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EAN : 9781090175106
Serge Safran éditeur (04/04/2013)
3.44/5   8 notes
Résumé :
En Corée, les agences matrimoniales spécialisées dans les voyages de rencontre en Chine offrent un spectacle de cirque à leurs clients. Inho, handicapé de la voix, mise sur un de ces voyages pour se trouver une épouse. Yunho, son frère, lui sert à la fois de voix et d’arbitre. Elle s’appellera Haehwa et les suivra dans la banlieue de Séoul.
Mais Haehwa, douce jeune femme mystérieuse, est hantée par un premier amour de jeunesse, même si elle semble s’épanouir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Yunho accompagne son jeune frère Inho en Chine afin que ce dernier se trouve une épouse par le biais d'une agence matrimoniale. C'est que Inho a perdu la voix lors d'un accident et ses cordes vocales abîmées ne laisse désormais passer qu'un léger filet de voix. C'est Haehwa qui sera l'élue et rejoindra bientôt les deux frères ainsi que leur mère à Séoul.

Premier roman de la romancière coréenne Cheon Un-yeong, Adieu le cirque ! se penche sur le phénomène des mariages arrangés entre la Chine et la Corée. Haehwa, jeune femme timide et esseulée choisie par les 2 frères, est une "chosonjok", une chinoise appartenant à une minorité d'origine coréenne. Cette dernière s'attache peu à peu à un Inho, tout sourire. le mariage est vite arrangé et célébré sans grande fioritures. Son union avec un "voyageur" (surnom donné à un mari étranger), son prochain départ pour la Corée sont une manière de repartir à zéro et d'oublier un premier amour qui la taraude. L'intégration de Haehwa à la famille se fait relativement facilement et cette dernière trouve sa place auprès d'un mari doux et prévenant et d'une belle-mère amicale. Seul Yunho semble en retrait avec ses regards froids et perçants. C'est une simple visite dans un musée qui provoquera la chute de cet équilibre fabriqué. La jeune mariée, renvoyée à des souvenirs forts et douloureux, à la vision d'un tombeau fait un malaise. Les mots prononcés dans sa perte de contrôle provoque chez Yunho un vif malaise : il se rend compte qu'il est obsédé par sa belle-soeur et qu'il en est même tombé amoureux. Dès lors, le grand frère va tenter de fuir le domicile familial pour devenir un de ces taitong qui trafique entre la Chine et la Corée. de son côté, Inho qui a crû un bref instant que sa femme s'était enfuie, adopte une attitude méfiante et bientôt violente qui plombe leur quotidien.

Construit sur l'alternance narrative des deux voix de Yunho et de Haehwa, le roman nous plonge au coeur des ressentis des personnages. Haehwa qui s'exile volontairement de la Chine tente en vain d'oublier un autre homme parti en Corée sans plus donner de nouvelles. Jouant un rôle protecteur et aimant auprès de son voyageur, elle semble trouver un certain équilibre. Leur relation s'avère subtile et les liens qui se créent entre eux dépasse le stade verbal difficile pour une approche plus tactile et intuitive. Pourtant, elle cache en elle une grande solitude et les souvenirs enfouis refont ponctuellement surface. Son mari Inho est un jeune homme fragile et enfantin qui a besoin d'être rassuré. Il s'attache à sa nouvelle épouse de manière forte, trouvant auprès d'elle une compagne douce et facile qui accepte son handicap. Il espère qu'elle ne fuira pas, comme certaines histoires de mariages arrangés le rapportent. Enfin, Yunho qui observe en retrait le bonheur de ce nouveau couple cache aussi en lui une faille. Homme solitaire, il se rend coupable de l'accident qui a coûté la voix de son frère. Chargé de la bonne marche de la famille, de la responsabilité de son frère, il souhaite d'une certaine manière se décharger de ce poids encombrant. Ses sentiments naissants pour sa belle-soeur le bouleversent et sont alors l'occasion pour lui de fuir une réalité insupportable pour devenir un de ces trafiquants invisibles. La belle représentation familiale est prête à se briser.

Adieu le cirque ! s'ouvre sur un spectacle de cirque : un spectacle qui rappelle les propres acrobaties de Inho, au coeur de son accident. C'est aussi le cirque du quotidien dans lequel s'enferme les personnages, en prise avec les faux-semblants qui les engluent dans leur propre vie. Une vie factice qui ne les soigne pas de leur solitude, où les individus se croisent temporairement pour mieux retourner à leur errance désespérée.

A travers le parcours de ces 3 personnages, l'auteure n'hésite pas à égratigner l'image de la société coréenne. Dénonçant les mariages arrangés entre communautés coréennes et chinoises, elle donne à voir la difficulté d'intégration de ces jeunes femmes exilées. Victimes de mauvais traitements, de viols conjugaux, certaines doivent faire face à un quotidien difficile au sein de leur nouvelle famille qui les pousse à une fuite vitale. Obligées de travailler pour subvenir à leurs besoins, elles sont astreintes à des boulots mal payés, à une vie de fuyarde, parfois même obligées de se prostituer. D'autres encore utilisent le mariage pour obtenir une carte de séjour bien pratique avant de s'enfuir et de faire venir le reste de leur famille.

