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3,52

sur 1970 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour certains, Yoga est le plus beau livre d'Emmanuel Carrère.
Seulement, voilà, le dire devient indécent :
C'est un livre qui désamorce intelligemment toute "critique" que l'on pourrait en faire ; il se laisse tout au plus raconter mais ne permet pas de "chronique" proprement dite :
Cela serait la preuve qu'on l'ait mal lu.

On ne peut pas chroniquer la souffrance mise à nu, l'errance intérieure, la quête de repos et de silence qui se donnent à lire, creusent dans notre vécu, font écho et réverbèrent empathiquement.
Ni la douceur et la simplicité qui adviennent au bout des descentes dans les ténèbres.
A la fin des combats portés avec l'Adversaire.

Nous voilà étrangement enfermés dans un paradoxe consubstantiel à ce livre : Yoga nous offre le luxe de nous taire.

Ceux qui aiment Emmanuel Carrère l'y retrouveront avec émotion.
Les autres l'aimeront peut-être à partir de ce texte.
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Emmanuel Carrere fait partie de ces écrivains qui parviendraient à me faire lire avec exaltation et avidité un document aussi indigeste qu'un rapport médical sur l'électrophorèse de l'hémoglobine ou encore une notice de montage d'un meuble à chaussures. Parce qu'il est intéressant, parce qu'il est drôle, parce qu'il est honnête, parce qu'il a un sens de la narration hors du commun, parce qu'il est touchant et cultivé, parce qu'il donne une profondeur à la moindre anecdote qui se transforme en leçon de vie, parce que son style est hybride et captivant, parce que ses écrits, et ce livre le confirme, sont géniaux tout simplement.
Ici ce qui devait être un livre de développement personnel « subtil et souriant » sur le Yoga va prendre une toute autre orientation. le point de départ est une retraite Vipassana sur la méditation. Assis en lotus sur son zafu l'écrivain recherche la pleine conscience en observant sa respiration (et les autres) tout en tentant vainement de ne pas la modifier.
Au rythme de ses descriptions amusantes voilà que le lecteur se prend machinalement à contrôler ses inspirations et expirations et à observer ses sensations. Jouissif ressenti. Puis cette quête introspective plaisante s'acheminera progressivement vers une plus sombre réalité. Une dépression sévère, liée à un diagnostic tardif de bipolarité, refait surface et le conduira à une longue hospitalisation, avec mise de son esprit sous camisole chimique et électrochocs histoire de provoquer un « redémarrage du système ». du désir d'élargissement de sa conscience il est passé à celui de l'éteindre. Sa souffrance est telle qu'il demandera l'euthanasie. Loin d'atteindre l'état de quiétude et d'émerveillement visé il est victime de son autodestruction « sans me vanter je suis exceptionnellement doué pour faire d'une vie qui aurait tout pour être heureuse un véritable enfer ».
C'est avec une grande lucidité qu'il analyse dans cette autobiographie son narcissisme encombrant et son fonctionnement psychique avec recul dans l'espoir de retrouver un nouvel élan vital. Dans cette confession il interroge le réel et tente de « voir les choses comme elles sont » sans édulcorer ni dramatiser, un des enseignements de la méditation, le tout avec un art indéniable de la dérision et de l'autodérision. L'air de rien c'est bien plus profond qu'une simple lamentation d'un être autocentré et dépressif, il parle de lui, beaucoup, de ce que c'est d'être soi mais aussi de nous, de vous, du rapport aux autres. Malmené par ses « vritti sous cocaïne » ses pensées erratiques, parasites qu'il peine à domestiquer tant son activité mentale est en surchauffe, il s'obstine à faire taire son insupportable babil intérieur pour quitter le Samsara et accéder au Nirvana. Son témoignage est très riche : pensées spirituelles, citations (de Simone Weil à Montaigne), références (dont la polonaise héroïque de Chopin interprétée par Martha Argerich) rencontres, souvenirs... du funeste massacre de Charlie Hebdo dans lequel a péri son ami Bernard Maris en passant par le décès de son éditeur et ami de longue date qui pour la première fois ne lira son manuscrit, de l'Irak à l'île grecque de Leros entouré de jeunes réfugiés, en passant par le Sri Lanka dévasté par le tragique Tsunami de 2004 pléthore de réflexions et personnages célèbres et moins célèbres sont subtilement évoqués. Sans oublier son amour évanescent pour la « femme aux gémeaux». Dans ce chaos existentiel alors qu'il n'y croit plus un rai de lumière finira par apparaître enfin redonnant naissance à une balbutiante pulsion de vie...
On en souligne des passages! n'est-ce pas le gage d'un livre parfaitement réussi?


