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3,71

sur 317 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il y a des livres, parfois, qui n'ont aucune éducation : vous les achetez un samedi matin, pensant passer un après-midi tranquille à bouquiner, et au lieu de vous détendre comme tout livre respectable l'aurait fait, ils vous secouent comme un prunier, vous donnent quelques paires de giffles, et vous laissent un peu groggy, à vous demander ce qu'il vient de vous arriver.

Tel est "courir avec des ciseaux", autobiographie d'Augusten Burroughs : sa vie commence déjà sous les meilleurs auspices, avec un père alcoolique, et une mère folle à lier. Après quelques scènes d'insultes et de menaces de mort, les deux parents décident de divorcer. Pour tenter de se construire, la mère d'Augusten consulte un psychiatre, le docteur Finch, et, tout à sa reconstruction émotionnelle, abandonne complètement son fils. Finch devient le tuteur légal d'Augusten, qui s'installe chez lui.

Malheureusement, Finch est beaucoup plus déjanté que les patients qu'il est sensé soigner, et fait des choix douteux. Comme essayer de former des couples avec ses patients. Comme fournir un cokctail d'alcool et de valium à Augusten pour faire croire à une tentative de suicide et lui éviter quelques mois d'école. Comme "offrir" sa fille de treize ans à un de ses patients de quarante ans sous prétexte qu'elle est assez mature pour décider elle-même de sa vie. Ou encore laisser Augusten s'initier à la sexualité à douze ans avec Bookman, jeune homme d'une trentaine d'années, ancien patient et fils adoptif du docteur, avec une relation qui se situe à mi-chemin entre l'abus de mineur et le syndrôme de Stockholm.

Le plus surprenant, c'est que le ton du livre est léger : l'auteur arrive à nous présenter sa vie comme une série de petites anecdotes amusantes à raconter, en un curieux réflexe d'auto-défense :
«[...]écrire mon journal fut un des moyens d'y parvenir. Cela m'a permis d'élever une sorte de mur entre moi et la famille du docteur. Un mur physique, concret, le carnet lui-même, le stylo. Et puis un mur émotionnel, puisque j'étais toujours fourré dans ce journal, en train d'écrire. Ainsi j'ai pu me protéger.»
«Il y a de l'humour même dans la plus terrible des situations. En se focalisant sur cet humour, il est possible de réduire la gravité de la situation. J'ai été émotionnellement arraché à ma vie quand j'étais petit. Sans nécessité. Et ce détachement est rendu dans le livre. L'humour était le seul moyen de survivre au contexte.»

Difficile d'exprimer exactement ce qu'on ressent pendant la lecture : parfois vraiment amusé tellement l'auteur est détaché, parfois horrifié parce que quand même, il y a des viols et des maltraitances émotionnelles terribles, et avec une impression de voyeurisme à se demander s'il va encore lui arriver quelque chose de pire. Dans tous les cas, "courir avec des ciseaux" est un livre qui marque.
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Augusten Burroughs nous raconte dans ce roman son enfance hors du commun. Avec un père alcoolique et une mère folle qui se déchirent et s'insultent chaque jour, le jeune Augusten comprend très vite que sa vie s'annonce différente de celle des autres. Quand ses parents se séparent et que son père les abandonne, Augusten se voit confié par sa mère à son psychiatre, le docteur Finch, qui deviendra son tuteur légal. La première visite chez les Finch s'apparente à un cauchemar, le désordre et la folie règnent. Pourtant, très vite, Augusten trouvera sa place dans cette nouvelle famille, notamment auprès de Hope et Nathalie, deux des filles du docteur. Pendant que le jeune garçon fait des expériences inédites, se rêve coiffeur, entre dans une relation des plus malsaines avec un homme de 20 ans son aîné, lit l'avenir dans les excréments ou dans la Bible, sa mère enchaîne les épisodes psychotiques. Livré au monde sans aucune limite ni interdit, partagé entre deux familles tout aussi folles l'une que l'autre, Augusten écrit tous les jours dans des carnets, ce qui lui permet de livrer des années plus tard le récit de cette enfance et cette adolescence incroyables…

