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sur 3980 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"N'attendez pas le Jugement dernier, il a lieu tous les jours"

Lu il y a plus de 20 ans pour une épreuve de lettres du bac, le discours de Camus m'avait bouleversée alors, une écriture brillante, un miroir sans concession tendu à notre condition humaine. La relecture de ce dialogue entre l'auto-proclamé juge-pénitent Jean- Baptiste Clamence et son interlocuteur silencieux au détour d'un bar amsteldamois a réussi encore une fois à m'ébranler.
J'ai été évidemment interpellée par les questionnements que Camus distille dans la confession de Clamence : oui, la culpabilité nous est constitutive à nous les être humains, aussi bien que l'égoïsme et l'hypocrisie. Comme Clamence, avant la chute qui lui a ouvert les yeux, les individus vivent dans l'illusion de leur bonté, dans l'auto-suffisance et le confort matériel, un sérénité hypocrite achetée à moindre coût, l'illusion de faire le bien quand en réalité, on est capable que de se flatter soi-même. Un regard plutôt pessimiste (réaliste diront certains...) sur la condition humaine qui m'aura encore une fois beaucoup fait réfléchir.
Si je lui ai parfois trouvé un côté bavard à ce Jean-Baptiste qui prêche dans le désert des rues d'Amsterdam, j'ai revécu le malaise de ce rire qui dérange, l'ironie qui vous mord et les mots qui percutent, justes.
En définitive, j'ai adoré prendre le temps de me replonger dans un texte qui m'avait tant bouleversée à 18 ans, et constater l'évolution de mon point de vue. Une expérience de relecture que je ne m'autorise pas souvent (c'est la faute à ma PAL !!) mais cela me donne très envie de recommencer plus souvent.
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« La chute » d'Albert Camus est un monologue, ou plus exactement un dialogue implicite, écrit en 1956 ; c'est la dernière grande oeuvre de fiction de Camus.
Le narrateur s'appelle Jean-Baptiste Clamence, Ex-avocat, installé à Amsterdam, dont la profession n'est pas très claire, une sorte de « juge-pénitent ». Tour à tour séducteur, pitoyable, drôle et sarcastique mais toujours intelligent et lucide, il nous entraîne dans les profondeurs de sa conscience hantée par un souvenir lointain : le suicide d'une inconnue qu'il n'a pas secourue.
L'autodérision du personnage, son humour grinçant, confère à cette sombre histoire une certaine ironie. Aussi Clamence atteint il la racine même de nos vices, de nos petites et grandes lâchetés, le germe même de la difficulté, voire de la culpabilité de vivre.
Un texte incontournable de la littérature et de la pensée contemporaine.


Challenge Nobel illimité
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En plus d'être un remarquable exercice de style conduit avec maîtrise et virtuosité, "La Chute" pose des mots sur des caractères, des comportements, une psychologie que nous pouvons tous reconnaître en nous-mêmes. J'avais découvert en Albert Camus un philosophe angoissé de l'absurde dans "L'Etranger", un conteur lyrique hors pair dans "Le Premier Homme", et maintenant un portraitiste d'une justesse brillante. Quel homme !
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Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est oui, ce roman est plus que particulier. Lire Camus ce n'est jamais anodin et on n'en sort jamais indemne, jamais le même. Celui-ci ne déroge pas à la règle.
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Un homme, Jean Baptiste Clamence, ancien avocat, revient sur le déroulé de sa vie personnelle et professionnelle et se confie à autre homme dans la ville d'Amsterdam où il a désormais élu domicile. Un long monologue qui s'étire sur 5 jours environ, dans divers lieux de la ville.
Le titre La chute, évoque bien ce qu'il confie.
L'homme regarde et analyse son parcours de vie depuis qu'il a pris conscience de sa non intervention lors du suicide d'une femme dans la Seine à Paris.
Son introspection nous livre un homme égoïste et puissant avec les personnes qu'il fréquente ; arrogant, vaniteux et opportuniste avec les femmes qu'il séduit et éconduit ; flatteur, suffisant et prétentieux avec les clients qu'il défend ; autant narcissique qu'inconséquent et ingrat, où jamais le doute n'effleure sa conscience.
Dans un bar des bas fonds d'Amsterdam où il côtoie la plèbe, devant les clients s'accusant lui-même de ses fautes, il les renvoie ainsi en miroir aux auditeurs, leur offrant la liberté de juger. En réalité, ses propres fautes exposées, faiblesses et bassesses, ne sont que celles de l'humanité.
En effet, j'avais oublié la qualité de l'écriture de Camus, doublée d'une qualité et profondeur d'analyse de l'âme humaine. Il a certes mérité son prix Nobel, qu'il aura eu juste le temps d'apprécier avant sa mort accidentelle, trop tôt. Un livre « de chevet ».

