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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur !

Pour un roman guère épais (environ 300 pages), il s'en passe des choses dans la vie de Mildred Pierce, une femme courageuse qui prend son destin en main dans la Californie des années 30, plongée dans la crise financière, en pleine Prohibition. Vous l'aurez compris, le contexte n'est pas rose et derrière les murs des maisons calibrées des lotissements, ce sont des drames humains qui déroulent leur cortège d'illusions perdues, de déceptions et de rêves avortés.

Mildred est jeune, forte et elle possède de jolies jambes. Fraîchement divorcée et mère de deux fillettes, il lui faut rapidement trouver un travail sauf qu'elle ne sait pas faire grand-chose d'autre que le ménage et les tartes. Justement, les bonnes tartes se font rares sur les tables des restaurants et Mildred tient peut-être là sa seule carte à jouer. Entreprenante, elle est prête à tous les combats malgré les heurts de l'existence.

Portrait sans concession ni affectation d'une femme confrontée à la nécessité, déterminée à façonner sa propre réussite. Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour Mildred, autant que d'aversion pour sa fille Veda dont les caprices de diva hérissent la patience du lecteur. Un très beau travail mené par l'auteur pour donner à ce difficile rapport mère-fille une véracité cruelle.

Enfin, je vous recommande la très bonne adaptation du roman par HBO, à travers une série en cinq actes où Kate Winslet campe une Mildred Pierce époustouflante, dans un décor rétro à couper le souffle.


Club de lecture mai 2017 (en retard, une fois de plus !)
Challenge 1914-1968 2017
Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Mildred Pierce ou le portrait d'une femme courageuse sous la grande dépression, la démonstration de la ténacité de l'âme américaine dans l'adversité, l'amour indéfectible d'une mère?

Est-ce cela Mildred Pierce? Ou bien est-ce la parabole du vice fondamental du matérialisme américain, le portrait d'une opportuniste au coeur froid enragée à faire fortune, l'évolution inexorablement délétère d'une relation mère-fille venimeuse gangrenée par l'argent?

Les clés de lecture ne manquent pas dans ce formidable roman social de l'auteur du non moins formidable "Le facteur sonne toujours deux fois", que je découvre ici avec grand plaisir dans un registre différent mais porteur d'un regard toujours aussi noir et désabusé sur les fondements du caractère américain bien éloigné du glamour positiviste hollywoodien. Un régal!
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Mildred Pierce, femme au foyer et mère de famille de la classe moyenne dans le Los Angeles des années 30, décide de mettre à la porte son mari Bert, lassée de ses infidélités et des dettes qui s'accumulent.
La voilà propulsée dans le dur monde des femmes célibataires avec enfants à charge, elle qui ne sait au début mettre son orgueil dans sa poche finit, à force de travail, à créer sa propre entreprise et à passer de serveuse à gérante d'un, puis deux et enfin trois restaurants : "Ce n'était pas à elle qu'on pouvait raconter qu'on n'arrivait pas à s'en sortir, même avec cette Crise, quand on avait un peu de cran.".
Car Mildred Pierce n'a pas que des jambes affolantes, elle a aussi du courage et de la ténacité à revendre, outre le fait d'être une cuisinière hors pair et de maîtriser l'art délicat des pies.

