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EAN : 9782234089419
220 pages
Stock (14/04/2021)
4/5   5 notes
Résumé :
"Cette histoire, c'est la mienne, celle de ma grand-mère Marcelle surtout, mais aussi celle de Malou, mon arrière-grand-mère. Trois histoires entremêlées et reliées à René Char par des sentiments aussi simples et opposés entre eux que la haine et l'amour. Tout avait commencé par un drame d'une incroyable banalité. De ceux qui étaient moins dus à l'inconduite des filles qu'à la lâcheté des hommes. Marie-Louise Bègue, dite Malou, était une enfant abandonnée.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
[Choisi et acquis à la Librairie Caractères /
Issy-les-Moulineaux - Juin 2021 ]

Un très beau moment de lecture fait d'une traite , captée par la démarche et la plume très vivante d'Alice Casado

Un texte émouvant et fort , résultat de la concrétisation d'un amour fusionnel et passionnel d'une petite fille pour sa grand-mère… sauf que celle-ci n'est pas issue d'une lignée obscure !!... C'est aussi une réparation ultime pour une dame d'un certain âge qui au fil du temps est minée de l'intérieur de par son illégitimité ; que son père ne l'ait pas reconnue de son vivant… Toujours le drame parmi les nombreuses quêtes touchant la filiation…

Un livre que j'ai hésité à deux reprises à acquérir , appréhendant les règlements de compte de filiation et d'héritages, histoires versant trop fréquemment dans le sordide !... L'auteure a su éviter tous ces écueils et garder une distanciation bienveillante…

L'auteure rappelle le parcours exceptionnel du poète , du résistant qu'était son arrière-grand-père ; elle passera toute une année avec lui, en préparant une sorte de Master sur « La Mémoire de René Char à L'Isle-sur-Sorgue…" en enquêtant, faisant des recherches, rencontrant des personnes l'ayant côtoyé… Tout en offrant à sa grand-mère, la fille illégitime de René Char, une réparation essentielle dans la quête de ses origines …

« Lui, qui était convaincu qu'un poète n'a pas d'enfant, ne semblait pas concevoir à quel point un enfant pouvait avoir besoin d'un père, poète ou non. »

La fille « naturelle» de René Char raconte son « chemin » avec la découverte de ce père absent, si impressionnant, de célébrité et de talent ainsi que le parcours injuste, humiliant de sa mère, Malou, (enfant de l'Assistance publique) par la plume et l'énergie passionnée de sa petite fille, Alice, avec laquelle elle a une relation quasi fusionnelle…A l'aune de ces précisions, on comprend mieux qu'Alice Casado ait bataillé quinze ans durant, fait des recherches, accompagné sa grand-mère « vénérée » dans la reconstitution de cette filiation douloureuse , rédigé cet ouvrage avec passion et finesse pour toutes les parties!

Chapeau bas à cette petite-fille , qui a fait un travail minutieux de recherches , d'enquêtes, de recoupements , qui a su éviter tous les écueils de ce genre de publication, des plus délicates. Il n'y a aucun de déboulonnage de « l'Idole »…ni jeu de massacre d'aucune sorte. Exercice complexe d'objectivité lorsqu'on fait partie soi-même de cette Histoire familiale !...

» Mon but n'avait pas été d'écrire sur la lâcheté des uns, et la grandeur des autres, mais sur tout ce qu'un être peut contenir de failles, d'admirable, sur le courage qui nous dépasse (…) sur ce qui unit les hommes et les générations les unes aux autres, parfois dans la négation, parfois dans un amour qui brûle ou qui consume »

Réparer la souffrance de sa grand-mère de ne pas avoir été reconnue par son père, le poète René Char…L'arrière-grand-mère, Malou, enfant de l'Assistance , vécut le sort des enfants abandonnés entre institutions, foyer rural, où elle était une main-d'oeuvre bon marché… pour , à 17 ans, être placée dans une famille de la grande bourgeoisie, les Char, à proximité de l'Isle-sur-Sorgue…Alice Casado s'est documenté abondamment sur le sort des « malheureux de l'Assistance Publique », nous rappellent les vies maltraitées, démunies affectivement de ces enfants privés d'»enfance »…

Découvert à cette occasion ces terribles « maisons de relèvement », des maisons de correction, de redressement, aux traitements répressifs, disproportionnés !

