AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 1319 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qui est Don Quichotte ?
Pour écrire cette critique il m'a fallu non seulement rassembler des souvenirs, ce qui n'est pas encore si difficile, mais également tâcher d'aller au-delà et, ce faisant, affuter mon propre sens critique et le diriger vers moi-même dans un lourd travail d'introspection.
En effet, qui est Don Quichotte ? Question a priori simple qui appelle des réponses complexes et variées, presque aussi diversifiées qu'il y aura de sombres illuminés pour se la poser.
Don Quichotte, c'est quelqu'un qui est en décalage avec le monde dans lequel il vit. Un membre d'une époque qui rêverait d'en habiter une autre, plus ancienne, plus noble, plus féérique à ses yeux. Cette époque rêvée il ne la connaît pas, il l'a seulement fantasmée à partir de livres désuets et fabulateurs qui, même en leur temps, étaient des légendes, des symboles, des paraboles tout sauf la réalité d'un moment.
Don Quichotte refuse de voir les évolutions en marche, il reste campé, braqué, les quatre sabots fichés dans le sol comme une vieille bourrique qui refuse d'avancer.
Ouvrir les yeux, voir la réalité en face c'est renoncer à son rêve, c'est renoncer à sa définition du bonheur, c'est perdre le sens de sa vie. Voilà pourquoi son cerveau, qu'un oeil extérieur pourrait juger défaillant, s'ingénie à déformer les réalités, les patentes erreurs qu'il commet, les lourds revers qu'il essuie pour les faire cadrer avec son monde fantasmé, bâti de toute pièce, son monde chéri, ce qui lui donne l'impression de vivre. C'est la définition même du bovarisme poussé à l'extrême.
Quand je dresse ce tableau et que j'ai l'outrecuidance de me regarder moi-même à l'oeuvre, mes classiques à la main, ces livres d'un autre temps, quand je sonde mon coeur pour découvrir quels sentiments j'attendrais de mes concitoyens, force m'est de constater que moi-aussi, moi surtout, peut-être, je suis une manière de Don Quichotte.
Qui est Don Quichotte ? Don Quichotte, c'est moi.
Quand, par les temps qui courent, je m'en vais au vent mauvais, qui m'emporte, deçà delà, pareille à la feuille morte dans sa monotone chanson d'automne, que je furette à droite et à gauche, que j'observe tout le monde, que j'observe chacun, je vois que nombreux sont ceux qui affectionnent les histoires de pirates ou de Moyen-Âge, les mondes peuplés d'elfes et de Hobbits, les ouvrages dits de fantaisie héroïque, les enquêtes fabuleuses des années 1920 ou bien encore les sagas étoilées riches en sabres laser qui débutent toutes par un lancinant " Il y a longtemps, très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... " bref toutes choses fantasmées et révolues. Je me dis alors que vous aussi vous vivez dans les brumes, dans les vapeurs éthérées d'un rêve qui vous extrait, l'espace d'un instant, des noirceurs et des contours trop nets de la réalité ; je me dis que vous aussi vous vous téléportez par la pensée dans des époques lointaines et qui jamais, sûrement, n'ont existé ou n'existeront ; je me dis enfin que tuer cette aptitude à rêver vos vies ce serait vous tuer pour de bon car même les dictatures les plus féroces qui ont pu faire tant de mal aux hommes n'ont jamais totalement réussi à les empêcher de s'extraire du réel par le rêve.
En somme, qui est Don Quichotte ? Don Quichotte, c'est vous.