Voilà un roman qui, selon moi, ne peut laisser indifférent ! Que ce soit les personnages (dont on a du mal à croire qu'ils sont de véritables personnes tant ils sont hauts en couleur), le décor de la maison des Finch (plus proche d'une maison hantée que d'une charmante villa), tout dans ce livre respire l'exubérance, la loufoquerie, la folie même. Les faits, eux, amusent parfois, choquent le plus souvent. Quand on ne rit pas, on se retrouve avec un sentiment très fort de malaise. Certaines scènes, racontées de façon très crue, sont d'une grande violence, notamment dans la relation qu'entretient Augusten avec Bookman, ancien patient et fils adoptif du docteur Finch, dès l'âge de 12 ans. le malaise est entier et rendu plus fort encore par le ton léger, presque amusé. Augusten Burrough fait parler l'enfant et l'adolescent qu'il était alors, d'où une certaine naïveté et l'autodérision. L'humour renforce pourtant le drame. Il y a du désespoir partout, chez les Finch, chez la mère, et surtout pour Augusten qui, conscient de bénéficier d'une liberté incroyable, se sent piégé par cette éducation qui n'en est pas une, et comme voué à finir lui aussi fou, contaminé par son entourage (ce dont il sera a priori sauvé, certainement en partie grâce à l'écriture).
Tout s'enchaîne très vite dans ce roman, le lecteur n'a pas le temps de souffler que la mère d'Augusten refait une crise de folie, Nathalie trouve une nouvelle occupation tout à fait absurde, le docteur Finch trouve un nouveau moyen de lire l'avenir, etc. L'auteur parvient à faire osciller le lecteur à un rythme fou entre des scènes rendues drôles par le comique de situation, et des scènes cruelles, violentes, qui provoquent un fort sentiment de malaise. Au final, on reste avec un sentiment bizarre, avec l'impression que l'on ne pourra jamais oublier l'enfance d'Augusten et les Finch, même après avoir tourné la dernière page. Je dois aussi avouer que la page de remerciements m'a émue, ce qui parait absurde, c'est vrai ! Peut-être que c'est parce qu'elle vient rappeler que tout ça est réel (il y a débat bien sûr, mais c'est en tout cas de cette façon que l'auteur présente son roman), ou peut-être parce que l'on ressent une tendresse de la part de l'auteur à l'égard de ceux qui lui ont inspiré ce best-seller.

Un roman que je conseille donc, mais à un public averti, avec une grande ouverture d'esprit, et prêt à entrer dans le royaume de la folie !
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Un détour bien chtarbé dans les Etats Unis d'une famille désunie par les fils décousues de la psycho. Point de vue d'un fils qui cultive sa particularité dans ce milieu. Ou commence la fiction? Assez incroyable comme prise au cerveau.
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L'auteur tourne en dérision les événements marquants de sa vie et parvient à faire rire le lecteur, même aux moments les plus douloureux de son enfance et adolescence. Complètement déjantées cette famille et celle du psychiatre de sa mère où elle l'a laissé à l'âge de 13 ans.
J'ai tout de même quelques doutes quand à la véracité de ses souvenirs. En tout cas rien ne nous est épargné. Et l'ambiance est assez malsaine
C'est parait'il autobiographique... Assez inquiétant !
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J'ai vu le film il y a quelques années et j'en avais gardé un bon souvenir. Alors quand je suis tombée sur le livre j'ai pensé retrouvé cette ambiance qui m'avait tant plue dans le film... J'ai été déçue.
Je pense que l'auteur a forcé le trait. Trop! Je veux bien croire que tous les membres de cette famille sont barges, mais c'est trop. Trop! Il manque des personnes plus "normales" dans ce livre. Cela dit, je pense que ce récit pour le moins original doit être lu.
J'ai "la suite" dans ma pal, car j'ai l'espoir qu'il se soit entouré de personnes bienveillantes.
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Ce roman autobiographique se situe à la fin des années 1970, à cette époque les moeurs étaient beaucoup plus libres et de nombreuses expériences de vie alternatives étaient expérimentées, ici la seule originalité vient du fait que la mère du héros est malade mentale et qu'il est "adopté" par un psychiatre "atypique", pour le reste nous restons bien ancré dans le monde de la consommation américaine. Seuls les faits décalés par rapport à la norme sont relatés alors qu'elle est toujours bien présente en arrière plan (la TV est omniprésente et les marques de consommation sont citées tout au long du roman), je n'ai rien découvert d'intéressant et Augusten ne se montre pas d'une originalité particulière, il subit tout du long. Je vais toujours jusqu'à la fin d'un livre, l'écriture est correcte, parsemée d'un humour convenu, mais on peu aisément se passer de ce livre.
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Courir avec des ciseaux n'est pas vraiment un roman. Il s'agit plutôt une autobiographie, et c'est loin d'être anodin compte tenu de ce qu'on y trouve. En effet, Augusten Burroughs y raconte avec un détachement presque surhumain le chaos de son enfance et de son adolescence. Loin de se plaindre, il se contente de narrer tout ça sur le ton étonné de celui qui n'en revient toujours pas mais est quand même content de s'en être sorti. Comme si ces épisodes de sa vie, pour certains hautement traumatisants, n'étaient jamais qu'un camp scout un peu mouvementé.

