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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:

*Etre sauvée par des histoires…
Kate, jeune femme en pleine étude cinéaste, est en souffrance, perdue dans un brouillard alcoolisé, à la dérive même de sa propre vie…Et un jour, elle rencontre Jean Culver une vielle dame, un peu singulière….Dans un échange implicite, elles décident de se voir plus régulièrement. L'une et l'autre, se sauvant grâce à leurs histoires et une bonne dose de chaleur…Que c'est joli de voir naître une amitié aussi désintéressée avec ces deux femmes si solitaires…

John Burnside a un pouvoir magique: c'est un conteur hors pair, il nous raconte la vie dans toutes ses contradictions, sa beauté et ses horreurs, avec une pointe de philosophie positive…Toute en quiétude, et autour de boissons chaudes réconfortantes, il nous crée une atmosphère suave où deux femmes, de générations et destins différents, se lancent à l'assaut de leurs souvenirs…C'est d'une douceur exquise d'avoir à contempler un peu de ce temps suspendu, et apprécier leurs échanges faits de tendresse et d'empathie.

« Il me semblait comprendre. Premier et second amours. Et derniers amours, sans espoir. Tout ça, c'était de l'amour en fin de compte. »

*…Dans les strates de souvenirs…

On traverse par les sillons de la mémoire de Jean, tout un pan d'Histoire américaine où la guerre et ses aléas ont fait des ravages, tandis que dans ceux de Kate, on frôle toutes les inquiétudes de la jeune génération, complètement anéantie d'aspirations…Un tissage de liens et d'expériences personnelles qui mêlent Passé et Présent, chacune devenant un réceptacle d'émotions vives, mais dans leur entente tacite, toujours cet élan commun, d'espoir, ce rêve de futur meilleur…Hantées toutes deux, par des fantômes, elles vont danser, rire, pleurer, partager autour de ses restes de peines dans une ambiance cocooning tout en savourant des douceurs sucrées. Les résidus de ses douleurs, en ont fait des femmes fortes mais fragiles, solitaires mais aimantes, merveilleuses mais écorchées à jamais…

« Les seuls fantômes qui reviennent hanter leur ancien monde sont les esquintés et les malfaisants. »

*…Par une force tranquille…

John Burnside a une plume sensible et poétique, où l'on ressent une sagesse apaisante. Il a réussi à me captiver dans toutes les nuances de calme et d'ondes de bonheur à saisir, avant l'inévitable… Il se dégage comme une force tranquille dans ce roman, de se recentrer sur l'essentiel pour mieux apprécier, dans un silence, le bruit du dégel et les plaisirs simples de la vie. En somme, juste se poser, écouter, apprendre des anciens, boire un thé chaud, Faire des beignets et fendre du bois, comme ligne de conduite. J'ai adoré cette lecture parce qu'elle se joue du temps, de nos tourments, de nos peurs enfouies, alors qu'il est si facile de se faire chauffer un peu d'eau, y jeter un sachet d'herbes aromatiques et de lire, un bon livre…

Un bon livre comme, le bruit du dégel de John Burnside, fraîchement sorti pour la rentrée littéraire 2018…