À ce stade, il me faut certainement dire un mot ou deux de l'impression suscitée par ce roman à la lecture. J'ai souvenir d'un démarrage sur les chapeaux de roues, particulièrement drôle et efficace au début, peut-être jusqu'au premier tiers, d'un milieu de roman qui, sans être désagréable, m'a semblé plus poussif, un peu lassant à la longue et répétitif par ses situations toujours un peu téléphonées, mais d'une fin qui retrouve un élan magistral.
C'est ce milieu surtout qui explique mes quatre étoiles sur le ressenti global. Il me faut aussi préciser que L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche est une oeuvre à facettes ou à plusieurs niveaux de lecture.
Il y a d'une part la narration et son style, qui sont responsables d'une bonne partie de l'impression générale de la lecture et il y a d'autre part la portée philosophique, politique, sociétale, littéraire et historique du roman.
Don Quichotte c'est la naissance du roman. Avec votre oeil d'aujourd'hui, vous pouvez peut-être lui trouver un petit côté poussiéreux, mais si on le met en place dans la succession historique de la production littéraire, ce livre marque une évolution heureuse, l'un des tout premiers apanages de ce que l'on nomme désormais le roman.
La technique narrative est basée sur le décalage. Dit autrement, c'est la définition même de l'humour et de la situation comique. Est drôle ce qui est décalé par rapport à ce que l'on sait d'une norme ou d'une réalité.
Miguel de Cervantès a aussi la géniale intuition de rafraîchir le dialogue à la Platon. Il fallait donc un interlocuteur privilégié à Don Quichotte. Il a encore l'intelligence de jouer sur le contraste : l'un sera aussi haut et grêle que l'autre sera court et replet. le maître sera d'autant plus évanescent dans les nuages que le serviteur sera prosaïque les pieds dans la fange. L'un aura un langage aussi affecté et recherché que l'autre maniera la langue torse de ceux qui lèchent les pots de confiture.
Vous avez deviné que cet acolyte de choix n'est autre que le paysan Sancho Panza. C'est un personnage-clé car il permet soit de mettre en évidence les décalages de son maître, soit d'être un degré de folie intermédiaire entre les " saints d'esprit " et Don Quichotte, soit de permettre un double décalage comique de part et d'autre d'une ligne médiane.
À mon avis, la plus grosse portion de la critique sociale, de la dénonciation politique de Cervantès repose sur ce personnage de Sancho. Comme s'il nous disait : " Vous êtes sains d'esprit vous, pourtant ! Vous êtes aptes à voir la réalité vous, pourtant ! et vous foncez tête baissée dans les discours et les chimères de ceux qui vous gouvernent. L'autre, c'est un fou, mais, vous, VOUS, qu'êtes-vous si vous adhérez à sa folie ? "
Je me plais à voir dans le Quichotte une bourrade farouche contre la religion, faite de fantasmes qu'on nous demande de suivre aveuglément, une institution sclérosée incapable de percevoir les évolutions du monde, qui répète ses dogmes inlassablement même quand les plus élémentaires réfutations viennent contredire tout l'édifice nébuleux dont elle est constituée. On sait que l'Espagne de Cervantès est étranglée par une religion omniprésente, omnipotente et omnipressante.
Ce qui caractérise le couple Don Quichotte / Sancho Panza c'est cette incroyable naïveté à toute épreuve. Dans ce long voyage initiatique on perçoit l'annonce des Lumières, tels le Candide de Voltaire ou, plus flagrant encore, le Jacques le Fataliste de Diderot. le message étant : il y a le monde comme on vous l'a dit et le monde tel qu'il est. Les deux images ne concordant pas, vous vous en doutez.
Nous même, depuis que nous sommes petits, on nous rebat les oreilles avec ces histoires de démocratie, de république, de choix des citoyens et de " élu par le peuple pour le peuple ". Certains y croient toute leur vie, ils pensent sincèrement qu'ils ont le choix alors qu'un élémentaire esprit d'analyse leur prouverait que tous ces hommes, de gauche, de droite, du milieu, du haut, du bas, sont tous des copains de promo, qu'ils viennent tous du même milieu et qu'ils repensent périodiquement au peuple, quelques semaines avant le renouvellement de leur CDD. On sait bien que le suffrage universel n'est qu'un leurre et que ce qui compte c'est le choix dans le candidat, choix qui n'existe absolument pas. On sait bien que toute notre vie on se fait rouler dans la farine de ce gigantesque dîner de cons, mais pourtant, nombreux sont ceux qui s'imaginent encore vivre dans une réelle démocratie, que les informations sont objectives, qu'ils ont une parfaite liberté de choix, etc...
Qui est Sancho Panza ? Sancho Panza, c'est nous.
Oeuvre majeure s'il en est, qu'on a intérêt à lire soit pour son volet de critique sociale, soit pour son volet de critique politique, soit pour son volet philosophique, soit pour son volet d'information historique sur l'Espagne du siècle d'or mais je persiste à penser que le grand, grand intérêt du Quichotte, c'est de le lire pour tout le comique qui est contenu dedans et qui, à lui seul, nous ouvre les portes d'une réflexion tournante et enlevée, comme les ailes d'un moulin. Au demeurant, ceci n'est que mon avis, long et grêle monté sur animal squelettique, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1651
L'avantage d'avoir peu de grands lecteurs dans son entourage, c'est de pouvoir découvrir les grands classiques comme les sorties littéraires du mois, sans avoir la moindre idée de ce qui nous attend. de don Quichotte, je ne connaissais qu'une très vague histoire de moulins, qui a d'ailleurs le bon goût d'apparaître très tôt dans le livre, faisant des 1400 pages restantes une surprise continue.