Les hommes cherchant une épouse étrangère sont de leur côté mal considérés et on le découvre à travers le regard dégoûté de Yunho :
" Je m'efforçais de ne pas les regarder. Si je croisais le regard de l'homme à la tache rouge, l'envie me prenait de lui frotter le visage avec du papier de verre ; si je regardais l'homme à la porcherie, la scène du coït des cochons me venait à l'esprit. Devant mes yeux tournoyaient des images de nains grimpés sur des femmes nues... "

Revenant sur le statut des Chosonjok, sur les Taitong, sur l'histoire coréenne en arrière-fond, l'auteur écrit pourtant un roman sur les désillusions individuelles, sur les amours impossibles et déçues. La vie semble un poids inéluctable pour tous les personnages et seule la mort (à travers le personnage de la belle-mère) semble libératrice. A l'aide d'une écriture poétique et subtile , Cheon Un-yeong nous offre de très belles pages sur ces destinées liées par l'échec. Déployant une prose délicate, elle nous convie à une rencontre troublante avec la Corée, ses traditions mais aussi ses désillusions.

Un joli petit coup de coeur que cet Adieu le cirque ! Découvrez-le !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Ne connaissant quasiment rien à la littérature coréenne, j'ai sauté sur cette proposition de Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions Serge Safran de m'avoir permis de le faire) dans l'espoir de découvrir quelque chose de profondément exotique... Mais si la découverte a été belle, ce n'a pas été à ce niveau.
Ce roman, écrit par une romancière apparement très célèbre dans son pays, mais dont seul ce livre est traduit en français, raconte d'une manière très universelle, l'échec d'un couple et de plusieurs amours. Un jeune homme, qui se sent coupable de l'accident qui a rendu son frère handicapé, l'emmène en Chine pour lui arranger un mariage avec une femme de la communauté coréenne. A l'arrivée de la jeune mariée, tout se passe bien : la belle-mère est ravie de sa bru, le mari tendre et affectueux avec sa femme... Mais bientôt, le frère préfère fuir plutôt que d'éprouver du désir pour sa belle soeur. A la mort de la mère, les rapports entre les époux changent. L'histoire est racontée à deux voix, par la jeune femme et son beau-frère, avec beaucoup de pudeur. Regrets, délicatesse des sentiments, honnêté sont très bien rendus, sans pathos ni détails inutiles, et c'est là ce qui fait toute la force de ce roman.
Cependant, même si cela reste secondaire, j'ai également apprécié la peinture de cet "entre-deux" entre la Chine et la Corée : les mariages arrangés qui permettent aux jeunes femmes et à leurs familles d'obtenir une carte de séjour en Corée, et de fuir la Chine, le mépris entre les communautés coréennes et chinoises, et plus loin dans le roman, cet univers frontalier où s'épanouit la petite contrebande...
Une lecture que je recommande chaudement !

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle ne va pourtant pas mourir tout de suite. Elle va rester en vie au moins jusqu'à la floraison des pêchers. Sa soif de fleurs est vivace. Après la chute des fleurs de pêchers, elle va attendre le parfum des lilas et des pivoines, et puis, après la chute de ces fleurs, elle va guetter les lilas des Indes, qui doivent fleurir et faner trois fois avant que l'on puisse manger du riz bland, à ce qu'on dit.
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J'avais l'impression d'avoir traversé l'éternité pendant ce court instant où j'avais étreint Haehwa. Peut-être était-ce un rêve. Un rêve qui s'était approché comme une marée montante et qui avait disparu sans laisser de trace. Je n'avais plus aucune pensée en tête. Pourquoi ne venir que maintenant ? Seule sa voix résonnait sans cesse dans ma tête. Devant le musée, j'ai allumé une cigarette. En pleine journée, la fumé était amère et âpre.
Maman, assise, tenait la tête de sa belle-fille contre elle . Mon frère lui caressait le dos. C'était maman qui lui caressait la tête et mon frère qui lui tapotait le dos, mais j'eus l'impression , sans trop savoir pourquoi, que c'était plutôt maman et mon frère , et non pas Haehwa, qui se faisaient consoler. Un peu plus tard et une fois relevée Haehwa s'est mise en marche. Mon frère n'arrivait pas à lui lâcher la main et maman, tout en boitant, la suivait en maintenant son rythme. Ils marchaient collés l'un à l'autre comme pour ne plus être séparés. Leurs dos solides et fermes ressemblaient à une fortification inviolable. Je les suivais de loin, à la manière d'un déserteur.
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Je regardais la scène, les bras croisés, bien résolu à rester de glace, quelque dangereux que fût le numéro réalisé devant mes yeux. La virtuosité de cette troupe d'acrobates chinois, qui arrachait des exclamations au public par une contorsion ou un pliement grotesque du corps, ne m'inspirait que pitié. Le cirque implique une prise de risque. Le cirque, c'est l'affranchissement des limites physiques par un entraînement infernal. C'est donc de la pitié, et non de l'émotion, que l'on éprouve au cirque.
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Je m'efforçais de ne pas les regarder. Si je croisais le regard de l'homme à la tache rouge, l'envie me prenait de lui frotter le visage avec du papier de verre ; si je regardais l'homme à la porcherie, la scène du coït des cochons me venait à l'esprit. Devant mes yeux tournoyaient des images de nains grimpés sur des femmes nues...
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>J'avais l'impression d'avoir traversé l'éternité pendant ce court instant où j'avais étreint Haehwa. Peut-être était-ce un rêve. Un rêve qui s'était approché comme une marée montante et qui avait disparu sans laisser de tr
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