Parallèlement à cette lecture, de belles images me sont revenues à l'esprit des paysages et des lieux des deux amis, René Char et Albert Camus [ Musée de l'Isle-sur-Sorgue ; Lourmarin ]…où j'ai été à plusieurs reprises mettre mes pas !

J'achève ce « billet » par un extrait fort significatif, décrivant la complexité , les contradictions et l'ampleur de la personnalité du poète, René Char...

« René Char impressionnait , déstabilisait. "Dans l'ensemble, cet homme est fait de dynamite", déclarait Nicolas de Staël. A son contact, ma grand-mère se sentait à la fois toute petite et importante. Paul Veyne, professeur au Collège de France, dressait son portrait en ces termes: "Un accent provençal à couper au couteau, une conversation raffinée, un vocabulaire choisi, beaucoup de politesse et un léger parfum d'eau de toilette qu'on percevait par bouffées. Ce colosse colérique et conquérant, aux yeux méditatifs et bons, parlait d'égal à égal, était éperdument généreux, violemment sympathique et à peu près invivable." (p. 18)


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La plongée dans le passé de Marie-Louise Begue dite Malou est présentée par Alice Casado dans son récit Sois la bienvenue. Seulement, celui-ci n'est pas ordinaire puisque cette jeune fille confiée à l'Assistance Publique dès l'âge de 5 ans va associer brièvement son parcours à celui du poète René Char.
Marcelle Reine Begue, matricule 505 née le 21 mai 1933 à la Maison des Mères d'Avignon, fille de Malou né de père inconnu va remonter sa filiation avec l'aide de sa petite-fille, la narratrice. Un test ADN vient confirmer ce que la rumeur familiale évoquait : René Char est le père de Marcelle.
Alice Casado associe ses études à son enquête et remonte les fils de son histoire familiale à partir de recherches et courriers divers. Elle détaille ce qu'était la réalité crue des enfants confiés à l'Assistance publique au début du XXè siècle.
L'absence d'éducation dans les relations de Malou et son Inspecteur montre un pouvoir paternaliste où les enfants assistés ont a-priori tous les tords. Les enfants sont maltraités par la brutalité des rouages administratifs mais aussi par les relations avec les familles sans qu'un véritable contrôle s'établisse. de plus, dans leur treizième année, l'enfant devient corvéable à merci jusqu'à sa majorité.
Le fils de la famille qui accueille Malou et l'emploie sans rémunération vient passer ses vacances. Complétement inexpérimentée et en demande affective énorme, elle se laisse convaincre… Mais, Marie-Emile Char veille à la réputation de son fils.
Trois destins de femme liés à un homme devenu célèbre qui essayera des années plus tard de rattraper, un peu, le temps perdu et lui déclarera lors de leur première rencontre « Sois la bienvenue« .
Évidemment, ce récit éclaire aussi les paroles du poète en racontant son parcours, ses engagements et ses choix. Néanmoins, j'avoue qu'il me faudra du temps pour, de nouveau gouter, la beauté de ses poèmes !
Alice Casado sait à travers ce récit très personnel rendre compte de la relation terriblement privilégiée qu'elle entretient avec sa grand-mère. Son récit est sensible et documentée à la fois. Aucun pathos n'est réclamé ici. Ce sont des faits qui sont exposés. Aucune colère ou revendication habite ces trois femmes. Il s'agit comme la narratrice le dit si justement de « mettre des mots sur les maux » !
Voulant donner toute la lumière sur la naissance de son aïeule et effacer la blessure de naître de père inconnu, Alice Casado propose avec Sois la bienvenue le récit réussi de cette recherche, avec ces moments de découragement mais aussi ces grandes joies. Pour moi, un bon moment de lecture !