AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782111571532
262 pages
La Documentation Française (27/10/2020)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Entré dans l’armée de l’air à la fin des années 1920, il est notamment en poste en Allemagne et assiste à la montée en puissance de la Luftwaffe grâce à ses liens privilégiés avec Göring. Après avoir combattu lors de la campagne de France en 1940, il sert un temps le régime de Vichy, avant de reprendre le combat aux côtés des Alliés. Après la guerre, il alterne les responsabilités en états-majors – le plus souvent au sein de l’OTAN – les affectations dans des représ... >Voir plus
Que lire après Du militaire au politique : une biographie du général Paul Stehlin 1907-1975Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une administration est souvent comparée à une machine composée de millions de rouages invisibles, dont on ne voit que l'action finale. le général Stehlin l'illustre parfaitement : toute sa carrière il fut un ‘'homme de l'ombre'', dont l'action prenait plus lieu dans les bureaux que sur les champs de bataille. Il fut tout de même l'homme d'un gros esclandre, qui est peut-être resté dans la mémoire des plus âgés d'entre nous.

Comme tout jeune officier, sa carrière commence à Saint-Cyr. A sa sortie c'est l'aviation qu'il choisit. Mais après quelques postes en escadrille, en 1935 sa carrière prend une tournure très originale : attaché militaire… A l'ambassade de Berlin. Alsacien, il parle en effet parfaitement allemand. Très doué pour la diplomatie, il réussit à se lier à Udet et Goering (il devient même l'amant de sa soeur !) et bénéficie alors d'à-peu-près toutes les informations dont il pourrait rêver sur la reconstruction de l'aviation allemande. Stehlin bombarde alors Paris de dépêches et d'avertissements – qui ne suscitent guère d'intérêt.

Pendant la guerre il participe à la fameuse campagne de Narvik. Après la défaite il est appelé à Vichy où il reste quelques mois avant que la vraie nature du régime du maréchal ne se révèle. Ecarté par Laval, il rejoint le Maroc, et reste en poste en escadrille jusqu'au débarquement américain en Afrique du Nord en 1942. Il noue alors de très fortes relations avec l'armée américaine. Après-guerre il accède enfin au grade de général en 1950.

C'est à partir de là que les choses deviennent à la fois les plus complexes, les plus rébarbatives mais aussi les plus instructives. Navigant entre le gouvernement, l'armée de l'air et l'OTAN, il intervient dans toutes les décisions autours de la reconstruction de l'aviation française, d'une hypothétique défense européenne (morte dans l'oeuf) et des relations avec les alliés du pacte atlantique. A l'époque la menace soviétique n'a rien d'une plaisanterie. Les forces armées du pacte de Varsovie sont colossales et bien équipées, l'URSS vient de se doter de l'arme atomique, et la volonté de Staline d'avancer jusqu'au Rhin et au-delà plus que probable. Les choix stratégiques sont critiques.

Et sur ce point, la position de Stehlin est claire : confiance absolue aux américains. Sans pour autant être aveugle sur leurs forces comme leurs faiblesses et leurs intentions, il estime que les chances de survie de la France sont nulles sans l'appui de ses alliés. Couronnement de sa carrière, il est nommé chef d'état-major de l'armée de l'air en 1960. Une fois rendu à la vie civile, il se lance dans la politique. Il tentera alors de faire vivre une opposition de centre-droit au gaullisme, et incarnera surtout l'ultra-atlantisme face à la volonté d'émancipation de de Gaulle. En parallèle, comme beaucoup d'anciens hauts-fonctionnaire, il effectue des missions de ‘'consulting'' pour des grandes entreprises – en l'occurrence les grands avionneurs américains.

Les choses basculent au moment du ‘'marché du siècle'' en 1972 : quatre pays européens décident de faire une unique commande pour le renouvellement de leurs avions de combats. Trois prototypes sont en lice, deux américains (Northrope F17 et General Dynamic F16, qui l'emportera) et un Français (Mirage F1). Or dans une note de quelques pages adressée au président, le général – député… Prend le parti de l'avion américain et montre, chiffres à l'appui, son meilleur rapport qualité – prix. le document n'attirera l'attention de personne avant d'être repris par la presse étrangère. Stehlin deviendra alors un objet d'indignation national, et décèdera quelques mois plus tard dans des conditions assez suspectes.

Il s'agit donc d'un personnage complexe et discret, qu'un texte un peu lourd peine à mettre en couleur. Mais il permet de découvrir cette figure originale et peu connu, et donne aussi un excellent aperçu de la complexité des rouages des pouvoirs, et de combien les interminables débats autours de questions en apparence bureaucratiques et stériles peuvent être lourds de conséquences.
Commenter  J’apprécie          140


autres livres classés : aviationVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (2) Voir plus




{* *}