AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 1584 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Mon Irlande c'était « L'Homme tranquille », « le Taxi mauve », l'Ile d'Emeraude, les pulls blancs torsadés, le wiskey, « l'Eire » de nos mots croisés. Elle paressait sur papier glacé. Elle était d'herbe verte, de rousses Maureen, de pierres plates en murets, de toits de chaume et de portes géorgiennes. Elle était gaie, rieuse, enfumée, noire de bière typique et blanche de moutons errant sur les lacets de route. Mon Irlande s'appelait Dublin, Galway, Clifden, Lisdoonvarna, Aran. Une Irlande musicale, marine, agricole, accueillante, spirituelle, pauvre et fière, apaisée. »

C'était l'Irlande du narrateur, Antoine, un luthier français, avant qu'il ne rencontre Tyron Meehan, Jim et Cathy O'Leary.
C'était mon Irlande aussi, avant que je ne découvre celle de ce roman, d'une « terrible beauté », « de ces ombres maussades, ces vêtements boueux, ces cheveux confus, ces bouches orphelines, ces dos fatigués, ces yeux privés de ciel. » Oui, cela, c'est l'Irlande de Belfast des années 70, 80 et 90, privée de liberté, l'Irlande de l'IRA, de ces familles usées par des années de guerre, de ces combattants solidaires et fraternels.
Tous solidaires, ces combattants ? Eh bien, non, parmi ceux-ci, il y a un traitre, Tyrone Meehan, adulé de tous, et relié au narrateur par une profonde amitié... jusqu'au jour où éclate la révélation honteuse.

Cette histoire, je la connaissais déjà puisque j'avais lu « Retour à Killybegs », où le narrateur est Tyrone Meehan. Ici la focalisation change de personnage. Nous sommes emportés dans le sillage du petit Français amoureux de l'Irlande, et soucieux que son amitié ait survécu à la trahison.
Et comme dans « Retour à Killibegs », j'ai été emportée par les tourbillons de l'Histoire grâce au style tellement poétique de Sorj Chalandon. La fraternité, l'amitié, la cohésion ne sont pas de vains mots pour ces gens-là. Les réunions dans les pubs, les veillées dans les maisons froides autour de quelques bougies, les marches silencieuses dans les rues face aux blindés anglais, j'y étais...

Et pourtant je ne suis pas Irlandaise, et pourtant, ce n'est pas « ma guerre », comme l'a dit Tyrone à Antoine, pour le préserver de conséquences funestes de trop d'engagement.
C'est donc avec une pointe de soulagement que j'ai refermé ce roman tout vibrant d'amitié et de trahison, tout plein de poésie et de beauté terribles.
Commenter  J’apprécie          916
C'est l'histoire d'un luthier français qui veut rejoindre la lutte de l'IRA, un délire.
Ce texte est onctueux comme une bière irlandaise, les adjectifs sont sombres comme une Guinness, les verbes sont denses comme la mousse d'une « stout » et donnent de la profondeur aux phrases du brasseur de mots, Sorj Chalandon.

« Je sentais la guerre, je la sentais dans l'odeur de charbon et de tourbe, d'huile grasse et de pluie froide. Cette odeur de Belfast, cette saveur d'inquiétude. »

Tant imprégné qu'Antoine le luthier deviendra « Tony » aux yeux de ses irlandais amis.
Ses désillusions seront à la hauteur de ses engagements.

Son confident, son compagnon, son initiateur, son maître sera son traître.
Le traître de sa patrie, de ses voisins, de sa femme, de son fils, le traître de lui-même.

Plongeon vraiment réussi dans le Belfast pieux et pluvieux.
« La ville portait sa gueule de drame », ce roman aussi :
Grève de la faim dans la prison de Long Kesh.
Mort du héros du nationalisme irlandais Bobby Sands.
« Dirty protest » où les prisonniers évoluaient nus, les murs tapissés de leurs excréments.

Autant d'événements que je découvre par la mobilisation de cet introverti de Tony, par sa passion dévorante pour ce pays. « On ne joue pas à la guerre, on la fait. »
Par de jolis mots ciselés, on pénètre l'intimité des pubs enfumés, des maisons de pierres sèches habitées de gens fatigués de pauvreté mais aiguisés de liberté.

