C'était demain

" le peuple ne perd pas sa liberté, il gagne sa servitude." Ce commentaire à propos de la dissertation du jeune La Boétie pourrait à lui seul résumer le propos de cette dystopie qui nous plonge un siècle après 2049 dans un monde régi quasi totalement par un parti transnationaliste, ultralibéral et totalement inspiré par le modèle de crédit social chinois.
Ce parti "Arc-en-ciel " propose une simplification radicale de la société. le bon citoyen y est pratiquement inculte, il ne se déplace qu'avec parcimonie, contrôle scrupuleusement son empreinte carbone, consomme avec enthousiasme et se divertit dans un métavers qui pourvoit à tous ses désirs.
La lecture de ce roman est agréable.
L'idée originale de faire revenir dans la société un homme incarcéré dès son enfance après 70 ans d'enfermement pose de facto un décor propice à tous les questionnements de l'auteur.
Reste que ce livre a plus ou moins été déjà écrit. Impossible de ne pas avoir en-tête Orwell ou Huxley.
L'oxymore a le vent en poupe en matière de futurisme puisque "C'etait demain" est aussi le titre d'un film sorti dans les années 80 mettant en scène la rencontre improbable de H G Wells et de Jack l'éventreur...
Je me suis plue à imaginer La Boétie discutant avec Henri Lafleur à Mare del Sol dans les années 2150. Un dialogue savoureux à n'en pas douter...
Je remercie les éditions Kubic et Masse critique pour l'envoi de ce roman. Et je salue au passage l'esthétique de l'ouvrage, sobre et classe, accompagné d'un petit mot personnalisé fort sympathique.

"Encore" un roman dystopique, pourrait-on dire. Oui, et je ne me lasse pas d'explorer ce type de romans qui aident à la réflexion. Celui-ci se déroule en 2122, et nous plonge dans un monde apparemment unifié sous la bannière d'un parti politique transnational. On sait d'emblée sur quoi tout cela repose, puisqu'Henri, notre héros, sort, à 70 ans passés, de plus de soixante ans d'incarcération dans une zone de quarantaine : ses parents avaient exprimé des doutes face au nouveau régime... Effacement des connaissances passées, surveillance généralisée, points de citoyenneté, crédits déchets, crédits voyages... Henri, sans comprendre pourquoi, se retrouve dans le petit paradis aseptisé de Mare del Sol, aux Baléares et va rapidement faire la connaissance de Nadia, une jeune femme en révolte.
Le roman est prenant, bien écrit et savoureux dans la description de cette nouvelle société à la fois charmeuse et effrayante. L'auteur invite à la réflexion sur les diktats et les dérives inévitables visant à garder une planète habitable tout en maintenant voire accentuant notre développement, sans tomber dans une caricature simpliste.
Merci à Babelio et aux éditions Kubik pour cette belle découverte.

Quelle claque, cette dystopie aux allures de Big Brother sur fond d'écologie. Depuis 2042, la prophylaxie coercitive s'impose; les carnets de santé numériques, les digital citizenship Passports, l'assignation numérique d'un compteur kilométrique destiné à limiter les déplacements, des confinements, des zones de quarantaine où l'on peut rester ad vitam æternam, des recherches expérimentales visant à augmenter la longévité de la vie, le bannissement des livres, tel est le quotidien des citoyens.
Après des décennies d'enfermement,  Henri Lafleur, 72 ans, peut enfin, en 2122, réintégrer le monde réel où il découvre, notamment grâce à la jeune Nadia, les lois du parti transnational qui a pris le pouvoir.  L'histoire se déroule dans un avenir sombre et oppressif où la société est contrôlée par un régime totalitaire marqué par l'athéisme,  l'acculturation, la privatisation du monde, la politique de dénatalité et d'élimination des plus vieux, où tout est sous surveillance électronique avec notamment des "body check" et des prises de température lors de toute entrée dans un lieu de contact (coiffeur...).  Même le temps d'interactions journalières octroyé est minuté (ceci m'a fait penser au percutant roman  dystopique "Vox" de Christina Dalcher où chaque mot quotidien est compté et quand le quota est atteint, la personne reçoit une décharge électrique). 
À travers une narration immersive et des personnages attachants (pas tous!), Pierre Chacal explore avec brio des thèmes tels que le contrôle répressif, la manipulation et la résistance face à l'oppression nous incitant à la réflexion sur les dérives potentielles de notre société actuelle. Pas sûr que ce fascisme numérique ne nous guette pas dans un avenir proche voire qu'il ne soit pas déjà amorcé.  Merci à Babelio et aux éditions Kubik pour l'envoi de ce très bon roman qui ne peut que nous inciter à nous réveiller...