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EAN : 9782266107228
224 pages
Pocket (02/05/2001)
4.11/5   54 notes
Résumé :
"Je fus une petite fille privilégiée, parce que mon père avait été prisonnier. Et aussi curieux que cela paraisse, c'est ce qui me sauva la vie."

"Bergen-Belsen, j'en reviens, cinquante ans que j'attendais ce moment-là ! Lorsque j'ai franchi la grille, quelque chose m'a arrêté tout net : les oiseaux... ça chantait partout... On me demande s'il n'y avait pas d'oiseaux dans les camps. Je ne sais pas. Peut-être qu'il y en avait, mais on ne le voyait, on... >Voir plus
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Une petite fille privilégiée (Francine Christophe) aux éditions Pocket

C'est le deuxième livre relatant les conditions d'un enfant dans les camps de concentration que je lis le premier étant le monument hongrois d'Imre Kertész : Un être sans destin dont je parlerai dans une autre critique.

Francine est née en 1933, elle a à peine 6 ans lorsque le conflit débute. Elle écrira ce livre en 1967 soit à l'âge de 34 ans. Pour cela elle va utiliser ses notes d'enfant qu'elle consigne dès l'âge de 12 ans. Elle ressent déjà malgré son jeune âge le besoin de témoigner. Elle choisira lors de l'écriture de ce livre un style narratif brut de décoffrage, sans littérature comme elle se plait à l'écrire.

On peut distinguer 3 époques de taille inégales dans ce livre, l'avant camp où les contours du récit sont peu détaillés cela s'explique par son jeune âge, cette époque où elle relate des jours assez insouciants, mais aussi la capture de son père par l'armée adverse.

Ensuite la période des camps. Elle sera trimballée de camps en camps. Tout commence à Poitiers, ensuite à Drancy, suivi du camp de Pithiviers, ensuite le camp de Beaune-la-Rolande (près de Montargis) pour ensuite partir à Bergen-Belsen.

Tous ces voyages sont décrits avec de plus en plus de précision sur l'horreur qu'elle a vécu comme des millions de déportés. Une longue partie est aussi consacrée à la vie ou plutôt à sa non vie dans le camp. Cependant pendant toute cette durée, elle se sentira privilégié car le statut de son père, prisonnier de guerre lui octroi quelques « faveurs ».

Prisonnière avec sa mère dans les camps, elle va décrire sa vie sous forme d'image. Jamais on ne tombe dans le pathos. le style est enlevé toujours au présent. Cette accumulation d'image reflète la vision d'une jeune enfant dans les camps. On est pris aux tripes, on a envie de pleurer.

« On dit que la nuit, ils doivent se dévêtir, poser leurs rayés au centre de la baraque et dormir tout nus. Comme ça, on ne perd pas de temps à déshabiller les morts le matin. Les réveillés doivent enfiler le premier pantalon qu'ils ramassent devant eux. Et quand on sait à quel point la dysenterie ne se retient pas »
Le récit montre cette jeune enfant avec une certaine lucidité pour son âge.

« Mon coeur bat fort, mon coeur fat terriblement fort, parce qu'il sait qu'il va s'arrêter. Toc, mon horloge de douze ans, on va lui bloquer son balancier »
La troisième partie de ce livre relate la libération avec tout son contexte de difficultés à affronter la vie courante, le retour à la vie normale. On voit que la jeune fille a grandi, ses remarques sont plus poussées, ses réflexions plus étayées.

« Quelques déportés meurent de joie »
… « Ils mangent pendant les guerres, eux. Et ils boivent quelquefois à cent mètres d'où l'on brûle des hommes. Ils doivent bien entendre les cris, non ? » …
Non je ne suis plus de votre monde, je suis d'un monde à part, je suis du monde des camps »
On termine ce livre avec une note positive inscrite dans l'avenir, son avenir.

« Ecoutez vieux gardiens de camp qui vivez encore !
Ecoutez, je l'ai ma Victoire ; j'ai des enfants, et des petits enfants »
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Un livre choc,dur,sans pathos,l'histoire de cette petite de fille de 6ans à 12ans,qui après plusieurs transits dans différents camps va survivre un an avec sa mère au camp de concentration de Bergen/ Belsen.
Pour certains d'entre vous vous aurez les mots : innommable ,abject,impensable ,i humain .....qui vous viendront à l'esprit, pour moi ,dont le père fut déporté politique à Auschwitz / Birkenau et Buchenwald / Dora,c'est un livre temoignage où les paroles de mon père résonnent encore a mes oreilles: " Nous pouvons pardonner ,mais nous ne devons pas oublier".
Combien de fois ,mon frère et moi lui avons nous demandé d'écrire ce qu'il'avait vécu,à sa façon, il le faisait, étant instituteur de CM1,il en parlait à ses élèves,et au travers son regard si particulier,on pouvait lire toute la souffrance qu'il avait endurée.
Merci,Mme Christophe pour ce livre témoignage,afin que nous n'oublions pas jusqu'où l'humain peut aller .⭐⭐⭐⭐
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Je viens d'entendre par hasard à la radio une interview de Francine Christophe venue présenter son nouvel ouvrage "Un enfant des camps" et tout d'un coup je me souviens avoir lu il y a quelques années un de ses premiers livres, « Une petite fille privilégiée » qui m'avait beaucoup touchée.

