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4,18

sur 4789 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juste quelques mots pour marquer cette belle découverte.
Et oui, je suis un peu en retard, beaucoup m'ont précédé mais mieux vaut tard que jamais...
Une terre qui s'éloigne, un bateau, une valise, un homme....un très vieil homme, Monsieur Linh.

Philippe Claudel nous livre le récit d'un exil, de tous les exils, la douleur de quitter un pays, de tous les pays en guerre ou pas, la peur et la frayeur devant un monde différent, la découverte d'un pays sans odeur et sans saveur.

Depuis son départ, Monsieur Linh serre contre son coeur et son corps son seul trésor, sa fleur de lotus, qu'il espère voir s'épanouir: Sang diû ou Matin doux, sa petite fille rescapée de quelques semaines.
Et puis au détour d'une rue, une surprise, une lueur d'espoir: Monsieur Bark débarque ...

Un texte court, intense et touchant.
Une chute percutante...
Un plaisir à lire et à faire partager.


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Le bateau quitte définitivement le pays. A bord, des dizaines de personnes comme Monsieur Linh regardent avec tristesse la terre s'éloigner. Cette maudite guerre lui aura décidément tout pris, son fils et sa femme, sa liberté, ses rizières et elle aura détruit son village et par là-même l'espoir d'y mourir en paix. Sa petite fille, Sang diû, âgée de 3 mois, tendrement serrée contre lui est tout ce qui lui reste. Pour elle, il ne veut pas baisser les bras et veut lui offrir une vie convenable et décente. C'est à l'arrière du bateau pour profiter le plus longtemps possible de la vue de ses terres qu'il passera la plupart du voyage qui dure des jours entiers. Et c'est dans une ville grise, froide et triste qu'il débarque, une ville sans saveur et sans odeur. Il sera logé dans un dortoir avec d'autres réfugiés. le confort n'y est pas, les autres familles font du bruit, les hommes jouent au mah-jong, les enfants turbulents courent partout mais les femmes lui apportent de quoi manger. Mais, surtout, Monsieur Linh est avec sa petite-fille qu'il ne quitte jamais. Il n'osera pas sortir dans les premiers jours et passera ses journées seul au dortoir. Il se décide un jour de prendre l'air, ne serait-ce que pour la petite. Il ne connaît pas ce pays, ni cette ville aux rues sinueuses et encore moins la langue. Mais, qu'importe, il va rencontrer ce jour-là, sur un banc, un vieil homme dont il ne comprend pas les paroles mais il aime le son de sa voix, à la fois chaleureuse et mélancolique...

Philippe Claudel, tout comme Monsieur Linh avec sa petite fille, nous berce avec ses mots. Cette amitié improbable entre deux hommes que tout semble séparer est juste incroyable et tendre à souhait. Seule la solitude et la perte de ses racines pour l'un et sa femme pour l'autre font que seuls les regards et le ton de la voix peuvent rapprocher. le langage du coeur prend ici tout son sens. L'auteur nous raconte à travers Monsieur Linh son exil forcé, le nouveau pays à conquérir, ses rencontres et ses amitiés naissantes. Monsieur Linh est un homme bon, juste, au grand coeur et terriblement protecteur envers sa petite fille qu'il ne peut lâcher. L'écriture de Philippe Claudel est à la fois tragique, épurée et sensible ce qui rend ce petit roman touchant, sincère et attendrissant.

La petite fille de Monsieur Linh n'attend plus que vous...
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Un viel homme et sa petite fille ont fui leur pays en guerre. Ils ont maintenant le statut de réfugiés et doivent vivre loin de leur terre d'origine.
Un petit bijou d'écriture. Il se dégage de cet ouvrage bref et intense : sensibilité, délicatesse, empathie, poésie et douceur. La lecture du dernier chapitre a fait naître une petite larme au coin de mes yeux ......
Une exquise découverte !
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“Qu'est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l'on passe autour de son cou?"

***

La guerre sévissant depuis plusieurs années lui a tout pris. Son village, dévasté. Sa famille, décimée. Il ne reste plus rien à Monsieur Linh si ce n'est une petite fille âgée de quelques semaines, dernier lien qui le raccroche encore à l'existence. 