On s'attache à ces familles accueillantes où le thé scelle la loyauté et le violon fait pleurer des larmes de bière.

Merci M. Chalandon pour cette immersion dans cette insurrection, pour cette incursion dans
la dévotion de ce français trahi par un ami.
Il a été « Mise Eire », je suis l'Irlande en gaélique, à cause d'un minable, il repartira misérable.

Commenter  J’apprécie          6714
Pour marquer mon 500e billet sur Babelio, je me suis octroyé un petit plaisir Chalandonien -et bien m'en a pris !
Antoine, le narrateur, mène une vie tranquille à Paris, au coeur des années 70, où il exerce le métier de luthier. A l'occasion d'un week-end à Dublin, il fait une incursion en Irlande du Nord et se retrouve dans le ghetto catholique de Belfast, où il rencontre Jim et Cathy, avec lesquels il sympathise. Il va alors multiplier les séjours à Belfast, s'imprégner de culture et d'Histoire nord-irlandaises, et nouer des amitiés fortes avec les combattants nationalistes, et notamment Tyrone Meehan, le vétéran adulé. Et un traître.

Sorj Chalandon raconte ici Belfast, la pluie, les fumées, les briques, les murs couverts de portraits des martyrs, les processions, les enterrements, les hommes en "pauvres habits du dimanche", l'IRA. Et ce n'est jamais misérabiliste ; au contraire, c'est d'une "terrible beauté" comme le remarque Antoine. Mais Chalandon ne dispense pas un cours d'Histoire de l'Irlande du Nord, il n'explique pas pourquoi, en 1975 au Royaume Uni, il y avait des ghettos catholiques traversés de blindés anglais, ni pourquoi il y avait des barbelés et des tessons de bouteilles en haut des murs, ni pourquoi il faisait si froid et humide dans les maisons. Et c'est très bien comme ça, ceci n'est pas un livre d'Histoire, juste une histoire d'hommes.
J'ai aimé le parti-pris spontané d'Antoine pour la cause républicaine, simplement parce qu'il est bouleversé par l'injustice dans laquelle vit la minorité catholique et par sa pauvreté digne, faite de grosse laine mouillée, de thé brûlant et de bière amère. J'ai aimé son amour immédiat pour ses nouveaux compagnons, sa fierté de leur ressembler, son aspiration à les aider. J'ai aimé la façon dont il se sent à sa place parmi eux, dont sa vie prend sens : "J'étais différent. J'étais quelqu'un en plus. J'avais un autre monde, une autre vie, d'autres espoirs." Mais pas d'exaltation ici : plus que tout, j'ai aimé la sobriété du ton et sa sincérité si déchirante.
Comme toujours avec Chalandon, cette lecture m'a profondément touchée, tant l'auteur parle avec son coeur, avec ses tripes, de ces résistants nord-irlandais qui n'ont plus que leur dignité pour rester debout et poursuivre un combat perdu d'avance. Il m'a émue aussi par la délicatesse avec laquelle il raconte la candeur d'un jeune Français perdu dans une guerre qui ne le concerne pas.

"Toutes les histoires sont des histoires d'amour." écrivait Robert McLiam Wilson dans "Eureka Street" -qui se passait déjà à Belfast. Sorj Chalandon en apporte ici une nouvelle preuve, et je vous invite à le vérifier par vous-mêmes en ouvrant à votre tour cette "terrible beauté" qu'est ce roman.
Commenter  J’apprécie          5326
Avril 1977, dans les toilettes d'un pub de Belfast, Antoine un jeune luthier fait la connaissance de Tyrone Meehan un vétéran de tous les combats des Irlandais du Nord contre les Britanniques. Antoine va éprouver une grande admiration pour Tyrone, c'était son ami, c'était un traite aussi.

Ancien journaliste, Sorj Chalandon s'inspire de faits historiques pour nous délivrer un roman d'une puissance évocatrice incroyable. C'est l'histoire de tout un peuple qu'il nous raconte, leur lutte contre les Britanniques, leur bravoure, leurs codes. Les blindés dans les rues, les hélicoptères qui tournent, les arrestations, les tortures. Sorj Chalandon décrit, raconte, restitue, interroge, donne vie à cette lutte, à ces habitants d'Irlande du Nord.
Ce récit est l'histoire d'une amitié trahie et une réflexion sur la traitrise, Sorj Chalandon ne juge pas et c'est la force de ce roman.