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/06/09/alice-casado/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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René Char ,immense poète, suscita en son temps des amours nombreuses et passionnelles. Ce que raconte ce livre c'est la quête d'une femme , Marcelle , pour la reconnaissance de sa filiation :fruit d'un brève rencontre entre Char et Malou , jeune domestique placée par l'Assistance Publique , elle s'est battu pour rencontrer ce père de hasard et faire reconnaître son statut. Cette aventure racontée par sa petite-fille n'est pas comme on pourrait le craindre une variation sur le thème éculé des petitesses cachées d'un grand homme . C'est un récit poignant et sensible du sort de ces filles abandonnées traitées de manière indigne par l'administration et soupçonnées a priori de tous les vices , c'est aussi un portrait de femme , celui de Marcelle , rongée par le manque de ce père qu'elle ne côtoya que fort peu mais indomptable dans sa volonté . le livre écrit avec un amour que l'on devine intense par Alice sa petite fille ,est un hommage et un témoignage de grande qualité.
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Superbe
Histoire émouvante et palpitante
Colère ou amour
On dirait du Zola mais c est une histoire vraie qui nous touche au plus profond de notre sensibilité
On prend ce livre et on ne lâche plus jusqu'à la dernière ligne
Tout simplement poignant et superbe
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Attirés par cette poésie incisive et cette parole illuminatrice, les plus grands artistes et penseurs contemporains venaient à lui : Martin Heidegger, Georges Braque, Albert Camus, Nicolas de Staël, Alberto Giacometti, Victor Brauner. Sa collaboration avec les artistes, en qui il voyait ses alliés substantiels, fut intense et féconde. Côtoyés par l'intermédiaire de Christian Zervos, fondateur des -Cahiers d'art-, les peintres enluminèrent ses manuscrits. En 1951, Nicolas de Staël écrivait au galeriste Jacques Dubourg : "Tous les pontes lui cavalent au froc sans retenue. Braque seul a de la discrétion. Il fait traîner Matisse qui lui envoie soixante aquarelles qui ne lui plaisent pas, choisit dans une liasse de plus de deux cents dessins de Miro, et ainsi de suite." Tous avaient le même engouement pour sa parole éclairante. Car c'était bien là l'essence de sa poésie. Eclairer juste. (p. 119)
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René Char impressionnait , déstabilisait. "Dans l'ensemble, cet homme est fait de dynamite", déclarait Nicolas de Staël. A son contact, ma grand-mère se sentait à la fois toute petite et importante. Paul Veyne, professeur au Collège de France, dressait son portrait en ces termes: "Un accent provençal à couper au couteau, une conversation raffinée, un vocabulaire choisi, beaucoup de politesse et un léger parfum d'eau de toilette qu'on percevait par bouffées. Ce colosse colérique et conquérant, aux yeux méditatifs et bons, parlait d'égal à égal, était éperdument généreux, violemment sympathique et à peu près invivable." (p. 18)
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Auprès de ces hommes simples et droits, intimement liés à la nature, René Char reçut sa formation initiale. Quand il fuyait sa mère et son frère ou recherchait une consolation à la lente agonie de son père, il trouvait refuge auprès de cette famille de substitution, qui l'avait adopté. Il leur rendrait un vibrant hommage dans le poème "Suzerain". Cette unique noblesse, cette pureté d'âme, René Char ne les retrouverait qu'une seule fois dans sa vie. Dans la Résistance, auprès des maquisards qui se battraient à ses côtés.
(p. 105)
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C'était donc à moi que revenait la tâche ardue de réconcilier le passé. Mon but n'avait pas été d'écrire sur la lâcheté des uns, et la grandeur des autres, mais sur tout ce qu'un être peut contenir de failles, d'admirable, sur le courage qui nous dépasse, sur la fierté qui nous emporte, sur ce qui unit les hommes et les générations les unes aux autres, parfois dans la négation, parfois dans un amour qui brûle ou qui consume.
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Privée d'enfance. Humiliée, exploitée et méprisée. Stigmatisée par une société qui considérait les enfants de l'assistance comme des parias, des moins que rien. À la misère affective s'ajoutait, en grandissant, la misère sociale, sans savoir laquelle de l'une ou de l'autre lui laisserait le plus grand traumatisme.
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