Je la saisis par les épaules.
—Tu as déjà perdu tes dents ?
Elle secoua la tête.
— C’est bien, dis-je. Rendors-toi, maintenant.
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Pour me défaire de mon sentiment de culpabilité, je commençai à écrire. Aux mots épars succédèrent des phrases entières. J’espérais saisir grâce à elles ce qui menaçait de disparaître : le monde tel que je le connaissais.
J’ai vu le bleu du ciel, on aurait dit qu’il avait été évidé et je me dit qu’un jour ou l’autre des maisons aussi il ne restera que des squelettes.
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Au fil de nos promenades, je constatai que tout était encore plus desséché qu'avant. Les prairies et les champs en jachère me rappelaient les livres racontant les steppes qu'Edith me lisait autrefois.
L'herbe brunie, les arbres et les buissons presque nus. Leurs branches qui se découpaient avec netteté sur le ciel bleu.
Puis à nouveau, des haies tout entières en fleurs. on pouvait les sentir de loin. Cette idylle avait quelque chose de brutal. Leur odeur pesait contre mon front et me donnait le tournis.
Le paysage me paraissait également plus silencieux. L'air était stagnant. Le chant stridulant des insectes semblait avoir été absorbé par les prairies.
Malgré tout, j'étais encore persuadée que ce n'était qu'une question de temps avant que cet été sans fin ne se termine. Il m'arrivait souvent d'imaginer un avenir où je mènerais Meisis à travers la campagne embrumée. Je nous voyais vêtues de deux imperméables identiques, parcourant les prairies détrempées, le bleu du ciel dissimulé derrière d'épais nuages. La lumière était terne, les arbres et les buissons d'un profond vert foncé. Des gouttes d'eau tombaient de leurs feuilles.
Aujourd'hui encore, cette image me revient en rêve.
(pp.156-157)
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- Ce n’est qu’une enfant.
- Une enfant qui a réussi à traverser nos frontières. Ça, ils ne vont pas l’encaisser aussi facilement. Si ça se trouve, ils vont dire que c’est un changelin.
- Un quoi ?
- Tu sais bien ce qu’on raconte.
- Tu veux dire les légendes ?
Gösta me lança un regard acéré.
- Meisis n’est pas un changelin, dis-je.
- Parce qu’elle a un nom en plus ? Ecoute, ma fille, tu dois te débarrasser de cette gamine. Sinon c’est à toi qu’ils viendront demander des comptes. (p. 73-74)
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Je montai à l’étage dans la chambre de Meisis. Elle dormait à poings fermés. Je m’assis auprès d’elle sur le canapé et la réveillai.
— Tu as encore tes dents de lait ? lui demandai-je.
Meisis me regarda sans comprendre.
Je la saisis par les épaules.
—Tu as déjà perdu tes dents ?
Elle secoua la tête.
— C’est bien, dis-je. Rendors-toi, maintenant. »
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