J'en aurai mis du temps avant de me décider de le lire ce roman... Il y a quelques classiques comme ça... peur de trouver ça lourd, de ne pas accrocher du tout au style, à l'histoire... Peur de ne pas m'y retrouver parce que plus d'actualité... Bref, c'est avec appréhension que j'ai ouvert ce bouquin de Camus, que je n'ai jamais lu d'ailleurs... Alors, une première rencontre avec l'auteur, au final, plutôt intéressante. Pas captivante, mais intéressante... Rien de vieillot dans l'écriture, une histoire qui aurait pu se dérouler hier, l'histoire toute simple d'un homme qui tue, comme ça, sur un coup de tête, ou plutôt un coup de chaleur... Et puis son procès, où se succède des témoins contre et pour, qui raconte l'être plutôt stoïque et sans affect qu'est le narrateur... Je ne dis que ce fut la lecture du siècle, mais pour un premier tête à tête avec Camus, je dois dire que ça s'est plutôt bien passé !
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Court roman écrit à la première personne qui place le lecteur dans une intimité étroite avec Meursault, un homme dont il ignorera à peu près tout du début à la fin de l'oeuvre.
Mais, en réalité, peu importe à l'auteur de nous noyer dans le superficiel d'un environnement de vie, l'essentiel lui suffit ; cet essentiel commun à beaucoup d'individus ; un essentiel lambda : né d'une mère et d'un père, vivant une existence guère différente de celle des autres, pion sur l'échiquier d'une société bâtie par l'homme, menée par l'homme, érigée par l'homme en une pensée de morale et de justice, Meursault n'aura aucune possibilité d'en réchapper.
Nous sommes en Algérie, avant guerre (enfin le lecteur s'autorise à le penser car il n'y a pas de repères temporels et le monde semble en paix ; le roman, quant à lui, a été édité en 1942). Meursault est coupable d'un meurtre, il est donc jugé par ses pairs et condamné. Malaisé pour moi, lectrice, de ressentir de l'empathie pour un homme qui ne semble pas capable d'éprouver grand chose. Pragmatique jusqu'au stoïcisme, ce protagoniste m'a souvent fait une mauvaise impression, celle d'un grand bêta, handicapé du sentiment, quand l'auteur nous demande vraisemblablement de compatir à son sort. Ce même homme un peu niais et influençable, qui semble plus spectateur qu'acteur de sa vie, va acquérir, en prison, une profondeur de vue propre à refléter la philosophie de son père littéraire, Camus. Cette soudaine lucidité éclairée sur le monde qui l'entoure et l'analyse qui en découle ne m'ont pas vraiment semblé coller au personnage.
Je resterai humble, je ne suis pas une grande lectrice de Camus, je n'ai jamais été en prison ni, Dieu merci, dans la peau d'un condamné à mort donc je fais profil bas. Cependant, je ne peux m'ôter de l'esprit que Meursault l'a bel et bien tué cet homme ; Meursault a bel et bien aidé son voisin à violenter une femme... Alors, au-delà de la question de la peine de mort clairement dénoncée ici, y a-t-il réellement injustice ?
C'est assez décevant de me dire que j'oublierai sans doute cette oeuvre, résolument pessimiste, aussi vite que je l'ai lue.
Challenge NOBEL 2013 - 2014
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J'aurais dû livre ce livre dans ma jeunesse, mais le rebelle de bac à sable que j'étais à l'époque n'aimait pas trop que le corps professoral lui impose ses lectures.
Donc voilà, je ne savais pas grand-chose de ce premier roman de Camus, à part qu'il a inspiré "Killing an Arab", une belle chanson de the Cure ayant suscité pas mal de polémiques, au point que la bande à Robert Smith doive renommer celle-ci en "Killing Another" ou "Kissing an Arab" en concert pour ménager les susceptibilités.
Meursault est un français à Alger, désabusé, taciturne, déconnecté avec la réalité, étranger aux conventions sociales, réagissant comme si rien n'avait aucun intérêt. Il accueille une possibilité de promotion avec un haussement d'épaules, répond à une demande en mariage en disant que cela lui est égal, et assiste aux funérailles de sa mère en baillant d'ennui.
Embrigadé malgré lui dans un mauvais coup, il finira par tuer de cinq balles de pistolet un Arabe sans réelle raison valable.