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Yoga est un livre d'autofiction qui ne parle pas seulement de yoga, ce prétexte permettant de parler aussi d'autres sujets qui touchent son auteur Emmanuel Carrère. Mais le yoga en est certainement le principal chemin, un sentier à fleur de peau, qui parfois s'enfouit de manière souterraine, couture les pages de ce livre, traverse des choses qui n'ont a priori pas lieu d'être ensemble.
Mais une fois que j'ai terminé ce livre, je me suis dit ô combien ces choses allaient bien ensemble.
Dans Yoga, Emmanuel Carrère parle sans doute de la chose qu'il pense connaître le mieux au monde, ce qui ne l'empêche pas de s'y perdre : c'est-à-dire lui-même. Mais j'aurais tout autant pu écrire que, évoquant sa personne, il nous parle ainsi de la chose qu'il connaît le moins bien au monde.
Il est possible de mal lire ce livre, de s'y perdre, de passer totalement à côté, de le détester. Il est possible aussi d'y voir autre chose qu'un livre sur le yoga ou une longue introspection de l'auteur sur soi.
Car Yoga n'est pas un manuel sur la pratique du yoga, bien que j'aie noté sur un petit carnet, quelques magnifiques définitions sur la méditation, venues comme cela comme des perles offertes au gré des pages, comme des petits cailloux semés par une sorte de Petit Poucet égaré dans un paysage d'abîmes. Plonger en soi, avancer à tâtons, chercher la lumière, sortir de l'enclos, approcher de la montagne...
Il est possible de voir aussi la souffrance d'un homme seul, sans complaisance pour lui, un homme malheureux contemplant sa dépression comme un territoire abyssal sans fin, cherchant la quiétude de l'amour cette chose essentielle qui lui aura manqué, un homme en errance qui pense que les choses les plus merveilleuses lui seront peut-être à jamais interdites.
Toute vie est peut-être un processus de démolition, semble dire l'écrivain. Toute vie est peut-être aussi une lente reconstruction, remettre debout l'édifice de nos vies détruites avant nous...
Pourtant ce livre est traversé de moments de grâces fugitives, instants d'érudition, d'autodérision aussi, le sourire fait d'une joie pure de cette pianiste qui joue la Polonaise N° 6 L'héroïque de Chopin, quelques vers de Catherine Pozzi, un atelier d'écriture pour sauver des enfants migrants de la tragédie humaine, la rencontre et l'amour d'une femme qui habitait en avril 1986 à Pripiat, c'est-à-dire la ville la plus proche de Tchernobyl... Ils font dire à l'auteur qu'il est pleinement heureux d'être vivant.
Alors, le malheur du monde, plus grand que les vides intérieurs, peut-il sauver un homme perdu dans ses névroses les plus profondes ? Plonger en soi et toucher enfin ce point de contact où viennent les autres.
Dans Yoga, j'ai retrouvé avec émotion le propos et l'écriture d'Emmanuel Carrère. Ayant peu lu de cet écrivain, j'aimerais croire que c'est son plus beau livre.
Qu'importe de savoir la part vraie de celle inventée dans ce récit par son auteur. La part qui vient de ses territoires intérieurs nous parle de l'essentiel.
Alors, il est possible aussi d'aimer ce livre, comme je l'ai aimé. Ce livre sonne comme un écho.
Je termine ce billet en citant une phrase que j'ai particulièrement appréciée et qui figure dans un des derniers chapitres de ce livre : "La dernière page tournée, qui n'est pas loin, on pourrait s'asseoir une minute ensemble. Fermer les yeux, nous taire, rester un peu tranquilles. N'oubliez pas d'éteindre la lumière en sortant".
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Yoga, j'ai lu un bouquin dont le titre est Yoga. J'ai beau me pincer, non je ne rêve pas.
Le souvenir d'une bouddhiste adepte du yoga et du tai chi croisée trop longtemps dans une autre vie me fait, aujourd'hui, changer de trottoir quand je croise un habit orange ou une gymnaste contorsionniste mais là… le superbe billet de Lutvic ne m'a pas laissé d'autre choix que d'aller à la librairie la plus proche sitôt la lecture du billet terminée.