Cervantès développe le thème, qui reviendra à chaque nouveau média, du virtuel qui contamine le réel : à force de lire des romans de chevalerie, don Quichotte se persuade que le monde est peuplé de géants vindicatifs, de princesses désespérées et d'enchanteurs malicieux. Il décide alors de ressusciter l'errante chevalerie, et se met en route, avec une vieille rosse, une armure de carton, et Sancho, son écuyer d'une naïveté sans égale, en quête de royaumes à sauver et d'orphelins à défendre.

Et ces aventures, contre toute attente, le duo les trouve ! L'imagination débordante de don Quichotte lui fait prendre les moulins pour des géants, et les troupeaux de moutons pour des armées en campagne. Devant son comportement étrange, certaines personnes s'énervent et en viennent aux mains, devenant dans l'esprit du chevalier un duel dans les règles de l'art. D'autres s'amusent à leurs dépens en les plaçant dans des situations impossibles. Même quand le pot aux roses est sur le point d'être découvert, les incohérences sont mises sur le compte d'un enchanteur particulièrement tenace.

Je m'attendais bien à tomber sous le charme désuet des livres anciens avec celui-ci, mais certainement pas à rire autant. Que ce soit dans les situations ou dans les répliques, le mélange de sagesse et de folie fait souvent mouche. J'ai aussi trouvé l'écriture étonnamment moderne (caractéristique du roman ou tour de force du traducteur?). Ce roman m'a accompagné pendant deux mois, et c'est avec regret que j'ai tourné la dernière page. Les classiques, ça fait peur, mais c'est souvent payant !
Commenter  J’apprécie          861
CDXLVIIMXIX
Qui traite de mes impressions de lecture sur les aventures d'un Chevalier Errant

Les Moulins de Don Quichotte (à pas confondre avec ceux de Michel Legrand). Voilà l'image d'épinal pour l'imaginaire collectif, notamment des espagnols pour qui le Quichotte est un livre incontournable du parcours scolaire. La France a connu les farces de Rabelais, avec Cervantès, l'autre versant des Pyrénées n'a rien à nous envier.

Avec Don Quichotte et Sancho Panza, Cervantès invente, avec génie, le duo comique. Ce duo nous parait aujourd'hui familier et répandu, le cinéma s'en est largement emparé. L'humour débridé, les nombreux gags potaches, qui ont besoin de la personnalité de l'un comme de l'autre pour fonctionner semblent nous indiquer une permanence dans le comique. En effet, quatre siècles plus tard nous rions encore des quiproquos, de la bêtise et de la folie et les sketches « bigardiens » n'ont rien à envier à la scène déconcertante de la colique de Sancho Panza que l'on pourrait écrire à l'identique aujourd'hui !

