Notre auteur a assisté au procès que l'on a appelé "le procès du siècle" :
Ce procès, on était tous au courant qu'il avait lieu.
Parce que ce qu'il s'est passé le 13 novembre 2015 : au stade de France, sur les terrasses, au Bataclan, nous a tous touché.
Personne n'a oublié ce qu'il faisait ce soir là. N'est-ce pas ?
En fait ce procès, c'était celui de la France toute entière.
Le dossier s'appelait
V13, le paquebot faisait 53m de long, et la traversée a duré 9 mois.
Ma lecture elle, a duré 4 jours.
Au bout du troisième témoignage de victime, j'étais en larmes.
L'auteur nous annonce qu'il y en avait 15 par jour.
Le but n'est pas ne de nous épargner. L'auteur écrit ici en tant que journaliste et non en tant que romancier (et pourtant...).
Carrere nous précise que chaque victime a sa propre histoire, et qu'il faut l'entendre. On ressent la souffrance, la culpabilité, la colère des vivants, des familles. Qu'en est-il des "victimes par ricochets" ? Des droits aux indemnités ? Quelles sommes ? Y a-t-il eu des abus ? Personne n'est oublié.
J'ai beaucoup parlé de ce livre autour de autour de moi et bien souvent on m'a répondu avec un air de dégout : "Mais pourquoi tu lis ça ?"
Le lire n'est pas de la curiosité mal placée. C'est le droit d'être informé, le droit de comprendre comment cela a-t-il pu se passer. Et puis, une victime a les mots justes : "𝗜𝗹 𝗳𝗮𝘂𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗲𝘀𝘁 𝗮𝗿𝗿𝗶𝘃𝗲́ 𝗱𝗲𝘃𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝘂𝗻 𝗿𝗲́𝗰𝗶𝘁 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳".
Passé la séance de larmes, on accède à la colère. Carrere nous présente les accusés, leurs parcours jusqu'au 13 novembre. Ceux qui sont morts n'auront pas leur mot à dire mais qu'en est-il des autres participants, des vivants ? On a en tête bien sûr, la "star" du procès, son visage autant que son silence : Salah Abdeslam.
Et puis on se demande comment ses actes ont pu être défendus. Par qui ?
Carrere répond à toutes nos questions et même plus.
L'auteur nous confie un travail phénoménal de retranscription, de recherches, d'informations sur notre histoire, sur celle de l'islam et sur sa "mutation pathologique".
Dernière les chroniques judiciaires, on sent la patte du romancier. Il nous émeut même dans l'inacceptable.
Un texte important, un devoir, un récit que je ne suis pas prête d'oublier.