Dans ce court texte,
Nicole Caligaris fait le procès du travail, qui incarne à la fois le désir et la hantise de l'homme, lié dans notre culture au péché originel et irrémédiablement assimilé à une punition divine, que nous nous infligeons pourtant de notre plein gré.
Mais pourquoi s'imposer ce qui ressemble à une torture, pour le confort, la nation ou les femmes, ou simplement par masochisme ?
Le travail est ainsi la marque de notre appartenance à la communauté humaine, la condition de l'homme moderne est paradoxale dans le sens où il subit le travail autant qu'il le recherche.
« Travail, le lieu de notre humanité, le lieu de notre barbarie. (p. 47) »
Analysant certaines figures littéraires, Mordo Nahum ou Sisyphe vu par Caillois et Camus,
Nicole Caligaris pointe du doigt ce paradoxe hérité de la seconde guerre mondiale : l'homme croit que la liberté doit se mériter, ainsi le travail est désormais "cette condition que la société met à la vie".
Le travail serait ainsi le devoir de l'homme libre, il faut prouver sa valeur par le travail, cette philosophie de l'homo faber est à l'origine du sentiment de culpabilité qui nous étreint, à l'idée d'être considéré par les autres comme un parasite, un imposteur ou un assisté.