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Algérie, l'été pendant les années 40, Meursault est emprisonné pour le meurtre d'un arabe. Il est le narrateur.

Il raconte sa vie à partir de la mort de sa mère, peu avant cet événement tragique. Il s'exprime comme il vit, étranger aux sentiments, sensations, envies ou regrets !

Il est indifférent, sans passion et apparaît différent et sans humanité aux yeux de ceux qui assistent et témoignent à son procès.

Le récit est à son image, direct, sans fioritures, des phrases courtes et sans émotion. Et tout comme Meursault on prend conscience que la vie se finit toujours par la mort quoi qu'il arrive et justifie ainsi son indifférence !

Je n'avais pas lu Camus depuis longtemps et j'ai éprouvé autant de plaisir que les fois précédentes.

CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020
CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE SOLIDAIRE 2020
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Ce n'est pas sans appréhension que j'ai débuté la lecture de L'étranger ; je craignais le style. Eh bien, non, ce n'est pas du tout comme je le craignais ; le style n'est pas morne, ne laissant pénétrer aucune émotion. Bien au contraire. Avec ces élans lyriques, sa manière simple d'énoncer le vrai, combien brutal fut-il, c'est un style qui renvoie énormément d'émotion, que nous donne Camus.
Et une histoire, tout, sauf innocente… Mersault, en apparence, est un homme des plus simples. Son style même ( car le style de Camus est aussi le style du narrateur ), simple, refusant l'interprétation des faits, n'est pas une simple façon de raconter et de donner un ton au récit ; non, c'est bien plus que cela ; ce style montre que Mersault refuse une quelconque interprétation. Mersault, c'est l'Homme des Faits, et c'est pour ça qu'il est en décalage avec la Societé. Il dira qu'il a tué quelqu'un, il dira comment est-ce qu'il l'a tué ; il ne dira pas, cependant : j'ai tué, mais il y a ceci, cela pour m'excuser. Car il veut simplement donner un fait. Sa mère est morte ? Il l'accepte comme un fait, mais il refuse d'en donner une interprétation, d'y attacher un sentiment. C'est son combat. Son combat pour la vérité, la simple vérité. Mais pourquoi combat-t-il pour cette cause ? La réalité, c'est que Mersault se révolte contre toutes les petitesses d'interprétation, contre tous les arrangements, qui permettent de se justifier. A la fin, Mersault se révolte contre le fait même d'avoir un espoir qui, il le sait, est illusoire. Il choisit d'accepter la mort, refusant les illusions et du même coup, acceptant les faits.
Et même dans ses élans, peut-être même plus que jamais dans ses élans, l'écriture se fait farouche et indomptable, comme son héros. Car elle exprime toujours la pensée de Mersault. Et c'est pour ça qu'elle n'est pas morne, et c'est pour ça qu'elle n'est pas sans vie : parce qu'elle est l'expression d'un cheminement, d'une vie. C'est pour ça qu'elle est farouche, indomptable, dans son calme, comme dans ses élans, comme dans ses passions. Elle est comme Mersault, car elle est Mersault. C'est rare, les narrateurs qui sont aussi proches de leur énoncé, tellement, tellement proches qu'ils se confondent avec leur façon d'énoncer, jusqu'à donner à un récit une force, une puissance, une humanité qui n'appartient qu'à lui.
Mais, aussi rares que ce soit, on peut sans nul doute trouver des écrivains, des auteurs exceptionnels qui l'ont faits. Des auteurs comme Camus.
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Meursault, dont on ne connaît pas le prénom, se rend à l'enterrement de sa mère. Épuisé et souffrant de la chaleur, son comportement indifférent pendant la cérémonie lui coûtera cher.

Si la philosophie existentialiste postule que la vie n'a aucun sens, aucun but intrinsèque, elle suppose par conséquent que c'est à chaque individu, par ses décisions et ses actes de déterminer le sens de sa vie. Meursault reste indifférent à ce qui l'entoure et accepte volontiers de venir en aide à un homme qui a frappé sa maîtresse ou de se marier avec Marie, une ravissante jeune fille. Chaque fois, il précise que tout ça lui est indifférent, mais il approuve, sans pour autant donner un sens à ses actes.

