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sur 337 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
À peine âgé de huit ans, le narrateur orphelin se retrouve sous la garde de son grand-père. Cet homme simple, tenancier d'un petit bistro, le café de l'Excelsior du titre (qui a plus l'allure d'un estaminet). Là viennent noyer leur misère et leur chagrin, loin de leurs femmes, quelques vieux bonhommes du coin qui forment une grande famille. C'est là que le narrateur mènera une vie heureuse et comblée, sous les yeux de son grand-père qu'il adore. Ce dernier ne connait pas grand chose en dehors de son établissement mais il a de bonnes histoires à raconter (il pouvait parler pendant des heures sur Waterloo) et une philosophie de la vie très inclusive qui semble plaire au garçon. Qui parmi nous ne garde pas de pareils souvenirs ? Des moments éphémères, certes, mais ô combien doux et réconfortants ! Et c'est du donnant-donnant, l'enfant est un vrai rayon de soleil et il regaillardit l'existence de l'aïeul. Visiblement, ce n'est pas l'avis de l'administration (représentée par «l'homme de la Grande Ville») qui décide d'envoyer le garçon, une fois âgé de onze ans, dans une famille d'accueil. Puis dans une autre, et encore, toujours balloté. Rendu adulte, le narrateur décide de retourner au café, si symbolique de son enfance. Il n'en reste que des souvenirs ou presque…

Cette petite plaquette (à peine 84 pages) va droit à l'essentiel. C'est ce que j'aime de la plume de Philippe Claudel. Pas besoin de longues descriptions ni de dialogues superficiels. En peu de mots, il réussit à faire comprendre beaucoup et, surtout, à faire passer des émotions. Et sans les nommer non plus. Par exemple, dans le vacarme et le tourbillon de la Grande Ville où ils doivent se rendre, le grand-père serre la main chétive de son petit-fils en lui répétant sans cesse « Ne me quitte pas » J'imagine tellement facilement cet homme modeste, s'occuper avec amour de cet enfant. Je comprends que le narrateur vénère son grand-père, avec ses attentions (les glaces achetées, les visites au zoo…), tous les moments du quotidien qu'ils auront partagés, etc. Et le narrateur aussi est attendrissant, encore innocent comme les jeunes enfants peuvent l'être, mais également docile et aidant pour son grand-père. Vous voyez, rien de larmoyant ni de dramatique. La vie, c'est tout. Évidemment, c'est un brin tristounet quand le garçon est arraché à ses repères mais on s'y attendait. Rendu à la fin, c'est presque dommage que le roman soit si court. Mais bon, le café de l'Excelsior est une histoire émouvante, remplie de poésie et d'humanité, alors on pardonne.
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Un homme se souvient. Quand il était enfant, il a vécu plusieurs années avec son grand-père. L'homme tenait le café de l'Excelsior. Cet endroit est désormais le réceptacle de tous les souvenirs de l'ancien gamin. Au gré de la mémoire, on découvre un passé chaleureux, bien qu'un peu crasseux, mais incroyablement doux. le cafetier était un de ces hommes massifs qu'on sait tous avoir croisé, au moins une fois. « Grand-père avait ses pudeurs et se retenait dans ses prophéties inspirées des alcools fruitiers ou bien encore des verjus de l'Anjou. Il fut donc un poète du silence et ce qu'il n'a jamais osé dire valait bien, j'en suis certain, un plein boisseau de lauriers tressés. » (p. 14) C'est un rustre colosse, un coeur immense sous des monceaux de bougonnerie.