Résumons. Après le divorce (nécessaire) de ses parents, Augusten emménage dans une nouvelle famille : celle précisément du psychologue de sa mère, le docteur Finch. Dans ce nouveau foyer, qui a au moins le mérite d'exister, il expérimente un nouveau type de vie essentiellement caractérisée par l'absence de règle d'aucune sorte, avec toutes les bizarreries qu'on imagine lorsque cela implique des patients nécessitant des soins psychiatriques et des enfants. Notons que les principaux « personnages » du livre, grosso modo les membres de la famille qui a inspiré les Finch, n'ont pas apprécié ce qu'ils y ont trouvé. Cela dit, Augusten Burroughs, lui, s'en tient toujours à sa version.

L'étonnement est à chaque coin de page, généralement accompagné de son pote le malaise. Ce dernier est souvent atténué par le ton du récit mais ne peut se cacher lorsque la situation est telle que rien ne pourrait y parvenir. le reste serait plutôt du domaine de l'absurde… sauf que cette fois c'est pour de vrai, semble-t-il. le résultat n'est pas forcément un chef d'oeuvre mais est suffisamment spécial pour susciter l'intérêt d'un lecteur curieux. Je crois. En fait, je ne suis pas sûr. En tout cas, si tout est vrai, le simple fait que ce livre existe et que son auteur ait pu le mener à son terme est déjà un petit miracle.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=2..
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Comment échapper à une enfance sacrifiée, s'évader du pathos et éviter la folie ? En transformant ses épreuves par la vertu littéraire de la description des évènements. Ceux ci sont tellement hors normes, énormes, violant dans l'intimité quotidienne tout ce qui devrait représenter la sécurité émotionnelle et affective, l'enfant y est nié. le portrait à charge de la psychiatrie, de la famille, des relations abusives est tellement improbable que l'on a du mal parfois à se dire que si l'on pourrait raconter, sur le mode de l'anecdote nous aussi des moments totalement fous de notre enfance et de notre éducation, pourraient ils atteindre ces sommets ?
L'épreuve que l'auteur aura surmonté a muté en produit et en ressource pour lui, c'est un beau pied de nez à ce concours de circonstance triste, qui l'aura livré aux mains de fous et folles inconséquents..Une oeuvre de résilience.
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Lu il y a quatre ans. Je me souviens de passages prenants alternant avec des décrochages complets de mon esprit, des brouillards, des éclaircies... Ou alors je confonds avec la météo de Bretagne où je l'ai lu. Il y a des moments cocasses et drôles, d'autres émouvants, tristes... (Un peu comme dans beaucoup de longs romans américains...)
C'est pas un mauvais livre, et c'est une autobiographie, mais si vous ne connaissez pas Augusten Burroughs et ne l'appréciez pas spécialement, vous l'oublierez assez vite et en ferez une critique aussi faiblarde que la mienne.
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Je ne parviens pas à savoir si j'ai aimé ou pas ce livre. La publicité mise en avant autour de ce livre parlait de livre "drôle", plein d'humour et de dérision. Et pour le coup, je m'attendais à complètement autre chose. A l'histoire d'un garçon adolescent qui fait les 400 coups par exemple. Mais en fait de drôlerie, c'est un récit glauquissime, qui n'est pas inintéressant dans ce cadre là d'ailleurs. Augusteen vit entre un père qui ne veut plus de contact avec lui et une mère complètement folle qui traverse la vie de crise en crise. Il se retrouve vite sans aucun repères familiaux et est adopté par le psychiatre, tout aussi fou, de sa mère. Il tombe alors dans une famille à l'éducation sans limite qui laisse chaque enfant dériver à sa guise. Ce livre serait plutôt une critique de l'éducation permissive de l'Amérique des années 70 et j'ai fini par plaindre énormément ce jeune garçon, laissé à lui même, sans aucun repère ni beaucoup d'amour.
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