La délicieuse prose de
Chessex, troublée, continue son effet. Quel est son secret ? Il le cherche, le fuit quand il l'approche, le secret est sacré, touchons-y, n'y pénétrons pas. Appel du vide, appel de la vie,
Jacques Chessex se tiraille. Planer, comme un oiseau, devenir plus léger, perdre corps, mais humer le corps des femmes, leur sexe ouvert, y plonger comme on replongerait au creux de cette maman qu'on n'a pas su aimer.
Chessex culpabilise, il ne sera jamais tout à fait catholique. Sa mère, ses fils, ses femmes, il a fait faux.
A côté, il raconte ses frasques, s'en délecte, sans regret, l'essentiel n'est pas là, l'essentiel est secret, on ne peut le comprendre, demeurons demeuré, idiot de Dieu, laissons-nous enivrer par la douce chaleur de l'urine d'une petite fille de jadis, au fond d'une armoire, par les claquements du fouet, à Payerne, sur le corps nu de la petite voisine. le vent sur Payerne, aujourd'hui encore, nous en renvoie les gémissements. Nous en bandons encore. C'est ici qu'il faudrait culpabiliser. C'est ailleurs, fort heureusement, que
Chessex le fait. le scandale est secret, il se déplace, se taper une novice dans un couvent n'est rien. C'est même sans doute bien. le corps de l'organiste, sur l'instrument, ne fâche pas, la vieille qui suce puis qui meurt du cancer, n'est pas glauque. Glauque est le silence à la mère, l'absence aux enfants.
Chessex toujours plus humain, toujours plus conscient de son rien, toujours plus tourné vers ce qui compte, le vide, le sexe ouvert et vide des femmes fouillées, aimées, abandonnées.
Chessex fait tout faux. Il y trouve la vérité. Plus idiot que jamais. Divin marquis à la sauce calviniste.