« Quand on entrevoit l'ailleurs, même brièvement, personne ne pourrait nous tenir rigueur de penser que le bonheur et le temps sont une seule et même chose. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Kate Lambert, la narratrice à la première personne, a lâché ses études et se noie dans l'alcool depuis la mort de son père. Passionnée de cinéma, elle vit avec Laurits, apprenti cinéaste assez imbu de lui-même et remarquable égoïste. À l'occasion d'une enquête qu'elle mène pour nourrir un des films du jeune homme, Kate rencontre une vieille dame, Jean Cluver. Cette dernière promet à Kate de lui raconter l'histoire de sa vie si elle reste sobre pendant cinq jours… Leurs rencontres vont rythmer le roman.
***
Dans ce curieux roman, John Burnside prend le pari d'une narration complexe qui m'a parfois semblé artificielle. La plupart du temps, Jean raconte sa vie à Kate, mais elle va aussi lui répéter des histoires que des proches lui ont racontées. On a donc parfois trois « niveaux » de narration : quelqu'un a raconté à Jean des histoires qu'elle-même répète à Kate qui en devient le relais pour le lecteur... Dans ces moments-là, j'avoue avoir un peu décroché ! Cependant la plus grande partie de ce roman, le Bruit du dégel, est vraiment prenant. Les anecdotes de Jean, parfois de véritables aventures, parfois de terribles drames, attisent l'intérêt en permettant de revoir une bonne partie de l'histoire américaine du XXe siècle sur trois générations : celle du père de Jean, la sienne propre et celle de ses neveux qui sont un peu plus âgés que Kate. On abordera ainsi des thèmes touchant le respect des droits, l'immense choc que provoque le meurtre d'un proche et ses conséquences, la Deuxième Guerre mondiale, la bombe atomique, la guerre du Vietnam (l'horreur de My Lai), les réfractaires et les déserteurs, l'engagement protestataire, l'homosexualité féminine, etc., et comme un des motifs récurrents, le racisme omniprésent qui fait écho aux événements actuels. le plus remarquable dans ce texte, c'est pour moi l'écriture. John Burnside est un poète, et il a assurément apporté un grand soin à cette prose. En passant, coup de chapeau à la traductrice, Catherine Richard-Mas, qui a su faire passer en français la beauté, l'originalité et la singularité de l'auteur. On trouve là une musique particulière. J'ai emprunté ce livre, mais je l'achèterai sans doute : j'éprouve le besoin de revenir picorer dans cette prose que j'aimerais savourer de nouveau.
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Il y a des livres dont on parle peu, sans presque aucune publicité mais dès qu'il croise votre route vous n'avez qu'une envie c'est de le lire, il vous parle, vous attire. Ce fut le cas pour le Bruit du dégel. Je n'en ai entendu parler qu'une fois lors d'une présentation en librairie lors de la rentrée littéraire de Septembre l'année dernière, noté aussitôt pour ne pas l'oublier. Nous avions rendez-vous.

Kate Lambert est une jeune femme paumée, elle a perdu son père il y a 18 mois, brutalement et depuis sa vie est un grand n'importe quoi : alcool, drogue, sexe, elle vit en colocation avec Lauritz, un ami, un amant qui se dit anthropologue et qu'elle seconde dans ses travaux de recherche pour la réalisation de films. Sa mère ayant disparu alors qu'elle avait 6 ans, elle n'a personne sur qui compter, se référer.

Loritz lui ayant confier une enquête : rencontrer des personnes et leur faire raconter leur histoire, et c'est lors d'une de ces enquêtes qu'elle va croiser la route de Jean Culver, une femme de 70 ans, un peu garçon manqué qui va lui proposer un deal : Une semaine d'abstinence d'alcool et drogue et elle lui raconte son histoire, ses histoires.

Elles n'avaient rien en commun en apparence et pourtant débute entre les deux femmes une magnifique histoire d'amitié. Oui en apparence car finalement elles ont toutes les deux connu des deuils, des absences et la plus âgée des deux va se lancer dans l'évocation de sa vie mais qui est également l'évocation de moments importants de l'histoire de l'Amérique avec ses guerres et leurs impacts sur la vie ceux qui y ont participé, que ce soit la seconde guerre mondiale ou la guerre du Vietnam mais également les luttes internes au pays.

Jean Culver est une femme fidèle en amour, en liens familiaux, tout ce qui manque à Kate finalement. Peu à peu celle-ci va se reconstruire, rencontre après rencontre, que ce soit au Territoire Sacré, le café où Jean a ses habitudes mais aussi dans sa maison, ce lieu plein de charme, à l'image de cette femme à la vie pas ordinaire.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de John Burnside, cette façon de nous laisser croire qu'il nous emmène dans une banale histoire d'amitié comme il en a tant été racontée pour finalement lever le le voile sur les petits « clichés » de la vie de Jean Culver. Celle-ci nous raconte son Amérique à elle, à travers les gens qu'elle aime, qu'elle a aimé mais aussi avec Kate, tellement détruite, abîmée, au bord du précipice et qui va trouver en Jean Culver une sorte de précepte, de guide qui va l'aider à redonner du sens à sa vie car elle r a su détecter en Kate l'étincelle qui couvait dans le vide de sa vie.

L'auteur a construit son roman par bribes d'histoires, une sorte de puzzle où chaque pièce prend sa place, mêlant présent et passé, s'attardant sur le côté psychologique des personnages, les répercussions de leurs choix, de leurs prises de position politique sur leurs existences.

