De tout temps la police a infiltré le milieu en retournant des suspects pour disposer d'indicateurs.
Gérard Carré inverse la logique et décrit ce qui se passe si la pègre tient un policier par les c…, le fait chanter et en fait un mouchard.
Tarmac Blues dessine les vies parallèles de truands et de policiers, engagés dans un duel à mort qui les mène de l'Ile de France en Ardèche en passant par les Ardennes. Armes, rackets, stupéfiants, sont les enjeux d'une lutte planétaire qui de l'Afghanistan à la France, via les Balkans ou le Moyen Orient, mêle délinquants et terroristes. La police les trace par tous les moyens humains et technologiques. Mais les luttes de clans opposent officiers et corsaires et des pirates se sont glissés sous l'uniforme …
Et, cerise sur le gâteau, si la discipline est la force principale d'une armée, elle est rarement pratiquée dans le « milieu » où les ambitions suscitent des initiatives ravageuses. Et il peut parfois arriver qu'un policier « interprète » un ordre pour le meilleur ou pour le pire.
Ce cocktail nous offre une intrigue haletante et inscrit son auteur au même rang qu'un
Hervé le Corre ou un
Olivier Norek.
Scénario riche qui se double d'une fine observation sociologique des bas fonds de nos zones sensibles qui sont un terreau idéal où germe la haine.
Gérard Carré a vécu au coeur de ces
territoires et écrit avec authenticité et empathie les difficultés de leurs habitants et la violence imposée par les bandes.
Théâtre dans lequel évoluent des hommes, des femmes et un chien, souvent couvert de plaies et de bosses, qui se révèlent au fil des chapitres. Jeanne, Kamel, Leïla, Léonard, Louise, Lucie, Maxime, Milo, Omar, Quentin, Salomé, Viking, nous emmènent en 365 pages dans un parcours qui ne laisse personne indemne. L'auteur est doué d'un style cinématographique, pratique une langue musicale, riche de dialectes ethniques, et nous offre le luxe de quelques vers émouvants et poétiques.
En conclusion, un des meilleurs romans noirs que j'ai lu ces dernières années. Un titre incontournable pour les amateurs du genre. Mais que les âmes sensibles s'abstiennent s'il vous plait !