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EAN : 9782215163510
256 pages
Editions Fleurus (21/01/2022)
3.56/5   33 notes
Résumé :
Lycie a un problème : Hachem. Enfin, non, son premier problème, c'est qu'elle ne maîtrise pas ses crises de colère, mais Hachem arrive en seconde position : il passe son temps à la faire sortir de ses gonds. Ah ! et elle a un autre problème, aussi : ses poils repoussent à une vitesse vertigineuse ! Bref, ça fait beaucoup de problèmes pour cette ado de 5e B ! Alors, quand Lycie découvre une annonce promettant aux gens comme elle de les aider, elle n'hésite pas à se r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Incontournable Mars 2022


Version courte:


Les Méchants ont la tribune, descendants des plus illustres Méchants de l'univers des contes. Lycie, jeune descendante du Grand Méchant Loup, découvre qu'entre les nouveaux et les anciens contes, il y a une marge. Censurés, les contes offre une histoire manichéenne entre gentils et beaux héros injustement malmenés par des vilains pas beaux Méchants, qui gachent ainsi leur Droit inné au bonheur superficiel bien mérité. Entre le Manoir, refuge pour les descendants des Méchants, et le Royaume, leurs alter ego Gentils, la "guerre" se fait minutieusement, à grand renfort de bistouri et de fausses promesses. Vous ne verrez jamais plus les contes de la même manière.


Version exhaustive ( Parce que les bons romans méritent qu'on en parle):


Les réécritures de conte ont la cote en ce moment, avec les séries "Pays des contes", "École du Bien et du Mal, "Les chroniques Lunaires", les romans de Flore Vesco "D'or et d'oreillers" et les "Estranges malaventures de Mirella" et j'en passe! Mais ici, on est plutôt dans la Rectitude de Conte, en ce sens où on nous amène "de l'autre coté du miroir". Là, on découvre que les "Méchants" ( avec un "M") sont en réalité ostracisés et que leur réputation vient en réalité d'un judicieux choix de mots et de quelques réalités trafiquées. En somme, comme on le dit souvent: "L"Histoire est racontée par les vainqueurs". Et donc, si les "Gentils" sont les vainqueurs, qu'est-ce qu'ils ne nous ont pas raconté? Une histoire de censure, de lutte de classe sociale et de conformisme à travers une amusante réorganisation et réappropriation culturelle.


Notre protagoniste s'appelle Lycie, pas bien grande, pas bien grosse, porte des lunettes, bref, si ce n'était de ses crises de colère magistrales et de sa pilosité épanouie, ce serait sans doute une jeune fille comme les autres. Ce n'est néanmoins pas la seule à avoir ce qui ressemble à un trait stigmatisant. En effet, son camarade Hachem a un tempérament survolté et éprouve le plus grand mal à rester concentré. L'un comme l'autre ont souvent des soucis à l'école de ce fait. Un jour, Hachem trouve un papier scotché à un lampadaire sur lequel leurs comportements sont mentionnés et on y propose une solution. Il lance ironiquement à Lycie que ça pourrait lui faire du bien à elle aussi. Cependant, loin d'y trouver l'aide dont ils ont besoin, c'est au contraire un couple étrange qui les accueillent et leurs intentions dérapent vers une tentative d'enlèvement. Ils étaient loin de se douter qu'un duo de Princes charmants aussi musclé que bêtas leur coure après et que ceux-ci finissent décapités ( façon de parler) par l'une des descendantes de la célèbre Reine de Coeur, Judith. cette dernière va les mener vers le Manoir, lieu sécurisé où les descendants des Méchants peuvent renouer avec leur vraie nature et échapper au Royaume, les "Gentils", descendants eux aussi, qui tentent à tout prix de les normaliser et ainsi faire disparaitre leur héritage. Aux côtés d'une flopée de jeunes gens ayant eux aussi eu à s'adapter avec leurs défis lié à leur héritage génétique, Lycie découvre qu'au-delà de ce qu'elle croyait savoir des contes, il y a des réalités sociales et des enjeux bien concrets.


En premier lieu, je dois dire avoir été impressionné par les informations liées aux contes classiques, pas ceux de Disney, les "vrais", ceux issus pour la plupart de la tradition orale et couchés sur papier par des auteurs tels que les Frères Grim, Perrault, Andersen, etc. On découvre par le fait même que certains contes ont des équivalents à travers le monde, ce qui ouvre toutes grandes les portes de la diversité ethnique! Résultat, les descendants sont pour la plupart de couleurs et d'origines diverses, ce qui est franchement agréable.


