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Il est vieux, il est moche, il est ivre du matin ou soir. Son premier geste en se levant sur les douze coups de midi est d'aller aux chiottes pour gerber les restes de la veille. Et pourtant, malgré son aspect dégueulasse, les plus belles poulettes et pouliches lui courent après, se ruent à ses basques pour se faire tringler par un vieux presque célèbre. Il ne pense qu'à la baise, et se lève les plus beaux culs de L.A., Vancouver ou du Texas. Difficile à imaginer, pourtant c'est véridique. Son talent : la baise et l'écriture. Charles Henry Bukowski, le plus grand poète contemporain ! le poète, bourré toute la journée, qui conçoit sa journée en fonction de ses plans « baise », des courses à l'hippodrome, de son stock de bières, de vodka et de sherry, et accessoirement de ses envies d'écriture en martelant sa machine sur sa table de cuisine en formica. La vie idéale, ou presque : au jour le jour, à profiter simplement de l'instant présent tel un moine zen aux moeurs légèrement plus libérés.

Women, c'est l'histoire de Hank et de ses femmes. Elles sont nombreuses, belles pour la plupart. de magnifiques jambes. Hank fantasme sur les jambes. Il se fout presque du reste, du moment que les jambes sont là. Les gros nichons, ce n'est pas vraiment son truc, mais les jambes, les cuissots, là c'est autre chose ! Mais Hank a un problème. On pourrait croire qu'il passe d'une nana à l'autre, avec une attitude méprisante et condescendante, pourtant Hank est un amoureux fou. Un regard sur ses jambes, sur son cul, sur sa bouche, et il en devient amoureux. Il se comporte mal envers la gente féminine, mais ne se cherche pas d'excuses. Il le sait, elles le savent. C'est dans sa nature, parce que gosse, il a été privé de tant d'amour. C'est un vieux misogyne, dégoûtant, accro à l'alcool et au sexe. A son âge, il ne peut changer. Pourtant, au fil de ses conquêtes et de ses chapitres amoureux, on a le sentiment qu'il aimerait bien s'améliorer, qu'il voudrait peut-être montrer un peu plus de respect envers celles qu'il aime. Mais c'est plus fort que lui ; il ne peut s'empêcher de regarder le prochain beau cul du coin de la rue et de fuir avec elle, pour y planter son monstrueux poireau violacé.