Je ne connaissais pas Emmanuel Carrère, et si je suis allé à sa rencontre les yeux fermés, je ne savais pas trop à quoi m'attendre.
Premier contact et dès la première page j'y vois plus clair si je puis dire car va y avoir du sombre, du yoga, de l'internement psychiatrique, de l'attentat, du déracinement, de la mort, du bi polaire… et que je me demande ce que je fais là.
Ce que je fais là ben… très vite je prends mon pied, trois pages, quatre peut être et je suis déjà conquis par le ton de l'auteur, enchanté par son écriture.
De l'ironie à tout va, tout comme j'aime, tout comme j'adore. le bonhomme pratique le yoga, la méditation et le tai chi chuan et part en immersion dans un stage pour écrire un petit livre traitant du yoga. Un sacré recul qu'il a Sir Emmanuel parce que les barbus du développement personnel en prennent pour leur grade et j'avoue que (c'est bas oui je sais mais là ben… même pas honte) le fait que les apôtres des sutras se fassent un peu bouger les chakras est loin de me déplaire. Point de mesquinerie dans cette petite jubilation mais les intégristes de la méditation croisés dans une autre vie ressemblaient en tout point à ceux croisés par l'auteur un jour de tsunami (vous comprendrez en lisant Yoga).
Rassurez vous, ce n'est que le point de départ du bouquin, on va aller ici et là, ailleurs, nulle part, partout. On va se régaler des humeurs, des déprimes, des euphories de l'auteur, entre deux méditations, entre deux vies.

J'ai l'impression qu'Emmanuel Carrère c'est l'écrivain type. le mec qui soigne ses névroses, du moins qui tente de les soigner, par l'écriture. Un stylo et du papier ou un clavier et un écran, ça vaut tous les divans pour affronter ses psychoses, assumer ses fantasmes, se libérer de ses obsessions, mettre au clair ses jeux d'ombre, laisser couler ses divagations oublier ses fantômes, enfin pour essayer d'aller un peu mieux quand on a une tite forme.
Oui, on a là un écrivain, il y a du moi, du moi et du moi. du moi assumé, du moi revendiqué du moi qui se paye de grandes tranches d'auto dérision, du moi qui se dégonfle le cigare contrairement aux disciples de la bienveillance qui n'en ont jamais un échantillon sur eux. Je crois qu'outre le ton et le style de l'auteur, c'est l'impression d'honnêteté morale et intellectuelle qui m'a séduit.
Merci Victoria pour cette belle découverte, moi aussi zen beaucoup.
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Sur mon zafu
Immobile et perdue
Loin des remous, et si près de tomber,
J'ai retrouvé
-Aurais je la berlue? -
Les mots d'un frère à l'esprit divisé .

Mises sous un joug conscient et contrôlé,
Et tout soudain follement  libérées,
chevaux sauvages, 
les pensées emballées ,
loin de la lumière zen
en un lieu clos
que ne saurais nommer
-Où Ombre, Haine
Et la Mort ont cité-
Irrésistiblement
 Ont entraîné
Frère Emmanuel-  et lectrice passionnée.

Sur l'île grecque c'est la fraternité
De ces enfants que Guerre a dispersés
Qui rétablit doucement la boussole,
Tissant le lien que la folie isole.


Les guides meurent, les amis sont tués .
Même l'amour n'est plus une oasis.
Où est Bernard Maris?
Où  Paul ?
qui  avant son envol
sur le clavier
A remis tous tes doigts?

Tu sais si bien raconter
Les  histoires
Mais méditer justement
C'est pas ça :
C'est regarder les choses comme elles sont.

Alors finement  tu composes
avec cette sévère leçon .

La vérité, tu oses
La  mêler au romanesque,
Le déchirant au farcesque,
Au gai sçavoir l'éternelle ignorance,
A l'intime l'universel.

Encore une fois, je pense,
tu m'as prise dans tes filets fraternels
Emmanuel.