Parmi les éléments notables qu'on peut observer dans ce roman par rapport à l'univers des contes, on retrouvera la division par classe sociale. Les "Gentils" sont au final "les vainqueurs" de leur conte respectifs, ce qui font d'eux les "héros" de facto. Or, L Histoire nous l'enseigne, les évènements sont racontées par les vainqueurs, rarement par les perdants. C'est donc de leur point de vue que sont narrés les contes. Qui plus est, ils sont pratiquement tous des bourgeois et des Nobles. Les Contes sont donc d'une certaine manière, une façon de glorifier l'Élite sociale en véhiculant leur faits d'armes, leurs idéaux et leurs conceptions de la réussite. Ainsi, on retrouvera leurs valeurs, que ce soit la condition médiocre des femmes en tant que poupée, utérus et trophée de chasse ( ah! le beau rôle de la princesse), la glorification de la beauté, le fait que la gentillesse est récompensée par une vie de gloire et de faste, ce genre de conneries. Ce qui est également remarquable, c'est cette façon qu'on les "Gentils" d'être cruellement dépersonnalisés parce qu'ils recherchent une homogénéité sociale, où tous se ressemblent et adhèrent collectivement aux même dictats sociaux et esthétiques. Il y a peu de place à la divesrité et donc à la pensée critique du même coup. On a donc un système en pyramide où chaque groupe a son rôle. C,est en fin de compte, la reproduction du modèle féodal et monarchique typique. Un.e gagnant.e, une foison de perdants.


Donc, les "Méchants" sont le parfait opposé: ils sont d'origine modeste, très diversifiés, ils ont des vices et des "handicaps", ce sont des "ratés", mais paradoxalement des êtres uniques et personnalisés. Les personnages en présence ont d'ailleurs tous un trait que les Gentils ne peuvent souffrir: kleptomanie, gloutonnerie, fatalisme, mesquinerie, crises de colère, hyperactivité, beauté moindre, etc. Les Gentils se moquent d'ailleurs du côté "Bric-à-brac" du Manoir, alors que le Royaume est un modèle de chaine de production efficace d'une rigide froideur .


C'est une grande ironie quand on y réfléchit deux minutes: les "Méchants" pourraient bien représenter nos jeunes avec des "défis", ou les atypiques, ou les "étiquetés", dont les écoles privés ne veulent surtout pas avoir entre leurs murs. À l'opposé, on a cette élite superficielle qui souhaite plus que tout être "dans la norme" et jouir du plus haut statut social possible, au point parfois d'être rien de plus qu'un autre visage Instagram comme un million d'autre. Cette même élite qui se croit "normale" et , pour reprendre les mots de la descendante de Blanche-Neige: "Conformes". de beaux petits produits élevés en serre qui feront la joie des élites adultes et des systèmes économiques d'aujourd'hui. Ironique, oui, parce qu'à bien des égards, les vieux contes classiques nous montre qu'au final, les deux extrêmes sont encore présents et se confrontent au quotidien. Pauvres contre riche, normal contre différent, idéal contre complexé. Bien sur, le monde n'est pas blanc ou noir, ce qui m'amène au second élément intéressant.


En second lieu, ce roman malmène les stéréotypes. Non seulement nous avons des atypiques joyeusement variés et amusants, ils sont diversifiés sur plusieurs plans. Pensons à Judith, costaude et guerrière, très altruiste, qui incarne une descendante de la Reine de Coeur. Pensons à Hachem, d'origine iranienne, petit, nerveux, hyperactif et capable de nouer des liens avec les gens très facilement. Il a une orientation sexuelle minoritaire, en plus. Basile est Noir, fier descendant de l'ancêtre de la Méchante Reine, qui a la mauvaise manie d'empoisonner la nourriture - surtout celle de Gwenaël, pour sa part incurable pessimiste à la limite apathique qui joue les fatalistes, descendant de la Reine des Neiges ( pas celle de Disney, peu s'en faut!). Il y a plusieurs autres personnages vraiment amusants, comme Cannelle, encyclopédie vivante au tempérament doux, qui a toujours faim.