Je connais et j'apprécie la plume de Sorj Chalandon, je n'avais jamais eu l'occasion de lire ce roman paru en 2008. Agnès chroniqueuse du site Leslivresdagnes me l'a fait découvrir comme une délicieuse mise en bouche avant de lire « Enfant de salaud » le nouveau roman de Sorj Chalandon.

Commenter  J’apprécie          500
Dès les premières lignes, nous sommes mis au jus…
« La première fois que j'ai vu mon traître, il m'a appris à pisser. C'était à Belfast, au Thomas Ashe, un club réservé aux anciens prisonniers républicains. »

En fait, nous sommes très loin encore d'être dans le grand bain mais j'ai beaucoup aimé cette entrée en matière.

Ce traître, son traître, comme le nomme le narrateur, c'est Tyrone Meehan, une figure emblématique de la lutte indépendantiste et surtout son ami.
Le récit se déroule approximativement entre 1974 et 2007. le narrateur Antoine, rebaptisé Tony par ses amis irlandais, est un luthier français qui se rend régulièrement en Irlande. Il va tomber éperdument, inconditionnellement, passionnément amoureux de l'Irlande du Nord.

La trahison est évidement au coeur de ce récit, une trahison à l'image d'un miroir brisé, aux multiples éclats mais qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit également d'un roman d'amitié et d'amour : l'amour d'un pays, l'Irlande du Nord. Il y est en effet omniprésent ; il s'enfonce à travers des routes ondoyantes et moutonneuses, des routes ensablées aussi.

« Je connaissais tout le monde à Belfast. C'est-à-dire personne. Un clin d'oeil ici, un salut là, une poignée de main parfois. Des regards croisés, des visages connus, mais quoi ? Jim et Tyrone étaient mes Irlandais. Je ne dormais pas à Belfast, je dormais chez Jim O'Leary. Je ne défilais pas dans la rue avec les républicains, je marchais avec Tyrone Meehan. C'étaient eux. C'était tout. Mon Irlande était construite sur deux amitiés. Mon Irlande était du sable. »

C'est donc son apprentissage de Irlande que Tony raconte, des souvenirs au présent, pas toujours linéaires, une Irlande édifiée sur des liens d'amitiés solides, croyait-il, une Irlande qui l'enveloppe comme une seconde peau, une Irlande où il se sent bien, chez lui. L'atmosphère électrique de l'époque est particulièrement bien rendue. Les pubs, les coutumes locales se mêlent à l'odeur amère des combats qui enveloppe la ville comme un brouillard persistant. le quotidien est difficile mais la solidarité, la dignité, et la fierté des habitants ne faiblissent pas.

J'ai été parfois été dérangée par la « foi » aveugle du narrateur envers l'IRA quelque que soient les exactions qu'elle puisse commettre. Elle apparait presque bon enfant. Un certain nombre de zones d'ombres demeurent également, et non des moindres. Mais l'écriture de Sorj Chalandon galope, s'ébroue, se cabre. On ne peut que s'agripper à la crinière des mots et ressentir les émotions qu'elle nous offre dans sa course. Certains passages sont particulièrement poignants.

Mon traître est donc un roman d'atmosphère et d'amitié, imprégné de l'amour d'un pays qui donne indubitablement envie de connaitre l'Irlande et son histoire… ou d'y retourner. Cette histoire est d'autant plus touchante qu'elle est visiblement plus ou moins inspirée de l'histoire personnelle de Sorj Chalandon lui-même, ce dernier ayant en effet été très proche de Denis Donaldson, alias Tyrone Meehan dans le livre.
Je ne peux que remercier Nadou38 et Siabelle de m'avoir entrainée dans cette aventure Irlandaise.
Commenter  J’apprécie          4810
Antoine, un jeune luthier parisien fête ses trente ans chez un ami à Dublin. Parce que quelqu'un lui a dit : Vous ne connaissez pas le Nord ? Alors vous ne connaissez pas l'Irlande, il prend le train pour Belfast où il ne reste que trois heures, le temps de rencontrer Jim O'Leary. Antoine s'enflamme pour l'Irlande du Nord alors en guerre contre la Grande-Bretagne. Passion pour le pays, certes, mais, surtout, passion pour ses amis irlandais, Jim et Cathy qui l'hébergent d'abord, puis Tyrone, membre influent de l'IRA.