Figure féminine du "self made man", cette femme a qui tout semble réussir a pourtant un obstacle dans sa vie, et de taille : sa fille Véda : "Elle avait peur de Véda, de son snobisme, de son mépris, de son orgueil invincible. Et elle avait peur d'autre chose qui semblait toujours être aux aguets sous l'élocution caressante, affectée de Véda : un désir froid, cruel, grossier de torturer sa mère, de l'humilier, et, par-dessus toutes choses, de la blesser.".
Véda n'est pas un cadeau, loin de là, c'est même un personnage fortement antipathique qui finira par causer la perte de sa mère, qui l'aime d'un amour fou et aveugle, et la fera choir de son piédestal.
Pourtant, des personnes ont essayé de mettre en garde Mildred : "Non, l'enfant ne vaut rien, moins que rien. C'est une garce.", mais Mildred avant d'être une femme est avant tout une mère qui se refuse à croire à la méchanceté profonde et à l'ingratitude solidement ancrée de sa fille : "Mildred se persuadait elle-même qu'elle faisait une gentillesse à Véda, mais Véda n'était pas de celles qui laissent un geste profiter à quelqu'un d'autre.".
Mais il n'y aura pas que Véda dans les mauvaises relations de Mildred, il faut aussi compter sur Monty Beragon, un dandy sans le sou qui croisera sa route, qu'elle aimera, qu'elle entretiendra, qu'elle épousera et qui la laissera criblée de dettes.
Ce roman illustre parfaitement le rêve américain, avec une mère qui cherche à donner le meilleur à sa fille et qui réussira dans la vie à force de ténacité, de courage et de travail.
A travers le personnage de Mildred Pierce, l'auteur traite de l'émancipation féminine et plus largement de l'émancipation d'une certaine classe sociale dans ces Etats-Unis d'avant guerre et d'après le krach boursier, mais une fois cette lecture achevée, j'ai la désagréable mais néanmoins légère sensation qu'il prouve aussi par-là qu'une femme ne peut totalement réussir et que l'univers est, une fois de plus, régi par les hommes.
Au final, ce sont les hommes qui gagnent plus que Mildred qui aura, au contraire, accumulée les erreurs de comportement et de jugement, en premier lieu envers sa fille : "Il ne lui vint pas à l'esprit qu'elle agissait beaucoup moins comme une mère que comme un amant qui, à l'improviste, découvre une preuve d'infidélité, et se venge.".
Belle histoire d'un amour cruel que nous raconte James M. Cain et ce, de façon sublime et attachante.
Car Mildred Pierce est un petit bout de femme attachant et il est très difficile de lâcher son histoire une fois commencée.
J'ai découvert ce personnage à travers le téléfilm où Kate Winslet campait une Mildred Pierce plus vraie que nature, ce qui m'avait donné envie de lire le roman.
Je dois dire que le téléfilm est extrêmement fidèle au livre et il me reste désormais à regarder la version cinématographique de Michael Curtiz avec Joan Crawford dans le rôle titre fournie avec le livre.

"Mildred Pierce" est un magnifique portrait de femme comme j'aime les lire et décrit avec justesse par un James M. Cain particulièrement inspiré qui signe-là un roman émouvant, attachant, drôle et triste qui fera date dans mes lectures et à qui je réserve une place toute particulière dans ma bibliothèque.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Roman de James M. Cain.

1931, Glendale en Californie. Lassée de l'oisiveté de son époux Herbert, et des dettes qui s'accumulent, Mildred Pierce renvoie son mari de la maison et entreprend de gérer seule le foyer et l'éducation de ses filles, Véda et Ray. Après des mois difficiles, elle surmonte son horreur de l'uniforme et se fait embaucher comme serveuse dans un petit restaurant. Très fine cuisinière et expertes en "pies", les traditionnelles tourtes aux fruits américaines, elle commence un petit commerce de pâtisserie qui, dans un premier temps, lui permet enfin de payer ses dettes. Puis cédant aux exigences de grandeur de sa fille Véda et à ses propres ambitions, elle ouvre son restaurant et plusieurs succursales. "Ce n'était pas à elle qu'on pouvait raconter qu'on n'arrivait pas à s'en sortir, même avec cette Crise, quand on avait un peu de cran." (p. 209) Portée par l'envie farouche de réussir par elle-même, Mildred se donne toutes les chances d'atteindre son objectif. Mais sa rencontre avec Monty Beragon, un dandy oisif et désargenté qui s'installe à ses crochets, et les difficultés qu'elle rencontre avec sa fille Véda, une orgueilleuse avide de luxe et de reconnaissance sociale, entraînent Mildred dans les méandres de la jalousie et dans les affres des affaires financières.

Le premier roman de l'auteur, le facteur sonne toujours deux fois, m'avait enchantée et les similitudes avec Thérèse Raquin m'avaient ravie. Dans Milderd Pierce, ce sont les échos de L'assommoir qui m'ont fait trembler. le roman noir tel que l'écrit James M. Cain use à merveille des ressorts du naturalisme et fait sien les codes du roman de moeurs. L'auteur brosse un remarquable portrait de femme. Volontaire et entreprenante, Mildred Pierce incarne le rêve américain du self-made man. À elle seule, elle monte une affaire rentable et bien tenue. Mais comme Gervaise, elle se laisse grignoter par les abus profiteurs d'un homme oisif et par l'attitude insolente et mauvaise d'une fille mal-aimante.

