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Mémoires d'Outre-Tombe - Flammarion tome 1 sur 2

Nicolas Perot (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080709066
506 pages
Flammarion (01/11/1998)
3.15/5   13 notes
Résumé :
Dès leur parution, les Mémoires d'Outre-Tombe ont déconcerté les contemporains, encore grisés par les orages de René et l'exotisme d'Atala. Ils ont, en revanche, recueilli toute la faveur de la postérité. C'était bien là le dessein de Chateaubriand : "L'avenir au-delà de la tombe, écrivait-il, est la jeunesse des hommes à cheveux blancs."
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'originalité de la démarche De Chateaubriand consiste à cumuler deux récits autobiographiques dans ses Mémoires d'outre-tombe. L'une est interne et personnelle, l'autre est externe et historique. le cas De Chateaubriand est particulier car son rôle en tant que personnage et témoin historique est privilégié du double fait de sa lignée aristocratique et de ses relations politiques. A la veille de la Révolution de 1789, il avait eu le privilège d'assister à un lever du Roi et de participer à la chasse avec lui. Même s'il détestait les salons mondains, de telles fréquentations lui permettaient de sonder le paysage littéraire de son temps et d'observer les jeux et engouements voltigeants de certaines girouettes politiques.


Avant d'en arriver là, Chateaubriand consacre les trois premiers livres de ses Mémoires à retracer son développement de l'enfance à la jeunesse. le jeu de l'écriture rétrospective s'accompagne de l'illusion essentialiste dont Chateaubriand n'est lui-même pas dupe. Il fait ainsi percevoir le vertige de qui contemple celui qu'il a été, se demandant si le fil des événements se déroule sans aucune cohérence logique ou si, au contraire, le déroulement d'une existence ne produit rien d'aléatoire et se consacre à l'atteinte d'une fin transcendante.


« Ces flots, ces vents, cette solitude qui furent mes premiers maîtres convenaient peut-être mieux à mes dispositions natives ; peut-être dois-je à ces instituteurs sauvages quelques vertus que j'aurais ignorées. La vérité est qu'aucun système d'éducation n'est en soi préférable à un autre système : les enfants aiment-ils mieux leurs parents aujourd'hui qu'ils les tutoient et ne les craignent plus ? […] Telle chose que vous croyez mauvaise, met en valeur les talents de votre enfant ; telle chose qui vous semble bonne, étoufferait ces mêmes talents. Dieu fait bien ce qu'il fait : c'est la Providence qui nous dirige, lorsqu'elle nous destine à jouer un rôle sur la scène du monde. »


Ce regard rétrospectif soulève parfois l'artificialité des séquences choisies pour l'illustration des années. La mode romantique se propage dans les descriptions sauvages des forêts de Combourg ou dans les portraits que l'écrivain dresse de lui-même ou de sa soeur Lucile. Comment l'homme farouche fut-il projeté de force dans le milieu politique et mondain de Paris ? Tel est l'objet de ces premiers volumes des Mémoires. Nous découvrons alors le regard d'un homme distancié et critique qui ne se laisse visiblement jamais gagner par l'enthousiasme passionné des événements. C'est avec beaucoup de tendresse et de commisération qu'il nous montre les retournements de veste de la sphère politique et la fierté populaire pour une Révolution formée en amont par l'aristocratie :

« La monarchie fut démolie à l'instar de la Bastille, dans la séance du soir de l'Assemblée nationale du 5 août. Ceux qui, par haine du passé, crient aujourd'hui contre la noblesse, oublient que ce fut un membre de cette noblesse, le vicomte de Noailles, soutenu par le duc d'Aiguillon et par Matthieu de Montmorency, qui renversa l'édifice, objet des préventions révolutionnaires. […]
Les patriciens commencèrent la Révolution, les plébéiens l'achevèrent : comme la vieille France avait dû sa gloire à la noblesse française, la jeune France lui doit sa liberté, si liberté il y a pour la France. »



Il se promène dans le passé et dans les événements, sans rien renier mais sans jamais se départir toutefois du petit éclat de rire moqueur pour ceux qui n'ont pas d'autre horizon que le plancher des vaches, ses gloires illusoires, ses conquêtes éphémères.


« L'homme n'a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs mises bout à bout, et c'est sa misère. »