Avoir un léger « background » en littérature chevaleresque n'est pas un prérequis mais peut être un atout utile, qui m'as sans doute manqué, car la dérision de Cervantès n'est pas hors sol (codes, errance, pénitence, langage etc) mais, en plus d'être très érudite, elle aime à détourner nombre d'oeuvres connues des afficionados de cette littérature, condamnée par l'Eglise, mais adorée par les puissants eux-mêmes comme Charles Quint ou François Ier.

Cervantès aime à nous faire croire que cette oeuvre monumentale a été rapportée par un historien maure et ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard, certaines exégèses de son oeuvre y voient une forte influence arabe.

Mise en abime. C'est aussi un roman à « épisodes » à l'image de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre, où nous laissons à plusieurs reprises l'intrigue principale de l'Hidalgo de la Mancha pour nous plonger dans des contes ou longs souvenirs narrés par les personnages eux-mêmes. Cela peut parfois être exaspérant pour le lecteur qui a l'impression de lire plusieurs livres en un mais cela participe de l'intérêt du livre.

« La bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée ». Don Quichotte me semble être l'incarnation de cette phrase d'Albert Camus. En effet alors même que Don Quichotte s'engage sur un code d'honneur moral sans faille, dans la réalité (qu'il perçoit si peu) il fait exactement l'inverse. Qu'il libère des prisonniers justement condamnés ou qu'il pense faire le bien en libérant un serviteur qui sera, dès son départ, roué doublement de coups, chaque fois qu'il entreprend de venir en aide à son prochain, l'enfer étant pavé de bonnes intentions, cela se termine mal, sans mentionner les nombreuses fois où, aveuglé par le folklore de son imaginaire chevaleresque, il s'attaque gratuitement à de simples voyageurs ou passants sans aucune raison. C'est le paradoxe de Don Quichotte qui nous pousse à réfléchir sur la notion d'intention et sur celle de conséquence.
A l'heure du bilan, suffit-il de vouloir faire le bien ou n'importent que les conséquences positives y compris d'une action que l'on voulait nuisible au départ ?

Ensuite, comme l'explique dans sa contre-histoire de la littérature Michel Onfray, pour Don Quichotte, le réel n'a pas eu lieu. Cela est immanquablement illustré par ses dialogues avec Sancho Panza qui s'évertue à le confronter au réel (alors même que le curé et le barbier savent que pour venir à bout de l'entêtement de l'Hidalgo, il faut entrer sur son terrain, dans son jeu).
A chaque fois qu'il est rattrapé par l'évidence, Don Quichotte met toute sa volonté, toute sa foi, et toute son intelligence à la fuir, à la contester, Onfray parle de « dénégation ». Il fait le lien avec notamment la politique, hypertrophie de la dénégation. On se crée un monde illusoire et cohérent et surtout lorsque la réalité nous rattrape, lorsque l'on est pris la main dans le pot de confiture, toute la rhétorique est mobilisée pour nous dire que ce n'était pas notre main, et que ce ne n'était pas non plus un pot de confiture.

L'imaginaire n'est excusable et admis que chez les enfants et les vieillards n'est-ce pas ? Qui imagine un homme, dans la force de l'âge, intégré dans la société, commencer à jouer la comédie, à inventer sa vie. Qui peut devenir chevalier sans passer son “diplôme”, sans être coopté par ses pairs, dans son milieu ? Il n'y a que deux formes d'inventions permises dans la société, la catharsis du théâtre ou du cinéma, confiné à un espace limité, et l'hypocrisie sociale, la « communication ». Autrement, la société a prévu des infrastructures psychiatriques où isoler les fous.