Pour elle, il a décidé de fuir sa terre natale, celle "de ses ancêtres et de ses morts" et entreprend une longue traversée sur un océan chahuté. 

"Des jours et des jours. (...) tout ce temps, le viel homme le passe à l'arrière du bateau, les yeux dans le sillage blanc qui finit par s'unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher encore les rivages anéantis."

Arrivé à destination, il rejoint un camp de transit pour réfugiés. La ville lui semble grande, froide, grise, sans odeur ni saveur. Rien ne s'apparente à ce qu'il connaît. Aucun visage ou repère familiers.

"C'est comme de venir au monde une seconde fois." 

Face au va-et-vient incessant de la foule, au vacarme assourdissant et aux regards indifférents voire hostiles, le vieillard se sent perdu, complètement démuni. 

" (...) c'est un pays étrange et étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps qui passera, malgré  la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le présent." 

Lorsque son chemin croise celui de Monsieur Bark, ce sont deux solitudes, deux âmes en souffrance qui se rencontrent, s'apprivoisent et se reconnaissent au-delà des mots.

Que leur réservera l'avenir ? 

*

Philippe Claudel nous offre un récit aussi sombre que lumineux mêlant subtilement tragédie humaine et force des sentiments. 

Conteur de talent au style sobre et dépouillé, il se place au plus près des personnages qui apparaissent bouleversants de fragilité.

Monsieur Linh fait partie de ceux dont je me souviendrai longtemps. Son dévouement, son courage et sa détermination forcent le respect.

Avec une simplicité désarmante, l'auteur dénonce l'absurdité de la guerre et interroge le regard que nous portons sur l'autre. 

Page après page, je me suis laissée bercer par la musicalité de ses mots et étreindre par l'émotion. 

Un beau roman sur le deuil, l'exil forcé, la nostalgie et les amitiés salvatrices à découvrir assurément.

***

"(...) ce peut être aussi cela l'existence! Des miracles parfois, de l'or et des rires, et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence."
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Ce livre m'intriguait depuis un bon moment, pour moi il abritait un mystère, alors afin de le découvrir je me suis glissée tout en douceur dans cette histoire singulière.

Le pays où vit Monsieur Linh probablement l'Asie est dévasté par la guerre. Son village a été décimé ainsi que toute sa famille, à l'exception de sa petite fille Sang Diû.

Après un long voyage, il se trouve débarqué dans un pays qu'il ne connaît pas.

Il finit par s'aventurer dehors pour leur bien. Monsieur Linh s'installe sur un banc avec Sang Diû toute emmaillotée. Il lui chante une vieille chanson et ainsi la berce tout en songeant à son pays.

Il y rencontre Monsieur Bark, qui vient tous les jours s'asseoir sur le banc. C'est la rencontre de deux solitudes, une amitié forte va se nouer entre les deux hommes.

Malgré la barrière de la langue, ils se trouvent en bonne compagnie et établissent des liens, ce qui rompt leur isolement. Ces deux âmes solitaires, s'apprivoisent, s'attachent. Son ami sécurise le vieil homme qui ne lâche pas sa petite fille de ses bras. Leur duo symbolise la manifestation de leur souffrance, leur rencontre va leur offrir un regain de vie.

Monsieur Linh est accueilli provisoirement dans un dortoir mais va devoir le quitter pour regagner un autre refuge et là, leur amitié va être éprouvée durement.

Que vont-ils devenir ? Que nous cache l'auteur ?

La chute est brutale, étonnante. le lecteur est convoqué par l'auteur à se rassembler pour remonter le temps afin de comprendre.

Elle montre combien la guerre peut conduire un homme à la folie pour s'en sortir.