Il y a les anti-Bukowski qui ne peuvent ne voir en lui qu'un être méprisant et malsain, utilisant son pseudo statut de poète pour abuser de jeunes filles à peine majeures ; ceux qui peuvent être horripilés et affligés de lire une telle littérature composée d'une succession invariante de séances de sexe, de beuveries incontrôlées, et de vomissements compulsifs. Et puis, il y a les fans, les inconditionnels. Moi en l'occurrence. Je me fous totalement que ce mec baise à longueur de journée des midinettes, se promène en caleçon sale sur son balcon une bouteille à la main, chevauche les plus belles filles de L.A. Parce que derrière cette image de vieux bourru et bourré que Hank entretient dans ses romans, je sens qu'il y a un homme perdu, en mal de vivre, qui a un besoin incessant de tendresse, d'amour et de sexe. C'est un alcoolique, un drogué de la fellation, sodomie et cunnilingus. Il ne se passionne pas que pour les jeunes filles, il peut s'intéresser aussi à leurs mères. Mais c'est avant tout un mec qui me fait rire, énormément même, un gars qui a du cran et du coeur. C'est un passionné de la vie, qui ne vit que pour le plaisir de cette vie et pour qui rien d'autres ne compte. Alors oui, il peut être infect, mais je lui pardonne volontiers tant qu'il arrivera à m'arracher à mon quotidien par ses divagations des plus fantasques, tant que j'éclaterai de rire en lisant ses histoires de poireau, tant que je fantasmerai, moi aussi, sur ses conquêtes, jeunes, belles, noires, rousses, connes ou mêmes intelligentes.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Évidemment, (China)ski, le narrateur est (Bukow)ski, l'auteur : poète, ivrogne, obsédé, ancien postier etc.
Évidemment, malgré la déclaration liminaire « Ce roman est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance avec une ou des personnes vivantes ou mortes serait purement accidentelle » , Chinaski n'est pas Bukowski, ce n'est pas lui qui joue avec les nerfs du lecteur ; et le lecteur, même malin, n'est pas autorisé à lire les pensées de l'auteur, plus malin.
Évidemment, arrivé à mon âge sans avoir lu plus que des extraits de poèmes de Bukowski, je connaissais sa réputation. Tombé sur ce livre sur un marché en Bigorre (ah la Bigorre!), j'ai voulu essayer quand même (ce « quand même » montre que « sa réputation » n'a pas de sens, ou peut avoir trop de sens, selon que parle un lecteur ou un amateur de scandale public).
Évidemment, feuilletant plusieurs fois le livre, je suis toujours tombé sur des scènes de sexe (Le livre s'ouvre seul aux feuillets souvent lus ! (L'aiglon Acte I, scène 8)), avec des expressions répétitives et crues, en particulier enfourcher.
Évidemment, Colimasson a raison, qui écrit dans sa critique « Imaginez la version féminine de Bukowski : une vieillissante de cinquante piges, le ventre qui dégouline au-dessus d'une vieille culotte dégueulasse, des mamelles flasques, l'oeil vitreux, les cheveux filasses et l'haleine à gerber. […] Quant à savoir si elle baise des gamins de trente ans de moins qu'elle minimum, c'est exclu[...]. » Mais ça m'a rappelé une BD d'un auteur que je n'aimais pas (genre Lautier) où un homme se rend compte au petit matin que c'est avec le sosie de Marguerite Duras qu'il a passé la nuit.
Toutes évidences mises de côté, à reculons et par curiosité, j'ai fini par commencer* le livre : « J'avais cinquante ans et je n'avais pas couché avec une femme depuis quatre ans », et j'ai terminé à regret à la page 352 « j'étais un brave type [...] », même s'il y en avait eu 704 j'aurais sans doute voulu que ça dure encore. Deux mois après, je ne suis toujours pas sûr de savoir pourquoi j'aime ça.
Le plus probable est que Chinaski est un homme (un vrai, pas une caricature), ce qui veut dire que Bukowski est un sacré auteur.
Chinaski est un sacré baiseur (et vantard, avec ça), mais qui reconnaît ses faiblesses. Chinaski est un sacré poivrot, mais qui recommande parfois la tempérance. Chinaski passe d'une admiratrice à l'autre, ne sait pas leur résister, mais voudrait tomber amoureux pour de vrai. Et plus on avance, plus Chinaski est humain, poète aussi peut-être, en tous cas sensible à la douleur des autres plus qu'à la sienne. Et donc Bukowski, son semblable, son frère peut-être, est un personnage qu'on peut détester, mais un auteur que j'ai aimé.

*Expression un peu tordue, j'avoue.
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Imaginez la version féminine de Bukowski : une vieillissante de cinquante piges, le ventre qui dégouline au-dessus d’une vieille culotte dégueulasse, des mamelles flasques, l’œil vitreux, les cheveux filasses et l’haleine à gerber. Le teint couperosé par l’alcool, elle emmerde télé shopping et les programmes minceur de Femme Actuelle. Elle ne prépare pas la soupe, ne récure pas le sol ni rien d’autre parce que sa seule activité pseudo-lucrative c’est l’écriture de poèmes. Imaginez une vieille dégueulasse dans son genre et posez-vous la question : baise-t-elle ? Si elle est mariée y a peut-être une chance, à condition que le mari soit aussi dépourvu de charme qu’elle et qu’il ne puisse pas se faire la voisine. Sinon c’est pas gagné. Quant à savoir si elle baise des gamins de trente ans de moins qu’elle minimum, c’est exclu, à moins de jouir de la popularité et des phynances d’une Claire Chazal.


Donc moi, quand j’ai lu ces histoires de Women, je me suis plutôt vue du côté des gamines qui se font embrocher par le vieux Buko sachant qu’au-delà de trente ans (trente-deux, on va être gentille), toute femme qui n’est ni mère ni épouse –c’est-à-dire qui n’est pas encore morte- connaîtra une agonie encore plus épouvantable. Plus baisable, bonne à rien, aimée de personne, elle pourrait écrire des poèmes comme le bon vieux Buko mais personne ne les lirait.