Véda a certains des traits de Nana. Avide de luxe, elle aspire à une existence au-dessus de sa condition, dans une société plus clinquante et distinguée. Les efforts prolétaires de sa mère ne lui inspirent que mépris et dégoût. Il n'y a que l'argent et les portes qu'il ouvre qui comptent à ses yeux. Coquette et aguicheuse, elle entend se servir des hommes pour satisfaire ses caprices. Outre cette nature profondément vénale, Véda est un monstre de cruauté envers sa mère. "[Mildred] ne pouvait briser Véda, quelque battue qu'elle fût. [...] Elle avait peur de Véda, de son snobisme, de son mépris, de son orgueil invincible. Et elle avait peur d'autre chose qui semblait toujours être aux aguets sous l'élocution caressante, affectée de Véda: un désir froid, cruel, grossier de torturer sa mère, de l'humilier, et par-dessus tout de la blesser." (p. 119)

En toutes choses entreprises, en toutes marques d'affection prodiguées, Milderd court après l'approbation de sa fille, après sa tendresse. Son amour fou pour Véda l'entraîne à tout lui pardonner, même les pires infamies, la poussant même à s'accuser des torts qu'elle ne peut reconnaître à son enfant. Cette malsaine passion maternelle possède tous les atouts d'un drame et il s'en faut d'un cheveu que celui survienne. Bien loin des canons classiques de la Mater Dolorosa, Mildred incarne une mère tragique qui, si elle pleure peu son enfant morte, se désespère de ne pouvoir garder l'affection de celle qui lui reste.

Convaincue des aptitudes artistiques de son enfant chérie, Mildred lui offre les cours de piano et l'instrument dont elle rêve tant. le piano à queue, signe extérieur de richesse, est tout à fait vulgaire dans l'intérieur modeste des Pierce. Mais c'est ce piano qui cristallise tous les espoirs et toutes les déceptions de Véda. Quand il s'avére que l'enfant est une médiocre musicienne, c'est tout de même le piano qui la sauvera, en révélant son extraordinaire voix de soprano coloratura. Véda chante à merveille, mais ce n'est que chant fourbe de sirène, auquel sa mère se laisse prendre, encore.

L'amour entre Mildred et Monty Beragon revêt rapidement et vilainement les atours de la vénalité. Si Monty accepte avec condescendance chaque dollar que Mildred lui octroie et s'il se plie aux exigences qu'elle lui impose, il ne cède pas un pouce sur le champ de l'orgueil. Sa superbe se satisfait qu'une femme se soucie à sa place des désagréables et viles questions financières. Mildred, de son côté, ne peut pas quitter Monty grâce auquel elle a le sentiment que sa fille lui est revenue. Dépendante du train de vie auquel l'homme a habitué l'enfant, la mère ne peut jeter hors du foyer ce profiteur malséant et fat. C'est toujours auprès de Monty qu'elle croit trouver la solution pour gagner le coeur de Véda, oubliant, hélas, qu'un loup introduit dans un poulailler ne peut que faire des dégâts dans l'esprit d'une jeune dinde.

Les jambes de Mildred font tourner bien des têtes, ses "pies" font l'admiration gourmande de beaucoup, mais le drame de cette femme, dans les deux passions qui ponctuent sa vie, est de croire que l'argent lui permet d'acheter les sentiments de ceux qu'elle entretient matériellement. Mère passionnée et amante dévouée, elle serait prête à tout donner pour qu'on l'aime. Mais plus elle donne et plus Véda et Monty méprisent sa prodigalité sentimentale et financière. C'est à ses dépents, enfin, que Mildred apprendra que l'amour est la seule chose qu'on ne peut pas provoquer ni contrôler.

L'entourage de Mildred est réduit. Son interlocutrice privilégiée est sa voisine, Mrs. Guessler, une femme dotée du savant talent de pointer le bout de son nez quand on a besoin, ou non, de sa présence. Ses conseils matrimoniaux, parentaux, amoureux ou financiers découlent tous d'un bon gros sens et d'une volonté quasi pathologique de porter secours à son prochain. Mais sous des dehors respectables de matrone américaine, Mrs. Guessler dissimule un fond de rouerie tout à fait hilarant: la bonne femme joue les bootleggers de quartier et arrose sa voisine des liqueurs les plus inavouables de l'histoire de la Prohibition.

