Un recueil de poésie tout frais et joli comme tout. Lumineux en tout point, c'est un long voyage, pour les grands et les petits.
On y retrouve de grands poètes, et des poèmes très connus, qui ont accompagnés notre enfance ou notre vie quotidienne.
C'est mignon, c'est agréable ; ce n'est toutefois pas transcendant.
Une lecture qui arrête le temps et que je conseille vivement.
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J'étais petite la première fois que j'ai ouvert ce recueil, et j'ai souvent relu les poèmes qui le composent. Une jolie anthologie pour les grands comme les petits.
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CHALEUR
L'ombre du tilleul tourne dans la cour.
La fontaine fait un bruit de tambour.
Un oiseau s'envole du poirier ; le mur
brûle ; sur le toit brun et rouge,
La fumée d'un feu de bois bouge
contre le ciel tellement bleu qu'il est obscur.
On n'entend pas un bruit dans les champs ;
personne n'est en vue sur la route ;
seules dans les poulaillers, les poules
gloussent encore , de temps en temps.
Puis plus rien qu'un arbre qui penche,
dans l'opacité de ses branches,
avec son ombre de côté,
comme sous un poids qui l'accable ;
et cet autre se laisse aller
en avant , comme un dormeur
qui a les coudes sur la table.
Charles-Ferdinand Ramuz
BESTIAIRE POUR MON PETIT GARCON
1. Le singe
Le singe descend de l'homme
C'est un homme sans cravate,
sans chaussures, sans varices,
sans polices, sans malices,
sorte d'homme à quatre pattes
qui n'a pas mangé la pomme.
2. Le rhinocéros
Le rhinocéros est morne
et il louche vers sa corne.
Que veut le rhinocéros ?
Il veut une boule en os.
Ce n'est pas qu'il soit coquet :
c'est pour jouer au bilboquet
(car l'ennui le rend féroce,
le pauvre rhinocéros)
3. Bestiaire des pourquoi
Pourquoi les chats sont-ils noirs ?
et pourquoi les flamants roses ?
C'est une bizarre histoire
de parce que et d'à cause.
Tant de couleurs, jamais la même,
le pic-vert et le rouge-queue.
Que de questions, que de problèmes,
que d'à cause et de parce que !
4. Bestiaire du coquillage
Si tu trouves sur la plage
un très joli coquillage
compose le numéro
OCEAN 0.0.
Et l'oreille à l'appareil
la mer te racontera
dans sa langue des merveilles
que papa te traduira.
Claude Roy
CELUI QUI ATTEND
C'est bien l'automne qui revient
Va-t-on chanter
Mais plus personne
que moi
n'y tient
Je serai le dernier
Mais elle n'est pas si triste
qu'on l'avait dit
cette pâle saison
Un peu plus de mélancolie
Pour vous donner raison
La fumée interroge
Sera-ce lui ou toi
qui en ferez l'éloge
avant les premiers froids
Et moi j'attends
La dernière lumière
qui monte dans la nuit
Mais la terre descend
Et tout n'est pas fini
Une aile la supporte
Pendant tout ce temps
Avec toi j'irai à la fin du compte
Refermer la porte
S'il fait trop de vent
Pierre Reverdy
LA FOURMI
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n 'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et Javanais,
Ça n 'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?
Robert DESNOS
Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles
L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes
Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le frêle ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau
Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.
Raïssa Maritain
Poésie - Le ciel de mon coeur - Jacques CHARPENTREAU