Je dois bien sur ne pas oublié Lycie, notre lycanthrope jeune fille, elle aussi sortie des standard ennuyeux d'héroïne de roman. On est pas en présence de la jolie petite idiote de service qui bave sur le moindre beau gosse, comme tant de romans, plutôt une jeune fille sujette aux crises de colère, à la pilosité abondante et porteuse de lunettes. Comme beaucoup d'adolescent.e.s elle cherche sa place, avec des défis assez visibles et souhaiterais être plus "dans la norme". C'est souvent un thème récurrent chez les personnages adolescents cette idée de "différence" contre "normalité", mais au final, la normalité étant un construit social, accessoirement très peu inclusif et souvent très difficile à atteindre ( pour ne pas dire impossible), qu'est-ce que ça peut bien être d'être "normal"? Franchement, on n'en parle pas assez dans les écoles.


En troisième lieu, j'aime qu'on ait utilisé les contes classiques plus "originaux" et "vieux" pour illustrer que la "méchanceté" n'est au final qu'une question de point de vue. Les Gentils de certains contes ont été parfois incroyablement cruels et impitoyables contre ceux et celles qui leur ont causer du tort. Leur vengeance est parfois même bien pire que le soucis ou le crime en question. Nos belles princesses blondes et nos preux chevaliers sont glorifiés dans les contes, mais trop souvent on banalise leur méchanceté, tout simplement parce que ce sont "les héros". le fait d'être le héro semble légitimer leur méchanceté: ce sont les "gagnants" de l'histoire, il faut donc aller dans leur sens à eux. Les films de Shrek étaient sensationnels sur cette question. Bref, de ce côté là, le roman fait fort. C'est l'élément qui manque à trop de réécritures de conte, à mon avis.


L'enjeu principal de l'histoire tourne autours de la "guerre" entre les Gentils et les Méchants, qui a des airs de dictature. Je m'explique: sous prétexte de rendre la vie plus "facile" pour les descendants de Méchants, les "Gentils" offre des chirurgies et des traitements ( douloureux et irréversibles) à ces jeunes qui se cherchent. Ça me rappelle les régimes dictatoriaux , dans lesquels ont circonscrits les atypiques dans des cases pour ensuite les "rééduquer" correctement, selon les normes et valeurs en vigueur. C'est un peu se qui se passe ici: on les cherchent, on les transforme sans éthique ni consentement libre et éclairé, on cherche à détruire cette diversité, cette différence qui ne leur plait pas. Une minutieuse purge sociale, en somme. Ça ressemble aussi avec la dictature des canons esthétiques modernes, impitoyables et armé des technologies pour insister sur des changements toujours plus radicaux. le concept en soit n'est pas nouveau, mais il est bien ficelé avec l'univers des contes, bien pensé.


L'auteur s'amuse avec les standards de personnages, les traits convenus, les clichés, ce genre de choses. Il y a avait beaucoup d'éléments intéressants, on sent la recherche derrière tout ça. Néanmoins, certains éléments sont restés un peu flous, comme les "soldats" devenus "Prince charmants", on ne sait pas trop pourquoi ils le sont devenus, ni comment. Comme c'est un roman unique, je pense que compte tenu du niveau de détails en présence, s'aurait presque été mieux d'avoir une série pour les asseoir tous. Parce que de l'idée, il y en a!


Côté texte, c'est très facile. Les temps de verbe sont souvent au Présent de l'indicatif, il y a peu de longues descriptions et les dialogues prennent beaucoup de place. Les références sont quand à elle nombreuses, mais souvent dans les dialogues , précisément. On a peu de mots complexes et s'il y en a, souvent de la part de Cannelle, on a une explication ou un synonyme pour appuyer le mot. Ça pourrait sembler simple si on se fit à l'écriture seule, mais c'est le contenu qui est riche. En outre, avec un français accessible, on peut donc rejoindre le lectorat de la 4e année primaire. les noms de chapitres sont souvent des clin d'oeils ou des jeux de mots, et sont drôles.


