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EAN : 9782805901973
339 pages
Aden Editions (16/09/2009)
3.95/5   10 notes
Résumé :
En ce XVIe siècle triomphant, les idées de la Renaissance pénètrent les cœurs et les esprits de la haute société. Rabelais, avec la publication de son Pantagruel puis de Gargantua, s’est fait une place de choix parmi les humanistes. Or, cet homme mûr, médecin et philosophe, écrivain à nulle autre pareille, compte de nombreux ennemis… Justus, orphelin de 13 ans qu’il a recueilli et qu’il considère comme son fils adoptif, développe à la Devinière ses talents de cuisin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je suis tombée par hasard sur ce livre, j'étais curieuse de découvrir l'homme qui avait écrit Pantagruel et Gargantua.

Même si le titre du roman est « Fils de Rabelais », j'avais imaginé que l'auteure présenterais François Rabelais sous le regard de son fils. le fait est que Justus est un personnage inventé et que le roman est plutôt axé sur un moment de sa vie à lui.

1542, la Devinière.

Rabelais reçoit la visite de son protecteur Geoffroy d'Estissac. Ils discutent longuement du passé (ce qui permet de planter le contexte historique). C'est la période de François Ier, des Humanistes, de l'influence de la Sorbonne, des nouvelles traductions de la Bible, ….

Une époque de bouleversements qui peut mener les esprits libres au bûcher. Il est temps pour Rabelais de se retirer pour protéger sa vie.

On suit ensuite les aventures de Justus, 13 ans. Il est en quelque sorte le fils adoptif de Rabelais et a profité de ses enseignements. Il se débrouille et se dépatouille avec talent en botanique, pharmacie et cuisine.

Il vit avec la tante Eulalie et ils seront bientôt rejoints par Blanche. La jeune fille a fuit Brénezé après s'être violemment attaquée au sieur de Puits-Herbault. Non seulement celui-ci lui avait appris qu'elle allait devoir se marier mais il voulait exercer son droit de cuissage. La bougresse ne s'est pas laissé faire. Il ne va bien sûr pas en rester là.

Gravement blessé suite à une chute, les talents de chirurgiens de Rabelais seront nécessaires pour sauver Justus. Il a toujours le droit d'exercer la médecine mais le pape lui a interdit de pratiquer de la chirurgie. C'est l'occasion d'un petit cours sur l'histoire de la médecine avec une belle invention : le glossocomion (glottocomion dans le roman) pour le traitement des fractures du fémur.

https://bit.ly/3ojyh1Z (illustration de droite)

L'auteure a une très belle écriture mais je reste quand même sur une impression mitigée. Je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages et ne me suis pas passionnée plus que cela à l'histoire. Rabelais fait une apparition au début et à la fin, cela fait un peu guest-star.




