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Je n'ai pas apprécié ce roman. Je lui trouve d'indéniables qualités esthétiques mais son propos me déroute. Je ne comprends pas le chemin de croix freudien de Jean Calmet (J.C., vous avez compris ?) Étouffé par son père, médecin de province, humilié sexuellement aussi, pourquoi cet homme, à la mort de son père, alors qu' il a lui-même 37 ans, tombe-t-il dans une dépression nerveuse au point d'en avoir des hallucinations, de se mettre à hurler dans un café sans raison, de se réfugier dans une relation sexuelle avec une fille de 20 ans sa cadette, de surcroît une élève du lycée où il enseigne, d'accepter brusquement l'invitation d'un deus ex machina néo-nazi fétichiste et de se laisser finalement porter vers une fin improbable ? Ça fait beaucoup. L'auteur aurait pu, nous y échappons, faire courir son personnage tout nu aux bords du Leman en lui faisant proférer des insanités anti-capitalistes. Ou bien, le faire se masturber en pleine forêt helvétique en beuglant des chants de Noël. Nous y échappons aussi.
Un critique de "la gazette de Lausanne" a écrit que "c'est un livre qui sonne vrai."
Non, décidément non, tout sonne très faux dans cette histoire, même les moments de descriptions animistes qui tombent comme des touffes de cheveux dans le potage. Il n'existe aucune logique dans cette histoire et Mme Calmet mère a bien raison, à la fin, d'être "assise dans son fauteuil, immobile" et de regarder "dans la lumière de la fenêtre". Il n'y a que ça à faire.
Ce Prix Goncourt 1973 me laisse dubitatif.
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En visite chez ma mère pour quelques jours, je profite de sa bibliothèque, pour retrouver cet auteur suisse, qui obtint le prix Goncourt avec cet ouvrage.

Emblématique de son oeuvre, ce roman nous plonge dans l'univers tourmenté de Chessex. Jean Calmet, un enseignant de latin au Collège de la Cité à Lausanne, assiste à l'incinération de son père avec une impression de soulagement. Enfin, celui qu'il a tant aimé ne sera plus là pour le rabaisser et le traiter de haut.

Et pourtant, malgré les cendres bien enfermées dans l'urne déposée au columbarium du cimetière, le regard inquisiteur et justicier est toujours présent, au point de rendre le pauvre professeur impuissant au propre et au figuré. S'il croit trouver un peu de répit auprès de la toute jeune femme qu'il rencontre dans son café préféré, cela n'est que de courte durée et le poids de l'autorité abusive du père s'impose à lui quoi qu'il fasse.

L'ogre de son enfance le poursuit. Il se rappelle le jeu tant de fois répété.


Fontaine de Berne que Jean Calmet
revoit à l'occasion d'une course
d'école avec ses élèves
"- Pourquoi restes-tu planté devant moi ? s'écrie le docteur qui fixe Jean Calmet dans les yeux en mastiquant sa viande à grandes dents. Un silence pendant lequel les yeux farouches ne le quittent plus.
- Je vais te manger si tu ne t'enfuis pas. Je vais te manger pour mon souper, mon pauvre Jean !
Jean Calmet ne peut pas s'enfuir. Il n'en a pas envie non plus. Il connaît la suite, il l'attend. Il frémit de plaisir et de peur en y songeant. (...)
- Ah, ah, ah, le gros monsieur va manger le petit garçon qui traînait dans la forêt !
Le docteur grimace toujours. Tout à coup avec une agilité incroyable, il lance la patte, attrape Jean Calmet par le collet, l'attire à lui, le ploie sur ses genoux et pose la lame froide sur sa gorge.
- Alors, mon agneau ! crie le docteur. On va lui couper la garguette ! On va le saigner, ce mignon ! (...)
Le bourreau grogne et gronde. La victime s'abandonne et se pâme de plaisir. Au fond de la pièce, dans l'ombre, Mme Calmet, immobile, contemple la scène rituelle d'un regard fixe et sans expression."