Une histoire hors du temps que je ne suis pas prête d'oublier
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Et si c'était la surenchère de laideur, de violence, de population déplacée et de guerre que j'absorbe chaque jour depuis des lustres qui ont fait que ce roman m'est apparu saturé de mièvrerie ?
L'auteur n'en est pas le responsable, mais comment m'apitoyer sur le récit de ce Monsieur Linh qui a tout perdu, sa maison, son pays, ses enfants, à qui il ne reste que sa petite fille alors que dans le monde me sont relatés quotidiennement des faits similaires, bien réels ceux-là.
De l'Ukraine à la Libye en passant par l'Arménie et la Palestine, ce n'est que désolation, persécution et souffrance.
Des « Monsieur Linh » par milliers sont arrivés par bateau, en train ou à pied et vont finalement errer dans des pays qui ne veulent pas d'eux.
Comme dans le roman, ils vont vraisemblablement rencontrer des centaines de « Monsieur Bark » qui à la vue de cette détresse humaine vont culpabiliser que leur gouvernement ait déstabilisé leur régime ou d'avoir eux-mêmes prit les armes pour aller les abattre chez eux comme on leur a ordonné de le faire.

C'est intéressant de ne pas savoir d'où vient Monsieur Linh et dans quel pays il débarque avec sa petite fille très sage, trop sage même, trop silencieuse, traumatisée surement, trophée d'un peuple détruit.
Ce mystère confère un côté universel à cette histoire. Ce sympathique Monsieur Bark est Monsieur Tout-le-monde avec un passé de guerrier repenti qui a eu la vie dure. Ce pauvre homme cassé, seul, a perdu sa femme juste avant la retraite.
Malheureusement, la retraite n'a pas le même sens dans tous les pays de cette terre.
Pour certains c'est une pause méritée pour d'autres c'est un exode forcé.

Maintenant, c'est gentiment à la mode de faire des marches de la solidarité par dizaines de kilomètres à grand renfort médiatique mais commençons par arrêter de marcher sur la tête. Ces démarches à mon sens ne sont que des cautères sur des jambes de bois et ne font plaisir qu'à notre égo.

Et si je m'étais trompé, qu'en définitive, ce roman était une fable et que ma fièvre est montée sans raison à échafauder des parallèles contestables ?

Et si la fin était tragique mais poétique, et si Monsieur Linh était allé boire à une source ?
« On raconte que son eau a le pouvoir de donner l'oubli à celui qui la boit, l'oubli des mauvaises choses. Aussitôt qu'il l'a bue, sa mémoire devient légère : ne restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan. »

Et si c'était un rêve et en aucun cas une « rave » ?


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Je ressors de ce livre avec l'impression que quelqu'un m'a raconté une histoire d'une voix douce. L'impression de sortir d'un rêve. de ce roman ressort une douceur rêveuse. L'écriture est comme un poême suave.
J'ai adoré...
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Philippe Claudel nous raconte une histoire simple. Il choisit de suivre pendant quelques jours monsieur Linh, un vieil homme exilé confronté à un environnement hostile. Hostile parce qu'il n'en comprend pas la langue, les codes ou n'en reconnaît pas les senteurs. Pour continuer à vivre, monsieur Linh se raccroche aux souvenirs de ce pays qu'il a dû quitter, puis aux rencontres avec un homme seul qui devient rapidement son ami alors qu'il ne comprend pas ce qu'il lui raconte.

L'auteur évoque avec tendresse ce pays à tout jamais perdu. On ne saurait nier que c'est triste mais sans aucun pathos.


