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EAN : 9782246828211
338 pages
Grasset (16/03/2022)
3.77/5   26 notes
Résumé :
« Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d’un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l’époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.
C’est l’histoire d’un spasme idéologique, doublé d’une poussée technologique qui a bouleversé les vies... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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La thatchérisation de la société.

Capitalisme. Main du marché. Performance. Rendement. Management. Individualisme forcené. Et la violence. Partout.
C'était une série radiophonique, c'est devenu un livre indispensable sur l'ombre mortifère de Maggie Thatcher.

Règne sans partage de la finance. Déshumanisation en marche, sans allusion avec le mouvement politique des marathoniens de l'injustice sociale, quoique... car il y cette violence aussi, une violence innommable, qu'on a presque peine à croire en la lisant. Violence physique. Violence morale. Exercée par une force suréquipée d'armes et de mots, prête au combat et prête à en découdre contre ce qu'elle appelle "les idéologies", c'est-à-dire toutes celles et ceux qui ne partagent pas l'idéologie qu'elle défend.
C'est un réflexe animal, une bête de la jungle économique qu'elle prévaut. L'arrêt de mort de l'État-Providence. Sus à la solidarité et vive la liberté ! (pour quelques-uns seulement).

À travers les témoignages recueillis en 2020 de plusieurs personnes qui auront connus Margaret Thatcher de près ou de loin : un opposant politique, un ancien de son gouvernement, des mineurs ou des Irlandais qu'elle aura écrasé mais aussi les écrivains David Lodge et Jonathan Coe, Judith Perrignon tisse le canevas bigarré d'une époque qu'on a aujourd'hui tendance à oublier : les années 80 et le passage du capitalisme industriel au capitalisme financier. Un texte émouvant et capital.

Il n'y a pas de société disait-elle, seulement un ensemble d'individus qui n'a qu'à traverser la rue pour trouver du boulot (sans confusion).
Il y a pourtant bel et bien une société, celle qui s'est défendue quitte à perdre la vie comme Bobby Sands après sa grève de la faim, quitte à perdre un oeil aussi devant l'Arc de Triomphe (toujours sans confusion).
Et il y a une société qui y trouve son intérêt et qui lui a permis de rester au pouvoir 11 ans...
À ce stade-là on ne marche plus, on court. Des marathoniens vous dis-je...
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Le jour où tout le monde a tourné raconte les années Thatcher, au travers de nombreux témoignages. Des passages passionnants, mais le manque de fluidité rend le livre difficile à lire.
Fille d'épicier, Margaret Thatcher a été Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990. Si quelques allusions au fait d'être une femme, qui, de plus, n'est pas née dans l'establishment, sont bien présentes, je suis restée sur ma faim sur l'histoire de son parcours. le jour où le monde a tourné se concentre surtout sur ses années au pouvoir et sur les témoignages de ceux qui ont travaillé avec elle, qui l'ont affrontée ou qui ont subi sa politique.
Elle a fait ce qu'elle croyait devoir faire, ce qui est tout à son honneur.
En revanche, sa façon de faire explique qu'elle ait été autant détestée. Il fallait aussi que ses adversaires perdent et ce que racontent ses opposants politiques ou les mineurs fait froid dans le dos.
À l'origine, il s'agissait d'une émission de radio et certains passages sont passionnants. En revanche, il faut prêter attention aux guillemets pour vérifier que le témoin a fini de parler et que le narrateur reprend la parole. Et ce n'est pas tout. Les témoins sont parfois présentés, au début, ou pas présentés du tout. Lire quelques lignes est nécessaire pour connaître la position du témoin. J'aurais aimé que ce soit plus clair, Margaret Thatcher n'était-elle pas une des personnalités les plus controversées du siècle dernier ?
Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture.