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Des livres d'Emmanuel Carrère, j'en ai lu deux : "Limonov" et "L' adversaire" qui m'avait marqué fortement. "Yoga" est un livre que j'avais envie de lire également mais avec une certaine appréhension suite à des avis de proches. J'ai beaucoup aimé ce livre d'apparence "Patchwork".
Au début de ce récit, l'auteur nous écris un précis de yoga et de méditation où les définitions pullulent. Cela fait dix ans qu'il est bien et décide de faire un stage de méditation intense pendant 10 jours. Ne rien faire que de la méditation. le programme est rude mais il s'y tient durant trois jours. Un événement qui s'est passé au niveau national rompt ce stage. Il en est bouleversé et peu de temps après, l'auteur traverse une grosse dépression et est interné à sa demande à l'hôpital de Sainte-Anne à Paris. Il ne nous épargne rien au niveau de son traitement et du diagnostic.
Heureusement, son récit ne s'arrête pas là puisque sa vie continue. Les rencontres qu'il va faire vont l'aider à aller mieux.
Malgré les sujets traités : yoga, méditation, terrorisme et dépression, ce livre se lit avec une facilité car cet auteur à une âme de conteur, il relie les différents événements qui n'ont pas l'air d'aller ensemble et qui pourtant ont des liens très fort.
Ce livre m'a beaucoup plu mais il est difficile à résumer, il se passe tellement de choses.
C'est un livre-plaisir qui malgré tout fait du bien.
Je vous le conseille.
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En refermant le Royaume nous avions laissé Emmanuel Carrère serein, confiant dans son avenir. Et puis il est resté silencieux 6 ans, je comprends maintenant pourquoi.
Au début de Yoga, il semble aller bien encore, et se propose d'écrire un ouvrage «subtil et souriant » sur le yoga, mais ce n'est qu'une apparence car déjà se profile la plus grave dépression de sa vie qui le conduira 4 mois à Sainte Anne où il subira une dizaine d'électrochocs.
Nous suivons sa plongée dans les abîmes de la conscience où la détresse morale est tellement intense que seul le suicide est la solution.
Il nous relate sa souffrance psychique intolérable, sans filtre et sans aucune complaisance pour lui-même.
C'est un récit intense, poignant et sincère un témoignage courageux qui n'hésite pas à aborder le tabou de la maladie mentale.
Paradoxalement ce n'est pas un livre voyeur ou egocentré, plutôt un miroir qu'il nous renvoie car, selon la formule de Victor Hugo, en nous parlant de lui il nous parle de nous et nous invite à réfléchir sur nous même en comparant son histoire. «Quand on confesse des choses, c'est bien pour les autres ».
Et en ce sens il touche à l'universel.
Malgré sa noirceur, c'est un livre lumineux qui se referme avec beaucoup d'émotion sur ces mots: « je suis pleinement heureux d'être vivant »
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Un autoportrait bouleversant que nous livre Emmanuel Carrère. Il se peint dans ses livres, toujours, mais là, je dois dire que j'ai été surprise. Il m'a semblé que le regard qu'il pose sur lui-même dans ce livre est beaucoup plus cash que d'habitude.

« La littérature, enfin la littérature que je pratique : c'est le lieu où l'on ne ment pas. »

L'écriture est toujours aussi belle, et j'ai savouré "Yoga".

"Yoga" n'est pas un livre de développement personnel.
Emmanuel Carrère avait envisagé d'écrire un « petit livre souriant et subtil sur le yoga qui pourrait être utile à plein de gens, car derrière ce que l'on peut prendre pour de la gymnastique se cache une exploration, et en principe, une transformation de la conscience ». Mais la vie l'a entraîné « dans des parages plus orageux ». L'attentat de Charlie, une dépression bipolaire et un passage à Sainte-Anne l'ont fait dévier de cette trajectoire apaisante.

"Yoga" à l'instar de la vie, n'est pas un long fleuve tranquille, et même si l'on débute assis sur un zafu dans un cadre certes strict voire austère pour de longues séances de méditation Vipassana, la méditation sera de courte durée. Et le retour aux choses concrètes de la vie en est d'autant plus vertigineux. La vie est multiple, elle est joie, passion, rencontre, elle est aussi deuil, chute, tunnel aussi... et "Yoga" est la lumière au bout de ce tunnel.

« Il est vital, dans les ténèbres, de se rappeler qu'on a aussi vécu dans la lumière et que la lumière n'est pas moins vraie que les ténèbres. Et je suis certain que cela peut être un bon livre, un livre nécessaire, celui qui ferait tenir ensemble ces deux pôles : une longue aspiration à l'unité, à la lumière, à l'empathie, et la puissante attraction opposée de la division, de l'enfermement en soi, du désespoir. »