Les camps d'internement et de concentration dans le regard d'une enfant âgée de 8 à 11 ans, dont les parents sont d'origine juive mais non pratiquants. C'est un témoignage poignant écrit dans un style simple et fluide, mais totalement brut sans pathos ni analyse puisque la narratrice, cette petite fille, ne comprend pas ce qui se passe autour d'elle. Brutalement elle est arrêtée avec sa maman en gare De La Rochefoucauld alors que, munies de faux papiers, elles tentaient de fuir en zone libre.

Le titre pourrait sembler ironique, pourtant il ne l'est pas foncièrement. C'est parce que son père était prisonnier de guerre (il était lieutenant dans l'armée française) et grâce à la Convention de Genève qui doit assurer une certaine protection, que Francine a eu le « privilège » de ne n'a pas avoir été séparée de sa mère ni déportée au camp d'extermination d'Auschwitz. Toutefois de juillet 1942 à avril 1945 elle a d'abord été transférée à la prison d'Angoulême puis successivement dans les camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande, Drancy, Bergen-Belsen… 36 mois de détention auxquels elle survivra mais à quel prix. Elle découvre, dans l'incompréhension, la vie en détention, les conditions précaires, les souffrances, la saleté, le froid, la faim, les maladies… Elle assistera à l'arrivée massive d'autres enfants juifs et à leur transfert dans les camps de la mort.

Francine Christophe, dans ses interventions, explique souvent qu'elle a eu « une petite enfance très heureuse, pas d'enfance et une adolescence difficile ». de retour en France, elle essaiera d'expliquer à ses camarades de classe ce qu'elle a vécu pendant ces trois années, mais elles ne l'écouteront pas et la prendront même pour une folle. Elle s'enfermera dans le mutisme. Ce n'est qu'en 1967, devant tant d'incompréhensions et la montée des négationnistes qu'elle sentira le besoin absolu de témoigner et d'écrire cet ouvrage bouleversant pour que l'on n'oublie jamais.
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J'avais vu un témoignage de l'autrice dans une série de portrait de femmes, réalisé par Yann Arthus Bertrand. Parmi les histoires celle de Francine Christophe m'avait marqué, j'avais noté le nom de son livre autobiographique, le hasard des boutiques d'occasion ont fait le reste.
Ce récit est à la fois très dur mais facile à lire, son style est fluide et brute, le récit suit une chronologie précise. Nous découvrons l'horreur de l'occupation, de la déportation, des camps puis enfin de la libération, par les yeux d'une enfant; ce qui ajoute encore un peu plus à l'horreur.
C'est un témoignage rare, détaillé, terrible, mais nécessaire.
Plus les années passe et plus le récit est détaillé, nous avons l'impression de voir grandir Francine, les souvenirs deviennent plus net, ses capacités de raisonnement se développent au fil des pages.
Ce témoignage détaillé, illustré de très nombreuses anecdotes nous fait prendre pleinement conscience de l'horreur du nazisme, de la xénophobie, du racisme, de l'antisémitisme.. Bien plus qu'un récit de guerre, il s'agit également d'un message de paix et de tolérance.
Un livre important, à mettre entre toutes les mains.
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Il y a quelques mois, en regardant la télévision (chose rare pour moi), une femme racontait « sa vie » dans les camps dans l'émission de @faustinebollaert Ça commence aujourd'hui. Cette femme, Francine Christophe, ses paroles, son histoire m'avaient touché et je me suis procurée rapidement son livre.

C'est un livre rempli de vérités, de succession de souvenirs dans laquel une enfant a survécu dans les camps. Je suis sensible à cette période, comme tout le monde je pense. Je suis allée récemment au Mémorial de la Shoah, tout naturellement, je me suis tournée vers cette lecture qui ne m'a pas laissé indifférente. J'ai appris beaucoup de choses sur cette période inhumaine qui a malheureusement marqué chacun de nous ; même si nous ne l'avons pas vécu pour la plupart.

Je pense qu'il est important de lire de tel témoignage afin de ne pas oublier. Je ne peux que vous conseiller cette lecture.