Donc, après cette longue critique, je conclus en disant que je suis assez convaincu par ce roman, qui est aussi drôle qu'intéressant. Les réécritures de contes s'attardent souvent aux détails de décor, d'objets et de personnages, mais rarement ils s'attaquent aux messages qui sont véhiculés par eux, comme cette tendance à glorifier une Élite difficilement accessible, de créer des complexes physiques et de censurer la réalité sociale au profit de valeurs plus commerciales ( La bannière Disney est une championne là-dessus!). Il ne faut pas oublier, je pense, que les contes avaient autrefois un mandat éducatif et qu'ils sont par conséquent très punitifs et manichéens. Ils avaient aussi court dans un contexte social, politique et historique très différent. En ce sens, les contes ont parfois un gros décalage moral avec aujourd'hui et leur "modernisation" n'est pas toujours faite avec les meilleurs intentions. Trop souvent, même , on en garde le pire: la superficialité et la stupidité des princesses, la virilité à la con des princes, la toute puissance du Grand Amour avec un Gros A ( mais bien sur, si la fille est moche, ça ne s'applique pas, comprit?), la gentillesse en paiement d'une vie meilleure, la glorification de la jeunesse sur la vieillesse, l'impératif masculin aux personnages féminin, la dévalorisation de la curiosité et de la diversité et j'en passe!


Bon, j'ai encore extrapolé, je m'arrête ici. Toute cette encre versée pour vous dire que c'est un bon roman, très mignon et très socialement intéressant, qui peut très bien servir à déconstruire des stéréotypes et malmener les contes encore un peu plus. On a du rattrapage à faire sur la question des stéréotypes à tous niveaux , autant commencer ici.


La couverture est très fidèle au texte, en plus d'être visuellement très belle.

Pour un lectorat à partir de la 4e année primaire, 10 ans+.


P.S. Je ne sais pas pourquoi, mais la couverture qu'on a reçu est légèrement différente: il n'y a que deux Princes Charmants sur les nôtres, alors qu'il y en a quatre sur celle des sites. Étrange.

P.P.S. Je vous suggère le roman "Cendrillon et moi", de Danielle Teller, une canadienne, un excellent "Envers de Miroir" de Cendrillon, qui reprend des éléments du conte original, mais sans magie, dans un contexte historique beaucoup plus plausible, et qui donne des nuances aux personnages. Agnès, de son prénom, n'était pas l'affreuse belle-mère qu'on a toujours imaginé, mais une femme qui a du lutter toute sa vie contre les injustices de son rang modeste et de sa condition de femme. Une réécriture soignée, crédible et humaine.
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Fabien Clavel s'amuse toujours autant entre publications pour les adultes et pour les enfants. Avec La revanche des méchants, l'auteur nous conte les aventures de Lycie, qui se croit loup-garou en devenir (sautes d'humeur lunaires et poils encombrants alors qu'elle n'est qu'au collège), et plus globalement de plusieurs descendants de "Méchants" de contes de fées. Or, il semblerait que les Méchants ne soient pas ceux que nous croyons. Les "Gentils" (ces appellations sont celles du roman) leur mènent la vie dure pour les diaboliser, voire les faire disparaître. Et le Manoir dirigé par la Reine de Coeur (issue d'Alice aux pays des merveilles) apparaît comme leur seul refuge viable.
L'essentiel de ce roman tient dans son pitch astucieux, qui permet de revisiter quantité de contes et légendes sous un autre regard, plus contemporain, notamment en jouant sur les découvertes de l'adolescence et le sens plus ou moins caché des contes de Cendrillon, du Chaperon Rouge, de Blanche-Neige, etc. Les chapitres sont bien cadencés et accélèrent efficacement le rythme.
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Les contes de fées vous ont menti : les Méchants ne sont pas si méchants et les Gentils ne sont pas si gentils. C'est la découverte que fait Lycie, ado mal dans sa peau, souffrant de crises de rage incontrôlables et d'une pilosité encombrante. Acceptera-t-elle sa vraie nature ou préférera-t-elle "rentrer dans le moule" à tout prix ?

Si ce roman se présente comme un pastiche qui s'amuse à inverser l'image des contes de fées dans son miroir magique, il glisse aussi, l'air de rien, une réflexion sur la dictature de la conformité, sur une certaine "lutte des classes" dans laquelle l'histoire est écrite par les vainqueurs. Il peut aussi faire réfléchir ce qui cause les "mauvais comportements" de certains ados. Si l'explication n'est sans doute pas qu'ils descendent de "Méchants", il peut y avoir néanmoins des causes dans leur caractère, leur éducation, leur hérédité. En tous cas, il ne faut pas se contenter de les considérer comme Méchants sans chercher plus loin.
Je ne sais pas si c'est "l'enseignement" qu'en tireront les jeunes lecteurs de ce roman. Peut-être y verront-ils seulement une aventure amusante qui montre qu'être méchant, c'est cool. Après des films comme Maléfique ou le Joker, il semble décidément que les Méchants aient le vent en poupe. Constat qui me laisse perplexe.