Lien : https://dequoilire.com/le-jo..
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Le livre s'ouvre sur l'annonce du décès de Margaret Thatcher, la Dame de Fer et c'est l'occasion de revenir pour les plus jeunes qui ne l'ont pas connue sur son enfance dans l'épicerie paternelle à Grantham, la précarité, les études, l'obligation de réussite, et son parcours comme premier Ministre…

Après une enfance austère auprès d'un père prédicateur, qu'elle accompagnait le dimanche et qui a inculqué la rigueur, elle candidate pour la première fois aux législatives en 1950 : elle a 24 ans ! elle devient cheffe de l'opposition en 1976 et fait remporter les élections à son parti en 1979… parcours exceptionnel pour l'époque…

Parvenue au 10, Downing Street, elle retrousse ses manches, s'en prend aux syndicats qui ont trop de pouvoir et paralyse régulièrement le pays, la honte devant les autres pays !

Elle va faire une gestion comptable, donnant la part belle au libéralisme, favorisant les plus riches, et faisant basculer une grande partie du peuple dans la précarité, au nom de son aversion pour le communisme (tout ce qui est social signifie assistanat et communisme pour elle). Sa relation avec Ronald Reagan est intéressante sur ce plan et sur d'autres d'ailleurs.

L'auteure aborde ses méthodes pour faire plier tous ceux qui ne pensent pas comme elle : les grévistes de la faim en Irlande, qu'elle laisse mourir sans état d'âme, les mineurs en grève qui vont tout perdre, l'Europe dont elle redoute l'évolution vers le fédéralisme, le grand marché économique lui suffisant largement : comment oublier ses éclats : I want my money back son célèbre « mantra » qu'elle ne cessera de répéter à Bruxelles.

Qu'aurait-elle pensé du Brexit ? Pas sûr qu'elle ait approuvé !

Elle a eu des fulgurances avec Gorbatchev, l'intégration des pays de l'Europe de l'Est, des combats gagnés, par chance parfois telle la « guerre des Malouines » …

J'ai vécu à l'époque de la Dame d e Fer, quand je suis entrée dans la vie active, elle était 1er ministre et j'ai suivi de très près son parcours, son intransigeance, ce que certains appelaient rigueur mais qui relève plus de la rigidité pour moi, et ce qui m'a le plus révolté c'est son attitude avec Bobby Sands, en Irlande du Nord : en prison, où il était torturé, et faisait une grève de la faim, elle l'a laissé mourir avec ses amis (10 sont morts ainsi) avec une police qui faisait régner la terreur, faisant des pressions sur les familles, ce n'était plus des policiers, ils se comportaient comme des militaires au combat !

Bobby Sands a tenu son journal et Judith Perrignon nous en propose des extraits très évocateurs.

Je suis un prisonnier politique. Je suis un prisonnier politique car je suis la victime d'une longue guerre qui oppose le peuple opprimé d'Irlande à un régime étranger qui nous occupe, nous persécute et refuse de se retirer de nos terres »

Je ne l'appréciais pas, mais il faut reconnaître que c'était une femme hors du commun, et la manière dont les membres de son parti l'ont obligée à partir est loin d'être fair-play : elle réussit à avaler ses larmes pour présenter son bilan à la Chambre avec toutes l'énergie dont elle était capable, comme toute Britannique qui se respecte : Never explain, never complain !

Le livre de Judith Perrignon est très étoffé, truffé de témoignages de personnes qui ont travaillé pour elle, Charles Powell, l'écrivain David Lodge, son biographe officiel, entre autres. C'est très intéressant mais c'est une lecture exigeante, alors j'ai pris mon temps, lisant et approfondissant un « chapitre » à la fois, car je connaissais bien la chronologie, donc je pouvais laisser reposer, décanter, pendant un certain temps.

Un voyage intéressant et agréable qui m'a beaucoup plu.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure

#lejouroùlemondeatourné #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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«À part, bien sûr, Madame Thatcher»

Après Detroit, voici Judith Perrignon au Royaume-Uni pour nous raconter les années Thatcher. Parcourant les lieux emblématiques et donnant la parole aux acteurs et observateurs, elle éclaire aussi le monde post-Brexit.