« Chaque déporté n'est jamais totalement revenu de son camp, et j'en ferai chaque jour la triste expérience. »
« Nous sommes tous des pendus dont la corde a cassé. »
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Deux femmes assises attendent au centre de la baraque.La vieille et la jeune. La mère et la fille .On dirait qu'elles vont mourir,là, devant nous.
On les a extirpé de leur galetas et traînées devant nous toutes pour les empêcher de mourir.
DE MOURIR DE CRASSE
Car c'est vrai ,elles ont l'oeil vague, et elles sont mangées par les poux.
De loin,en tendant les bras,sur la pointe des pieds,le corps tendu,on les dénude et on les lave,et on leur donne des habits collectés parmi nous toutes.Puis on leur rase la tête, mais ça se révèle impossible.Leur crâne disparaît sous une croûte épaisse de cheveux pourris,de crasse et de larves de poux.On gratte ,on cisaille, pour en enlever le maximum.
Hé oui,elles avaient dételé,les pauvres,elles avaient cédé,capitulé,abandonné,lâché,abdiqué,renoncé.
Il faut vouloir survivre ,et ce n'est pas donné à tout le monde.
J'assiste au sauvetage,en bon public,fascinée par l'excellent spectacle,et puis je regarde en coin,Maman que je battrais, le matin avec sa maudite toilette du corps ....pour l'esprit
( Finalement ,la fille s'en sortira.La mère qui n'avait pas quarante ans ,meurt épuisée peu de temps après.)
La neige partout,la neige épaisse,la neige blanche qui étouffe les cris ,les pleurs ,la vie.
Creuser des chemins dans la neige.Soulever des jambes lourdes d'oedèmes dans la neige.Tomber dans la neige .
Qui m'aurait fait croire que je ne pourrais n'avoir ni envie de batailles de boules de neige,ni de bonhomme de neige ?.( Page 120/ 121).
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NOUS SOMMES TOUS DES PENDUS DONT LA CORDE A CASSÉ.

Le contact avec les allemand s'est révélé pénible.Pas avec les jeunes .Mais des qu'un Germain a 《 l'âge 》,tout en moi se recroqueville.Malgre moi ,je l'imagine en uniforme,je le vois agir,ordonner,cogner,crier.
La langue,également,me donne un certain malaise.Le plus beau lied,le plus beau poème ne sont qu'aboiements à mes oreilles.
Je ne ressens pas de haine envers l'Allemagne,sinon,je ne vaudrais pas mieux que mes bourreaux.
Au fond,c'est peut-être ça e tre juif: posséder une communauté de souffrance et pratiquer le refus de la haine.(Page 208).
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Je sors de la barque avec Rose-Marie et son fils Michel, et de l'autre côté du barbelé, juste là, quatre morts tout nus, allongés par terre, le crâne appuyé contre le mur, attendant leur transfert au four.

Rose-Marie a un drôle de réflexe. Elle attrape Michel et le retourne. Moi, je les regarde, étonnée. Bah, il a trois ans, Michel. Il faut bien qu'il s'habitue.
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Mes petites amies,et mes deux intimes, Christine Moreau et Suzanne Benneteau,je vous retrouve,et vous me souriez simplement,sans m'embarrasser de ces absurdes questions.Mais moi,je vous souris mal.Vos histoires de petites filles m'ennuient.Nous ne nous comprenons plus.Nous ne pouvons plus bavarder,car nos bavardages ne coïncident plus.
Lorsque vous perdez un membre de votre famille,votre tristesse me fait hausser les épaules. Allons ,comment peut-on on pleurer un mort!.
Vous me semblez bébés, bèbêtes.Vos jeux ne m'amusent pas,vos plaisanteries me fatiguent, vos rires m'énervent,vos secrets m'exaspèrent.Je n'arrive pas à vous suivre,nos pensées ne vont plus ensemble,parallèles.
Non,je ne suis plus de votre monde ,je suis d'un monde à part,je suis du monde des camps.( Page 201/202).
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Ah! Cette étoile, Maman, comme je voudrais pouvoir l'arracher. Je ne veux pas qu'on m'observe comme ça. Je veux m'en aller. Pourquoi de fusils ? Je ne suis pas un animal.
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Videos de Francine Christophe (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francine Christophe
L'Enfant des camps, de France Christophe avec Pierre Marlière. Disponible en librairie. https://bit.ly/2OgQ5JN Arrêtée en Juillet 1942 avec sa mère sur la ligne de démarcation, Francine Christophe est encore une enfant. Elle a presque neuf ans, l'âge des jours heureux quand elle est rattrapée par la folie nazie. Interrogée par la Gestapo, enfermée de prison en prison, ballotée de camp en camp, en France d'abord, elle est déportée en mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen. A son retour, quand elle essaye d'expliquer à ses camarades de classe ce que la guerre lui a fait, celles-ci la regardent, gentiment, mais tournent l'index sur la tempe, l'air de dire : elle est folle. La jeune Francine ne parle plus du cauchemar qui a duré trois ans. Aujourd'hui, les mots refont surface. Francine Christophe raconte ce qu'elle vu et connu. Les coups, le froid, la faim. Les familles qu'on sépare. Les enfants qu'on entasse dans des wagons à bestiaux. La maladie et la mort. Les travées boueuses où les cadavres pourrissent. La cruauté. Mais aussi l'amour, celui d'une mère et de sa fille, indéfectible, qui résiste à la guerre. Et des miracles, comme ce bébé qui voit le jour dans l'enfer de Bergen-Belsen et survit grâce à l'entraide et la fraternité des femmes. Pour que tous nous sachions et n'oublions pas ce que fut la Shoah.
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