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Jean Guiloineau (Traducteur)
EAN : 9782264049513
272 pages
10-18 (07/10/2010)
3.78/5   55 notes
Résumé :
Pour le petit Augusten, son père est une présence fantomatique, à peine signalée par une toux ou des volutes de tabac dans l'obscurité d'une pièce. Ce géniteur dévoré de psoriasis, Augusten l'aime plus que tout et ne souhaite qu'une chose: le lui prouver. Mais ce dernier en a décidé autrement et, peu à peu, l'amour se mue en une haine tenace et acerbe. Jusqu'à ce qu'entre eux deux commencent de drôles de jeux.
Une autofiction introspective, angoissante et hor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Roman largement autobiographique : fils d'un professeur d'université et d'une poétesse, le jeune Augusten vit une enfance dévastée par la peur : la peur de n'être pas aimé, bien sûr ; mais aussi peur de l'agression physique par un père si inquiétant que le petit garçon vit dans une perpétuelle angoisse de mort imminente pour lui, sa mère ou ses animaux de compagnie.
S'étant persuadé que son père est un meurtrier en série, Augusten, devenu adulte, redoute l'héritage de son père et plonge, comme ce dernier, dans l'alcoolisme et des comportements erratiques, jusqu'au jour où il lui est révélé que sa vie lui appartient et que la seule part d'ombre qui lui revienne en propre est celle des séquelles occasionnées par le manque d'amour paternel.
C''est sur ce vortex affectif que se construira l'oeuvre de l'auteur.
Excellent livre sur l'héritage familial.
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Augusten petit enfant, du plus loin qu'il se souvienne a l'impression que quelque chose ne tourne pas rond dans sa famille. Son père, couvert de psoriasis, est alcoolique, violent, cruel avec tous. Sa mère, femme battue et violée, fait des séjours en H.P. Sinon, chez elle, elle passe son temps à fumer et à taper sur sa machine à écrire dans la chambre à côté de la sienne. Elle ne tient tête que quand leur vie est en danger et là, la mère et le fils fuitent les pulsions meurtrières du père. Dans la première partie du roman, Augusten essaie par tous les moyens de retenir l'attention de son père, de lutter contre sa glaciale indifférence, d'ouvrir la gangue entourant son coeur. Et pourtant le père dit assez souvent « je t'aime aussi », sans plus.
Puis, au retour d'une de leurs fuite, il découvre Bernie, son compagnon à 4 pattes, mort dans sa cage de ne pas avoir été nourri par son père.
« Et cela a commencé. La haine a éclos dans ma poitrine. La haine s'est épanouie en moi et elle s'est déployée comme les pétales d'une fleur mortelle….. Mon père ne méritait pas de respirer. » écrit-il.
A partir de cet instant, pour lui, seul la mort de ce père pourrait le libérer. Sur plusieurs pages il nous narre de façon très réaliste, des scénarios dans lesquels il tue son père et qui ne sont, en vérité, que des rêves, mais qui font froid dans le dos tant ils sont détaillés de manière « paisible et naturelle».
Puis, il y a le frère ainé, dont il dit « il est comme moi mais il n'est pas moi ». Son frère qui fait partie « de la famille d'avant », une famille normale et souriante, et lui apprendra à tirer afin de se protéger contre le Père avant de quitter définitivement « la caverne familiale ».
Adulte, il mène une vie étrange. Publicitaire doué et reconnu dans la journée ; ivrogne et vivant dans un appartement transformé en taudis le soir. Sa demande de reconnaissance paternelle est toujours aussi vive et il ne peut s'empêcher d'appeler son père pour lui parler de sa réussite professionnelle et d'étaler ses voyages, budgets….. Allant jusqu'à lui parler de sa mère pour entretenir la conversation.
Un beau jour, ses yeux s'ouvrent et il se rend compte qu'il n'est pas son père et alors la reconstruction commence.
10 ans plus tard, sur son lit de mort, le père ne pourra s'empêcher de faire une dernière vacherie à Augusten. Mais, mort, le fils est libéré de lui.

