Il est un lieu commun dans la Rome Antique d'opposer aux luxes et aux raffinements des siècles impériaux la grossière simplicité de la République où l'habitude était de cueillir de maigres légumes et de les faire cuire sur un petit réchaud.
Rien ne change plus vite que les habitudes des hommes et c'est pourquoi l'auteur de ce livre,
Jérôme Carcopino, a choisi de fixer le cadre de son essai passionnant dans le cercle concret d'une génération qui, née à la fin du règne de Claude ou au début de celui de Néron, vers le milieu du 1er siècle avant Jésus-Christ, a pu atteindre les années de règne de Trajan et d'Hadrien.
Certaines fouilles archéologiques comme celles du forum de Trajan, des ruines de Pompéi et d'Herculanum, les témoignages du roman de
Pétrone, des Silves de Stace, des Épigrammes de de Martial, des lettres de Pline le jeune et et des Satyres de
Juvénal, les plans d'urbanisme de l'empereur Hadrien donnent de cette époque une image des plus nettes.
L'historien peut alors reconstituer, au fil de ses recherches, la vie quotidienne d'un Romain dans sa ville, dans sa maison et le suivre dans la tiédeur des thermes, la liesse des banquets de corporations, dans l'abondance des sportules et l'éclat des spectacles.
Les journées du Romain, sujet des premiers Antonins, que nous propose de suivre
Jérôme Carcopino se passeront exclusivement à Rome, centre et sommet de l'Univers, reine orgueilleuse et comblée d'un monde qu'elle semble avoir définitivement pacifié.
C'est un livre passionnant que nous offre ce grand historien qui pour l'anecdote fut emprisonné à la libération dans la même cellule que
Sacha Guitry - libéré en 45, bénéficiaire d'un non lieu en 47 pour service rendu à la résistance et réintégré dans ses fonctions de directeur de l'école Normale supérieure en 1951 -, un livre où il nous semble percevoir les battements du coeur de Rome à l'aube de la civilisation.