Petit roman étonnant et avec un sujet qui peut paraître banal, mais émouvant.
Philippe Claudel a su nous faire rêver en décrivant le pays de Mr Linh, ainsi que le courage de ce vieil homme à s'enfuir avec sa petite fille, pour pouvoir survivre ailleurs.
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Ce petit roman est très bien écrit et avec simplicité. L'auteur laisse à son lecteur imaginer une suite. Une suite sûrement heureuse.
Un vieil homme, Mr Linh et sa petite fille, d'une dizaine de jours, Sang Diû, étaient sur le bateau pour quitter leur pays complètement détruit. Tous ceux qu'il connaissait, étaient morts, ainsi que son fils et sa belle fille. Lorsque le vieil homme arriva six semaines plus tard dans un pays dont il ne connaissait pas la langue, il avait vieilli d'un siècle. Il suivit le groupe de gens. On les emmena dans une sorte de dortoir où il y avait déjà d'autres familles nombreuses de réfugiées.
Bien emmitouflés, Mr Linh sortit avec la petite serrée contre lui. Il découvrit une ville pleine de vie. Ne voulant pas trop s'éloigner, il alla dans le premier parc, et s'installa sur un banc. Un homme vint s'asseoir à côté de lui et lui parla. le vieil homme ne comprenait pas ce que l'homme lui disait. Celui-ci parla, alors par gestes. Un semblant de conversation incohérent s'entama . Mr Bark lui raconta sa vie. Cela lui fit du bien ainsi qu'à Mr Linh.
le lendemain, Mr Linh sortit à la même heure. Les gens le bousculaient, et lui criaient dessus. Sans les comprendre, le vieil homme s'excusait en s'inclinant, comme dans son pays. Il retourna au banc de la veille. Son compagnon, Mr Bark revint s'asseoir à côté de lui et de sa petite fille serrée contre lui. Il reprit sa conversation. Mr Linh aimait l'écouter, il se sentait moins seul. Ses sorties au parc et les conversations de Mr Bark devinrent une habitude pour le vieil homme.
Une interprète vint voir le vieil homme dans le dortoir. Elle lui expliqua qu'il ne pouvait pas rester indéfiniment dans ce dortoir. Elle allait lui trouver un petit logement pour lui et la petite. Il serait plus tranquille. Mr Linh sourit tristement. Il avait pris ses habitudes au dortoir et au parc, et la petite fille ne pleurait jamais. de plus, une réelle amitié s'était instaurée entre le vieil homme et son ami, Mr Bark, même si l'un et l'autre ne parlait pas la même langue.
C'était un curieux couple. Mr Bark, ce géant fumant comme une locomotive, emmenait le vieil homme, si petit, qui paraissait si vulnérable, emmitouflé de multiples couches de vêtements, visiter la ville. Puis, chacun fit voir une photo de leur femme à l'autre avec fierté. Chacun parlait de son pays. Chacun pleurait, chacun se consolait.
Un jour, l'interprète vint chercher Mr Linh et sa petite fille pour aller chez le médecin, et remplir des papiers pour réfugiés. Il se fit tard et Mr Linh fut contrarié, car son ami allait s'inquiéter. Il ne put aller au parc, ce jour-là. L'interprète lui annonça, ce même soir, que c'était sa dernière nuit, qu'il allait être logé plus confortablement ailleurs. Mr Linh s'affola. Et son ami ?
le lendemain matin, Mr Linh et sa petite fille furent conduits dan un château. Cet endroit semblait bizarre, avec pleins de vieillards en peignoir, et des infirmières. Mais où était-il ? Que faisait-il ici, dans cette sorte d'hôpital ? Mr Linh se sentit seul, sans son ami. Il pensa, alors, à son pays, à tous ceux qui étaient morts. Il se plia au règlement. Quelques jours après, personne ne faisait plus attention à lui. Il décida, alors, de prendre son petit baluchon et sa petite fille et de passer de l'autre côté d'un petit mur. Il était en pyjama et robe de chambre, mais ils étaient libres. Il ne reconnut pas la ville, ni la direction du parc. Il marcha, la petite serrée contre lui, glissa dans un trou d'eau croupie. Son peignoir était mouillé et sa pantoufle déchirée. Mr Linh continua tant bien que mal. Il voulait retrouver son ami dans le parc, mais la ville était grande et pleine de monde et de voitures. Les commerçants chassaient ce vagabond avec l'enfant de leur trottoir. Soudain, il vit au loin un grand espace vert. C'était le parc. Il vit le banc. Mr Bark y était assis. C'était bien lui. Il courut en l'appelant, sans faire attention aux voitures. Mr Bark vit, au loin, un homme avec une chose collée à lui. Il reconnut son ami. Il s'avança vers lui, le priant de faire attention, qu'il arrivait. Mr Linh continuait de forcer son passage à travers les voitures. Soudain, ce fut le choc, Mr Linh fut percuté par un véhicule. Mr Bark était heureux d'avoir retrouvé son ami, mais celui-ci gisait à terre, la tête en sang. La petite avait été projetée non loin de lui.
Roman très touchant sur la solitude, l'amitié, les conditions des réfugiés...