«La guerre n'est pas une chose réjouissante. Il n'y a rien de propre dans la guerre. Et personne — quelle que soit la beauté de ses principes — ne sort d'une guerre, propre. Qu'on soit du côté de l'oppresseur ou du côté des oppressés. Ça change définitivement quelque chose en vous.» L'actualité la plus brûlante vient donner à ces quelques lignes du nouveau livre de Judith Perrignon une force particulière. Si on n'y parle pas de l'Ukraine mais du conflit Nord-irlandais, on peut sans conteste y voir invariant de tous les conflits qui ont ensanglanté la planète. Et, en se souvenant du Bloody Sunday et de la fin de Bobby Sands et de ses amis grévistes de la faim, on peut donner raison à Renaud qui, à sa façon, a dressé son bilan des années Thatcher avec Miss Maggie (voir ci-dessous):
Dans cette putain d'humanité
Les assassins sont tous des frères
Pas une femme pour rivaliser
À part peut-être, Madame Thatcher
Outre ce conflit, Judith Perrignon nous rappelle que ces années ont également été marquées par un autre épisode militaire qui aurait pu tourner au drame, la Guerre des Malouines qui a opposé les Britanniques à l'Argentine et durant lequel la Dame de Fer aura réussi un coup de poker risqué, comme le rappelle Neil Kinnock, alors son principal opposant dans le camp des Travaillistes.
C'est du reste l'intérêt principal de ce livre qui privilégie la nuance à la condamnation et s'appuie à la fois sur le reportage et sur les témoignages d'une douzaine de témoins et d'acteurs. Outre Neil Kinnock, Charles Moore, ancien rédacteur en chef du Daily et du Sunday Telegraph, le Conservateur Kenneth Clarke, le conseiller politique de Margaret Thatcher Charles Powell, l'écrivain David Lodge, les militants nord-irlandais Danny Morrison, Eibhlin Glenholmes, Sean Murray, Robert McLahan, le parlementaire irlandais Jim Gibney, le syndicaliste Chris Kitchen ou encore l'ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine prennent successivement la parole et donnent du relief à une histoire que beaucoup, il faut bien le reconnaître, aimeraient oublier. Comme un symbole, dans le musée de Grantham, la ville natale de Maggie, l'urne réservée aux visiteurs et qui pose cette question est vide: «En 1979, les électeurs britanniques devaient décider quel futur ils voulaient pour ce pays. Les années Thatcher qui ont suivi ont apporté d'importants changements que nous ressentons encore aujourd'hui. Est-ce que la Grande-Bretagne aurait été plus agréable à vivre, ou pire encore pour votre famille si les travaillistes ou les libéraux avaient gagné en 1979? Si vous en aviez l'occasion, changeriez-vous le cours de l'Histoire? »
Il n'en reste pas moins passionnant, à l'heure du Brexit, de se replonger dans ces années «où le monde a tourné», où le libéralisme est devenu la doctrine qui a dominé les économies occidentales et laissé une marque durable sur le monde entier – rappelons que Margaret Thatcher était au pouvoir en même temps que Ronald Reagan. Tout au long du livre, on peut ainsi revivre les épisodes marquants de cette révolution conservatrice, de l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher à son éviction. La grève des mineurs qui aura duré un an, le démembrement du réseau ferré ou du système de santé, les nationalisations dans le secteur de l'énergie ou encore la réforme immobilière qui a provoqué une pénurie de logement sociaux et une forte hausse des prix. Des éléments de réflexion qui nous ramènent une fois encore à l'actualité, en éclairant les choix que nous pourrons faire lors des prochaines échéances électorales.
Après Là où nous dansions, voici une nouvelle confirmation du talent de Judith Perrignon à se plonger dans une époque, une histoire, un sujet pour en sortir la «substantifique moelle».