Ce roman est mon livre 2010, celui que je n'oublierai pas! L'édition que j'ai acquise contient un DVD du film réalisé par Michael Curtiz, le Roman de Mildred Pierce. Joan Crawford campe une Mildred Pierce énergique et séduisante, tout à fait à l'image du personnage écrit par James M. Cain. le film propose une version différente du roman en introduisant un crime qui inaugure l'action. On assiste à l'assassinat de Monty qui s'écroule en prononçant un nom, celui de Mildred, tandis qu'une silhouette s'échappe de la maison. Cette modification ne nuit en rien au propos et renforce le côté "roman noir" du texte original. le film s'attache à ménager une attente impatiente autour de l'identité du tueur.

L'intrigue se déroule au cours de différents flash-back durant lesquels on assiste à l'histoire de Mildred Pierce telle que James M. Cain l'a écrite. le roman est simplifié, certains personnages secondaires ont disparu, mais l'essentiel est là: Mildred est une femme d'affaires aguerrie, Véda est une enfant odieuse et cupide, Monty est un poseur nécessiteux, etc.

Ce film est une merveille du cinéma des années 1940. L'image en noir et blanc a ce charme dont je ne me lasse pas. L'interprétation est excellente et la réalisation digne des meilleurs films noirs du cinéma américain.

Pour conclure, le livre de James M. Cain et le film de Michael Curtiz vont rejoindre en bonne place mes étagères intouchables, celles du haut desquelles on ne redescend que pour être relu et revu jusqu'a plus soif!
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Ce roman est celui de l'émancipation féminine.
Nous sommes en Californie dans les années 30, les temps sont très difficiles. Mildred va devoir travailler pour assumer l'éducation de ses enfants puisqu'elle vient de se séparer de son mari. Son talent à confectionner des pies, ces merveilleux gâteaux si américains, vont lui apporter un tel succès qu'elle pourra revendiquer son autonomie. Malheureusement, elle deviendra également une source de revenus pour de plus ambitieuses mais oisives personnes de son entourage proche qui organiseront sa chute.
Mildred Pierce est à l'image de l'esprit américain et de son concept du self made man. Alors que la Grande dépression fait rage, elle va monter son restaurant, puis un deuxième et un autre encore à la seule force de son travail.
Son talon d'Achille est incarné par sa fille aînée, Véda, avec qui elle entretient une relation de compétition affective. Cette enfant qui va devenir une belle adolescente, est insolente, arriviste. Elle ne va pas hésiter à épuiser sa mère tant sur le plan affectif que financier pour parvenir à son rêve de vie fastueuse, usant de ruse et de cruauté.
C'est un beau portrait de femme. Mildred est attachante, c'est une femme intelligente, courageuse et généreuse. C'est pourquoi son attitude envers Veda me laisse dans la totale incompréhension. Elle cède à tous ses caprices, cherchant son affection. Elle la craint même et finira par voir en elle l'ambition qui lui manque (croit-elle), un talent qu'elle admire et, aussi surprenant que cela puisse paraître, une femme à combattre, une ennemie de sa vie sentimentale.
Les personnages secondaires sont également bien campés. le père, un peu paumé mais sincère, la voisine qui prend en main le sauvetage de son mariage, la petite soeur si joyeuse et innocente, l'amant qui peine à accepter son déclassement social, le partenaire d'affaires qui ne cherche que son profit.
Ce roman décrit les moeurs de l'époque qui sont d'une légèreté que je n'aurais pas imaginée : la sexualité ne semble pas taboue et est même évoquée lors d'un entretien d'embauche. C'est que le rôle de la femme est bien délimité : la cuisine, les enfants et le sexe. Alors quel travail rechercher puisque l'on est juste bonne à coucher !
Roman noir, roman de moeurs, roman d'émancipation, Mildred Pierce est un ouvrage très dense, qui inspire des sentiments contradictoires au lecteur. J'ai eu envie plusieurs fois d'intervenir : attention Mildred, tu te fais dévorer par ta fille ! Véda, cesse d'humilier ta mère et admire son courage !
Une lecture active, donc, que je recommande avec force.