Je me suis installée avec elles, entre thés, tisanes et gâteaux et j'ai écouté Jean Culver se raconter et ses récits ont eu également un écho en moi. C'est une lecture douce mais ferme entre parenthèses avec un conteur exceptionnel, jamais ennuyeux, parsemant çà et là son récit de contrastes comme ceux qui existent entre les deux femmes, mais aussi des petits moments de l'existence, de rencontres, d'état d'âme

Il y a des personnes faites pour se rencontrer, Kate et Jean en font partie : l'une parle, se dévoile peu à peu mais entretient le mystère, l'autre écoute, apprend, comprend, analyse. Peu à peu un lien silencieux va s'installer et permettre à chacune de tenir debout, de se libérer, de fendre l'armure. Il n'y a pas de petites histoires ici, ce qu'a vécu Jean c'est l'histoire d'une femme du 20ème siècle dans une Amérique qui a elle-même ses blessures, ses failles et ses guerres internes, comme Jean.

Kate s'est laissée prendre à un monde froid et artificiel, comme dans une gangue de glace et Jean va la réchauffer, lui ouvrir les yeux et le coeur et lui montrer que malgré les épreuves, malgré les séparations et les pertes, il faut garder foi en la vie, goûter à chaque moment qui passe :

"Je m'éveillai et restai immobile, aux aguets. J'avais entendu un son dans mon sommeil, un son assez proche d'une musique pour me réveiller (…) Tout ce que je perçus d'abord, ce fut le bruit de la glance en train de fonde qui gouttait de l'avant-toit, puis je me rendis comte que c'était précisément ce que j'écoutais dans mon rêve. C'était ça. Rien de plus. le bruit du dégel. Une sorte de musique. Une fin, et un commencement. Ici, et ailleurs. (p360)"

On voudrait tous rencontrer une Jean sur notre route, qu'elle nous raconte à la manière de Shéhérazade mille histoires pour nous réconforter, nous soigner mais comme cela, l'air de rien. Quand elle pose sa hache de femme forte et déterminée on découvre qu'elle porte également des faiblesses, une faiblesse dont elle n'a jamais pu guérir.