Quoiqu'il en soit La Revanche des Méchants est avant tout une lecture divertissante. Les péripéties s'enchaînent rapidement même si elles m'ont semblé un peu répétitives. L'histoire, dans son ensemble, ne va finalement pas très loin. Elle conviendrait presque mieux comme tome introductif d'une série que comme histoire indépendante.

Un divertissement gratuit ? Une relecture des contes de fées ? Une réflexion sur ce qu'est la méchanceté ? Un roman à multiples facettes et niveaux de compréhension qui s'adresse plutôt aux plus jeunes (début collège).

Challenge Romans Jeunesse 2021/2022

Merci à NetGalley de m'avoir permis de me faire une opinion sur ce roman qui fait beaucoup parler de lui.
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La semaine dernière je découvrais Fabien Clavel avec Les orphelins du rail que j'avais adoré et je voulais lire d'autres romans de cet auteur. Et ça tomber bien, j'avais un roman sur le site NetGalley qui m'attendait sagement. Et je dois dire que j'étais pas mal emballée par le résumé.


Nous suivons Lycie, une adolescente avec un gros problème de gestion de la colère. Quand elle voit rouge, elle devient incontrôlable et ne peut s'empêcher d'être violente. Malgré de gros efforts et de nombreuses séances chez le psy, Lycie est au bout du rouleau. Et ce n'est pas son camarade Hachem qui va arranger les choses...
Le jeune garçon ne cesse de la pousser à bout et la rend complétement dingue. Mais quand, il lui donne, sous couvert d'une plaisanterie, une annonce qui garantit d'aider les personnes comme elle, Lycie décide d'y aller.

Et c'est le début de nouveaux problèmes pour la jeune fille, qui apprend qu'elle descend d'un méchant de nos célèbres contes et qu'elle est poursuivie par "les gentils".



Vous êtes enthousiastes par ce résumé ? Et bien moi aussi au début de ma lecture. C'est une histoire destinée au plus jeunes, les éditions Fleurus le met à partir de 8 ans donc forcément, il ne faut pas s'attendre à quelque chose de trop complexe. J'ai trouvé que le pitch était bien adapté pour l'âge des lecteurs cible. Clairement, j'en voulais plus, car il y a un bon potentiel au niveau de l'histoire, mais n'étant pas le public ciblé, je trouve que le roman remplit parfaitement son rôle.

On a une histoire assez prenante pour les plus jeunes, qui reconnaîtront les différents contes évoqués dans le livre avec une vision différente. Car oui si dans nos histoires d'enfants, les rôles entre le bien et le mal sont assez clairs. On découvre bien vite que c'est plus complexe que ça et qu'une belle apparence ne veut pas forcément dire une belle âme.

Lycie va découvrir que même si elle descend d'un méchant, cela ne veut pas forcément dire qu'elle en est une et que son destin n'est pas tout tracé.
Une belle leçon d'acceptation de soi et tolérance. On a beau ne pas aimer nos défauts, ils restent une partie de nous qui nous rend uniques dans la société.



Lycie, comme beaucoup d'adolescents, a du mal à s'accepter et à s'aimer. Ses problèmes de gestion des émotions lui pourrissent la vie. Elle ne veut qu'une chose : "être normale", rentrer dans le moule et ne pas se faire remarquer. Alors apprendre qu'on n'est tout sauf normale et que tout autour de vous les autres l'acceptent avec joie, c'est un désastre pour Lycie. Donc, forcément, elle va faire des choix discutables et qui risquent de lui coûter la vie. Mais bon l'apprentissage se fait dans les erreurs aussi.
Elle est vraiment touchante dans cette histoire et on sent qu'elle se démène avec les armes qu'elle a à sa disposition.

Quant à Hachem, l'autre protagoniste de l'histoire, tout semble si facile pour lui. Il accepte si vite les explications et les situations qu'il semble un peu irréel à nos yeux. C'est l'atout humour du roman. Heureusement qu'il est là pour détendre l'atmosphère.



