Citations sur Black Cherry Blues (65)
Leçon méchante et sans pitié, mais quand on se retrouve impliqué dans la vie d'un drogué ou d'un ivrogne, on se transforme tout simplement en acteur du scénario qu'ils ont déjà rédigé à votre intention tout autant que pour eux-mêmes.
Mais la peur est une émotion irrationnelle qui flotte d'objet en objet comme un ballon gonflé à l’hélium qu'on repousse du doigt.
La nuit est chaude, sans un souffle de vent, et les nuages se dessinent sur le ciel comme des queues de cheval peintes : une rafale de tonnerre gronde dans le lointain sur le Golfe comme une pomme qui roulerait au fond d'une barrique en bois, et les premières gouttes de pluie résonnent sur l'aérateur de la fenêtre.
C'était une de ces filles qui aiment tout de l'homme qu'elles se sont choisi. Jamais elle ne discutait, jamais elle ne rouspétait, elle était heureuse, partout, en tout lieu, en toute situation, lorsque nous étions ensemble, et il me suffisait de lui toucher la joue de mes doigts pour qu'elle vînt se blottir tout contre moi, se pressant de tout son corps avant de m'embrasser dans le cou en glissant une main à l'intérieur de ma chemise.
Je fis une prière étrange.
C'est une prière qu'il m'arrive parfois de réciter,
une prière qui sert mes propres desseins ;
mais parce que je suis convaincu que Dieu n'est pas limité ainsi que nous le sommes
par le temps et par l'espace,
il m'arrive parfois de croire qu'Il peut influencer le passé
même lorsque les événements ont déjà eu lieu.
Aussi à mes moments de solitude, parfois,
en particulier le soir, lorsque tout est sombre,
lorsque je commence à penser avec une complaisance morbide
aux souffrances abominables que certains ont dû endurer avant leur mort,
je demande à Dieu de les soulager rétrospectivement de leur douleur,
de les assister d'esprit et de corps,
d'engourdir leurs sens,
de rafraîchir et d'apaiser les flammes qui sont venues leur lécher les yeux
à leurs derniers instants.
Je l'appelai ma fille Mennonite,
dont l'enfance s'était tissée de bleuets et de lupins.
Ses défauts étaient les défauts de l'excès -
en amour, en pardon, en souci d'autrui, en foi
et en conviction que le bien prévaudrait toujours sur le mal.
Il arrivait rarement, pour ne pas dire jamais, qu'elle se montrât critique des autres,
et lorsque leurs vues ne coïncidaient pas avec sa propre vision du monde,
sa vision excentrique de fille de Kansas,
elle ne voyait en eux que des victimes de ce qu'elle qualifiait de bizarrerie,
condition qu'elle en était venue à reconnaître pratiquement partout.
Parfois les flics ne servent à rien.
C'est pourquoi en vieillissant, je crois de plus en plus dans la prière.
Au moins, j'ai l'impression que je traite avec quelqu'un qui possède une autorité réelle.
Le ton nasillard, la voix aiguë de crécelle ne collaient pas, ni avec le sujet de discussion, ni avec l’homme, court sur pattes et trapu, dont je remarquai alors qu’il marchait de travers, un peu à la manière d’un crabe.
– Ainsi donc vous venez de Floride ? dis-je.
– Non, non, vous n’avez pas compris. Je viens de Great Falls, Montana, c’est là que je suis aujourd’hui, et je voulais vous parler de…
Je secouai la tête.
– Dixie Lee Pugh, dis-je.
– Avant que tu ne démarres le moteur, laisse-moi te poser une question. Ton père a bien été tué sur une plate-forme de forage dans le Golfe, non ?
– C’est exact.
– C’était une plate-forme Star, exact ?
– Ouais.
– Ils n’avaient pas installé de sécurité sur la tête de puits. Il y a deux douzaines de gars qui ont été tués quand tout a sauté.
– Tu as une bonne mémoire, Dixie.
Allez, Dave, un bon mouvement. J’ai besoin d’aide. Les soucis, je ne supporte pas. Ça me gâche le déjeuner.
– Où penses-tu que ça se soit déroulé ?
– Là-bas dans le Montana, je pense. C’est là qu’on a passé les trois derniers mois.
– Nous pouvons aller voir le FBI, mais je ne crois pas que ça puisse nous mener bien loin. Tes renseignements sont tout simplement insuffisants, Dixie.