Tout est absurde.

Indifférent, étranger à ce qui se passe autour de lui, Meursault ne témoigne ni empathie ni compréhension des émotions. Sa conversation avec un vieil homme antipathique qui vient de perdre son chien qu'il battait montre qu'il n'est capable ni de désavouer quelqu'un ni de lui manifester la moindre sympathie.
En retour, le procès de Meursault prouve à quel point il est rejeté pour son manque d'acceptation des normes sociales.

Lien : https://dequoilire.com/letra..
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Ce n'est pas sans une certaine indignation que j'ai lu un jour une critique dans laquelle l'auteur traitait Meursault de "paltoquet". Meursault que j'admirais pour son absence complète d'hypocrisie, Meursault qui prêtait l'oreille à ses amis et voisins, toujours aimable et prêt à rendre service. Je trouvais ça honteux, voire criminel, d'autant plus que je l'avais fait découvrir à mon conjoint avec lequel il partageait une grande ressemblance, disons, la noblesse de l'indifférence. You see, I was married to Meursault II...! La mort de sa mère ne lui arracha aucune larme et mes angoisses glissaient sur lui : aucune osmose, c'était divin.
Cependant, une petite phrase avait laissé sa marque dans mon esprit. L'auteur de l'article expliquait très savamment que Meursault n'accédait à "l'existence" qu'au moment de sa mort, après avoir vécu l'épreuve du feu : il désirait vivre, il ressentait, il haïssait enfin.
Force me fut de reconnaître qu'il y avait du vrai dans cette affirmation.
Les années passèrent, mon conjoint, toujours indifférent ressemblait de plus en plus à une huître fermée à triple tour. Affreux n'est-ce pas?
Je ne souhaite naturellement pas qu'il fasse quoi que ce soit d'excessif, néanmoins..
A propos de Meursault, je vous livre pour ce qu'elle vaut ma théorie des noms propres en matière de littérature : Madame de Mortsauf (hélas justement non, pauvre Lys), Lady Chatterley, bavarde et, hum! "lay" (terrain brûlant), et enfin Meurt Sot, mais non justement.
Vous trouvez ma théorie stupide? Je suis quant à moi convaincue que ces auteurs ont choisi ces noms pour ce qu'ils évoquent. Vous me direz que tout cela est stérile, en regard de ce texte grandiose. Soit. Je n'ai d'ailleurs pas poussé assez loin mon étude et ne saurais vous dire ce qu'il y a derrière Grégoire Samsa.
Alors donc, plus un mot, si ce n'est ceci : j'ai lu et relu L'Étranger et ne m'en suis jamais lassée. C'est un joyau.
Ah, j'oubliais : un jour une jeune anglaise me dit qu'elle devait faire une dissertation sur L'Étranger et l'Absurde. Moi : comment ça l'absurde? Il est jugé pour avoir bu du café au lait devant le lit de mort de sa propre mère. Café au LAIT, pas l'expresso qui vous garderait éveillé puisqu'il le faut bien. Finalement après de longues recherches, je suis tombée sur le film de Visconti. Malgré l'accent douteux de Mastroianni en anglais (un sacrilège, NOTRE Étranger) j'ai bien compris qu'il n'était question ni de lait, ni de cappuccino.

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Quel talent !

l'Étranger d'Albert Camus, est un livre déroutant, déconcertant, un roman inclassable qui par la singularité de sa construction et par son écriture si simple, est une œuvre hors norme, qui se dévoile peu à peu.
Camus lui-même nous demande de le lire avec attention. Meursault le personnage principal est devenu un mythe, d'autant plus fort que Camus se revendique de Meursault.

Et si Hugo et Voltaire étaient appelés à lire L'Étranger ! Et déroulant le procès, je les imagine passant du rire aux larmes, de la colère à la consternation, parcourant trois scènes sublimes, points décisifs du récit notamment dans ce dialogue final avec le curé où il s'emporte, "la mort c'est vous" moi je vis.

