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EAN : 9782743606855
160 pages
Payot et Rivages (05/02/2003)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Un homme, à la fin de sa vie, cherche à reconstruire le casse-tête de son passé. Il évoque ses débuts modestes, son ascension sociale dans le Madrid de l'après-guerre civile, ses maîtresses, ses amis. À quel moment a-t-il perdu son âme ? Sa richesse insolente sous le franquisme, son arrivisme, ses multiples impostures, son accommodement au système, tout cela ne lui permet pas de garder pure sa biographie. Et ses relations familiales sont la preuve tangible de son éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Carlos Ciscar est né à Misent, il est fils de républicain espagnol comme Ana la narratrice de « La belle écriture » mais lui a rejoint l'autre camp en épousant Eva Romeu, la fille de son patron et son ascension sociale s'est accompagnée d'une suite de trahisons.

On n'éprouve aucune empathie pour Carlos Ciscar « le chasseur », le prédateur qui écrit dans un cahier à son fils Manuel, malgré tous les efforts qu'il fait pour se justifier et sans doute aussi parce qu'il ne ressent aucune culpabilité.
p 35 (7 août 1992. Pourquoi ne pas dater les notes que je prends dans ce cahier qui deviendrait du coup une espèce de journal*?)
*Pourquoi ai-je commencé à écrire ? Pour qui ? Peut-être seulement pour répondre aux papiers de Manuel que j'ai trouvé l'autre jour en fouillant la chambre qu'il occupait il y a des années de cela, après son divorce, à l'époque où Eva (sa femme) mourait à l'hôpital, et dont la lecture m'a rempli de tristesse. Il a écrit ces pages puis il les a oubliées sans penser au mal qu'il pouvait me faire. Même en cela il ressemble à sa mère : ses distractions sont une sorte de manque de considération envers les autres, de supériorité.

Carlos le chasseur ne pense qu'à lui, orgueilleux, plein de morgue et de mépris pour les autres, fier de sa réussite : « les habitants de Misent ont bien oublié le jeune homme ambitieux qui conduisait l'automobile d'un paralytique tout en s'efforçant de séduire sa soeur. Il n'y a plus de regards ironiques, désormais, quand je prends l'avenue du Generalisimo et que je gare ma voiture sous les platanes, devant les terrasses des cafés. L'argent fait naître l'admiration, le respect. » p 74
Seule sa maîtresse Elena ne se laisse pas duper. Alors qu'elle se rhabille après une de leurs rencontres régulières mais sans risque car il a pris soin de méthodiquement cloisonner sa vie, il lui dit :
«  Tu n'as pas peur ? » 
Elle se retourna pour me regarder. « De quoi ? » me demanda-t-elle. « Que je te prenne pour une traînée. » Elle se mit à rire et dit : « C'est toi, la putain » p 46

Ce livre est pourtant une aussi belle réussite que « La belle écriture » car tout en sous- entendu et suggestions. Sans prendre frontalement parti, Rafael Chirbes qui n'aime pas Carlos Ciscar, sait maintenir l'intérêt du lecteur et on se laisse avoir par « le chasseur ».

Rafael Chirbes a fait rééditer les deux textes, « La belle écriture » et « Tableau de chasse », (La buena letra paru initialement en 1992 et Los disparos del cazador paru en 1994), en les réunissant en un seul volume sous le titre de Pecados originales (Péchés originels). Ce diptyque confirme le lien entre ces deux volumes, deux pôles d'une même Histoire.
Ana et son mari font partie des perdants de la guerre civile mais elle et son mari ont préféré malgré les humiliations garder leur dignité, ne pas se compromettre. Par contre, Carlos Ciscar, pourtant fils de républicain, rejoint lui l'autre camp et se justifie en disant de son père : « il n'est pas capable d'y voir (dans sa réussite) une réparation, c'est pour lui plutôt une prolongation de sa défaite, commuée en honte maintenant. La surdité dans laquelle l'a installé son entêtement me fait mal. »p 75
Que ce soit Ana ou Carlos, tous les deux se sentiront trahi par la génération suivante qui profitera sans état d'âme du développement économique de l'Espagne.
Je mets cinq étoiles pour apprécier le diptyque car chacun des deux volumes s'enrichit de la lecture de l'autre.
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Un homme viril, à la veille de sa mort, se rappelle pêle-mêle de tous les événements de sa vie ! Très espagnol ! Trés bon roman !
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C'est un livre que j'ai lu pour illustrer une étude faite sur le poids du passé et la difficulté de se défaire de notre origine sociale avec tout ce que cela comporte. J'ai beaucoup apprécié ce roman que j'ai trouvé "profond".
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Les mains sales d'un chasseur d'argent sous le franquisme, ou l'impact des blessures de la guerre d'Espagne du point de vue d'un vainqueur.

«J'appelle Ramón, mon domestique, et je lui demande de m'aider à sortir, et je m'accroche à lui, qui m'enveloppe dans une serviette de toilette et me parle à voix basse, en répétant plusieurs fois les mêmes mots comme s'il voulait m'hypnotiser. Les gouttes d'eau demeurent sur le sol de marbre, près de la baignoire, comme les restes d'une beauté détruite.»

Carlos, le narrateur du «Tableau de chasse», un vieil homme qui a toujours considéré que la solitude avait quelque chose de suspect, se retrouve seul à son tour après la disparition de son épouse Eva, vivant désormais en tête à tête avec son domestique Ramón et ruminant les souvenirs douloureux d'une «mémoire qui revient comme un ennemi qu'on ne vainc jamais».

La suite sur le blog Charybde 27 ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Je suis bien embêtée...
Voilà environ quinze jours que j'ai terminé la lecture de "Tableau de chasse", et je n'en ai gardé quasiment aucune empreinte. Je me souviens pourtant que cela n'a pas été une lecture désagréable, loin de là. L'écriture de Rafael Chirbes coule toute seule, emmène le lecteur sans peine au bout de son récit.
Heureusement, j'avais pris quelques notes... qui ont quelque peu rafraichi ma mémoire.

Le narrateur de "Tableau de chasse" est un homme vieillissant, qui vit seul avec Ramon, un domestique laconique mais efficace. Il revient sur son passé, plus précisément sur certains épisodes de celui-ci, évoque ses relations avec des personnages qui ont partagé son existence sur des périodes plus ou moins longues...
Il exprime la nostalgie rattachée au souvenir de sa liaison avec Elena, sa maîtresse, des années durant. Il revient sur son ascension sociale, qui a démenti les a priori que ses beaux-parents nourrissaient à l'égard de ce gendre arriviste. Il avoue les rapports sans passion avec sa femme, l'incompréhension qui s'est instaurée entre lui et son fils.

On devine chez lui une grande arrogance, et peu d'empathie pour ceux qui l'ont entouré. On comprend que cet homme égoïste, intolérant, finisse sa vie dans la solitude. On subodore des non-dits, en reliant certains éléments (sa progression sociale, le contexte du franquisme), on imagine, derrière le discours de cet homme "comme il faut", les compromissions, les arrangements douteux...
Le ton est à peine mélancolique, à peine amer, notre narrateur est un homme qui ne se remet pas en question, il est trop imbu de lui-même pour se permettre des regrets.

L'une des forces de ce roman est sans doute cette façon qu'à Rafael Chirbes de suggérer plutôt qu'énoncer, de faire suffisamment confiance au lecteur pour le laisser lire entre les lignes.

Alors, c'est vrai, "Tableau de chasse" ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais je ne regrette pas de l'avoir lu...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On passe la première partie de sa vie à s’habiller et la seconde à se déshabiller ». Maintenant, je comprends ce qu’il voulait dire et je sais qu’on ne se déshabille pas aisément et avec ordre, mais qu’on y met au contraire de la brutalité, et des lambeaux restent collés aux corps. Ces lambeaux qui se prennent dans nos jambes et nous empêchent de marcher librement pendant la seconde partie de notre vie, nous les appelons mémoire. La nudité désirée serait l’oubli.
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Les gouttes d'eau demeurent sur le sol de marbre, près de la baignoire, comme les restes d'une beauté détruite.
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Videos de Rafael Chirbes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rafael Chirbes
Rafael Chirbes - Sur le Rivage .Rafael Chirbes - Sur le Rivage aux éditions Rivages. Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/chirbes-rafael-sur-rivage-9782743629489.html Notes de Musique : ?Polarity? (by HE-LUX). Free Music Archive.
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