Emmanuel Carrère parle du yoga, de la méditation, il parle des réfugiés, du terrorisme, il parle de feu son éditeur, de ses livres, il parle de lui, il parle de la vie, et son récit m'a parlé.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'aime Emmanuel Carrère.
Je l'ai toujours aimé.
Effectivement, c'est son plus beau et son plus abouti roman, ou récit.
Il se livre totalement, incroyablement, sans fausse pudeur, sans égocentrisme, sans ménagement. Car il ne se ménage jamais, Emmanuel...
Non, ce n'est pas un livre nombriliste, bien au contraire, il transpire l'humilité ce livre...
J'ai rarement lu un livre avec autant d'honnêteté intellectuelle.
C'est l'un roman rare, puissant, très fort, très bien écrit, mais cela on le sait, Carrère écrit à la perfection.
Jamais il ne s'appitoye sur lui-même, et pourtant....
Et pourtant il a vécu un cauchemar, un drame intime (car il n'y a pas plus intime que la souffrance psychique), une horreur.
Il a traversé une dépression pendant trois ans, avec traitements de cheval, électrochocs, etc.
Mais surtout, une forme particulièrement gravissime de dépression.
Dans ce roman-récit, il commence par une retraite voulue, dans un centre qui prône la méditation, le yoga, etc. Pourquoi ? Tout simplement l'idée de base est d'écrire un petit ouvrage simple sur le Yoga.
Puis il devra quitter cette retraite, on l'exfiltrera vers Paris, c'est au début de janvier 2015...
Les attentats.
Puis arrive ce choc, ce tsunami, la dépression.
Il nous parle aussi de son voyage en Grèce, dans les Cyclades, sur une île, face aux migrants, jeunes et moins jeunes, avec son lot de souffrances, d'horreurs et d'inhumanités.
À un moment, il nous parle du grand Amour, avec un grand A.
Il nous dit que seulement 20% des gens le connaissent ou le connaîtront.
C'est peu.
Lui-même, à la toute fin du livre, nous avoue (presque) qu'il ne l'a pas vraiment connu, finalement, l'Amour...
Livre très touchant, sans faux-semblant, sans pleurnicheries inutiles, mais un livre fort, dans lequel il se livre complètement, il se dénude, il met tout à plat.
Très grand livre, qui, je l'espère, aura un prix littéraire.
Emmanuel Carrère est un grand écrivain.
À lire absolument.
PS : j'ai eu la chance d'être dans ces 20%...
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Le dernier livre d'Emmanuel Carrère déchaîne sinon les passions, du moins les discussions.
Pourtant à l'origine ce livre devait être un « petit livre subtil et souriant sur le Yoga ».

L'auteur pratique le yoga et le taïchi depuis plus de trente ans et il s'inscrit à un stage intensif de méditation dans un but personnel mais aussi pour enrichir son futur livre.
Le stage se présente bien, encore que les conditions soient assez spartiates et que les situations prêtent parfois à rire, et Carrère ne s'en prive pas avec sa plume acérée.
Il en profite pour partager sa passion pour ces pratiques et explique comment cette philosophie de la vie se rapproche de sa pratique de l'écriture.
Les deux s'enrichissent mutuellement et Carrère en parle très bien en montrant comment la concentration et le dépassement de soi s'appliquent aussi à sa vie.
Mais son stage est brutalement interrompu car il doit assister aux funérailles de son ami Bernard Maris, et la réalité vient durement se rappeler à lui.
Dans une seconde partie, il est hospitalisé en psychiatrie pour une grave dépression et il essaie de faire ressentir le cauchemar que furent ces quatre mois.
Et enfin il part pour une mission humanitaire sur l'île de Léros où il va accompagner de jeunes migrants et où il va quelque peu s'alléger de ses souffrances face à celles des autres.

J'ai ressenti une réelle sincérité dans ses propos et aussi une tentative pour jeter un regard romanesque sur ses états d'âme tellement chaotiques.
Il s'observe sans apitoiement, lucidement, avec beaucoup d'autodérision.
Pourquoi, se dit-il, avoir fait autant d'années d'arts martiaux et de méditation pour se sentir submergé par des pensées noires et même suicidaires ?
Comment être aussi lucide sur sa fragilité et malgré tout tomber aussi bas dans le désespoir quand sa bipolarité (qu'on vient de lui déceler) fait des siennes ?
C'est ce contraste qui me l'a rendu très humain et qui fait que je l'ai suivi dans ce cheminement à l'intérieur de lui-même.
Je n'ai pas lu tous ses livres donc je ne suis pas encore lassé de ses introspections sombres mais brillantes, je n'en retiens que la confession à nu d'un homme, tel un Rousseau moderne…(avec plus d'humour quand même…)
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