Ouais, il a sacrément de la chance ce bon vieux Buko. Bien sûr, tout ce qu’il écrit ne doit pas être tout à fait vrai. Il suffit de relire la première phrase : « J’avais cinquante ans et n’avais pas couché avec une femme depuis quatre ans », et du jour au lendemain il se tape la terre entière. Certes, il avait les crocs mais enfin, on rigole bien entre nous pas vrai ? Mais quand même, tout n’est certainement pas faux non plus et c’est vrai que les vieux ont plus de facilité que les vieilles pour lever de la viande fraîche. C’est pour ça que nous, femmes, sommes appelées « le sexe faible ». C’est pas qu’on gagne moins de fric, qu’on nettoie les toilettes et qu’on fait des gosses, non, c’est qu’on doit surveiller notre consommation de bière pour pas avoir un gros ventre plein de graisse alors que même si notre silhouette nous permet encore de passer entre les barreaux d’une porte de prison à cinquante ans, c’est pas dit qu’on lèvera le premier gosse passé à portée de main.


Bon, voilà, et pourquoi j’aime Bukowski ? Parce qu’il a une philosophie de vie simple contre laquelle aucun Nietzsche, Spinoza et Wittgenstein ne peut rivaliser (et pourtant, je les estime ces braves reclus de la vie). Il s’agit d’éviter tout ce qui ne permet pas de rester au lit toute la journée en picolant. A part ça, Bukowski apprécie la lecture et l’écriture. Ça fait noble de nos jours mais y a quarante ans peut-être, ces activités n’étaient pas encore devenues le signe de distinction d’une élite qui n’est en fait qu’évitement de la médiocrité.


C’est mon amoureux qui m’a chaudement recommandé ce livre, averti certainement de ses vertus aphrodisiaques et de ses incitations à la débauche éthylique. J’étais pourtant convaincue mais enfin, c’est toujours bon de le rappeler. C’est ça la vraie vie les gars et, pas plus tard que dimanche matin, alors que j’étais à la laverie de la Guillotière et que j’attendais la fin de ma machine, je relevais dans la Bible ces passages : « Enivrons-nous des vins exquis et parfumons-nous » (Sag, 2, 5), « Combien sont belles tes mamelles, ma sœur, mon épouse ! tes seins sont plus beaux que le vin… » (Cant, 4, 10) ou encore un beau programme : « Dès le matin, levons-nous pour aller dans les vignes […] : là je t’offrirai mes seins… » (Cant, 7, 11-13). Bukowski le bon apôtre ne dit rien d’autre et si le message de la Bible vous semble un peu obscur, essayez donc de lire de ces Women, vous percuterez enfin le vrai sens de la vie.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Pour Bukowski, l'alcool et les femmes sont des lots de consolations qui l'aident à supporter la vie, il ne peut se passer de l'alcool même si il vomit chaque matin, il ne peut se passer des femmes même si parfois elles le rendent malade...
L'ivresse et l'orgasme sont deux échappatoires qui lui font oublier la monotonie de la vie, bien que si il devait faire un choix l'alcool serait son meilleur complice.
C'est un défilé de femmes des plus atypiques qui croisent la vie de Bukowski, de toute évidence ce n'est pas son physique qui les attire mais peut être cette tendresse touchante et cette personnalité attachante. Si Bukowski est vraiment un « vieux dégueulasse », il aime incontestablement les femmes.

« le baiser est plus intime que la baise. C'est pourquoi je n'ai jamais aimé que mes petites amies embrassent d'autres hommes. Je préfère qu'elles baisent avec eux ».
Tout est dit, embrasser c'est tromper... Et baiser c'est orgasmique, juste du plaisir !
En tout cas pour Bukowski c'est sa façon d'aimer...

« Women » est un livre déjanté, drôle, graveleux, érotique, libidineux, tendre, sincère, dépravé, un Bukowski écorché et marginal mais libéré et sans complexe.
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Me Revoilà ! Moi, Bukowski : 60 ans, 1m80, 113kg, gros bide, court sur pattes et comme un singe au-dessus de la ceinture (parce qu'en dessous, bon passons), pas de cou, une tête trop grosse, les yeux larmoyants, les cheveux en bataille - 1m80 de bouffonnerie, perpétuellement paumé et déboussolé.

Le revoilà avec ses grossièretés à Gogo !!!