Augusten Burroughs nous décrit son enfance dénuée d'amour paternel, son besoin de reconnaissance. Il n'y a pas de coups, mais une violence psychique inouïe dont on ne sort pas indemne …. Cette quête de l'amour paternel le poursuivra toute sa vie. Ce livre poignant nous pose la question : peut-on se construire sans l'amour et le regard de nos parents et je pense que la réponse est non puisqu'il agit toujours en réaction à cette relation.
Ce livre est un coup de coeur qui ressemble à un coup de poignard
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Dans "Un loup à ma table", Augusten Burroughs laisse de côté le cynisme et l'humour grinçant qui rendaient la lecture de "Courir avec des ciseaux" et de "Déboire" si plaisante.
C'est pourtant peu dire que le fond de ces deux volumes étaient déjà tragique, mais l'auteur y adoptait un ton qui donnait l'impression qu'il se détachait d'un passé encombrant (mais qui en réalité ne cessait de le hanter).

Ici, alors qu'il évoque sa relation à son père, John, il semble par moments être redevenu le petit enfant vulnérable et naïf qui cherchait en vain à attirer l'attention de ce professeur d'université souvent absent, et qui lors de ses rares moments de présence au sein du foyer familial, préférait rester en tête à tête avec un verre de vodka que de prêter une quelconque attention à sa progéniture.
Entre ce père fantôme, une mère dépressive et poétesse perdue la plupart du temps dans ses pensées, et un frère aîné brutal et stupide qui quittera dès que possible l'enfer familial, l'enfance d'Augusten est synonyme d'insécurité et de carence affective.

"Nous étions trois. C'était presque comme si la maison contenait trois grottes, et que chacun de nous était assis au fond de la sienne.
Parfois, j'entendais ma mère hurler dans sa grotte. Par dessus le bruit éternel de sa machine à écrire, j'entendais sa solitude, sa plainte désespérée. Comme un animal blessé, blotti dans un coin, qui sait qu'il mourra bientôt.
Quand mon père s'approchait de ma grotte, je l'entendais respirer et grincer des dents.
Les gens croient en Dieu parce qu'ils ne peuvent affronter la solitude. Je n'avais pas peur d'être seul dans le monde. J'avais peur de ne pas l'être".

Ses efforts pathétiques pour obtenir un regard, un petit signe d'affection, serrent le coeur du lecteur atterré par la froideur paternelle. Et dans l'imaginaire enfantin d'Augusten, son père en vient peu à peu à prendre des allures de monstre. La comparaison avec le loup m'a parue adéquate : à l'image de l'animal qui suscita à la fois terreurs et fantasmes, la figure paternelle revêt une dimension presque mythique... Dans ses cauchemars, Augusten se voit poursuivi par lui, la nuit, à travers bois.
Et lorsqu'il est éveillé, la peur est toujours là, alimentée par le physique de plus en plus répugnant de John, dont le corps est rongé de psoriasis, la bouche partiellement édentée, et par ses crises de folie parfois soudaines, provoquées par sa consommation d'alcool.
Le besoin d'être reconnu par ce père alterne avec l'envie de le tuer, et aussi, peu à peu, la grande angoisse : celle de lui ressembler.

« Mon enfance avait pris fin. Une part de moi était morte. Mais une autre part venait de naître.
Et j'ai su que quelle que soit la méchanceté que mon père avait en lui, elle était aussi en moi. Avant, j'avais peur de devenir comme lui en grandissant. Maintenant, je savais qui je l'étais déjà. (…)
Mon père ne méritait pas de respirer ».

L'auteur décrit avec justesse les sentiments ambivalents et destructeurs qu'ont suscité en lui l'indifférence paternelle, posant implicitement la question de savoir ce qu'il en résulte, une fois atteint l'âge adulte. En écrivant "Un loup à ma table", que l'on pourrait décrire comme le récit d'un manque, ou d'un vide -mais d'un vide lourd, encombrant, qui prend toute la place-, sans doute a-t-il voulu exorciser une bonne fois pour toutes les démons d'une enfance qui ne cessent de le poursuivre.