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Certes vaguement désordonnée, cette enquête a pourtant le mérite d'offrir une véritable plongée dans le Royaume-Uni d'hier, celui de Thatcher, grâce à des interviews orchestrées de telle sorte que les témoignages des hommes politiques au centre de ce livre semblent ici se répondre. Outre les aspects économiques, politiques et idéologiques, Judith Perrignon et ses deux compères de France Culture s'attardent aussi sur les transformations sociétales à l'oeuvre sous l'impulsion de la Dame de Fer, donnant enfin du coeur à ce document par ailleurs sans doute trop technocrate (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/03/18/le-jour-ou-le-monde-a-tourne-judith-perrignon/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Dans cette région... les disparités entre riches et pauvres se sont accrues. Je ne suis pas sûr que ce soit uniquement la faute de Thatcher et de la grève, mais avant, on avait des communautés où la plupart des gens étaient sur un pied d'égalité. On gagnait tous plus ou moins la même chose en faisant le même genre de boulot. Et si la voiture du voisin était plus belle, c est parce qu'il avait choisi d'y consacrer une plus grande partie de son salaire. Alors que toi, t'avais préféré t'offrir des vacances au ski ou t'acheter de nouveaux vêtements. Mais tout le monde savait que c'était une question de choix. Et puis soudain, de grosses disparités sont apparues. Certaines personnes avaient tout à la tois, elles avaient souvent des trucs mieux et elles en avaient plus. Et du coup, d'autres personnes avaient des trucs moins bien et en avaient moins. La société n'a pas tardé à réaliser que ce nétait pas juste, ce n'était pas équitable. On avait beau travailler plus et plus dur, on n'était pas récompensés. Il y avait des gens qui bossaient comme des fous et qui n'arrivaient nulle part. Alors que d'autres s'asseyaient en attendant que ça leur tombe tout cuit dans la bouche. Quand j'ai arreté l'école pour commencer à la mine, je savais que je pourrais travailler dans cette industrie jusqu' à 60 ans et qu'au moment de prendre ma retraite, je n'aurais eu qu'un seul employeur. Ça n existe plus, aujourd'hui. Les gens commencent un boulot et au bout de douze ou dix-huit mois, c'est fini. Il faut qu'ils trouvent autre chose. On ne peut plus taire carrière tout sa vie à Barnsley ou ailleurs. Les choses sont beaucoup plus difficiles. Quand on est obligé de changer régulièrement d'emploi, les postes sont moins bien payés. Ils sont plus précaires. Je dois reconnaître qu'à l'époque où j'ai fait un emprunt, en 1986, douze mois après la fin de la grève, j'étais à peu près sûr que je pouvais me le permettre. Je savais que mes revenus augmenteraient progressivement, avec le coût de la vie. De nos jours, même s'ils ont la "chance" – entre guillemets – d'accéder à la propriété, les jeunes sont soumis à une pression terrible pour réussir à payer leur emprunt. Devenir propriétaire, c'est le premier obstacle. Mais une fois qu'on a acheté, on doit encore payer pendant vingt ou trente ans avant que la maison soit vraiment à vous. Et ça ne peut pas le faire si on vous propose un contrat zéro heure au smic et que vous ne savez pas ce que vous allez gagner d'une semaine sur l'autre.

Pages 198-199, Grasset.
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Lorsqu'elle quitte le pouvoir, le monde a changé. Le mur de Berlin est tombé. LEmpire soviétique s'est effon- dré. Le bloc capitaliste triomphe de la guerre froide. C'est un véritable rouleau compresseur. Il exulte. S'étend. Démultiplie ses gains. S'est affranchi du dernier frein: l'Etat et sa régulation.
Et puis Microsoft a commercialisé sa première souris.
Le charbon est fini.
Des métiers disparaissent. Des vieux quartiers aussi.
C'est l'apparition du management.
D'un nouveau langage. Les mots fondent au profit d'obscurs sigles.
Les chiffres triomphent. Courbes d'audience à la télé. Élevage intensif dans les campagnes. Rendement imposé à l'hopital.
La Bourse n'est plus la criée des hommes. Mais le pro- duit de froides transactions électroniques.
Les punks se sont tus. Les Stranglers font des tubes dans des studios en pleine révolution digitale. L'Histoire a connu une accélération technologique. Thatcher n'a rien inventé. Elle a été le bras armé d'un changement d'époque. Le thatchérisme n'existe pas, assure son ancien ministre Kenneth Clarke.