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Je remercie vivement Sallyrose d'avoir proposé ce roman pour la lecture commune du mois de mai. Sans elle, je n'aurais probablement jamais découvert "Mildred Pierce" de James M.Cain....
Quelle claque que ce récit!!!
Nous sommes en 1931, en Californie. Mildred Pierce est une jeune mère de famille, qui décide de divorcer de l'homme qu'elle avait épousé à l'âge de 17 ans parce qu'elle lui soupçonne une aventure, et parce que celui-ci demeure oisif malgré la ruine subie suite à la crise de 1929. Elle se met en tête de trouver un emploi afin de subvenir aux besoins de ses deux filles, et de rembourser l'hypothèque de leur maison. Mais la crise du "jeudi noir" a laissé beaucoup d'employés sur le pavé et il apparaît que se faire embaucher pour une femme sans diplôme ni expérience, relève d'un véritable parcours du combattant. Toutefois Mildred est prête à tout, même à accepter un emploi de serveuse, à l'opposé de ses prétentions de départ. Car en effet Mildred est une cuisinière fameuse, réputée dans son voisinage pour ses "pies" délicieux.
Son métier va donc finalement lui apporter des relations professionnelles intéressantes et utiles, ainsi que lui donner le courage de se lancer dans sa propre affaire de restauration. Elle va ouvrir un établissement, puis deux, puis trois... Et faire bien des envieux!
Mais si la réussite est présente au niveau de sa vie professionnelle, sa vie personnelle n'est qu'une suite de catastrophes... La pire est liée à sa fille aînée; laquelle lui voue une haine féroce qui va s'intensifier avec les années.
J'ai été vraiment perturbée par ce sentiment de détestation, voire même de répulsion, d'une fille pour sa mère, par les disputes dans lesquelles l'adolescente traite sa mère "d'idiote" ou "d'imbécile", par les sales tours qu'elle lui joue et sa façon de manipuler l'entourage pour vouer les entreprises de sa génitrice à l'échec!
En ce jour de "Fête des mères", je termine un roman décidemment bien noir sur le lien maternel!

Bref, James M. Cain dresse le portrait captivant de deux femmes différentes liées pourtant par ce lien qu'on croit indestructible... Je pense que je ne vais pas oublier cette lecture de si tôt!
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Oeuvre majeure de James M. Cain. Certainement moins connue que "LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS" mais pourtant c'est un livre magnifique.

Il est bon de souligner que Cain aimait les femmes. Il les a toujours sublimées dans ces livres. Parfois, ou plutôt bien souvent, elles sont fatales, mais elles dégagent toujours une aura que la gent masculine semble dépourvu.

MILDRED PIERCE vit au début des années 30 dans la banlieue de Los Angeles et se situe dans la classe moyenne. La fameuse Middle Class...
Elle est plutôt jolie, a des jambes magnifiques, est mariée, a une fille et une jolie maison.
Le foyer connaîtra de plein fouet la crise qui traverse et secoue l'Amérique dans ces années-là et le mari perd son job...mais pas sa libido.
MILDRED PIERCE décide de ne plus subir. Elle prend son destin en mains et assurera, à elle seule, l'avenir de sa fille.

Il est souhaitable de souligner que Cain avait tout compris aux femmes. Mildred Pierce est "le genre nouveau" de ce que la femme deviendra 60 ans après.
Mildred décide de réussir sa vie en faisant ce qu'elle sait faire de mieux... Non non.... n'allez-pas vous imaginer des trucs coquins et croustillants....Elle fera des gâteaux, des "Pies" comme on dit là-bas dis....
Après avoir essuyé des quolibets elle ouvrira un restaurant, puis un deuxième et ainsi de suite...Au grand désarroi de sa fille .

L'argent coule à flot, Mildred fait tout pour sa fille...Mais la fille n'a pas hérité de la belle âme de sa mère ni de sa grandeur de coeur. Elle est remplie de jalousie, de haine envers cette mère aimante.

Les affaires de Pierce prospéreront pendant et après la guerre...mais c'est sa propre fille qui causera sa chute.