Oui, il est vraiment grossier mais finalement on ne peut lui nier un certain talent d'écriture.

Car faire 422 pages, où dans les cent premières il ne fait que boire ! vomir ! boire ! vomir ! et se "taper toutes les filles qu'il rencontre : il faut le faire !

Comme il le dit si bien, il a besoin de "baiser" minimum 3 fois par semaine et le reste du temps des pipes ou sa pogne ...

BON ! Et l'histoire dans tout ça ?

Rien, ou pas grand chose, il continue dans le même style jusqu'à la toute dernière page.

Il emmène ses conquêtes voir des match de boxe, ou des courses de chevaux.

De temps en temps, il écrit et va lire quelques poèmes de son cru ici et là et donne quelques interviews.

Entre ses sorties au bistrot et ses débats d'alcôves, il sort de temps en temps son petit carnet rouge où il note des idées pour ses écrits.

Mais, il sort plus souvent le reste que son carnet rouge et en fait profiter :
- Lydia folle dingo , Nicole, Mindy,Laura, Joanna, Arlène, Mercedes, Tammie rousse incendiaire déjantée et camée, Cecilia, Liza, Hilda, Gertrude, Cassie, Debra, Tessie, Iris, Valencia, Tanya et Enfin OUF ! Sara.

Et puis quoi me direz-vous ?

Ben, Alcool, pelotages, frôlements, sexes qui se joignent, orgasmes, jouissances, séances de papouilles libidineuses etc......

PUIS RIDEAU !!!
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Mesdames et Messieurs ceci est ma première critique : l'indulgence est de mise.
Je vais certainement être chiante, ennuyeuse.. pour ma défense, j'ai pas baisé depuis 3 mois, donc je suis légèrement à cran, et ça peut se ressentir à l'écrit.
Bref, ma gueule.

Bukowski.. j'aurais aimé qu'il soit membre de ma famille, le tonton pervers/relou de qui on a, mine de rien, beaucoup a apprendre.
C'est un romantique, à n'en pas douter, et pour celles et ceux qui s'offusquent de sa façon d'écrire, je vous invite à regarder le documentaire "Born into this", et vous y verrez un homme à l'oeil malicieux, le regard presque... enfantin, j'ose le dire.
Touchant, il est touchant de vulgarité.
Un écorché vif sous une carapace de gros porc. (Ce sont les hommes les plus intéressants.) ((J'aime les porcs.))
Et ce défilé de petites (ou grosses) chattounettes, il les a aimé, à sa façon et de toutes les manières possibles. Ce ne sont pas juste des parties de baise (laissez - moi y croire) , il est amoureux.. des femmes.
J'y ai vu, entre les lignes, un besoin criant de tendresse, d'amour, et une ôde à la féminité. Tantôt hystérique, parfois timide, souvent salope.
Oui, j'ai été attendri par ce vieux dégueulasse qui m'a valu également, de gros éclats de rire. Et femme qui rit... femme qu'est contente.
J'ai aimé rencontrer ces/ses femmes et partager cette intimité avec lui, au milieu de la gerbe, des cadavres de bouteilles et des bides qui dépassent du t-shirt.
Bukowski est un vivant, il vit à un niveau d'intensité inconnu de beaucoup.
Tout est brut, sans emballage pour faire joli. C'est cash, c'est sale.. c'est jouissif.
Encore.
Merci.
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"Women" est un livre qui porte très mal son titre. Parce-que le sujet n'est pas les femmes mais bien Bukowski, toujours Bukowski et uniquement Bukowski. Aux côtés de ce personnage torturé et flamboyant, difficile effectivement de les voir autrement que comme des faire-valoir ou des corps flasques assujetis à sa forme du moment.

Récit auto-centré et racoleur, la poésie du "Journal d'un vieux dégueulasse" et du "Journal d'un moins que rien" semble ici désespérément noyée sous un flot de vin rouge et de vomi. Et effectivement dans un monde privé de poésie et femmes, que lui reste-t'il encore sinon se bourrer la gueule ? Et la boucle est bouclée.