Entre le gosse et l'ancêtre, il y a plus qu'un lien de parenté : le vieux protège le jeune et le jeune illumine le vieux. C'est une relation qui pourrait se passer de mots : inutile de nommer les sentiments quand les personnages les incarnent à ce point. « Grand-père ainsi me réécrivait le monde, l'arrangeait à sa façon, pour me plaire, me consoler, parfaire mon éducation familiale ou historique. » (p. 33) Mais comme annoncé très rapidement, l'enfant et l'aïeul ont été séparés. le lien ne subsiste alors qu'au travers des lettres que le cafetier envoie au gamin, d'une écriture lourde et malhabile. Mais cette correspondance gauche est une prose sublime pour le môme isolé. « Et c'est ce livre-là que j'emporterais, de préférence à tout autre, sur l'improbable île déserte. » (p. 78)

Le narrateur redevient le gamin qu'il était, ou plutôt l'enfant reprend ses droits sur le coeur de l'homme. L'amour transparaît au fil des mots et c'est une nostalgie bourrue qui s'exprime. L'enfant a fait sien le caractère de son grand-père et il ne peut évoquer son souvenir que la gorge serrée, se défendant des larmes qui perlent au coin des mots. Dans une langue superbe, Philippe Claudel donne ses lettres de noblesse au café, à l'estaminet d'antan, au troquet du coin. Il fait briller le zinc et remplit les verres. D'aucuns critiquent la philosophie du café du commerce : ne raillez pas la poésie du comptoir servie par la plume de Philippe Claudel.
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Un magnifique petit roman qui raconte la vie d'un petit garçon orphelin recueilli par son grand-père. L'enfant est élevé dans le café du grand-père et côtoie la clientèle. Ce livre est bouleversant par bien des aspects et paragraphes, mais il prête aussi à sourire et même à rire. Tout le talent de Philippe Claudel se concentre dans un texte très court mais ô combien émouvant. de superbes pages. Un magnifique roman.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Ce petit livre nous offre un beau et bon moment. Philippe Claudel a une sensibilité qui me touche beaucoup et me tire toujours une petite larme. Mais cela va au-delà ! à travers une histoire d'amour entre un grand-père et son petit fils, Philippe Claudel arrive à faire surgir ou resurgir des sentiments, des souvenirs qui étaient bien enfouis. ( une véritable madeleine de Proust)
Ayant vécu quelques années à Nancy, j'ai également reconnu l'excelsior dont il est question dans le livre ( pas le café du grand-père mais l'autre ), cela a donc encore renforcé mon attachement pour ce livre. Merci !!!
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Dernier coup de coeur de l'année 2014 sans doute, quoiqu'il reste aujourd'hui et tout est encore possible..... En tout cas c'est avec une certaine tristesse que j'ai refermé les pages du Café de l'Excelsior, hier soir.
Une tristesse car c'est un roman très (trop) court qui se lit vite or j'aurai voulu en profiter d'avantage, j'en redemande car vraiment c'est un récit très beau. Un magnifique hommage. le narrateur est un homme maintenant mais raconte ces souvenirs d'enfance auprès de son grand-père avec qui il a vécut trois ans, avant d'être ballotté entre différentes familles d'accueil.

Des souvenirs racontés, par brides, des instants de vie tout simples, qui prennent toute leurs puissances, leurs intensités sous la plume efficace et poétique de Philippe Claudel. J'avais déjà rencontré l'auteur grâce a d'autres de ses romans mais celui-ci va rester graver en moi pour un certain temps et je vous le recommande vraiment.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Une superbe découverte, grâce à mon bibliothécaire. Un texte sublime ! Tout est beau, tout est bon, les mots sont justes, les phrases sont ciselées à la perfection, une vraie pépite.

Humour très fin côtoie tendresse, souvenirs, émotion…

C'est l'histoire d'un garçon qui a été recueilli par son grand-père à la mort de ses parents. Adulte, il se souvient des années passées à ses côtés. Son grand-père était bistrotier et nous voilà plongé dans l'univers de ce café. C'est vrai, authentique, ça sent bon le café d'antan. C'est splendide, je le répète encore ! Court mais excellent !

La suite sur mon blog.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Je mets 5 étoiles pour l'écriture magnifique et poétique de Philippe Claudel ! Quel écrivain !
Un petit roman très court, c'est dommage, et rempli d'humanité mais un peu tristounet qui nous plonge au coeur d'une enfance tendre et émouvante, un peu rude aussi.
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Longue nouvelle ? bref roman ? récit ? Dans l'édition de poche, le Café de l'Excelsior de Philippe Claudel ne porte aucune mention qui permette de savoir à quel type de texte rattacher ce magnifique petit livre.