Pages 16-17, Grasset.
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C'est de nuit qu'il est passé du coma à la mort. II avait fait promettre à ses parents de ne rien entreprendre pour le sauver dès qu'il perdrait conscience. Eux ne le reconnaissaient plus. Leur fils de 27 ans avait la peau d'un centenaire, il pesait 35 kilos, les os et les dents lui sortaient du visage. A l'annonce de son décès, les catho- liques de Belfast rejoignent Falls Road. Les femmes de Belfast passent un manteau sur leur chemise de nuit, elles chantent, pleurent, et prient tandis que d'autres fabriquent des cocktails Molotov. Les voitures blindées de la police ont bouclé le quartier.
Les archives gouvernementales britanniques ont révélé la teneur d'un coup de téléphone entre Margaret Thatcher et son secrétaire d' Etat en charge de l'Irlande du Nord, Humphrey Atkins, juste après la mort de Bobby Sands.
— II y en a deux ou trois autres qui vont suivre après lui, n'est-ce pas Humphrey? demande la Première Ministre.
— Oui, un nouveau va bientôt y passer.
— Je pense qu'ils vont finir par s'inquiéter, si un pre- mier meurt, un deuxième meurt, puis un troisième meurt et que rien ne se passe.
— Oui, ce n'est pas très réjouissant pour eux.
Dix se sont laissés mourir.


Page 145, Grasset.
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Dimanche 9 février 2020. Belfast. Nous remontons Falls Road. Artère catholique. Ou plutôt nous remontons le temps.
«Il faut imaginer les policiers, dans leurs voitures blindées, ouvrant le feu à la mitrailleuse lourde Derrière, d'autres policiers armés de fusils et de pistolets qui ouvrent aussi le feu. Et pour finir, les loyalistes qui balancent des cocktails Molotov sur les maisons catholiques. Certaines étaient marquées d'une croix à la craie: "Catholique, catholique, catholique" Ils savaient exactement quelles maisons incendier. C'est pour ça qu'on utilise le mot "pogrom". Parce que c'était un pogrom soigneusement préparé et supervisé par la police, le gouvernement et l'Etat contre la communauté catholique. Ça, il y a cinquante ans, c'était une école catholique. Approchez-vous un peu... On voit encore les impacts de balles des mitrailleuses de la police sur les murs de l'école. La police a tiré sur une école ! Vous pouvez imaginer comme mon père, le reste de la communauté, des hommes, des femmes et des enfants étaient terrifiés. Ils ont commencé à monter des barricades, comme à Paris, pour barrer la route à la police et aux loyalistes. »

Page 106, Grasset.
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C'est comme ça qu'ils ont procédé et ça a continué pendant tout le mandat de Thatcher. Ils ont agi graduellement. Le dernier grand coup de canif dans le droit du travail, c'est que maintenant, il faut avoir deux ans d'ancienneté pour bénéficier de la protection de l'emploi. Si vous n'avez que dix-huit mois d'ancienneté, votre employeur peut vous renvoyer sans la moindre raison. Et vous ne pouvez pas l'attaquer aux prud'hommes parce que la loi ne vous protège que si vous avez au moins deux ans d'ancienneté. Les effets de la politique de Thatcher et sa vision du Royaume-Uni commencent à se faire sentir très concrètement. Mais les gens n'ont pas l'air de s'en soucier. Ils sont trop occupés à prendre soin d'eux-mêmes, ils n'ont pas le temps de penser à autre chose qu'à leur propre famille. Il est clair que la société n'est plus aussi attentionnée et humaine qu'elle l'était autrefois. Les gens peuvent gagner beaucoup de fric s'ils sont au bon endroit au bon moment. C'est exactement ce qu'elle voulait.

Pages 171-172, Grasset.
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Vidéo de Judith Perrignon
Judith Perrignon vous présente son ouvrage "Notre guerre civile" aux éditions Grasset.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2821193/judith-perrignon-notre-guerre-civile
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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