Je suis comme avec un tricot mal ajusté à vouloir faire coïncider, avec des maladresses, des bouts de vie, l'envers et l'endroit qui ne s'ajustent plus, tout semble incohérent, à commencer par le titre, publié en 1942 l'étranger, car quel est-il l'étranger sinon l'armée allemande.
Alors faute de mieux, comme un musicologue, je vais creuser chaque morceau de cette partition, mais je sais où finit le bal, sur l'échafaud.


ÉTRANGER


Étrange l'Étranger de Camus, car on sait pas grand-chose des deux personnages principaux, de l'arabe comme de Meursault qui a perdu sa mère. Il est difficile d'être plus étranger, à soi et à tous les autres, cette étrangeté en fait, un personnage totalement à part de notre littérature. Ce presque rien, réalise, à lui seul le mythe de l'Étranger auquel Kamel Daoud a lui-même voulu répondre.
Étrange de voir comment, peut-on d'un presque inconnu, établir un portrait, comment un juge brandissant un crucifix affirme qu'il n'a jamais vu âme si endurcie, d'un homme qualifié par le procureur plus abominable qu'un parricide.
La communication est absente ou fragile, dans tous les sens, ni Meursault, ni le juge, ni Marie, ni le prêtre, ne sont capables d'un réel dialogue, affirmant une fois de plus la réalité de l'Algérie, et la réalité de l'homme. L'absurde rattrape le récit dans la tendre indifférence du monde...
La tragédie émerge par le quotidien et l'absurde par la logique. Kafka n'est plus si loin.


ÉCRITURE BLANCHE


J'ai au cours des premiers chapitres été fasciné par cette écriture blanche, une écriture scientifique où l'on pèse le poids et la signification de chaque mot, pour lequel il convient de puiser un mot plus juste encore, moins affectif, plus neutre et y ajouter pour chaque question, au mieux un, " je ne sais pas", ou plutôt un, "ça m'est égal."
Les procédés narratifs, bousculent ou assèchent le désert intérieur.
Cette froideur dans le récit heurte et plus encore trouble le lecteur et le personnel de l'asile, jusqu'à ce constat ; " il n'a pas pleuré devant sa mère morte. "

Est-on sûr d'ailleurs qu'un enfant qui perd sa mère pleure ! Je sais que non, il n'en est plus capable, on lui dira alors qu'il est sans cœur, l'enfant sait bien qu'il n'en a plus.
" Un attachement si puissant qu'aucun silence ne peut l'entamer".
Cette écriture blanche vient se fracasser sur la suite du récit et libère un langage acre et de plus en plus noir pour aboutir à la dernière scène d'apocalypse, et s'effacer sur ce point d'orgue.


ROMAN PHILOSOPHIQUE.


C'est l'approche Nietzschéenne du livre qui s'invite et s'impose, c'est vouloir le monde tel qu'il est, la sagesse naît de tout ce qui est, a été, et restera à l'identique, et personne n'y peut rien.
Cette sagesse peut se résumer aussi à vouloir vivre totalement le monde, un monde à aimer, se contenter de lui et ne jamais récriminer contre lui. Je découvre un Camus hédoniste et libertaire qui affirme jouir du monde et s'y trouver comme un poisson dans l'eau.

De ses lectures il abreuve ses réflexions, du taoïsme il partage une obligation fondamentale, la vie ici bas, dégagée de tout, au delà énigmatique.

D'autres nuances aussi apparaissent, la suspension de tous avis, l'indifférence à tout, la maîtrise de l'affectif, ces quelques traits, dérangent autant le lecteur que les personnes qui l'entourent.
Est-il si totalement incapable de vivre en communauté, certes non, mais sa philosophie fait de lui un sceptique un homme qui cherche la vérité sans relâche et qui se garde de tout jugement superficiel ou préalable.
Il a tout appris de sa mère silencieuse, les mots ne sont jamais galvaudés.
C'est sans doute pour moi une grande découverte. Ce livre jette les bases, d'un courant anarchiste, Libertaire et hédoniste, le récit est délié par des personnages et une histoire, mais surtout dédié à enrichir une pensée.