Un homme adulte plonge dans ses souvenirs et raconte les trois brèves années qu'il a passé avec son grand-père, dans le bistro dont celui-ci était propriétaire. Jules a 8 ans quand, à la mort de ses parents, il est confié à son grand-père qui lui parle affectueusement d'eux. Ce n'est que bien plus tard que Jules comprendra que son grand-père « n'avait guère connu ces deux couillons qui m'avaient infligé le jour dans un moment de dramatique égarement avant, quatre années plus tard, de se donner la mort dans un sordide garni […] Même leur suicide commun fut raté, et ils ne durent leur mort qu'à la bienveillante inexpérience d'un interne de garde qui s'évanouit devant leurs poignets ouverts avant même d'avoir pu les réanimer »… Cette ironie tantôt cruelle comme dans cette citation, tantôt beaucoup plus légère, traverse tout le texte et reflète, je crois, le désenchantement (je ne veux pas dire l'amertume) qui habite le narrateur.

Le bistro qui sert de cadre à cette histoire, il me semble qu'il y en avait dans chaque village jusqu'aux années 70-75, et que les clients ressemblaient à ceux de l'Excelsior : des hommes surtout, exclusivement dans le café du grand-père. Les habitués avaient une boisson préférée qui variait avec l'heure de leur passage, et leur attitude évoluait selon le nombre de verres ingurgités. Ils partageaient leur temps entre le bistro et le braconnage dont les modestes produits servaient à faire une soupe de poissons assez infâme, mais que tout le monde adorait. L'affection que le grand-père et son petit-fils se portent est perceptible dans chaque ligne, dans chacun de leurs actes et dans les rares dialogues de ces deux taiseux. Et le petit Jules a vécu trois ans dans ce bonheur tranquille avant que l'homme de la Grande Ville vienne l'en arracher.

J'ai beaucoup aimé ce petit livre vraiment poignant, dans lequel on oscille sans cesse entre humour et émotion. L'écriture en est superbe comme toujours chez Philippe Claudel, mais je suis consciente qu'il me touche aussi profondément parce que j'y trouve des échos de mes propres souvenirs. À lire et à relire...

Challenge multi-défis 2019
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Le café de l'excelsior est un prétexte à l'auteur pour nous dessiner d'une plume délicate (comme il sait si bien le faire dans tous ses romans) les relations existant entre un enfant et son grand-père, et pour nous narrer la vie simple des gens simples : une vie faite de regards muets, de situations répétées à l'infini, de plaisirs subtils, à mille lieues des préoccupations exotiques des gens pressés qui ont oublié jusqu'au sens du mot "vivre". Quelques phrases bien ciselées, aux confins de la poésie, donnent à ce texte une fraîcheur printannière. C'est un livre que l'on devrait sans cesse porter sur soi, une sorte de bible laïque, à lire, relire et relire encore jusqu'à plus soif.
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C'est avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongée dans la lecture de ce cours roman illustré des photographies de Jean-Michel Marchetti, et, publié par un éditeur nancéen bien connu.
C'est un petit garçon plein de nostalgie, Jules, qui exprime ici les quelques années heureuse qu'il a passées avec son grand père du côté de Sommerviller, qui tenait l'Excelsior…pas celui de la grande ville, celui aux belles verrières, « la bonbonnière aux chochottes ».Mais le bistro de village, où l'on se retrouvait ente hommes, pour refaire le monde, boire à l'abri des regards.
Ce qui lie Jules et son grand-père va bien au-delà de la tendresse, et de l'amour ; L'humour, la dérision, la finesse, la nostalgie d'un temps qui n'est plus, la vie jadis dans nos villages lorrains…tout cela avec le mot, et le ton justes, précis ; sans doute Philippe Claudel y a mis de son enfance pour en parler de façon si touchante.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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