"Les Dossiers Dresden" un serial Urban Fantasy très cool et très fun de
Jim Butcher déjà connu pour "Le Codex Alera" son feuilleton High Fantasy très cool et très fun… Et force est de constater que les deux séries ont eu chez les éditions Bragelonne des parcours pour le moins compliqué ! Mais la série a rencontré suffisamment de lecteurs et lectrices satisfaits pour être transposé à l'écran outre-atlantique
Harry Dresden de Chicago est un magicien à louer, un vrai par un prestidigitateur ou un illusionniste, mais c'est un avant tout un loser, voire un Foutu Au Berceau (j'ai pas tout lu, mais si j'ai bien compris les forces occultes ont un plan le concernant comme le
John Taylor de
Simon R. Green sa version anglaise, fils caché de Lilith en guerre contre sa mère) : sans revenir sur son passé aussi triste que tragique, Mister son chat de 15 kilos est le véritable maître du taudis dans lequel il réside, son familier Bob est un obsédé qu'il faut surveiller en permanence sous peine de catastrophe sexuelle imminente, il est dans le collimateur de la Blanche Confrérie et Morgan son contrôleur magique attend la première occasion pour le faire condamner pour infractions aux règles de la sorcellerie, il est dans les petits papiers du parrain Johnny Marcone qui veut le recruter ou s'en débarrasser, il doit sans cesse mentir aux policiers et aux journalistes pour éviter de nouvelles tempêtes d'emmerdes, et c'est aussi un technophobe contraint et forcé qui vit comme un marginal et qui roule dans une voiture poubelle constamment rafistolée… Et le côté loser est renforcé par le fait qu'il côtoient sans cesse des strong independant women sémillantes et/ou entreprenantes, alors que son côté vieux jeu et ses antécédents malheureux il est incapable de draguer voire même de flirter : ah ça on est loin des paranormal romances ou des paranormal pornos ! ^^
* Il y a tout un côté comic, sur le fond et sur la forme, et je me demande parfois si on est pas dans un détournement de "Mandrake le Magicien" : le mentor / la Némésis du héros a des faux airs du Cobra l'archi-ennemi du magicien justicier, toutes les femmes qui lui tournent autour le sauvent plus souvent qu'il ne les sauve, et il y a toute la galerie d'alliés et d'adversaires sauf qu'Harry Dresden n'est pas assisté par Lothar l'homme le plus fort du monde mais pas Mister le chat le plus fort du monde ^^
* Il y a tout un côté serial policier car il est constamment sollicité par les forces de police, sauf qu'avec le women's lib le flic de choc assisté d'une consultante extérieure a été remplacé par le flic de choc assisté par un consultant extérieur: dans le duo Starsky & Hutch acariâtre Karrin Murphy (petite, ronde, blonde et expertes en armes à feu et en arts martiaux) a hérité de tout le côté action et que le sarcastique Harry Dresden (grand, maigre, brun et absolument pas taillé pour la stonba) a hérité de tout le côté réflexion, avec pour ne rien gâcher la journaliste Susan Rodriguez dans le rôle d'Huggy les bons tuyaux (à moins qu'il ne s'agisse de Tut-Tut du petit peuple ^^)...
* Il y a tout un côté pastiche de roman noir : une narration Hard Boiled, un détective privé blasé, des demoiselles en détresse par si innocentes que cela, des femmes fatales en veux-tu en voilà, des délinquants d'en haut fricotant avec les délinquants d'en bas, des autorités complices de tout cela sur ordre de l'autoproclamée haute et bonne société, et bien sûr une enquête prétexte à révéler les aspects les moins reluisants de notre société (et tout cela est encore plus vrai quand on jette un coup d'oeil au comic scénarisé par l'auteur intitulé "Welcome to the Jungle" qui fait office de préquel dans lequel on voit très bien comment tous ces codes sont mélangés voire intervertis ^^)...
* Il y a tout le côté urban fantasy et donc monster of the week, et c'est peut-être là que le bât peut blesser, car aux États-Unis l'urban fantasy est un genre encore plus stéréotypé que la high fantasy (car pour que les séries se poursuivent il faut élargir l'univers sans l'approfondir donc on passe essentiellement par le renouvellement du bestiaire) : les expériences des Scribblies de Minneapolis et les séries néo-gothiques d'
Anne Rice ont été fondu dans la univers des Jeux de Rôles World of Darkness ("Vampire : La Mascarade", "Loup-garou : L'Apocalypse", "Mage : L'Ascension", "Wraith : le Néant", "Changelin : le Songe", "Exterminateur : le Jugement", "Momie : La Résurrection", "Démon : La Chute", "Orpheus") qui sont devenus le tronc commun du genre avant l'arrivée des proto Buffy (qui allaient donner naissance aux paranormal romances et aux paranormal pornos qui inondent le marché depuis pal mal d'années)… Il faut ajouter les ateliers d'écriture qui ont tendance à tout formater, les éditeurs qui ont tendance à tout marketiser, et
Jim Butcher qui a toujours davantage été rôliste qu'écrivain (je l'ai pris plusieurs fois en flagrant délit d'inspiration rôlitique) à qui on a demandé de faire une chasseuse de vampire en mec, mais qui a préféré écouté les conseils de son mentor Deborah Chester… Ce n'est ni de la haute ni de la grande littérature, mais on s'en fout : dans un série populaire, il faut des personnages sympathiques, de l'action, du suspens, et des dialogues bien troussés remplis de punchlines de qualité et ça
Jim Butcher sait très bien le faire malgré l'inévitable comique de répétition ! (d'ailleurs le plus grand respect à
Grégory Bouet qui a dû s'arracher les cheveux ou s'éclater un max avec toutes ces blagues référencées et tous des jeux de mots intraduisibles qui m'ont bien fait rigoler, et j'en profite pour claquer le beignet à ces prétendus fins connaisseurs qui l'ont qualifié de tâcheron sans imagination)
Tome 1 : "Avis de tempête"
https://www.babelio.com/livres/Butcher-Les-dossiers-Dresden-Tome-1--Avis-de-tempete/160883/critiques/1784905
Tome 2 : "Lune fauve"
https://www.babelio.com/livres/Butcher-Les-dossiers-Dresden-Tome-2--Lune-fauve/170352/critiques/1784973
Tome : "Tombeau ouvert"
https://www.babelio.com/livres/Butcher-Les-dossiers-Dresden-Tome-3--Tombeau-ouvert/173910/critiques/1802100
Comme d'habitude les intégrale Bragelonne sont d'un chouette rapport qualité-prix, et c'est encore plus vrai en version "10 ans, 10 euros" !