Il est donc possible d'écrire un essai très sérieux sur le vertige, mais sous la forme d'un récit désopilant… la preuve par ce livre d'Éric Chevillard, joliment illustré des dessins de
Killoffer. Pour cela, l'auteur agrémente son propos en allant voir du côté de chez
Flaubert,
De Maupassant, du film Vertigo aussi et il trouve du réconfort chez
Dostoïevski, probablement dans le sous-sol. « le poète aux semelles de glu, c'est moi ! » s'exclame ce « craintif des falaises » qui, après nous avoir décrit tous les tourments de la grand roue où, tendu comme un câble de pont suspendu il perd tous ses repères, allant jusqu'à étouffer
l'enfant qu'on a eu la mauvaise idée de
lui confier, Chevillard se penche (en s'accrochant bien) sur la thématique du suicide, celle bien particulière où il 'agit de se jeter dans le vide, expliquant l'enjeu tout spécifique de cette façon d'en finir : « (…) au bord de l'abime, c'est toi-même que tu tiens en joue. Ce n'est pas ton bras qui tremble, ce sont tes jambes. » Érudit, bienveillant mais aussi cocasse et coquin, voilà un livre de littérature pour celles et ceux qui regrettent pêle-mêle l'humour de Desproges, ce
lui de
Vialatte ou, plus localement peut-être, ce
lui de ce cher Roorda. le mot de la fin ? « Par ailleurs, ma consommation d'alcool est nulle. Il me suffit de me jucher sur un tabouret de bar pour avoir la tête qui tourne, la bouche pâteuse et tenir des propos incohérents. »