Mon premier John Burnside mais sûrement pas le dernier, tellement j'ai aimé sa plume qui nous emmène sur un chemin que lui seul connaît, il brouille les pistes mais connaît le but. Il mêle avec habilité fiction et événements historiques, pour en faire un roman contemporain dans lequel on se plonge sans retenue, on devient témoin dans l' histoire, on a de l'empathie pour ses personnages et on ne les quitte qu'à regret.
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Ce roman est tout d'abord celui d'une rencontre entre deux femmes. L'une au printemps l'autre en hiver. Jean "était quelq'un qui avait fait la paix avec le monde selon ses propres termes, quelqu'un qui avait cessé de se proccuper des détails pour se concentrer sur l'essentiel." Kate, étudiante en cinematographie mais surtout jeune femme perdue qui n'a plus aucun repère de ce qui est essentiel pour elle depuis la mort de son père...mais pas seulement. Elle s'embrume l'esprit avec l'alcool.
Parce qu'un jour elle frappe à la porte de Jean pour lui poser des questions dans le cadre d'un travail qu'elle mène pour son petit ami cineaste
, Jean va lui livrer jour après jour son histoire . En remontant le cours de sa vie elle va lancer un fil d'Ariane à Kate pour qu'elle remonte à la surface. Mais ce canevas n'est peut-être qu'un prétexte pour John Burnside afin de revisiter une autre histoire,celle du rêve américain. Il interroge avec un regard critique bons nombres de sujets qui sont d'ailleurs pour la plupart universels: la guerre, l'amour, la famille,le couple etc. C'est un livre tourmenté car, qu'il s'agisse de l'Histoire ou des histoires individuelles on y trouve la quête de sens, la souffrance,la perte et la difficulté ou la nécessité de reconstruire les souvenirs pour se faire sa propre histoire de la vie, sa vie. Les nombreuses références cinématographiques sont un plus pour les cinéphiles.
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1999 aux Etats-Unis. Kate Lambert est une étudiante en arts visuels, de 20-25 ans. Suite au décès brutal de son père, elle fait une dépression et sombre plus ou moins dans l'alcoolisme. Elle vit en colocation avec un autre étudiant en cinéma qui a de vagues projets . Elle survit et fait des enquêtes de voisinage pour lui. C'est dans ce cadre qu'elle rencontre Jean Curver, une vieille dame qui vit seule dans une maison en lisière de forêt et coupe elle-même son bois. Elles échangent quelques mots puis Jean lui propose de lui raconter sa vie 5 jours plus tard, à la condition qu'elle reste sobre. Kate, très curieuse, va arrêter de boire et les feux femmes vont créer des liens et devenir amies après plusieurs thés ou tisanes et bonnes pâtisseries.
C'est un très joli roman, proche de la poésie par moment, assez original, qui illustre l'importance des relations humaines et de la parole.
Le meilleur roman que j'aie lu pendant mes vacances. Un auteur à découvrir, pour moi.
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Kate, l'étudiante, est engagée dans une relation sentimentale hasardeuse et boit plus que de raison ; Jean, la vieille femme, fend du bois, savoure son thé et ses pâtisseries et vit seule, sans doute entourée de fantômes aimés. Leur rencontre et leurs dialogues sont orchestrés par l'écossais John Burnside qui situe cette fois son intrigue aux Etats-Unis, au fil d'une succession d'histoires intimes qui finissent par tisser un récit de l'Amérique de la deuxième moitié du XXe siècle. Et de cette relation entre deux femmes séparées par de nombreuses décennies va naître une connivence et une amitié qui se développent naturellement, parce que l'une a le talent de raconter et l'autre celui d'écouter. Moins opaque que dans la plupart de ses romans précédents (Scintillation, L'été des noyés), Burnside reste cependant un auteur qui préfère garder une grande part de mystère à ses personnages et à ce qui leur arrive, faisant confiance à l'intelligence, l'intuition et l'imagination de ses lecteurs. Dans le bruit du dégel, il nous embarque dans une narration à la Shéhérazade où ses héros se protègent des mensonges d'Etat (Guerre froide, Vietnam) mais en paient chèrement le prix, et où les histoires d'amour finissent mal en général. L'écrivain prône la contestation comme arme contre le non-conformisme et décrit comme personne les faiblesses humaines et leurs échappatoires dérisoires. Mais la plus belle des addictions, et la moins nocive, n'est-elle pas celle de raconter des histoires, et qu'importe si elles prennent quelque distance avec la vérité ? Subtil, poétique et amer, le bruit du dégel est une décoction au parfum unique que l'on savoure comme un thé noir fort et capiteux.
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C'est l'histoire d'une résilience qui en cache une autre.
Kate, jeune étudiante en cinéma, paumée, vit en colocation avec Laurits, magnétique étudiant, artiste à ses heures, volubile et provocateur avec qui elle entretient une relation d'amitié et plus par moment. Errant dans les rues d'une bourgade américaine en quête d'histoire pour un énième projet de son ami-amant, elle rencontre Kate, dame âgée faisant du bucheronnage. Elles passent toutes les deux un pacte : en échange de la sobriété de Kate qui dissimule sa tristesse sous un alcoolisme estudiantin, Jean va lui raconter les histoires qui peuplent sa vie.
Et ces histoires constituent les graines de l'Amérique. Entre héritage amérindien, seconde guerre mondiale, guerre du Vietnam, guerre de Corée, luttes de la jeunesse pour l'égalité, manifestations de Chicago, amours contrariés... un beau roman qui résume une vie, ses mensonges, ses petites histoires qui permettent d'arranger (et de digérer) une réalité crue. Au travers de Jean, Kate la douloureuse va s'éveiller et une tendre amitié entre tisanes, thés et cafés va se nouer.
Je ne vous en dis pas plus car il faut lire ce beau roman d'une rencontre.
Bonne lecture.
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John Burnside est né en 1955 à Dunfermline, en Ecosse, où il vit actuellement. Il a étudié au collège des Arts et Technologies de Cambridge. Membre honoraire de l'Université de Dundee, il enseigne aujourd'hui la littérature à l'université de Saint Andrews. Poète reconnu, il est aussi l'auteur de romans et de nouvelles. le Bruit du dégel date de 2018.
Scarsville, Etats-Unis, en 1999. Kate, la narratrice, étudiante déprimée depuis le décès récent de son père, vit en colocation avec Laurits, cinéaste anthropologue réalisant des films avant-gardistes. Leur relation sentimentale est floue, l'alcool et la drogue sont de la partie. Pour les besoins de son « petit ami », Kate fait des enquêtes dans la banlieue pavillonnaire, chargée de recueillir oralement les histoires que voudront bien lui confier les gens. Quand elle rencontre Jean Culver, une vieille femme qui coupe son bois, sa vie prend un cours nouveau : Jean propose à Kate un marché, elle cesse de boire et elle, en échange lui racontera des histoires.
Pour que les choses soient bien claires, ce roman est absolument magnifique. Mais, car il y a souvent un mais, si comme moi vous connaissez cet écrivain (voir mes autres chroniques de ses livres), vous pourriez être dérouté car ici – même s'il y règne une sensation de flou – il est beaucoup moins mystérieux que d'autres romans, sans aucune allusion au paranormal ou fantastique ; ce premier point écarté, il a un vrai défaut à mes yeux, j'ai été très long (vraiment très long !) à entrer dans l'histoire, hésitant même à l'abandonner. Et puis le voile s'est éclairci, la sublime littérature de John Burnside a fait le reste et je suis tombé sous le charme, pris par les émotions. Charme d'autant plus intense qu'il fut long à se dessiner.
Quand Jean se proposera pour raconter des histoires, en fait elle va raconter sa vie, incluant les membres de son entourage, chacun incarnant d'une certaine manière, un pan de l'histoire moderne des Etats-Unis. Il y a Jérémy, son frère aîné, il a vu leur père avocat abattu en pleine rue quand ils étaient enfants, puis il a fait la guerre en Europe contre le nazisme avant de s'interroger sur la nécessité d'Hiroshima, les horreurs il les a côtoyées. Marié, il a eu deux enfants, Jennifer, très tôt politisées dans les mouvements contestataires et radicaux des années 60', les attentats et finalement la clandestinité éternelle pour échapper au FBI ; un fils, Simon, déserteur du Vietnam, lui a vécu les massacres traumatisants de civils. Et puis, il y a le grand amour de Jean, lesbienne, elle s'est entichée De Lee, soldé par un drame dont elle porte encore aujourd'hui le fardeau.
Entre Jean et Kate, une relation de tendre amitié s'instaure au fil de leurs rendez-vous dans un sympathique café du coin, devant une tasse de thé et un gâteau fait maison. L'une, l'autre, vont s'aider sciemment ou pas, à vaincre leurs démons et quand la vieille femme verra venir sa dernière heure, son sac de souvenirs tragiques vidé, elle partira délivrée. Kate, de son côté, s'éveillera à la vie pour un nouveau départ.
Je le répète, c'est absolument magnifique. le texte est dense, l'écriture somptueuse, jouant sur les climats et les sensations, les explications de faits qui ne viennent qu'à postériori. Tous les personnages cités sont émouvants que ce soit par leurs combats ou leurs amours. Les références cinématographiques pointues abondent, littéraires aussi. de petites histoires pour conter la grande Histoire… le roman de l'écrivain le plus proche de la réalité, alors que – paradoxe – tout du long, les acteurs s'interrogent sur le sens des histoires ou le rôle de l'Histoire.
Un livre mais surtout un écrivain à lire absolument.