L'AFFIRMATION DE SON ATHÉISME.


Dans deux scènes magnifiques, on lui suggère de solliciter le pardon, mais le pardon de Dieu. De telles suppliques lui sont non seulement indifférentes, mais déclenchent chez lui de la colère.
Il me vient un texte de Brel ;
"ils s'en vont à l'église déverser leurs saletés, au curé qui dans la lumière grise, baisse les yeux, pour mieux leur pardonner ».
Albert Camus ne demande pas le pardon, il exige la justice, Meursault est effaré qu'on lui présente le Christ en croix, explique qu'il ne sait pas ce que veut dire le péché, professe qu'il ne croit pas en Dieu, et affirme clairement son athéisme.

L'effondrement du juge qui vient de brandir la croix du Christ, comme un inquisiteur, aurait fait frémir un homme comme Voltaire. le procès est une caricature qui ne manque pas d'humour, "enterrer sa mère avec un cœur de criminel" !



Dans la prison, il doit s'exprimer avec une violence redoublée, " il est vivant et il n'a pas le temps de parler d'un Dieu Mort". Il dit "que l'enjeu c'est la vie et non la mort" , alors que le prêtre vient lui parler de la mort, la vie n'est elle pas trop importante pour être souillée par des discours inutiles.


LA PASSION DE LA VÉRITÉ.


Camus, ne fait aucune entorse à la recherche de la vérité. Meursault affirme que c'est le soleil qui l'a troublé, qu'il n'avait pas prémédité son acte, " dire le soleil , cela déclenchera les rires dans le tribunal ".
Et Meursault a raison. La scène du crime est un bijou littéraire, d'une radicale simplicité. Elle se joue avec une économie de mots, et le soleil se joue de sa lucidité, l'accable de sa force, troublant de réalisme.
Est-ce que le jugement reçu est juste, est-ce que la vérité a été recherchée ?
Villiers de L'Isle-Adam dans les Demoiselles de Bien filâtre, le premier des contes cruels souligne avec ironie que le bien et le mal devient une question de latitude, et ainsi de passer des Indiens aux Lapons de Sparte à Kaboul, et de décrire certains supplices en vogue dans ces climats.
L'expérience du jeune écrivain qui suivit comme chroniqueur sur plusieurs procès affleure ici : avoir poussé les dialogues jusqu'à l'absurde.
Il y a dans l'étranger, cette profonde réflexion sur la recherche des faits, sans mélanger les rumeurs, sans assommer le jury avec des plaidoiries bâties sur des préjugés. Hugo aurait sans doute apprécié.


MAMAN EST MORTE....


Ce livre aux multiples facettes, commence avec la mort de sa mère il s'achève sur le crime qu'il a commis, la réalité vécue lui vaudra l'échafaud.
Serait-il vrai qu'il n'a pas de conscience, pas d'âme, comme souhaite le présenter le président du tribunal, puis l'appeler Monsieur l'Antéchrist, pour avoir refusé le repentir du prêtre ?

On condamne Meursault pour son apparente indifférence, indifférence apprise de sa mère et sur laquelle ils fondent leurs rapports, les juges et le prêtre peuvent lui reprocher son attitude, ils ne la comprennent pas.
Meursault rejoindra sa mère,
"si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre."

Je suis encore sous le charme de ce livre, car il finit ainsi;
il crie sa colère, sa révolte contre cette mort prématurée, contre la condition humaine, contre toute idée de vie future. Prêt à tout revivre purifié vide d'espoir vain,
il s'ouvre alors pour la première fois, à " la tendre indifférence du monde, j'ai senti que j'avais été heureux et que je l'étais encore".
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Ce roman est très émouvant, il est bouleversant, c'est le premier livre d'Albert Camus que je lis, et je n'ai pas été déçue, bien au contraire ! Facile et rapide à lire, l'Etranger anime de multiples émotions à travers deux parties, l'une réservée à la découverte de sa vie et à la poursuite de ses mésaventures, et la seconde, au procès, et à la peine de mort qu'il recevra... ou non.