Bukowski me fait penser à ce pote déconneur dont on attend toujours qu'il en fasse plus et qui au final en fait trop. Il y a perd son âme et sur ce coup-là me perd aussi...
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Bon, je vais détonner. Tant pis, j'assume (sans complexe, un point commun avec l'auteur) l'évaluation globale que je donne à ce livre et qui est mauvaise.
*
Pourtant cela débutait bien entre nous. J'ai découvert cet auteur sur Babelio et ce que j'en ai lu ici m'a beaucoup amusé. Je déteste le « politiquement correct », j'ai adoré ensuite regarder Bukowski à Apostrophe (Magique de liberté, entre autre, et le merveilleux « Il a apporté lui-même ses bouteilles » de Pivot est un savoureux pied de nez à toute émission à prétention littéraire, aux bavardages creux…). Je dois avouer aimer les femmes, y compris sensuellement (C'est un « crime » qui n'est pas si rare chez les hommes), comprends très bien qui désire multiplier les rencontres, y compris physiques, ne critique/juge pas qui désire des partenaires jeunes tout en étant vieillissant, ne vois rien de criminel dans les choix de vie de Bukowski, ni même de répréhensible. J'ai pu boire trop un bref temps, écoeuré avant tout par ce qui m'entourait… le feuilleton « Californication » qui est directement inspiré par Bukowski m'a fait rire à de nombreuses reprises et parfois ému… Bref nous aurions vraiment dû nous entendre.
Mais non. Chinasky, le héros du « roman » et « Bulowsky lui-même » comme le précise aimablement la quatrième de couverture à tout lecteur demeuré, est un poète génial même si ivre tout le temps. Il déteste être sans cesse ennuyé par des auteurs sans talent (Cela se comprend), il finance pour partie sa vie en allant faire, ivre car c'est plus supportable en plus d'être dans son essence, des conférences sur ses oeuvres, ce qui l'ennuie (Cela se comprend) mais en profite aussi fréquemment pour se trouver de nouvelles partenaires. Il les préfère jeunes et belles (Cela se comprend). Vu qu'il a 60 ans et passe l'essentiel de sa vie ivre il peine en général à jouir le soir (cela se comprend) et, s'il abuse trop de l'alcool il peut avoir des soucis de bandaison qui font qu'une de ses partenaires l'appelle « cher vieux vermicelle trop cuit » (Cela se comprend). Il est en général un peu plus performant le matin et, là aussi, cela se comprend. Lorsqu'il lui reste un peu de temps il va jouer aux courses… Lorsqu'une de ses femmes part (cela se comprend) il s'empresse d'en trouver une autre (logique), il n'a pas grand mal à y parvenir vu sa réputation (cela ne surprendra pas qui a un peu de vécu) mais, même lorsqu'il a une femme avec lui il résiste difficilement à l'attrait d'autres propositions (là aussi la tentation se comprend).
J'écris trop souvent « Cela se comprend » dans mon paragraphe précédent ? C'est lassant ? Oui, je vous comprends, et, plus sérieusement, c'est ce que j'ai ressenti en lisant ce livre. Scènes de sexe répétitives, abus de mots identiques « Enfourcher », « Vicieusement »…. pour des pratiques sans aucune inspiration avec des femmes interchangeables ; réduites largement à un vagin et à l'opportunité de s'en servir. Et nous profitons de temps à autre de réflexions incroyablement profondes sur le fait que cet homme se juge parfois sévèrement ou, sidérant, qu'un baiser a quelque chose de plus intime qu'un coït. Cette découverte peut se comprendre à 16 ans mais lire une personne de 60 ans nous assener de tels propos a quelque chose d'embarrassant pour lui.
*
« Women » n'est pas le bon titre car, si ces femmes sont sans doute très différentes, elles se résument ici au final à un sexe et au temps qu'elles acceptent de passer avec ce type invivable. le reste de leurs personnalités est occulté. N'en déplaise aux féministes primaires ce livre ne mérite pas plus de s'appeler « Men » car Bukowski, tel que décrit ici du moins, est plus une caricature qu'autre chose. Non, ce livre devrait s'appeler « Charles Bukowski » et c'est d'ailleurs le cas dans « mon » édition (ISBN 9782253033974) puisque c'est la seule chose qui apparaît nettement sur la première de couverture, le titre de l'ouvrage étant presque difficile à remarquer de prime abord.
*
Le poète maudit, l'alcoolique par dégoût de ce monde…. Tout cela fait tellement « cliché » et si adolescent ! Et le reste est si animal, si pauvre, si triste, si creux ! Alors à qui le conseiller ? Je l'offrirais possiblement à ma fille lorsqu'elle aura 16 ans car, si caricatural et excessif qu'il soit, il peut servir de mise en garde rapide. Un adolescent pourrait trouver un certain charme en découvrant les scènes de sexe même si elles sont, au final, bien peu érotiques et décrites sans aucune inspiration, avec un vocabulaire pauvre et un style insipide. Ce livre pouvait aussi plaire lorsqu'il est paru, en 1978, comme une jouissive réaction par rapport à une Amérique puritaine encore prégnante (et qui n'a pas disparue). L'offrir à quelques amies féministes comme « les deux minutes de la haine » de « 1984 » serait drôle et Huxley « conseillait » les sentiments forts dans « le meilleur des mondes ». Un sociologue ou un psy y trouvera possiblement de quoi alimenter une vague curiosité.
En revanche je ne proposerai pas cet ouvrage à un adulte (peu importe son sexe), ayant un peu vécu et qui désire passer un moment de lecture enrichissant. Il s'ennuiera. Et si vous vous intéressez à ces hommes qui semblent « collectionner » les femmes, à leurs mobiles, à ce qui les meut vraiment lisez « l'« insoutenable légèreté de l'être » par exemple, la plume est incomparable et le contenu est tellement plus instructif ! Ou regardez « L'homme qui aimait les femmes".
*
Merci à Bukowski pour cette forme, somme toute courageuse, d'autobiographie. Mais quelle triste existence au final ! Un début de vie difficile ne semble jamais surmonté et la célébrité ne guérit ni les failles ni les douleurs, l'amenant au contraire à en causer d'autres autour de lui. Je comprends très littéralement l'épitaphe de sa tombe : « Don't try ». Oui, ce n'est pas une vie à essayer, voilà sans doute ce qui pouvait nous être dit ici de plus important. Désolant, mais lucide et sans fard.
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Grand tourbillon d'alcool, qui ne lui fait aucun bien mais dont il ne peut pas se passer, de parties de jambes en l'air qui restent inachevées deux fois sur trois, de femmes qu'il aime mais qu'il ne peut s'empêcher de trahir sans raison, de poèmes qu'il lit sans plaisir au public.