Il nous livre un roman touchant de sincérité, et aussi assez angoissant, où son habituel sens du sarcasme fait place à un humour presque fortuit, nourri de sa crédulité d'enfant forcé de composer avec un monde qui ne lui convient pas.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J'ai longtemps cru que les romans d'Augusten Burroughs étaient d'excellents exemples d'autofiction. Erreur. Chez cet auteur étasunien, l'écriture est un exercice de mémoire. Pour ce quatrième volet des "mémoires" de Burroughs publiées en français, le ton change. On ne rie plus comme dans "Courir avec des ciseaux", au contraire, chaque nouveau chapitre est plus angoissant que le précédent. Il est essentiellement question de sa relation avec son père, du manque affectif et de son obsession d'exister dans l'oeil du père.

On regrette bien sûr la quasi absence de trame narrative. le lecteur devra se contenter d'épisodes couvrant les années de la naissance de Burroughs à la mort du père.

Ce livre à la fois bouleversant et écoeurant n'est pas à mettre entre toutes les mains. La vérité subjective de l'auteur donne froid dans le dos. Je préférais penser qu'il écrivait de l'autofiction...
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Depuis la toute petite enfance, Augusten sait que quelque chose cloche dans sa famille. Sa mère a quitté son père un certain temps alors qu'il n'avait pas 8 ans, parce que cet homme représentait un danger pour elle et son fils. En même temps, l'aîné est resté près de lui… Pourquoi le père n'était-il pas dangereux pour lui ? Puis, après quelques mois à vivre dans un autre appartement, dans une autre école, mère et fils sont tous deux retournés vivre avec ce père et ce frère abandonné.

Puis ce sont les souvenirs d'un enfant qui aime un père incapable d'exprimer la moindre émotion qui s'enchaînent. À chaque tentative, le fils reçoit les mêmes rejets, vit les mêmes déceptions. Augusten essaie, encore et encore, de comprendre comment fonctionne cet homme et comment arriver à lui donner son amour.

Malgré la faible épaisseur du roman, celui-ci a dormi par intermittences de longues semaines sur ma table de chevet. J'ai avancé par petits passages, incapables de me dire que j'allais y retourner. Manquait-il de légèreté ou d'humour pour moi ? La présentation des souvenirs les uns à la suite des autres, sans lien ou éléments qui créent du suspense, a fini par m'ennuyer. Quand j'ai compris que je ne prenais pas de plaisir à lire ce roman, je l'ai abandonné.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ma mère a pris beaucoup de phots de mon cochon d'Inde Ernie et de moi - Ernie dans un des costumes que j'avais créés pour lui avec des bouts de tissu et de colle, Ernie assis sur une chaise comme une personne. Mais quand j'ai tendu un des énormes soutiens-gorge de ma mère entre les dossiers de deux chaises de la cuisine et que j'ai installé Ernie dans un des bonnets, comme dans un hamac, elle n'a pas pris de photo comme je l'espérais mais elle a crié : "Retire-moi cette horrible chose de mon soutien-gorge!" Je me suis senti insulté qu'elle ait traité Ernie d'"horrible chose" et je lui ai répliqué : "Il est plus joli que ce qui se trouve d'habitude dans ce vieux soutien-gorge."
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Quand ma mère est enfin revenue à la maison, elle était si vide d'énergie et d'une maigreur si effrayante que j'ai tout de suite eu peur que ses qualités essentielles ne soient restées à l'hôpital. J'imaginais facilement une infirmière apercevant une masse sombre et confuse par terre et la jetant à la poubelle, sans réaliser qu'il s'agissait de l'esprit de ma mère.
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Video de Augusten Burroughs (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Augusten Burroughs
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