Plus que l'histoire de l'Irlande — même si certaines scènes sont à couper le souffle, c'est une histoire d'amitié trahie. Dès les premières lignes, le lecteur le sait :

« La première fois que j'ai vu mon traître, il m'a appris à pisser. »

Une petite histoire dans la grande. Curieusement, j'ai été plus émue (glacée, plus exactement) par le récit sur Bobby Sands en lisant le jour où le monde a tourné de Judith Perrignon qui évoque la vie et la carrière de Margaret Thatcher. Sorj Chalandon ne s'est jamais vraiment départi de sa casquette de journaliste, il n'a pas encore atteint sa maturité d'écrivain sachant communiquer les émotions, comme il l'a fait ensuite dans l'enragé.

Lien : https://dequoilire.com/mon-t..
Commenter  J’apprécie          470
J'boirais bien une Guinness !

Ou deux. Parce qu'il faut bien ça pour me remettre de mes émotions.
Ce roman est à l'image de l'Irlande et des Irlandais. Âpre, rude - comme la Guinness en somme - mais débordant de générosité et de simplicité.

Mon traître nous laisse infiniment seul, triste et amer une fois la dernière page tournée. Mais c'est surtout un sentiment d'incompréhension qui nous submerge. Et comme le narrateur, Antoine, le luthier français, je n'ai qu'une envie : aller à Killybegs pour savoir.
Savoir si

Guinness, Dubliners et Retour à Killybegs !
Commenter  J’apprécie          454
Sorj Chalandon, journaliste à Libération pendant 34 ans raconte de manière romancée son amitié avec Denis Donaldson dans « Mon traître ». Tous les ingrédients de la tragédie sont réunis et c'est au cours de la rédaction de ce roman qu'il a appris l'assassinat de celui dont il fut si proche.

Antoine mène une vie terne de luthier dans son petit atelier parisien, sa femme est partie. En 1974, un client lui parle de James Connely, et la république irlandaise rentre alors dans sa vie. Il se prend alors de passion pour ce pays et soutient la cause de l'Ira. Sa vie prend rapidement une densité toute particulière grâce l'amitié très forte qui le lie à un couple, Jim et Cathy O'Leary dont le fils est mort à l'âge de douze ans, tué par les anglais, et à celui qui deviendra son ami, Tyrone Meehan. C'est un leader charismatique du Sinn Féin, il lui apprend l'Irlande. Il l'appelle « fils », Antoine a trouvé sa famille de coeur.
Ce sont ses voyages répétés en Irlande qui durant des années donnent un souffle à la vie d'Antoine. Il souffre avec le peuple et pour tenir le coup durant toutes ces années, il se crée mentalement l'image d'une vielle femme irlandaise aux cheveux blancs, pleine d'ardeur et de colère. Une sorte de madone politique.
La lutte donne ses lettres de noblesse aux personnages, les vies sont rudes, les maisons ont peu de confort, l'argent manque, il fait gris, froid, humide et malgré la peur au ventre, les prisonniers, les morts, on se réchauffe le coeur en buvant ensemble une bière ou un thé brûlant et en chantant des chants irlandais, des chants de lutte. Antoine les accompagne au violon… L'engagement de ces hommes et de ces femmes est total dans un grand esprit fraternel. Mais le sang continue de couler.
En 2006, Tyrone Meehan admet au cours d'une conférence de presse qu'il trahit son camp depuis vingt-cinq ans en donnant des renseignements aux anglais.
Vingt-cinq ans de trahison. Jour après jour.
Vivre une histoire aussi intense et en restituer tous les aspects, entre lumière et obscurité, n'était pas chose facile. Il fallait le talent de l'écrire,sans haine.
Il faut absolument lire « Mon traitre » pour la beauté de son écriture et la justesse avec laquelle elle révèle toutes les fragilités humaines.
Inoubliable.