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Parfois, dans les boîtes à livres, on y découvre de jolis trésors…
Publié aux éditions Stock en 2005, puis aux éditions le Livre de Poche en 2007, » La petite fille de Monsieur Linh « de Philippe Claudel est un songe à l'amour et à la tendresse, sous une écriture poétique et épurée.
Lorsqu'il débarque un peu perdu et hébété sur ce continent inconnu, Monsieur Linh sert dans ses bras, sa petite-fille, Sang diû.
p. 10 : » L'enfant est sage. C'est une fille. Elle avait six semaines lorsque Monsieur Linh est monté à bord avec un nombre infini d'autres gens semblables à lui, des hommes et des femmes qui ont tout perdu, que l'on a regroupés à la hâte et qui se sont laissé faire. »
Placés dans un centre d'accueil provisoire, Monsieur Linh et Sang diû cohabitent avec d'autres familles. D'un naturel très discret et introverti, il reste enfermé dans son coin avec l'enfant. Elle est tout ce qui lui reste ; la fille de son fils.
p. 17 : » La petite ne se révolte pas. Elle ne pleure jamais, ne crie pas davantage. C'est comme si, à sa façon, en réprimant ses pleurs et ses désirs impérieux de nourrisson, elle voulait aider son grand-père. C'est ce que pense le vieil homme. «
Mais les journées lui semblent longues, enfermés ainsi. Il se dit que la petite aurait besoin de prendre l'air. Alors il quitte le centre et brave le froid, à la découverte de ce paysage si différent ! Les voitures, les gens, la langue… il est complètement perdu dans cette ville immense !
p. 34 : » Il n'a jamais faim. Il serait seul, il ne mangerait pas. D'ailleurs, s'il avait été seul, il ne serait même pas là, dans ce pays qui n'est pas le sien. «
Il décide de s'asseoir sur un banc, près du parc, pour se reposer un moment. Un gros homme s'y trouve déjà. En l'apercevant, ce dernier commence à parler. Mais Monsieur Linh ne comprend pas cette langue. Alors, il l'écoute, patiemment. Puis il le salue et s'en va. Au centre, personne ne lui adresse la parole. Les enfants sont brusques avec la petite Sang diû. le vieil homme lui accorde toute son attention et la rassure.
p. 44 : » Je suis ton grand-père, lui dit Monsieur Linh, et nous sommes tous les deux, nous sommes deux, les deux seuls, les deux derniers. Mais je suis là, n'aie crainte, il ne peut rien t'arriver, je suis vieux mais j'aurai encore la force, tant qu'il le faudra, tant que tu seras une petite mangue verte qui aura besoin du vieux manguier. »
Il retrouve le gros homme le lendemain, assis sur le même banc. Monsieur Bark se présente, et, maladroitement, comprend que Monsieur Linh se nomme Monsieur Tao-Laï. Il lui explique que s'il vient chaque jour ici, c'est pour voir le manège que sa femme tenait dans le parc. Son métier, c'était de donner la joie aux enfants.
Malgré la barrière de la langue, les deux hommes continuent de se retrouver sur ce banc. Une complicité naît, faite de pudeur et de respect. Monsieur Bark se prend d'affection pour la petite. Il trouve ce duo à la fois étrange et attendrissant.
Mais le centre d'accueil était une situation provisoire, comme le lui rappelle l'interprète et la responsable. Il doit se tenir prêt à changer de lieu.
p. 128 : » Pourquoi faut-il donc s'éloigner de tant de choses ? Pourquoi la fin de vie n'est-elle que disparition, mort, enfouissement ? « se demande, lassé, Monsieur Linh.
Sans s'imaginer que c'est peut-être la dernière fois qu'il voit son ami, monsieur Bark emmène le vieil homme et la petite Sang diû voir la mer. Là-bas, il lui fait un aveu terrible. Un aveu qui lui pèse sur le coeur depuis tant d'années…
p. 95 : » Je le connais votre pays, Monsieur Tao-Laï, je le connais… »
C'est un récit terriblement poignant que nous propose Philippe Claudel dans ce roman. Concis, il est empli de non-dits, de silences, lourds de sens. J'ai aimé cette pudeur constante. Bien que ma lecture de ce livre soit tardive depuis sa parution, elle n'altère en rien la puissance des émotions. Il est parfois bon de laisser passer du temps, de découvrir certains livres après le flot médiatique. A découvrir !!!
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Monsieur Linh est réfugié. Il a dû quitter son pays après que la guerre ait détruit son village et tué tous les siens.
Tous, non, car il garde précieusement contre lui sa petite fille de quelques mois.
Avec elle il supportera le voyage en bateau puis la promiscuité du foyer d'accueil.
Mais c'est son amitié avec Monsieur Bark qui lui procurera le plus de plaisir.
Sans comprendre leurs langues respectives, ces deux êtres qui ont beaucoup souffert réussiront à partager des moments très forts.

Dans une langue sobre, Claudel fait un très beau portrait de personnages simples submergés par la souffrance mais qui réussissent, par la compassion, à retrouver un peu de bonheur à vivre.

Ce roman m'a rappelé le très beau portrait de vieillard fuyant la guerre avec un enfant dans les bras dans « Terre et cendres » d'Atiq Rahimi

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