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EAN : 9782204139182
253 pages
Le Cerf (18/08/2022)
2.75/5   2 notes
Résumé :
Lorsque le monde se fait cacophonie, comment le cœur et le corps peuvent-ils résister à la dissonance ? Cette suite musicale réinvente symphoniquement notre quotidienneté en montrant pourquoi les mots sauvent. Une réussite pour la rentrée littéraire.

Choses vues ? Non, choses ouïes. Au fin fond du monde, il y a le bruit. Permanent, hostile, menaçant. Babil ou boucan, rumeur ou raffut, cancan ou clameur, le tintamarre qui parasite nos jours et nos nuit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mieux vaut être sourd que d'entendre cela, dit une expression populaire. Eh bien, mieux vaut ne pas l'être pour entendre ce que Anne-Dauphine du Chatelle a à dire. Car c'est par des bruits que l'auteur sollicite l'imagination du lecteur, le fait réagir et par leur écho réveille des souvenirs. Une approche originale qui fait prendre conscience que nos oreilles non seulement sont mises à l'épreuve quotidiennement entraînant nos réactions mais qu'elles contribuent à l'établissement de nos souvenirs. Ainsi l'évocation d'un bruit, d'un son, d'un mot entendu, nous ramène à une situation vécue. C'est le chemin qu'emprunte ce livre où chacun des soixante et onze courts chapitres fait état d'un bruit qui se rapporte à un événement, un lieu, une personne, un objet… et fait naître une réflexion, un souvenir.

Ce livre est un véritable feu d'artifice tant par la multiplicité et la diversité des bruits que par les pensées qui fusent. le ton est incisif, coloré, percutant. Anne-Dauphine du Chatelle a l'art de la formule, le verbe haut, l'observation pointue, l'ouïe fine et aiguisée. L'oreille, réceptacle de sons, de paroles, ”oreille ramasse-miettes”, ”caisse enregistreuse” de nuisances sonores, de bruits nocifs mais aussi de ceux qui font du bien. ”Avec tout ce qu'elle ingurgite, l'immobilité de l'oreille est surprenante. Tel un Bobby, elle reste de marbre même sous le choc de la pire insulte. Les oreilles peuvent bien vous siffler, vous pouvez toujours dresser l'oreille, faire la sourde oreille, elles ne mouftent pas. Où irait-on si elles s'exprimaient ?” C'est cette cacophonie qui s'exprime dans Bruits de fond avec humour et dérision, décrivant des situations cocasses, déroutantes, agaçantes et souvent émouvantes. Ce livre foisonne de sons, de jeux de mots, de poésie également. Un livre bruissant, bruyant parfois mais jamais ”abruitissant”, des bruits qui ont du fond, qui raisonnent et résonnent.

Merci à Babelio et aux Editions du Cerf pour m'avoir permis, à l'occasion d'une Masse Critique, de découvrir ce livre qui redonne aux oreilles leur juste place. Un grand bravo à Anne-Dauphine du Chatelle pour la transmission de ses Bruits de fond qui font écho et réveillent le sens critique.
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71 chapitres, 69 miniatures saisies par l'autrice, on ne voit pas, on les entend. Les sens en éveil, elle nous plonge dans certaines scènes du quotidien, dans des souvenirs de vacances, dans diverses réflexions. Sa plume très ciselée et précise, telle une dentelière, nous plonge davantage au creux de ses bruissements, chuchotements, effervescence, remue-ménage, bouillonnement, tumulte, désordre, apaisement… chaque mot se distingue, offrant de l'intensité et de la richesse au récit.
Le seul bémol que j'apporterai à cette lecture est que ce format ne me convient guère, les histoires très indépendantes les unes des autres se font rapidement oublier pour certaines, il mériterait d'être savouré, annoté, picoré, relu peut-être…
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Anne-Dauphiné du Chatelle fait écouter au lecteur au travers sa plume et ses mots les bruits environnant que son oreille sensible perçoit. Des bruits de fond, comme le titre en fait référence, passant inaperçus si on ne tend pas l'oreille. Des textes qui découlent de situation de la vie quotidienne, de discussions, dépeignent les bruits, le vacarme que l'oreille entend.
Ce livre est pour moi une pépite: ses courts chapitres aux sons mélodieux ou dissonants selon les bruits environnants donne l'impression d'entendre les sons pendant que les yeux parcourent des mots mélodieux, laissant un souvenir émerger.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nos oreilles servent de dépotoir à des monceaux d’immondices sonores - vase musicale des commerces, restaurants & Cie, souillure répétée des pubs et jingles radio-TV, tous plus répugnants les uns que les autres.
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L'une caquête, sans fin en brassant des papiers, l'autre le nez sur son écran hoche la tête, grogne parfois une remarque évasive. J'attends qu'on se taise, j'ai quelque chose à dire. L'incontinente poursuit sa colique verbale sans me jeter un regard. Ça sort en chapelets ininterrompus par un petit coin de bouche arrondi en cul-de-poule. Mais de quoi parle-t-elle sans pouvoir s'arrêter, il y en a qu'il faudrait museler comme des chiens. Que signifie ce débagoulis de platitudes, aigreurs, phrases toutes faites, eaux usées charriant le tout-venant des ritournelles en vogue? Du gloubi-boulga de gargouille.
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Rien ne fait plus retentir la délicatesse du silence que la chute de flocons de neige.
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Dans la vie avoir l’oreille fine était un instrument de liberté.
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Video de Anne-Dauphine du Chatelle (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne-Dauphine du Chatelle
Choses vues ? Non, choses ouïes. Au fin fond du monde, il y a le bruit. Permanent, hostile, menaçant. Babil ou boucan, rumeur ou raffut, cancan ou clameur, le tintamarre qui parasite nos jours et nos nuits nous a rendus sourds. Quel retour à l'intimité pourrait nous guérir de cette infirmité ?
C'est en romancière qu'Anne-Dauphine du Chatelle nous prête ici son oreille pour que nous réapprenions à écouter ce que nous n'entendons plus dans la cacophonie de nos vies. Et c'est l'écriture qui permet de se souvenir des noms et des visages, des choses et des faits que le tohu-bohu contemporain abolit.
En 71 miniatures, saisies sur le vif et sauvées par la langue, qui croquent nos bavardages, boniments, racontars, tollés et nous restituent la bande-son d'aujourd'hui, ce livre sensible et sensoriel, où alternent traits de plume et coups de griffe, démasque les illusions tapageuses de la jactance et célèbre les jouissances feutrées du silence.
Un voyage au bout du vacarme pour renouer avec la merveille de l'existence à bas bruit mais à haute intensité.
Partageant son temps et son oeuvre entre Paris et la Haute-Saône, Anne-Dauphine du Chatelle est l'auteure de Eaux fortes ainsi que de la foudre et les papillons, salués par la critique.
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