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Tandis que Rabelais est en train de mûrir son Tiers Livre, Justus, son fils spirituel se retranche à la Marelle, le domaine de tante Eulalie, une femme sage et avisée qui cultive les simples et sait se faire respecter de tous. Il va transformer une bâtisse moyenâgeuse en vraie habitation Renaissance en taillant de grandes baies lumineuses. C'est là qu'il va rencontrer la mystérieuse demoiselle Blanche Briler qui a fui le redoutable Puits Herbault, le seigneur imbu de sa puissance et opposé aux idées nouvelles.
Valérie de Changy arrive à mêler habilement les recherches historiques qui font revivre pour les lecteurs la belle période de l'Humanisme et l'action, les rebondissements, voire les histoires d'amour. On découvre, à travers ce roman, la vie et l'oeuvre du grand érudit que fut Rabelais, ainsi que les coutumes de son époque, parfois surprenantes.
Les guerres de religions apparaissent en toile de fond, l'écrivain y faisant allusion de manière détournée, soulignant ici les dangers de l'intolérance, là les bûchers réservés aux livres et à quelques uns de leurs auteurs, ou mentionnant la célèbre affaire des Placards.
Elle montre bien à quel point est grand le pouvoir de la connaissance et la peur de l'Église face à celle-ci, car il est bien plus facile de manipuler les ignorants (Puits Herbault manipule aisément Louis, mais n'arrive pas à tromper Justus). Elle fait allusion à la Vulgate de Saint Jérôme, seule traduction acceptée par le pouvoir religieux, mais Monseigneur d'Estissac met Rabelais en garde contre les traductions plus récentes auxquelles il a recours et qui permettent de développer un esprit critique évidemment mal vu par le pouvoir religieux.
Le rôle de la femme est bien mis en lumière. Dans une société basée sur la transmission des biens et du nom, il est important d'avoir la mainmise sur les femmes, puisqu'elles seules savent qui est le père de leurs enfants. Leur laisser une liberté équivaut pour le « maître » à risquer de transmettre son patrimoine à un « bâtard »: « l'homme est sûr de tout ce qu'il possède: tous ses biens, il peut les compter. Mais il y a une chose qui lui échappera toujours, c'est sa femme. Jamais il ne sera tout à fait sûr qu'elle ne soit qu'à lui. » (page 171)
Aussi, tout comme à côté du grand François Ier il y a sa soeur, Marguerite de Navarre, protectrice du savoir et des érudits, à côté de Rabelais, il y a Eulalie, dont le nom signifie « qui parle bien », donc juste, elle est sage, et à côté de Justus, il y a Blanche (la pure) qui préfère le commerce des arts (sa mandoline, la calligraphie) et des Lettres (elle lit beaucoup et réfléchit à ce qu'elle a lu) à celui des hommes. Elle ne se laisse pas dominer par eux: elle a su résister à Puits Herbault et elle est la seule à pouvoir dompter le farouche étalon Andante. Elle est capable de raisonner de façon pragmatique: c'est elle qui a conçu la besace dont Justus avait besoin, mais sans arriver à la réaliser lui-même.
La force du paraître est aussi évoquée, comme pour Puits Herbault qui, sous des dehors avenants et bien nets cache la noirceur de son âme, ou comme pour Mathurin qui, parce qu'il répète comme un perroquet, des passages bien obscurs de livres qu'il n'a pas bien compris, passe pour un savant aux yeux des simples consommateurs de l'auberge. Mais Mathurin n'est pas un esprit obtus. Il est capable de se remettre en question. Il a observé Rabelais et a changé sa façon de voir. Il a compris que ce n'est pas parce que des « autorités » lui ont appris les choses d'une certaine manière, qu'elles sont forcément justes et qu'on ne doit rien y changer. Il a su remettre en question le fameux « argument d'autorité » qui a fait (et fait toujours) tant de ravages!
La médecine de l'époque est également bien abordée dans le roman, avec l'opposition entre le médecin qui enseigne, mais ne pratique pas, et le chirurgien qui est le seul habilité à toucher le malade sans avoir les connaissances nécessaires. L'expérience est la seule à pouvoir faire progresser les choses. Rabelais se risque à utiliser le « glottocomon » (comme plus tard Pasteur se risquera à vacciner l'enfant mordu par un animal enragé), mais il ne peut pas être sûr du résultat.