Mais Don Quichotte, avec ses chimères et son panache, n'a cure de ces conventions sociales, il s'autorise l'imaginaire, il va vivre plusieurs vies en une. Est-ce pour fuir l'ennui de n'être que soi ? Valéry écrivait « mon possible ne m'abandonne jamais », l'Hidalgo n'est il pas simplement à la recherche de son « possible » ? N'a-t-il pas décidé qu'il vivrait son « possible » dès à présent, sans se confronter aux obstacles qu'une carrière de chevalier lui infligerait dans la vraie vie ?

Lassé des pastiches et des usurpateurs avides de faire du commerce sur le dos de l'Hidalgo, Miguel de Cervantès reprendra la plume, près de quinze ans plus tard, pour faire revivre son Don Quichotte dans un second tome.

“Toi chevalier, avec ta droite épée
Dans les bois rigides, tu poursuivras
Ton pas, le temps que dureront les hommes,
Imperturbable, illusoire, éternel”
Jorge Luis Borgès.

LXVCIXIVI
Où d'autres lecteurs donnent leur avis sur les aventures de l'Hidalgo Don Quichotte de la Mancha : Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          8411
Je remercie Masse Critique- Babelio jeunesse de m'avoir offert la possibilité de revisiter l'immense Don Quichotte à travers cette édition pour tout-petits ( les parents sont les bienvenus...), en papier cartonné, superbement illustrée. Quelques pages au graphisme de qualité ( le dessinateur Frédéric Laurent a le trait sûr et les couleurs de ses pinceaux régaleront les pupilles des lecteurs ) permettront aux uns et aux autres de s'immerger dans la légende de ce gentilhomme tellement féru de livres de chevalerie qu'il décide de devenir l'un d'entre eux et de se faire le défenseur des faibles et des opprimés. Ses aventures leur permettront de découvrir ou de retrouver sa monture "Rossinante", son fidèle serviteur " Sancho Panza", sa bien-aimée " Dulcinée du Toboso ", ainsi que quelques uns de ses incontournables combats contre " les moulins-géants ", contre " une armée de moutons ", son duel contre " le chevalier de la Blanche Lune ". Bref un panorama qui met en relief ce que tout un chacun se doit de connaître sur ce mythe monument de la littérature.
Une très bonne surprise, et à l'approche des fêtes, pour un anniversaire ou tout simplement en cadeau pour le plaisir de faire plaisir, je n'hésiterais pas, si j'avais des enfants, des petits-enfants, des neveux, des nièces ou un gamin à qui offrir du rêve intelligent, à me tourner vers ce genre de présent... présent qui donnera sûrement aux lecteurs devenus grands l'envie d'acquérir l'oeuvre originale du grand Miguel de Cervantès...
Un petit livre que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          441
Il y a déjà longtemps que j'ai lu ce livre mais j'en garde un très bon souvenir, c'est un roman, un conte, une aventure initiatique. c'est facile à lire, on est entrainé par cette histoire aux multiples rebondissements et on suit avec grand plaisir les aventures de ce "chevalier à la triste figure"
Un grand classique à ne pas rater.
Commenter  J’apprécie          230
Le roman narre les aventures (ou plutôt les mésaventures) de Alonso Quichano, auto-nommé Don Quichotte de la Manche.

Don Quichotte est un noble espagnol aimant plus que de raison les romans de chevalerie et qui, du jour au lendemain, se prend pour un chevalier errant et sitôt son armure, aussi factice que sa nouvelle identité, assemblée, part sur les routes pour éradiquer le mal en ce monde.

Il rencontrera Sancho Panza, paysan de son état, qui bien que sachant son nouveau maitre fou à lier, le suivra dans sa quête et son délire dans le seul but de manger à sa faim.

Peu importe la réalité à Don Quichotte. Un homme le rosse et le lendemain, il narre son prodigieux combat face à la multitude.

De plus, son oeil interprétant le monde autour de lui, les auberges deviennent des châteaux, les paysannes deviennent des princesses, les moulins deviennent des géants aux nombreux bras.

Il se croit aussi persécuté par de puissants magiciens et amoureux d'une dulcinée irréelle.

