C'est la première enquête d'Hercule Poirot !
Je n'avais pas lu ce livre depuis longtemps et j'avais complètement oublié combien il parait décalqué sur un
Conan Doyle.
Un événement a suscité un "intérêt passionné", a bénéficié d'une "célébrité mondiale", alors la famille a demandé un récit clair et véridique de l'histoire pour mettre fin aux rumeurs, calmer la médiatisation. On croit vraiment suivre la plume du docteur Watson. Mais le narrateur est un certain capitaine Hasting. On ne sait pas grand chose de lui ; on n'en saura du reste pas beaucoup plus au bout d'une dizaine de romans... Il a été blessé en France, sort de l'hôpital et a droit a un mois de congé pour sa convalescence. Il ne sait pas où aller quand il rencontre un vieil ami qui l'invite chez lui à Styles. "Venez mère sera contente de vous revoir". Chez lui, enfin chez sa belle mère, puisque c'est elle qui a hérité de son mari les biens de famille. Bien que la dame soit autoritaire, cela ne posait pas de problème, mais la situation vient de changer : elle s'est remariée avec son secrétaire, nettement plus jeune qu'elle et que personne n'apprécie.
Hastings se rend compte que l'atmosphère est un peu électrique. Tellement que Mrs Inglethorp est bientôt empoisonnée...
Hastings avait dit qu'il avait rencontré en Belgique un curieux détective qui lui avait donné envie de faire ce métier : ce détective est justement là . Il vient d'arriver avec le dernier convoi de réfugiés belges (une des multiples oeuvres caritatives de la morte). Il s'appelle Hercule Poirot et saute pratiquement au cou d'Hastings tellement il est content de voir enfin une tête connue après cette période d'errance (Ah ! Ces continentaux !) Bien sûr, il considère qu'il doit tellement à sa bienfaitrice qu'il se met immédiatement à la disposition de la famille pour trouver le coupable.
Ce n'est pas encore "notre" Hercule Poirot : il s"agite comme un grillon" sur la scène de crime. Renifle les tasses à café de la soirée précédente, en goûte même le fond. Relève une pièce à conviction, un vrai petit Sherlock. Il n'en est pas encore arrivé à l'époque où il se moquera des inspecteurs "chiens policiers" qui inspectent les indices et restera dans son fauteuil à reconstituer l'affaire avec ses "petites cellules grises".
Bien sûr, c'est déjà un excellent détective. Il a immédiatement compris qui est le coupable, comment le crime a été organisé. Mais il n'a aucune preuve...Et c'est Hastings qui, en faisant une remarque anodine le mettra sur la piste .. Pourtant on ne peut pas dire qu'il ait été d'une grande aide dans toute cette histoire.
Mais notre Hercule est déjà un grand sentimental : quand Hastings lui demande pourquoi il a tant tardé à révéler la vérité, il répond que c'était pour "sauver le bonheur d'une femme" ! Hastings en reste ébahi, un détective en conseiller conjugal et restaurateur de couples ! Vraiment !
Agatha Christie n'avait pas réussi tout de suite à faire imprimer ce livre, la suite a prouvé que les éditeurs pouvaient gagner leur vie avec elle !