Commenter  J’apprécie          420
L'Irlande du Nord...
J'y connais finalement pas grand chose à cette contrée éloignée du continent qui pourtant m'a accueillie l'espace de quelques jours pour un voyage touristique.
Belfast, la Chaussée des géants, les distilleries de whisky....
La situation politique et religieuse m'a pourtant échappé à l'époque tant elle me paraissait complexe.
Il a fallu ma rencontre avec ce livre, avec ce petit luthier français et ses amis irlandais pour que je me replonge corps et âme dans l'histoire de cette terre meurtrie.
Sorj Chalandon, dans ce livre est un conteur, un historien, un guide touristique, un ami, un de ceux qui nous font nous attacher à une terre, comme ça, instantanément. Son écriture est sublime !

Mon traître, c'est l'histoire douloureuse de ces hommes et de ces femmes qui se sont battus pour leur indépendance, leur liberté, pour plus de justice et moins d'inégalités. Ils l'ont fait au péril de leur vie.
Mon traître, c'est l'histoire d'une amitié profonde de deux hommes rencontrés un peu par hasard, au son d'un violon.
Mon traître, c'est une plongée dans l'Irlande du Nord de différentes époques pour laisser en nous une empreinte indélébile.

Mon traître, c'est l'envie de poursuivre le voyage en lisant Retour à Killybegs dans la lignée.... J'y suis, au moment où j'écris ces lignes. Et je vous l'assure : le voyage est bouleversant !
Commenter  J’apprécie          401
Mon traître ou comment le narrateur, Antoine, Français attachant et amoureux de l'Irlande, découvre après 20 ans d'amitié, que celui qu'il considérait comme un père de substitution, un mentor, a trahi la cause et l'a trahi par la même occasion.  

C'est toute l'ambiguïté de ce personnage, Tyrone, qui est résumée dans ce titre. Cet homme engagé dans l'IRA depuis sa prime jeunesse, personnage respecté et admiré, incarcéré par l'armée britannique pour ses convictions, qui a fini par dénoncer ceux qu'il aimait, la cause qu'il servait, reste la personne la plus marquante de la vie d'Antoine, son ami, son traître.  

Mon traître c'est cette histoire : celle d'un jeune luthier français introverti qui découvre lors d'un bref séjour à Belfast dans les années 70, ce que signifient l'amitié et l'engagement au contact de militants irlandais bourrus mais chaleureux. Des personnages hauts en couleur auprès desquels il se sent à sa place, au sein d'une famille de coeur.

20 ans de brefs séjours, à dormir dans des lits de fortune, à trinquer dans les pubs catholiques, l'oeil et l'oreille aux aguets, à bas les rosbiffs ! le petit frenchie qu'on accueille avec joie, lui et son insouciance, loin du quotidien d'un catholique en Irlande du Nord pris dans l'étau d'une guerre civile qui bouffe tout sur son passage. Un jeune homme qui vieillit et épouse la cause sans véritablement en connaître les tenants et aboutissants et si touchant de naïveté. Quant à Tyrone, le pilier, le rescapé, il le prendra sous son aile, en fera son fils adoptif car le sien croupit en prison.

Voilà ce que j'aime chez Sorj Chalandon : une simplicité étonnante au service de ce récit d'apprentissage qui est aussi et avant tout une belle histoire d'amitié. Comment ne pas se sentir proche d'Antoine, de Tyrone et des autres, trimbalés de pub en pub, une pinte dans chaque main, à entonner des chants partisans, évoquant, la larme à l'oeil, l'histoire des héros de l'indépendance, invoquant de toute sa gouaille, la fierté celtique, entre deux notes de violon et quelques empoignades ! Décidément, j'aime l'Irlande !
Lien : http://www.livreetcompagnie...
Commenter  J’apprécie          400





Lecteurs (2974) Voir plus



Quiz Voir plus

Sorj Chalandon

Combien de romans a écrit Sorj Chalandon jusqu'à présent (mars 2014) ?

2
4
6
8

11 questions
103 lecteurs ont répondu
Thème : Sorj ChalandonCréer un quiz sur ce livre

{* *}