L'indifférence et l'insensibilité du protagoniste m'ont émus : je me suis retrouvé à travers certaines lignes, quelqu'un peut sembler indifférent à ce qui l'entoure, mais au contraire, garder tout à l'intérieur de soi, sans extérioriser quoique ce fût.
Caractérisé comme étranger, Mersault va s'avérer être quelqu'un d'à part, réellement étranger à sa propre existence et assez déroutant pour le lecteur.

La mort est omniprésente dans ce roman, commençant dès le début par le récit de l'enterrement de sa mère, et finissant par sa propre peine, triste et tragique. le héros semble néanmoins prendre la mort comme une renaissance, pour trouver enfin un vrai sens à sa vie.
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Meursault est un homme vivant à Alger, indifférent aux autres, aux relations sociales, aux liens d'amitié, d'amour, à la mort même. Il est amoral, il ne vit que par routine, dans le seul but d'assouvir ses besoins naturels et élémentaires.

La mort de sa mère ne l'affecte pas, il n'éprouve aucun chagrin, tristesse ou émotion. Il ne s'intéressait pas à la vie de sa mère et la mort de cette dernière ne changera rien à sa routine. Sa relation avec Marie l'indiffère également, il n'aime personne. L'épouser ou non lui est égal. Il est tout aussi désintéressé par sa carrière.

Il commet un crime, mais rien ne permet de comprendre cet acte. Il est tout aussi absurde que la vie qu'il mène. Il n'a pas de sens. Sa vie n'a pas de sens.

Pour son procès, il ne changera pas d'attitude, il ne confesse aucun regret. Il subit sa détention en s'habituant même à sa privation de liberté, rien ne semble le perturber.

Il sera jugé plutôt pour son indifférence aux normes de la société que pour son crime. Ses actes sont irrationnels aux yeux de la société, ils ne sont pas acceptables, un tel comportement est une menace et il convient de le punir.

Meursault va prendre conscience, à travers sa colère, de l'absurdité de la condition humaine : nous sommes tous condamnés à mourir, de toute façon, quoiqu'on fasse. Cette acceptation de l'inéluctabilité de la mort, le libère. Sans espoir, sans croyance, libéré du fardeau de la vie, il va finalement et paradoxalement s'ouvrir à la vie, au bonheur.

« La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée…Vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. de l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. »

Pourtant il reste séparé des hommes jusqu'à ses dernières heures. le monde qu'il conçoit comme absurde, le condamne à la solitude.

« Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. »

C'est une lecture dérangeante, car cet homme est détestable. Que serait le monde s'il était empli de tels individus. le monde peut paraitre absurde, ne pas avoir de logique, persister dans son mystère, mais cela n'empêche pas de l'aimer et de chercher en chacun de nous ce qui est le meilleur. À nous de donner du sens à la vie.

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Relecture. La dernière fois que je l'ai lu, j'étais ado et n'en avais gardé malheureusement pas grand chose en mémoire. Il était temps que je relise ce classique de la littérature française, et j'ai eu le plaisir pour cela de le redécouvrir en compagnie de Srafina.

Et bien, ce fut une lecture qui questionne et interpelle…
C'est que le personnage de Meursault a de quoi laisser perplexe.

On le découvre alors qu'il apprend la mort de sa mère. Insensible, il subit l'enterrement. Puis il rencontre Marie, ils sortent plusieurs fois ensemble. Quand elle lui demande au bout de quelques temps s'il est amoureux, il ne le pense pas, mais ce n'est pas important pour lui et ne s'oppose pas non plus à l'idée d'un mariage. Une promotion professionnelle ? Pas intéressé… et c'est sans compter sur sa totale impassibilité face aux actes violents de ses voisins de palier.

Peut-on imaginer une personne qui ait si peu d'émotions et autant d'indifférence à la vie qui l'entoure ? Difficile à cerner que ce Meursault, à comprendre sa façon de penser et ses réactions bien qu'il soit le narrateur. Je comprends cependant le choix du titre, Meursault l'incarne bien.

Alors quand il commet un crime, bien évidemment, il n'y a personne pour éprouver de l'empathie à son égard. Même pour le lecteur, c'est difficile. On le verra davantage jugé et condamné pour son apathie que pour son acte criminel.