Pourtant, malgré sa vulgarité, on s'attache facilement à ce personnage complètement paumé, qui n'est maintenu à flot que par les femmes qu'il rencontre, et qui pourtant, me semble plus vrai, plus authentique que la plupart des auteurs.
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Excusez pour cette critique tardive,rôle de mamie oblige,suis très prise avec mes petits" piou-piou",je rectifie " le tir" .
Juste un extrait et tout est dit:
《Ce soir- là,elle a descendu une demi-bouteille de vin rouge,du bon vin rouge: elle était triste et calme.Je savais qu'elle me mettait dans le même sac que les turfistes et autres amateurs de boxe--elle n'avait pas tort.J'étais avec eux,j'étais l'un d'eux.Katherine savait qu'il y avait chez moi quelque chose de malsain,quelque chose qui clochait ,dans mes actes comme dans mon être. Tous les mauvais trips m'attiraient: j'aimais boire,j'étais paresseux ,je ne défendait aucun Dieu,aucune opinion politique, aucune idée, aucun idéal. J'étais installé dans le néant ,dans l'inexistence et je l'acceptais.Tout cela ne faisait pas de moi une personne intéressante; mais je ne voulais pas être intéressant. La seule chose que je désirais vraiment c'était un espace doux et nébuleux pour vivre,et qu'on me fiche la paix.D'un autre côté, quand je me soûlais, je hurlais,je devenais fou furieux,je perdais la tête.Les deux types de comportements s'accordaient mal.Je m'en moquais.
La baise fut formidable cette nuit-là ,mais ce fut cette nuit-là que je perdis Katherine.Je n'y pouvais rien( page 146).
L'extrait que je vous ai mis ,parle de lui- même !
C'est du Henri Chinaski, ou du Bukowski, on aime ou on n'aime pas, pas de demi-mesure ,toutes les occasions sont bonnes pour l'alcool, le sexe ,le poète est en vogue,c'est du brut! Mais sous ce mal de vivre ,que de tendresse camouflée par pudeur! J'ADORE!
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