Cette biographie est très intéressante. La première partie présente le fameux
Gilles de Rais : sa vie, son oeuvre, sa famille, ses faits d'armes, ses crimes et son jugement. Puis une seconde s'attarde pour savoir comme ce célèbre tueur d'enfants est devenu un tueur de femmes dans Barbe-Bleue, le conte de Perrault.
Sur la première partie, il faut s'accrocher pour tout comprendre. La vie de Gilles et d'une partie de sa famille (principalement son grand-père et son père) ont lieu durant la Guerre de 100 ans. Et pour comprendre tout ce qui se passe, cela nécessite un certain effort. J'avoue que je n'avais pas de bagage historique sur cette période et j'ai souvent peiné à tout saisir les liens entre les différents protagonistes, les changements de camps des uns et des autres, les liens qui unissent un tel ou un tel. Bref, les joies de la féodalité !
En ce qui concerne
Gilles de Rais, on découvre un enfant et un jeune homme à la vie « tumultueuse » : aîné d'une famille, fils unique pendant longtemps, orphelin de parents très jeune, désintéressement à son encontre de son grand-père, éducation négligée. Puis vient le temps des conflits où il s'illustre plus que brillamment et devient compagnon de Jeanne d'Arc.
À la mort de son grand-père, il est l'un des hommes les plus riches de France (peut-être le second après le roi !). Mais ses dépenses vertigineuses (entretiens de son armée, spectacle, bonne chère, etc.) le conduisent rapidement vers la ruine.
Puis vient le temps des meurtres d'enfants. J'avoue que cette partie m'a un peu déçu, car je m'attendais à avoir plus de détails sur les atrocités que
Gilles de Rais a commises. Bien que des détails soient distillés comme ci comme ça. Cependant, les éléments sur les crimes ne sont vraiment… pas délicats. Il y aussi quelques choses qui m'a beaucoup étonnée, mais j'en parlerai, car cela concerne aussi le conte de Perrault.
À la fin de cette biographie, on découvre donc un personnage intéressant et complexe, qui bien que n'était pas une brute stupide assoiffée de sang. Il avait une certaine culture et des gouts prononcés pour le théâtre et la musique religieuse. Mais ce qui m'a le plus surpris sur Gilles, c'est son côté « romantique ». À 15 ans, il « enlève » sa future femme (elle est consentante, ce n'est pas un rapt sauvage) et l'épouse en tout petit comité (les mariés et le prêtre) dans une toute petite église bien que ces derniers ne sont pas encore reçus l'accord papal (à l'époque, on peut épouser ses cousins à partie d'un certain degré ; si ce degré est trop faible, il faut l'accord du Pape).
La partie qui concerne le conte de Perrault est intéressante, mais je l'ai trouvé un peu superficiel. Mais il faut s'accrocher aussi, car la « mythologie comparée » n'est pas un domaine facile à comprendre.
L'auteur tente donc de montrer comment
Gilles de Rais est devenu Barbe-Bleue. Je ne referai pas la démonstration ici de peur de dire de bêtise, ce phénomène est une sorte d'assimilation des faits historiques au conte.
L'élément le plus étrange est la différence entre tueur de femmes et tueur d'enfants. L'explication est étrange et « assez simple ». Les enfants étant des êtres asexués par excellence, il était inconcevable pour certains qu'un homme est pu violer puis tuer des enfants (garçons ou filles). le glissement s'est donc fait lentement vers les femmes. Il faut croire que violer et tué une femme est moins horrible…
Un livre donc assez dur à lire (il faut parfois s'accrocher), mais très intéressant et très riche avec des annexes très fournies et, bien sûr, une riche bibliographie que ce soit sur
Gilles de Rais ou sur le conte de Barbe-Bleue de Perrault.
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