Au final, oui, j'ai trouvé cette lecture intéressante, servie par une écriture sobre de Camus, à l'image du narrateur. Mais ce ne fut pas pour autant le grand enthousiasme que j'attendais, vue la réputation de ce roman. Suis-je passée à côté ? Sans doute… il m'a manqué quelque chose pour être totalement convaincue.

Il n'empêche que je compte lire d'autres ouvrages de Camus, le récent documentaire réalisé à son sujet me donne envie de le découvrir davantage.
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"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut être hier, je ne sais pas."
Une des premières phrases de roman les plus connues.
Roman jamais lu ni étudié au lycée, il fallait bien que j'y pourvoie.
L'enterrement de la mère met déjà dans l'ambiance du roman.
Le héros, Mersault s'ennuie vite, il est froid, distant, il ne s'attache à rien ni à personne, son travail aucun intérêt.
Son seul ami, Raymond, ne lui apportera que des ennuis.
Sa petite amie, la pauvre, je me demande ce qu'elle lui trouve, voir le passage sur la demande en mariage.
Son voisin accompagné de son chien très spécial.
J'ai eu un peu de mal avec la première partie du roman, Mersault est tellement antipathique, il ne donne vraiment pas envie, son absence de réaction et son indifférence sont deroutantes.
Je ne m'attendais pas à la fin de la première partie, du coup, j'ai trouvé la deuxième partie avec le procès, plus intéressante avec ses nouveaux personnages liés à la justice.
Je me doute que le livre renferme beaucoup de sous entendus, j'ai dû en entrevoir certains et pas d'autres.
Dans l'ensemble, une lecture à faire, pour sa propre culture personnelle et pour un style d'écriture différente et quelque peu déroutante au premier abord mais qui mérite de lire ce roman jusqu'au bout.
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Relu en Octobre 2017 - Ayant pris à la bibliothèque Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud dont vous trouverez la critique après celle-ci et comme je suis consciencieuse, j'ai relu auparavant l'Etranger que j'avais lui il y a quelques années.

Meursault, le narrateur, est un homme étrange : sans émotion, sans ressenti mais lors du décès de sa mère. Elle est morte….. point : c'est un constat froid. Et pour tous les évènements de sa vie c'est le même ressenti : il n'explique pas vraiment ses sentiments, sauf peut être dans la deuxième partie du livre, lorsqu'il se retrouve en prison après le meurtre d'un arabe et pour lequel il est condamné à mort.

Oui il a tué froidement, sans raison, sans préméditation, sans haine :

"J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plaque où j'avais été heureux. Alors j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur"

Même dans les derniers instants de sa vie la religion voudra le soulager mais lui ne lui demande rien, n'en attend rien et refusera son aide.

"Dieu vous aiderait alors, a–il remarqué. Tous ceux que j'ai connus dans votre cas se retournaient vers lui. J'ai reconnu que c'était leur droit. Cela prouvait aussi qu'ils en avaient le temps. Quant à moi, je ne voulais pas qu'on m'aidât et justement le temps me manquait pour m'intéresser à ce qui ne m'intéressait pas."

Même sa condamnation ne le surprend pas, ne l'effraie pas : c'est ainsi, il accepte, il ne demandera pas le pourvoi. Car est-il condamné pour le meurtre qu'il a commis ou pour n'avoir pas pleuré à la mort de sa mère, pour avoir dans ses relations un souteneur pour lequel il a écrit une lettre, parce que tous ses faits et gestes sont interprétés à charge.

Sur fond de meurtre l'auteur traite du jugement, de la relation aux autres, dans un pays colonialisé, où chacun est l'étranger de l'autre.

Ecriture fluide, précise et engagée : on passe du constat, de la narration, à la condamnation, au questionnement sur le sens d'une vie, de la différence, d'une mort, de la solitude des êtres, de la religion et de la peine de mort, …. Un magnifique roman, court mais est-il besoin d'en rajouter pour frapper les esprits et le coeur ?
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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