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Étudiante en cinéma, Kate peine à se remettre du décès de son père et se réfugie dans l'alcool. Chargée de récolter des récits, la jeune femme rencontre par hasard Jean, une vieille dame pleine d'énergie, qui va lui proposer un troc : elle lui confiera ses histoires à condition que Kate arrête de boire.
Autour de tasses de thés odorants, de pâtisseries maison, commence alors une relation enrichissante pour les deux femmes, tout en délicatesse.
Au-delà de l'aspect intime des histoires révélées, c'est aussi tout un pan,souvent peu glorieux, de l'Histoire américaine qui se donne à lire.
Tout en suggestions, sans se départir de sa prose poétique, John Burnside nous livre ici un roman qui entremêle les histoires, les générations, avec bienveillance et sensibilité.
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C'est un livre spécial, je me suis demandé un bon moment où le livre allait m'emmener, et s'il me plairait. Et à la fin, je peux dire : oui. Mais pas follement, mais oui. J'ai hâte de revoir ma liste de livre lus en août, dans quelques mois, et de voir quelle impression m'a laissé cet ouvrage. Cette transmission, cette série de jours pendant lesquels un personnage raconte des morceaux de vie à une autre, la tenant en haleine pendant que sa vie se modifie, petit à petit, de manière douce et invisible...
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