Orson Scott Card a fait un virage à 180° entre le premier tome du cycle d'Ender et le second.
On se retrouve plus de 3000 ans après les premiers évènements et l'auteur se détache de la guerre et de la politique pour se tourner vers l'anthropologie et questionner la place de l'Humain dans l'univers.
Une partie des gens n'aimeront pas ce livre à cause de son tournant religieux voir mystique. Un être, qui dans l'esprit des gens devient quelqu'un de supérieur, une croyance qu'il n'est pas. Et cette idée est d'ailleurs souvent mise en opposition avec ces deux entités que tout oppose et qui pourtant ne sont juste que les deux facettes de la complexité humaine. A cela s'ajoute le fait d'être dans une colonie chrétienne, qui parait être l'image de notre passé, plutôt que celle de notre futur, mais qui peut facilement être imaginée dans l'esprit de tout un chacun.
Pourtant, au delà de la théologie, on arrive de nouveau sur la question humaine. Que sommes nous prêt à faire pour coloniser l'espace ? Sommes nous assez intelligent pour faire une place aux autres espèces ou sombrerons nous dans nos travers ?
La question reflète évidemment ce que représente Ender et c'est dans ce contexte que la réflexion philosophique de
Orson Scott Card se tourne vers les notions d'intelligence, de langage, de communication et d'humanisme.
Ce tome nous amène à la rencontre d'une troisième espèce, des humanoïdes à tête de cochon, qui ont une culture totalement différente de la notre. La créativité de l'auteur est incroyable quand il s'agit de nous faire découvrir cette culture. L'impossible devient possible et on ne le remet pas en question. C'est puissant, remarquable, et de loin la meilleure réussite du livre.
En parallèle, il y a une autre histoire, celle de la voix des morts, qui de part la vérité brise les tabous et nous montre que les mots peuvent avoir un pouvoir bien plus grand que toutes les armes.
Ce livre est plus lent et n'amène aucune action. Il en devient plus philosophique, parlant avant tout le monde de la question extra-terrestre, de façon à nous préparer nous humains à sa rencontre. Parlant aussi de la question de l'étranger, du rejet, de la peur et nous amenant à nous questionner sur nous même, sur notre futur et celui de notre espèce.
Personnellement, j'ai trouvé l'histoire bien développée et bien conçue, le côté philosophique beaucoup mieux amené que le premier tome, et l'immersion en terre inconnue vraiment bien travaillée. Peut être que c'est parce que je me rapproche de l'âge du personnage que j'ai pu autant me sentir impliqué, mais je dois dire que cette balade anthropologique et philosophique m'a relativement comblée.