Chessex interroge le rapport à l'autorité paternelle, à la passivité maternelle, à la difficulté de forger sa personnalité dans un milieu où la force et la puissance et le prestige sont la règle. Et tout semble faire accroire que la disparition du tyran n'allège en rien son pouvoir, au contraire.

Il étend son propos à la facilité avec laquelle l'autoritarisme, notamment du nazisme, a pu et peut encore représenter un moyen de "se venger de son humiliation".

Chessex ne cherche pas à plaire. Il n'essaie en aucune manière de trouver des excuses à son "pauvre Jean" et n'offre d'échappatoire ni à son personnage, ni à son lecteur et encore moins à lui-même.
Lien : http://meslecturesintantanee..
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L'Ogre est ce père écrasant, qui a « mangé » son enfant ; malgré la mort récente de son terrible père, Jean Calmet, maintenant professeur de latin à l'Université, ne peut défaire cette emprise psychologique. Vie intime, vie professionnelle, … tout se resserre, tout est déformé, et concourt à l'annihilation de sa personnalité. Sans rédemption. Un texte d'une précision chirurgicale, dans une langue lumineuse. Jacques Chessex, auteur suisse, a reçu le prix Goncourt en 1973 pour ce roman tragique.
Laurent
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Le hasard des stocks Emmaus, un Goncourt De plus et une lecture stagnante dans une des piles de livres à lire. C est chose faite et je suis surpris par cette histoire presque banale sur le mal-être d'un petit professeur de lettres d un lycée privé suisse. Ennui du lecteur que je suis quand le personnage parle de son propre ennui. Et avec ce plafond de plomb qu'était le père despote familial écrasant tout sur son passage.
Ce livre ne m'a pas accroché mais il y a un style impeccable de la part de Jacques Chessex et probablement une époque qui lui correspond.
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Prix Goncourt ne l'oublions pas.
Un homme qui durant sa jeunesse n'a connu que indifférence, mépris de son père en portera des traces et des souffrances durant toute sa vie. le père comme un ogre a en fait détruit, mangé son fils. Roman que je conseille vivement, les images sont si belles. Nous découvrons le Léman, le charme de Lausanne, la ville de Bern avec sa cage aux ours et son ogre dévoreur d'enfants.
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L'Ogre, qui avait reçu le prix Goncourt en 1973, a révélé ce grand auteur au public. le relire aujourd'hui donne la mesure de son talent. La force de son écriture, crue et sensuelle, ramassée et violente, fait naître une forme de fantastique du quotidien de ce professeur de lettre classique à Lausanne, en Suisse, hanté par la figure castratrice de son père.
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Le vampire de Ropraz, Un Juif pour l'exemple et La confession du pasteur Burg sont des livres de Chessex que j'aime. Par contre je déteste L'Ogre comme je l'avais détesté au moment de sa parution. C'est un long discours sur les problèmes psy que rencontre le fils cadet de feu le Dr Calmet qui terrorisait sa famille. C'est macabre et répétitif. Chessex accentue le côté noir du père. La scène du dépôt de l'urne au columbarium est criante de vérité sur l'onctuosité des employés des Pompes funèbres. Et pourquoi ces scènes sexuelles délirantes ? le café de l'Evêché me rappelle des souvenirs du gymnase.
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Pourquoi mon père m'a mangé ? Âpre, belle et aiguisée est la plume de Jacques Chessex dans ce roman couronné en partie autobiographique. J. C., le fils. J. C., le professeur. J. C., l'amant. J. C, l'impuissant. Un enchaînement de scènes inégales plutôt qu'une aventure qui séduisent, tendent et lassent parfois.

Sous forme de haïku :

Mon père est un ogre.
Il ne m'a pas laissé vivre.
Mon père m'a mangé.
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De la difficulté de s'affranchir de l'influence du père pour devenir un homme...
Certains adultes ne seront jamais des hommes, Jean Calmet fait partie de ceux là.
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