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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A la lecture de ce texte j'avais surtout été impressionnée par la virtuosité du monologue, la facilité du héros à manier les mots pour se mettre en scène. Et pourtant le héros tel qu'il se décrit n'est pas particulièrement sympathique...
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La Chute raconte l'histoire de Jean-Baptiste Clamence qui discute, ou plutôt se confesse, avec un homme trouvé dans un bar d'Amsterdam. C'est un roman court, pourtant Camus brasse une très large palette de sujets. Parmi lesquels, la bourgeoisie vaniteuse, les apparences, les choix, les conséquences, l'hypocrisie, le droit, la justice, l'engagement et bien d'autres. le roman n'est qu'un unique monologue de Clamence. Son interlocuteur ne lui répond jamais. Ce procédé rappelle l'écriture automatique, cher aux surréalistes. Il y a une dimension psychanalytique dans La Chute. Clamence est en fait Camus qui se livre à nous, lecteurs.

Le livre se découpe en cinq parties.
- La première est celle de la rencontre. Clamence commence le monologue avec cette personne rencontré au Mexico City, un bar d'Amsterdam.
- La deuxième partie se déroule aussi au Mexico City. le monologue de Clamence reprend. Clamence raconte comment, mais pas pourquoi, il a fui sa vie rangée d'avocat parisien.
- La troisième partie reprend le monologue là où il s'était arrêté. Clamence y évoque l'incident du pont, qui a provoqué sa chute.
- La quatrième partie Clamence et son interlocuteur continue le monologue sur une île, avant de rentrer en bateau. Clamence y parle des faux-semblants qui l'ont amené à fuir ses relations hypocrites.
- La cinquième et dernière partie montre Clamence malade, qui reçoit la visite de son ami. Clamence devient complètement transparent. Comme si la maladie le poussait à l'honnêteté

Au fil du récit, Clamence retire ce masque de mensonge qui lui pèse. Il en vient à assumer d'avoir fait des choses terribles. Ici, ce n'est plus de la psychanalyse mais un passage aux aveux. Clamence ne cherche plus à seulement vivre avec ses actes, mais à les accepter.

La Chute est une oeuvre unique en son genre. Un livre hybride, à mi-chemin entre un roman et un essai. Une écriture singulière rappelle évidemment L'Etranger sorti quatorze ans plus tôt. Mais il n'est point question d'absurde ici. La Chute se veut être un livre de rupture dans l'oeuvre de Camus. En effet, c'est un auteur qui a pour habitude de faire entrer ses livres dans des cycles. L'Etranger appartient au cycle de l'absurde. Tandis que L'Homme Révolté appartient au cycle de la révolte. En quoi est-ce important ? Tout simplement parce que cela permet de comprendre que La Chute n'est pas un livre que Camus écrit pour expliquer ses théories. Non, La Chute est un roman que Camus écrit avant tout pour lui-même. le roman nous rappelle que derrière chaque auteur, chaque penseur, il y a une personne, un besoin de s'exprimer.
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Epidémie et catastrophe se mêlent et s'affrontent.

Combat d'une nature mordante face à une humanité sans remords ni âme.

Un souffle s'abat puis, plus rien. Tout s'anéantit s'effondre.

Les uns et les autres apprennent à se voir et se reconnaître.

Jusqu'où peuvent aller les choses et ces importances qu'on leur porte ?

Est ce vraiment cet essentiel dont on ne pouvait se passer, avant ces événements, ces instants qui se détruisent tels des châteaux de cartes.

Apprendre à exister peut se faire au prix de bien des désillusions, aussi dévastatrices que ces chimères d'un autre temps.

La peste, appellation de tant de maux et de larmes à découvrir de pages en pages sans chapitres déliés.
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A.Camus a un privilège rare : même les plus analphabètes d'entre nous ont eu un jour entre les mains un de ses romans, L'Etranger, La Peste ou pour les moins chanceux la Chute. Les moins chanceux car c'est certainement le plus difficile des trois. Un lycéen de quinze ans peut-il se sentir concerné par ne serait-ce qu'une bribe de son propos dans ce livre ? Ses questionnements sur le sens de la vie, le jugement des autres et de soi ou la place de la religion sont celles de la maturité, et passablement ennuyants pour un jeune, et ce d'autant plus que l'écriture est des plus classiques et d'un sérieux de tous les instants (Bebert, la vie est dure, je sais, mais un petit sourire de temps en temps aurait été apprécié). Une petite pensée au passage pour les profs qui tous les ans ont la terrible mission de convaincre les ados que ce type de roman est un chef d'oeuvre.
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La chute de la jeune femme (décrite en quatrième de couverture) ? La chute d'un homme ? Tout au long de ce livre, nous nous demandons quelle chute a voulue nous révéler l'auteur par l'intermédiaire de son narrateur, dont le cynisme m'a mise de nombreuses fois mal à l'aise. Et bien, c'est la chute du livre qui éclaricit tout cela !
Une belle leçon d'humilité.
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