Cain, une fois de plus, a sublimé la Femme. Car, alors qu'elle est au bord du gouffre, Mildred Pierce trouve encore l'énergie et la force de vivre
...et de vivre sa vie, en totale liberté. Une renaissance mais une vie réussie

MILDRED PIERCE n'a pas pris une ride (ça fait rêver non ?).... Mildred Pierce est vivante de nos jours : regardez autour de vous... Regarder chaque femme, regardez-les bien et demandez-vous combien y -a-t-il de Mildred Pierce en elles....
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Autant de détails croustillants sur les affaires, la cuisine, les amours et les soucis de Mildred et sans qu'aucun mot ne soit de trop ! J'ai beaucoup aimé le style précis et décortiqué de l'écriture. Véda est délicieusement détestable et Mildred inévitablement attachante. La succession rapide des évènements ne se fait pas en dépit de l'analyse intelligente de la psychologie des personnages. La fin est surprenante et parfaite. On ne la voit pas venir. Je ne peux imaginer meilleur dénouement.
De plus, la dimension féministe de l'histoire m'a beaucoup plu.
Dommage que James Cain écrive essentiellement des romans policiers. J'aurais aimé avoir des semblables du même auteur. Je n'ai pas trouvé ''le facteur sonne toujours 2 fois'' (beaucoup plus populaire) aussi bon que celui-ci.
L'adaptation en mini série de 4 épisodes avec Kate Winslet (idéale en Mildred) est fidèle au bouquin mais résume trop l'histoire à mon goût. Il aurait du y avoir plus d''épisodes pour reprendre tout ce que le livre a de bon, car il s'en passe des choses ! On ne s'ennuie pas du tout. J'ai toujours été pressée de m'isoler pour replonger dans l'histoire !
Une très bonne surprise !
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Classique de la littérature américaine, "Mildred Pierce" propose le portrait d'une femme qui met tout en oeuvre pour obtenir son indépendance financière, à une époque, les années 30, où les femmes ne vivaient pas souvent par elles-mêmes. Poussée par sa fille Véda, avide de luxe, elle réussit à devenir une femme d'affaires accomplie. Jusqu'à ce que la jalousie de sa fille ne la mène jusqu'à la ruine... Il y a beaucoup à dire sur ce roman, sur la violence des sentiments qu'il contient, sur ces personnages attachants et haïssables à la fois. Une lecture marquante!
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Octobre 1929 : krach boursier à Wall Street, suivi d' une terrible dépression économique qui touchera profondément le tissu social et économique des Etats-Unis jusqu'à la seconde guerre mondiale.

1939 : John Steinbeck publie Les raisins de la colère. 1941 : James M. Cain publie Mildred Pierce.

Deux romans qui n'ont apparemment rien à voir, mais qui représentent en fait les deux facettes de l'impact de la crise de 1929 sur les américains.

D'un côté, les agriculteurs, les "damnés de la terre". de l'autre, les commerçants, les petits métiers de service (personnel de maison, serveuses) qui habitent les banlieues américaines.

Si le roman de Cain n'a pas eu le destin et la renommée mondiale du chef-d'oeuvre de Steinbeck, il est temps de redonner l'importance que Mildred Pierce mérite au sein de l'histoire de la littérature américaine.

Au delà de la peinture sociale que présente Mildred Pierce, il y a la figure magnifique d'une femme entre deux mondes, courageuse, intelligente, profondément moderne dans sa manière de concevoir le destin d'une femme dans le monde d'après la crise.

Mildred Pierce décrit avec une précision entomologique les quelques années au cours desquelles l'héroïne va tenter de sortir de sa condition pour élever dignement ses filles.

Malgré les hommes qui, systématiquement, vont plomber son existence (on peut même dire : la saboter).

Et malgré sa fille aînée, un personnage absolument étonnant dans la littérature de l'époque qui, très rarement, donne le mauvais rôle aux femmes. Véda est une vraie méchante, une figure maléfique, terrifiante, car elle s'attaque à l'être qui devrait lui être la plus chère : sa propre mère.

Mildred Pierce est passionnant de bout en bout - un vrai Tourne Page ! - car la plume et la narration de James M. Cain sont d'une grande efficacité, un style proche du nouveau journalisme que n'aurait pas renié Tom Wolfe trente ans plus tard.

(Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page)
Lien : https://www.letournepage.com..
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