La filiation, elle aussi, est importante. On n'est pas seulement le fils ou la fille de quelqu'un parce que celui-ci est un géniteur. L'amour et la transmission du savoir et des valeurs sont bien plus importants: « en instruisant ce garçon, chaque jour, j'apprends de nouvelles choses. Bien sûr, ce qu'il deviendra, je ne le sais pas. Cela m'échappe. Ne pas rêver pour lui d'un devenir selon mes propres valeurs! C'est peut-être ainsi que l'on aime vraiment! » (page 46) Et c'est le plus difficile: enseigner, mais sans obliger le disciple à devenir ce qu'on aurait voulu être ou ce qu'on voudrait qu'il soit. Arriver à le laisser libre de faire ses propres choix et lui transmettre le bagage qui lui permettra de les faire. « Il songea à ce qu'avait été pour lui l'éducation de Justus: l'émerveillement de voir une silhouette pétrie de ses mains, une parole chargée de ses mots, une connaissance nourrie de ses livres, prendre vie. » (page 287)
Enfin, il, est agréable de reconnaître, au fil de la lecture, des personnages qui ont vraiment existé: le cardinal Jean du Bellay, Geoffroy d'Estissac, l'imprimeur Aldo Manuce, Erasme, Luther, Calvin, ou tirés de l'oeuvre de Rabelais: Pichrocole, Frère Jean des Entommeures, Panurge, avec leurs modèles dans la réalité.
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J'ai adoré ce roman d'abord parce qu'il est agréable à lire. Je l'ai d'ailleurs littéralement dévoré, ce qui n'est pas anodin lorsqu'il s'agit de Rabelais ! Hormis le style, j'ai aussi beaucoup apprécié l'attachement de Valérie de Changy au respect des valeurs historiques. Il me semble qu'aucun anachronisme ne se soit glissé dans ce roman. Ceci étant, je ne suis pas une spécialiste de la Renaissance, mais l'auteure semble en être une. Par exemple, le livre rappelle le rôle différent qu'avait le médecin et le chirurgien auprès du malade à cette époque. Si le médecin détenait la connaissance médicale, ce n'était pas lui qui opérait, mais le chirurgien. D'autre part, l'évocation de certains personnages historiques, tels que Du Bellay, Érasme ou encore Marguerite de Navarre, contribue au plaisir de la lecture.
Toutefois, cet attachement aux valeurs historiques n'empêche en rien l'épanouissement parallèle de personnages fictionnels tels que Justus ou Blanche qui permettent d'ajouter du piment à la narration. J'ai aussi beaucoup apprécié, tout au long du roman, la présence, en toile de fond, du mouvement humaniste. Si celui-ci est présenté comme inéluctablement rattaché à l'époque de la Renaissance, il transpire néanmoins comme une valeur universelle qui peut très bien continuer à raisonner, d'une autre manière, dans notre monde contemporain.
Enfin, facile à lire, ce roman se dévore (j'y reviens !) comme une BD (Bande dessinée) car il développe un imaginaire visuel très riche. J'ai eu cette même « impression BD » en lisant bien sûr le Gargantua de Rabelais, mais aussi la saga Malaussène (surtout Au bonheur des ogres ou encore La Fée Carabine) écrite par Daniel Pennac.
Bref, un vrai bonheur ! Ce livre m'a donné aussi envie de lire le Tiers livre car il en est souvent question dans le roman. J'ai surtout hâte de lire la suite de cette aventure romanesque. Apparemment elle est en préparation. Elle s'intitulerait La voie Rabelais. J'espère qu'elle va bientôt être éditée…
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Cette guerre-là, Justus avait cru qu'elle se limitait à des attaques par lettres, à des insultes par pamphlets, à des vengeances par livres et, au pire, à ce qui en était la peine capitale : la censure.

Mais il comprenait peu à peu qu'en engageant des idées, on s'engageait tout entier, que le conflit des esprit empoignait aussi des épées et que bientôt, on répondrait par le sang aux attaques menées à l'encre.
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- Chaque matin, c'est une nouvelle vie qui commence, lui disait souvent Rabelais. Vis ta journée à l'aune d'une vie : le matin t'apporte les projets et l'innocence, le midi te livre la maturité de tes actions, lesquelles tu parachèves l'après-midi. Puis vient le soir et l'heure des bilans et des méditations. En faisant de chaque jour une nouvelle vie, tu agrandiras ton existence de mille possibles.
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Rabelais détenait un pouvoir, un réel pouvoir : les mots. Il en avait une armée à ses ordres ; il pouvait jouer avec leur origine, leurs sens, leurs références. Ils lui avaient voué fidélité. Et, avec lui, le dernier mot, ils ne l'auraient jamais, ces bougres de prétendus doctes!
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Justus avait rêvé de mille choses qui ne voulaient pas se laisser saisir et qui gigotaient trop pour qu'il parvienne à mettre des mots dessus.
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