Que dire de ce grand classique ?

Moderne, en tout cas pour son époque, tant dans le genre que dans la forme (Cela m'a d'ailleurs grandement facilité la lecture).

Drôle, de par les actions du héros et ses réflexions entrainés par sa vision empreinte de folie sur le monde extérieur.

Magnifique, car même si le fond est soigné, la forme n'est pas laissée pour compte, et ce malgré le passage de la traduction :

"Belle et noble dame, j'aimerais pouvoir payer de retour l'insigne faveur que vous me faites en dévoilant à mes yeux votre beauté sans égale. Mais la Fortune, qui jamais ne se lasse de persécuter les gens de bien, m'a jeté dans ce lit, moulu et brisé, de sorte qu'il me sera impossible, malgré tout le désir que j'en ai, de satisfaire le vôtre. A cette impossibilité s'en ajoute une autre plus grande encore: c'est la fidélité que j'ai promise et jurée à l'incomparable Dulcinée du Toboso, unique dame de mes plus secrètes pensées. Sans cet obstacle majeur, je ne serais pas assez sot pour laisser passer cette heureuse occasion, que dans votre immense bonté vous avez daigné m'offrir".

J'imagine qu'il doit être certainement plus plaisant de le lire en VO mais ma maitrise de la langue de Cervantes ne me permet pas d'en profiter.

Profond, car au travers du regard du héros, l'auteur se livre à un véritable étude sociologique.

En effet, la position décalé du personnage lui offre certainement une place privilégié pour analyser ses contemporains.

Il est curieux aussi de voir que si le personnage de Sancho évolue, du paysan assez basique au gentilhomme cultivé, Don Quichotte, lui, ne dévie pas d'un iota de sa trajectoire, restant fidèle à lui même jusqu'à son brutal retour à la réalité.

Au final, ce fut pour moi une excellente découverte et un tout aussi excellent moment de lecture.
Lien : http://lombredeskarnsha.blog..
Commenter  J’apprécie          180
Don Quichotte, je ne sais pas comment décrire exactement ce que j'ai ressenti.
J'ai ri. Oui, dès les premiers chapitres. J'ai levé les sourcils en me disant: non mais "What the fuck?". Je trouve sincèrement Don Quichotte attachant. Au delà de sa folie littéraire, de son absurdité, je trouve que son refuge dans le monde de la chevalerie est compréhensible (folle, moi, pas du tout!).

Les seuls reproches que je peux faire sont le style (enfin tout dépend de la traduction) qui peut rebuter, et certains chapitres répétitifs. Cependant, par l'humour (car je le redis, j'ai sincèrement rigolé à la lecture), je trouve que ce roman est marquant, dans le sens positif du terme.
Commenter  J’apprécie          160
J'ai essayé : on peut !
Commenter  J’apprécie          133
Partout en Espagne, n'importe quel discours officiel que vous écoutiez dans ce pays, vous ne pouvez éviter la grande référence culturelle des Espagnols, leur dédain antédiluvien. le rayonnement de Don Quichotte, de Miguel de Cervantes, dépasse certainement la péninsule ibérique et même le monde hispanique, pourtant bien vaste. Ce monument de la littérature est devenu un socle de la culture universelle. Il est l'un des livres les plus édités et les plus lus dans le monde.
Car l'histoire est des plus curieuse, voire ridicule. Un Hidalgo, seigneur sur ses terres, pétri de romans de chevalerie à l'eau de rose de l'époque, voulut imiter ses héros en allant défendre l'opprimé et les princesses dont l'honneur serait bafoué. Il entraîne avec lui son célèbre valet, Sancho Panza, aussi fantasque que lui, qui ne croit pas un seul mot de son maître, le pense totalement fou, mais va pourtant abandonner épouse, terre et maison pour rejoindre et servir le seigneur qui s'est mis en tête une mission totalement délirante où seuls les mauvais coups sont à prendre.

le pauvre Sancho, sur son âne, suit son maître en étant la risée des lecteurs durant des siècles. Moi je le pense beaucoup plus sympathique et intelligent que cela. Lorsque son épouse ne cessait de lui répéter qu'il avait perdu la tête à vouloir suivre une chimère pareille, sa réponse fut étonnante «Oui, mais au moins, lui, me promet d'être le roi d'une île qui sera la mienne en récompense de mes loyaux services».