En bref, je verrais bien ce livre de manière beaucoup plus développer, je suis sûre qu'il y a matière. Néanmoins, il reste un excellent livre pour les plus jeunes avec de belles valeurs et des touches d'humour bien équilibrées.
Lien : https://le-coin-lecture-emil..
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Fabien Clavel revisite les contes de notre enfance du point de vue des méchants qui ne sont pas si méchants que cela... Lycie est en pleine crise d'ado : mal-être, crises de rage incontrôlables et pilosité très présente. Elle, veut simplement être normale. Alors, quand elle découvre une annonce promettant aux gens comme elle de les aider, elle n'hésite pas à se rendre à l'adresse indiquée. Mais cela risque de lui attirer encore plus de problèmes... Surtout quand des clones de Princes Charmants se mettent à la pourchasser ! Acceptera-t-elle sa vraie nature ou préférera-t-elle "rentrer dans le moule" à tout prix ? J'ai beaucoup apprécié le principe de pastiche des contes de fées avec cette inversion des rôles de chacun avec des Méchants pas si méchants et des Gentils pas si gentils. L'auteur va même plus loin en explicitant la notion de subjectivité du narrateur ou encore celle de la période difficile de l'adolescence avec une envie de normalité ou de conformité à ce que la société attend des individus. La Revanche des Méchants est avant tout une lecture divertissante avec beaucoup de péripéties peut-être un peu répétitives mais qui plairont aux jeunes lecteurs. Les différents niveaux de lecture ne seront pas forcément compris mais ce n'est pas l'essentiel. Une jolie découverte et un bon moment de lecture même si je reste un peu sur ma faim... #LaRevanchedesMéchants #NetGalleyFrance
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Vous voyez? demande Basile. Ce miroir appartenait à ma pauvre ancêtre.

-Pauvre? s'étonne Lycie. Si je me souviens bien, dans le conte, ton ancêtre réclame le coeur de Blanche-neige.

-En fait c'était son foie et ses poumons, corrige Basile.

-C,est censé être mieux? réplique Hachem avec une grimace de dégout.

-Savez-vous comment la Méchante Reine est morte?

La question de Basile provoque un long silence dans la salle de classe.

-Blanche-Neige lui a fait porter des chaussures de métal chauffées à blanc. Elle a été condamnée à danser avec les pieds qui brûlaient jusqu'à ce qu'elle meure.

Sa révélation jette un nouveau froid.

-Du coup, j'ai l'impression qu'il y a égalité, glissa Hachem.

- C'est ce que révèlent les contes, explique Cannelle. Mais ils ont été expurgés.

-Expurgés?

-Censurés, reprend Basile. À l'origine, Blanche-Neige s'est révoltée contre mon ancêtre parce qu'elle estimait que la Reine, qui n'appartenait pas à la Noblesse, n'était pas digne du pouvoir. Quant à la punition du foie et des poumons, c'était une loi mise en place par les parents de Blanche-Neige. Elle devait punir toux ceux qui discutaient leurs décisions.
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- Tu vois bien que je fais ce que peux, réplique le garçon aux cheveux blancs. de toute façon, tout est perdu. On ne s'en sortira jamais...

Il soupire et aperçoit le trio qui l'observe. Il devine.

- On a perdu le toit, c'est ça?

Sans attendre la réponse, il s'assied en tailleur.

- Il ne nous reste plus qu'à espérer la mort en priant pour qu'elle ne soit pas trop douloureuse. Mais je n'y crois pas trop...
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Apprenez, jeune fille, que « Gentils » n’est qu’un nom que les vainqueurs se sont donné. En retour, ils nous ont appelés « Méchants ». Ils sont persuadés d’être parfaits et d’avoir le droit de pourchasser ceux qui ne sont pas comme eux.
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- Mais les autres Princes Charmants vont nous barrer la route !
Hachem s'arrête à la fin de sa phrase.
- Je ne pensais pas dire un truc pareil un jour, avoue-t-il.
La Reine de Coeur esquisse un sourire rusé.
- Voilà pourquoi nous allons prendre le tapis volant.
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- Qu'est-ce qu'on va faire d'eux? demande Hachem. On leur coupe la tête?

- Tu es fou? s'emporte Basile. On est pas des Gentils!
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Videos de Fabien Clavel (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabien