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EAN : 9782743641214
128 pages
Payot et Rivages (04/10/2017)
3.25/5   16 notes
Résumé :
Le dernier roman d'un des plus grands romanciers européens, mort en 2015, alors qu'il venait de connaître un triomphe avec «Sur le rivage» dans le monde entier. Cet ultime rendez-vous avec le génie de Chirbes se passe à Paris. Un jeune peintre se souvient de sa relation avec un homme plus âgé, Michel. Tout les oppose - la classe sociale, l'apparence - mais ils vont vivre une parenthèse enchantée, avant la fin de l'innocence... Chirbes conclut son oeuvre magistrale p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je viens de tourner la dernière page de « Paris-Austerlitz » et je suis émue tout en étant perplexe. Ce livre est-il une autobiographie ? je ne sais pas mais étant écrit à la première personne du singulier , on peut le supposer.
C'est un livre à part, que je ne saurais classer dans une catégorie, son style est singulier mais tout à fait intéressant et indéniablement de qualité. le sujet est dur puisqu'il s'agit pour le narrateur de se remémorer sa relation amoureuse avec Michel mort du sida.
La façon dont est racontée cette histoire met en relief la difficulté d'aimer. Il s'agit ici d'un amour-passion et donc de son côté fort, abrupt parfois, crue aussi mais inévitablement asymétrique et éphémère.
Le narrateur nous mène de plus en plus près de leur histoire respective et de leur bout de chemin commun. le narrateur est un bourgeois espagnol, peintre, et Michel, son aîné de 30 ans est ouvrier. On apprend et on revit certains moments de leur vie. le sexe est très présent mais ce n'est pas toujours heureux, il y a toujours la mort en filigrane, mais aussi la culpabilité, la jalousie, la frustration.
Même si ce livre raconte la mort, la maladie, c'est aussi un livre sur l'amour. c'est un livre fort, qui peut parfois mettre mal à l'aise mais qui ne peut en aucun cas laisser indifférent. C'est un livre qui se démarque et qui ne peut s'oublier.
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"En amour les adverbes sont en trop, qu'on le veuille ou non, on aime ou on n'aime pas".

Aucun sentiment en trop ni d'adverbe larmoyant, et qu'on se le dise, Rafael Chirbes on le goûte ou on ne le goûte pas.
Moi, je me suis repue de sa plume introspective qui ne s'alourdit pas de faux semblants, qui n'efface pas la déchéance face à la maladie et la mort, qui ne cherche pas à excuser le désamour et le dégoût, qui ne couvre pas les turpitudes humaines d'un voile déculpabilisant, mais qui dépose tripes et autres entrailles sur des pages blanches teintées de la complexité d'un amour emporté par le sida.

Brut.
Brut et cru.
Paris-Austerlitz à la sauvageté d'un fauve blessé, la résistance d'une bête féroce qui se dresse tant dans les souvenirs de notre narrateur qu'au coeur même de la maladie.
Des souvenirs passionnés ou brutaux se dresse cette lucidité sombre, de l'insouciance nait la précaution qui ferme une parenthèse caressante devenue urticante.
Unis pour le meilleur et pour le pire n'est là pas l'histoire d'un mariage mais de l'enterrement de la crédulité ; et de la candeur aux mirages la frontière est parfois mince.

De portraits de vie en totale opposition ressort, au delà des classes sociales radicalement opposées, la violence, qu'elle soit physique ou psychologique.
Rafael Chirbes évoque la difficulté d'être homosexuel dans les années 80, les ravages d'un virus qui a décimé des amours ou des amoureux entravés jouissant de leur pseudo liberté dans une société imbibée d'un parfum aux effluves d'homophobie irriguant tous les milieux sociaux.
Puis la passion, aussi trompeuse que les pochettes surprises ou que l'apparence d'un bonbon acidulé gâté. Gratter la surface d'un ressenti pour en extraire ce qui reste de pulsion en substance . Souffrir de cette petite particule du plaisir qui nous tiraille ballottée dans le fleuve Amour entre débat et désir d'en finir.
Ingurgiter le présent pour se dégager du passé.

Si on ne s'attache pas aux personnages, on subit la réalité enfouie des déconvenues , et pourtant, que la lecture est belle, la beauté jaillit de l'abrupt et du funeste nous emportant dans un récit littéraire convaincant et bouleversant.

Il a fallu 20 ans à Rafael Chirbes pour finir ce roman et ce, quelques mois seulement avant sa mort, est ce à dire que lors de ses derniers souffles, l'acuité d'esprit, la dureté de la vie mais aussi son éclat lui sont alors apparus dans leur plus stricte authenticité ?
Une chose est sûre, je vais, de mon côté, renouer au plus vite avec la virtuosité de Chirbes que j'ai littéralement dévorée.

Paris-Austerlitz, un livre électrisant et poignant.
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Ce roman sec et peu aimable se passe dans le Paris des années 1980, années SIDA faut-il le rappeler... Le narrateur, d'origine espagnole est issu d'un milieu aisé. Il est en rupture avec sa famille à cause de son homosexualité. Il a l'ambition de devenir un artiste-peintre reconnu. Alors qu'il est à la rue, ou presque, il fait la connaissance de Michel, un ouvrier ajusteur de trente ans son aîné. Suivront quelques mois de passion amoureuse, noyés dans l'alcool, la drogue et les fréquentations un peu louches. Comme le dit la chanson « les histoires d'amour finissent mal, en général » et celle-ci n'y échappera pas… Comment peut-on prétendre aimer alors qu'on se fait tant de mal, parfois sans même le vouloir vraiment ? Ce roman a reçu de très bonnes critiques, des prix. Pourtant je ne suis pas entièrement convaincu. Si le style est bien tenu et frappe juste, les personnages m'ont semblé vraiment trop lointains pour que leur histoire m'émeuve vraiment.
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Rien n'indique, sur la première de couverture ou dans les pages intérieures, si ce mince volume est un roman, une "autofiction", ou encore une histoire vraie. D'ailleurs, cela importe peu, car la forme adoptée est celle de l'autobiographie. D'abord, le récit est à la première personne, avec les limites stylistiques et les facilités littéraires que cela entraîne chez les auteurs contemporains. Ensuite, ce long discours à la première personne est adressé à des personnages accusateurs, Jeanine et Jaime, devant qui le narrateur se justifie, s'explique, se disculpe, tente de montrer qu'il n'est pour rien, ou pour peu de chose, dans le malheur qui a frappé son ex-amant, mort du sida. La forme de l'autobiographie est d'abord celle du débat avec la culpabilité, par l'auto-justification, le plaidoyer pro domo, quand bien même les événements racontés seraient fictifs. L'histoire est douloureuse, affreuse par endroits, et même sur les instants de bonheur amoureux se projette l'ombre de la mort. Mort de celui qui en aimant trop, a confondu amour et possession, qui n'a pas été assez aimé, ou pas comme il l'aurait voulu, qui a désiré par amour que l'être aimé renonce à soi : tels sont les termes du problème où se débat le narrateur. Texte pathétique et douloureux, avec, à première vue, un minimum d'élaboration littéraire. Pourtant, les journalistes donnent du "grand écrivain" à Rafael Chirbes. Peut-être est-ce plus beau en espagnol.
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Rafael Chirbes nous offre ici une variation sur l' amour voué à l' échec lorsqu'il se fonde sur la seule volonté de ne pas être seul ( e). Si cela me suffisait pas pour en assurer l' irremediable déclin, il y rajoute une différence de niveau social, économique et culturel. Évidemment, qu'il s' agissed' une relation homo ou hétérosexuelle, le résultat est absolument identique ( cf Pura vida de José María Mendiluce). L' ouvrage, formidablement bien écrit se lit facilement et d' une traite . Il s' inscrit complètement dans le plaisir de la lecture et dans le cadre des thèmes récurrents de cette dernière : l' amour et la mort.
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critiques presse (1)
LeMonde
08 décembre 2017
La liaison d’un jeune bourgeois et d’un ouvrier d’âge mûr à Paris au temps du sida. « Paris-Austerlitz », hypnotique dernier roman de l’écrivain espagnol mort en 2015.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Après coup, je ne sais plus si ce que je ressentais pour lui était de l'amour (mais c'est quoi, ça, exactement, putain bien des fois on l'analyse, on le dissèque, et à trop aller y voir on s'égare et on finit par le perdre), mais je jure, vraiment, oui, je jure que je me suis livré à lui sans résistance, non parce que je n'ai pas voulu aller contre moi-même, mais parce que je n'ai pas pu aller contre moi-même.
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Michel m'attirait et moi, au lieu de sentir que je vampirisais les doses d'énergie, de bonté et de maturité que cet homme avait en lui, je me suis cru généreux, parce que j'étais jeune et que je l'aimais, sans voir les risques.
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Il restait dehors, le Paris, l'impassible animal de glace, les écailles rugueuses de ses pierres et les ardoises effilées de ses toits. La nuit. Nous habitions un refuge. (...) deux corps nus, des êtres auxquels on avait arraché leur carapace (de quelle fragile matière devient l'homme dépouillé de sa coquille textile ?) ; des larves qui, dans la glace, semblaient dépourvues de structure interne, et même de peau, deux morceaux de chair mutilés qui se cherchent.

pp. 62-63.

... continuer à vivre.
Notre vie : quelques centimètres
de folie et de chair tendre
entre le dur squelette intérieur
et l'air dur du dehors.

Yehudah Ami'haï, Akhziv, p. 47, trad. M. E. Elial.

להמשיך לחיות
מה חיינו כמה סנטימטרים של
טרוף ורוך בשר
שבין השלד הקשה בפנים
ובין האויר הקשה בחוץ

אכזיב
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Creo que, en el mundo de la noche existe un respeto- incluso cierta admiración- por un hombre maduro que trasnocha, liga y toma drogas y alcohol como si siguiera teniendo veinte años.
Ed. Anagrama p.12
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... comme nous l'avions fait au cours des premiers mois, quand je n'avais absolument rien pour survivre. Je reconnais qu'alors il fut généreux : il me recueillit chez lui, m'offrit tout ce qu'il avait, me nourrit, nous baisâmes jusqu'à l'épuisement et il m'abreuva jusqu'à ce que le pastis me sorte par les oreilles... Mais, presque depuis le début, je remarquai que cette générosité courait le risque de se transformer en une forme pervertie de l'échange : je me donne entier, mais je te veux entier. Je soupçonnais que tout ce que Michel m'offrait, je devrais le lui rendre un jour, et je commençai à regarder sa volonté de dépenser pour moi jusqu'à son dernier centime comme le débiteur regarde le registre du prêteur qui finira par lui faire payer un intérêt exorbitant.

pp. 43-44
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Videos de Rafael Chirbes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rafael Chirbes
Rafael Chirbes - Sur le Rivage .Rafael Chirbes - Sur le Rivage aux éditions Rivages. Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/chirbes-rafael-sur-rivage-9782743629489.html Notes de Musique : ?Polarity? (by HE-LUX). Free Music Archive.
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