C'est un roman très étrange, que j'ai lu d'une traite. On essaie, sans y arriver, de comprendre la logique de Meursault, on se surprend à vouloir lui botter le cul pour qu'il sorte de son apathie constante. C'était une lecture très prenante (3.5/5)
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Bon pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, je suis en train de compléter ma connaissance en guise de classiques, de ceux que l'on nomme "les incontournables" et qu'il faut avoir lu.
Pour cet ouvrage, je ne vais pas faire une description extrêmement précise de l'intrigue, qui a déjà été faite maintes et maintes fois mais situer tout de même le contexte. "Aujourd'hui, maman est morte", telle est la première phrase de cet ouvrage. Meursault, le protagoniste est un trentenaire habitant en Algérie française. Tout débute alors par l'enterrement de sa mère, dans une petite ville située à une vingtaine de kilomètres d'Alger. Mais ceci n'est qu'un détail qui prendra toute son importance dans la seconde partie du roman lorsque ce même Meursault sera accusé, et à juste titre, du meurtre d'un Arabe.
Toute l'intrigue de l'histoire est de savoir si cet homme, qui est intelligent, cela est indéniable, a eu des remords après avoir fait ce geste de sang-froid, lui qui n'a pas versé une larme lors de l'enterrement de sa mère. Est-il doté d'une âme ? Beaucoup de personnes en doutent mais lui, cet athée convaincu qui ne croit en rien, ne se pose même pas la question car la notion d'âme lui est étrangère, tout comme celle de l'amour ou de l'amitié d'ailleurs.
Un classique, certes, mais que l'on n'est pas nécessairement obligé d'adorer pour rentrer dans "la norme". J'avoue avoir une impression mitigée de cette lecture, fort instructive, certes, mais qui ne m'a pas apportée plus de plaisir que cela. Une écriture fluide et légère, propre à Camus, mais qui m'a néanmoins laissée, non pas de marbre, mais disons sans réel enthousiasme. A lire !
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J'avais lu ce roman il y a longtemps déjà, et en avais gardé un souvenir ambivalent, entre incompréhension et intuition qu'il y avait là, sous ces mots, des "vérités" à saisir...
Lorsque mon lycéen de fils m'a annoncé en septembre, consterné, qu'il allait devoir lire ce même roman pour son bac de français, je lui ai proposé pour le motiver qu'on le lise ensemble et parallèlement, avec un petit debriefing en fin de chaque chapitre. Soulagé mais pas encore convaincu de réussir ce challenge, semblable à ses yeux à l'ascension de l'Everest, il me demanda alors de lui lire le premier chapitre à haute voix, comme quand il était petit, pour entrer à petits pas dans l'histoire. C'est vous dire l'ampleur de l'effort qui lui été demandé !
Mais une fois passée la phase d'apprivoisement, la lecture imposée a laissé place à la curiosité de lire la suite, à l'envie de comprendre, à l'éclosion des questions et des débats. Il était lancé et accroché. Quel ravissement pour moi !
Un vrai régal que de partager une lecture avec mon petit, devenu grand, sans nul doute. Comparer mes souvenirs avec mes impressions actuelles, tout en découvrant ses propres analyses, l'exercice fut enrichissant.
Trouver du sens à l'absurde ! Nous n'avons pas fini d'en discuter je crois...
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Lu à 20 ans et relu à 50 en même temps que ma fille, pour pouvoir échanger avec elle. Livre déroutant, qui vous bouge sans en avoir l'air. Aucun manichéisme, avec des mots simples ce sont des émotions (ou leur absence) très justement dépeintes. Je ressors du bouquin plein de questionnements : qu'est-ce qui nous conduit, qu'est-ce qu'être humain et avons-nous le choix ? de plus à la relecture je me rends compte à quel point le quotidien a changé. Un dimanche de l'époque n'a plus rien à voir avec le nôtre. Je ne suis pas nostalgique, d'autant que mes dimanches n'étaient déjà plus les mêmes. Je me demande bien comment une fille de 16 ans peut recevoir ce livre aujourd'hui... En reste t-il plus que l'aspect documentaire de cette époque : la femme qui "a manqué" à "son" homme, le non respect outrageant du deuil... et ces dimanches sans télé, sans internet, sans téléphone, à ressentir le soleil et la mer...
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