On ne peut décidément pas abandonner Chateaubriand à ces cinq livres de ses mémoires, premiers témoins d'une structure d'une extrême rigueur qui s'aligne peut-être sur l'extrême étonnement de l'écrivain face au phénomène de l'existence. Qu'est-ce qui se profilera à l'issue de ce processus qui rabiboche des bouts de vie disséminés, ici et là, dans des compartiments strictement délimités ?
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j'ai voulu me replonger dans les classiques de mon adolescence.
Bon j'espère que ce ne sera pas toujours comme ça.
Je me suis ennuyé et j'ai plaint ceux qui ont du le présenter au bac.
Seule la fin de ce premier volume m'a intéressé, à partir de la révolution française.
Je n'ai pas du tout envie de lire les livres suivants.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Ces flots, ces vents, cette solitude qui furent mes premiers maîtres convenaient peut-être mieux à mes dispositions natives ; peut-être dois-je à ces instituteurs sauvages quelques vertus que j’aurais ignorées. La vérité est qu’aucun système d’éducation n’est en soi préférable à un autre système : les enfants aiment-ils mieux leurs parents aujourd’hui qu’ils les tutoient et ne les craignent plus ? […] Telle chose que vous croyez mauvaise, met en valeur les talents de votre enfant ; telle chose qui vous semble bonne, étoufferait ces mêmes talents. Dieu fait bien ce qu’il fait : c’est la Providence qui nous dirige, lorsqu’elle nous destine à jouer un rôle sur la scène du monde.
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« Le peuple, métamorphosé en moine, s’était réfugié dans les cloîtres, et gouvernait la société par l’opinion religieuse ; le peuple, métamorphosé en collecteur et en banquier, s’était refugié dans la finance, et gouvernait la société par l’argent ; le peuple, métamorphosé en magistrat, s’était refugié dans les tribunaux, et gouvernait la société par la loi. Ce grand royaume de France, aristocrate dans ses parties ou ses provinces, était démocrate dans son ensemble, sous la direction de son roi, avec lequel il s’entendait à merveille et marchait presque toujours d’accord. C’est ce qui explique sa longue existence. Il y a toute une nouvelle histoire de France à faire, ou plutôt l’histoire de France ne s’est pas faite.
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Il fallut quelque temps à un hibou de mon espèce pour s'accoutumer à la cage d'un collège et régler sa volée au son d'une cloche. Je ne pouvais avoir ces prompts amis que donne la fortune, car il n'y avait rien à gagner avec un pauvre polisson qui n'avait pas même d'argent de semaine; je ne m'enrôlai point non plus dans une clientèle car je hais les protecteurs. Dans les jeux je ne prétendais mener personne, mais je ne voulais pas être mené: je n'étais bon ni pour tyran ni pour esclave, et tel je suis demeuré.

Il arriva pourtant que je devins assez vite un centre de réunion; j'exerçai dans la suite, à mon régiment,
la même puissance: simple sous−lieutenant que j'étais, les vieux officiers passaient leurs soirées chez moi et préféraient mon appartement au café. Je ne sais d'où cela venait, n'était peut−être de ma facilité à entrer dans l'esprit et à prendre les mœurs des autres. J'aimais autant chasser et courir que lire et écrire. Il m'est encore indifférent de deviser des choses les plus communes, ou de causer des sujets les plus relevés. Très peu sensible à l'esprit, il m'est presque antipathique, bien que je ne sois pas une bête. Aucun défaut ne me choque, excepté la moquerie et la suffisance que j'ai grand−peine à ne pas morguer; je trouve que les autres ont toujours sur moi une supériorité quelconque, et si je me sens par hasard un avantage, j'en suis tout embarrassé.
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De chrétien zélé que j’avais été, j’étais devenu un esprit fort, c’est-à-dire un esprit faible. Ce changement, dans mes opinions religieuses, s’était opéré par la lecture des livres philosophiques. Je croyais, de bonne foi, qu’un esprit religieux était paralysé d’un côté, qu’il y avait des vérités qui ne pouvaient arriver jusqu’à lui, tout supérieur qu’il pût être d’ailleurs. Ce benoît orgueil me faisait prendre le change : je supposais dans l’esprit religieux cette absence d’une faculté, qui se trouve précisément dans l’esprit philosophique : l’intelligence courte croit tout voir, parce qu’elle reste les yeux ouverts ; l’intelligence supérieure consent à fermer les yeux, parce qu’elle aperçoit tout en dedans.
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Chaque pas dans la vie m’ouvrait une nouvelle perspective ; j’entendais la voix lointaine et séduisante des passions qui venaient à moi ; je me précipitais au-devant de ces sirènes, attiré par une harmonie inconnue. Il se trouva que, comme le grand-prêtre d’Eleusis, j’avais des encens divers pour chaque divinité.
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INTRODUCTION : « Il est assez probable que les pages intitulées Pensées, Réflexions et Maximes seront une révélation pour bien des gens, — même pour ceux qui connaissent très suffisamment leur Chateaubriand [1768-1848]. de cela il y a de fort bonnes raisons. Ces pages sont assez courtes ; elles n'ont jamais été publiées, que je sache, séparément ; elles ont paru, pour la première fois, très tardivement, entre 1826 et 1831, quand l'auteur donna chez le libraire Ladvocat, la première édition de ses Oeuvres complètes. […] Et cependant, ces Pensées, — dont l'origine exacte nous échappe, — sont pour la plupart fort remarquables ; et il est évident, pour qui sait lire, qu'il n'eût tenu qu'à Chateaubriand d'en grossir considérablement le nombre, et de se faire une juste place, à côté, et probablement au-dessus de son ami Joubert [1754-1824], parmi les Moralistes français. […] » (Victor Giraud.)
« Le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. » (Oeuvres complètes de M. le Vicomte de Chateaubriand, tome XVIII, Paris, Pourrat frères, 1836, p. 119.)
CHAPITRES : 0:00 — 1. ; 0:45 — Introduction ; 1:09 — 7. ; 2:11 — 18. ; 2:46 — 20. ; 3:10 — 27. ; 3:23 — 30. ; 3:38 — 31. ; 3:51 — 36. ; 4:06 — 38. ; 4:25 — 49. ; 5:09 — 62. ; 5:40 — 64. ; 5:55 — 68. ; 6:48 — 69. ; 7:05 — Générique.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Chateaubriand, Pensées, réflexions et maximes, suivies du Livre XVI des Martyrs, édition nouvelle par Victor Giraud, Paris, Bloud & Cie, 1908, 68 p.
IMAGE D'ILLUSTRATION : https://ia800109.us.archive.org/23/items/EST95RES_P8B/BSG_EST95RES_P8B.jpg
BANDE SONORE ORIGINALE : Carlos Viola — Immortal Beloved Immortal Beloved by Carlos Viola is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 Unported (CC BY-NC 3.0) license. https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/immortal-beloved
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#Chateaubriand #Pensées #LittératureFrançaise
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