Sancho avait compris que sa vie de misérable n'était pas bien plus raisonnable que le rêve d'une promesse, même s'il n'était dupe de rien, effrayé par la folie de son maître. Mais voilà, ce livre écrit au début du 17ème siècle, portant sur une histoire invraisemblable, totalement burlesque, eut une considérable renommée dans toute l'Europe. Il est aujourd'hui le chef-d'oeuvre que nous connaissons. C'est cela le miracle de Don Quichotte et par définition, un miracle est toujours inexpliqué.

Il faut rajouter que « La langue de Cervantes» est considérée comme la référence absolue de la langue espagnole, son étalon dans l'excellence académique. C'est d'ailleurs ce plaisir que nous ne pourrons jamais atteindre dans ses sommets car, la plupart d'entre nous ne lirons que des traductions. Cela suffira à notre immense plaisir vu la qualité exceptionnelle de cette oeuvre, vraiment pas comme les autres.

Bien entendu, chacun aura compris que cette histoire est une critique féroce des croyances aux mythes de la chevalerie des siècles passés. Cervantes ne se privera pas d'une critique tout aussi sévère de la caste nobiliaire au pouvoir qu'il traitera avec un ridicule qui s'est avéré des plus efficace.
Courez lire ce monument de la littérature mondiale, faites-vous une opinion personnelle, positive ou négative, un roman est toujours une découverte, une surprise mais certainement toujours un grand bonheur de culture pour votre esprit.
Commenter  J’apprécie          121
Ce roman est sans doute celui qui m'aura demandé le plus de patience ; auquel j'aurais consacré le plus grand nombre d'heures et enfin qui m'aura duré plus d'une demi-année de lecture. Et croyez-moi cela en valait la peine !

Don Quichotte est un roman qui ne se laisse pas approcher aussi facilement. Son auteur Cervantès a utilisé le style du roman de chevalerie pour se moquer de la mode et des auteurs de son temps.
Par ailleurs, ce roman est aussi l'occasion pour lui de rendre hommage à certains de ses amis en y glissant leurs poèmes ou des extraits de leurs oeuvres. J'ai pu remarquer grâce aux notes de traduction le goût de Cervantès pour la répétition qui donne une rondeur aux phrases.

Parmi les deux tomes, mon préféré restera le tome 2 où Don Quichotte a acquis une certaine notoriété en voyant ses aventures publiées (oui oui, vous ne rêvez pas à l'intérieur du livre dans sa ville fictive de la Manche ses aventures ont été publiées). Mais il se voit contraint de reprendre du service pour lutter par aventures interposées contre un "faux" Don Quichotte dont les aventures sont publiées (dans le livre et dans la réalité) comme étant la suite de ses aventures.

Cervantès ne pouvait laisser passer l'affront et revoilà notre héros plus fantasque que jamais !

Hormis quelques couacs dans le livre comme un âne volé, que le propriétaire continue de monter quelques pages après... Ce livre est un chef d'oeuvre de la littérature classique, il vaut le détour. Ne serais-ce que pour lire enfin le passage de son aventure contre les moulins à vent !
Commenter  J’apprécie          125




Lecteurs (4192) Voir plus



Quiz Voir plus

Don Quijote de La Mancha

C'est un roman du siècle d'Or.

XV ème Siècle
XVI ème siècle
XVII ème Siècle
XVIII ème Siècle

10 questions
114 lecteurs ont répondu
Thème : Don Quichotte de Miguel de CervantesCréer un quiz sur ce livre

{* *}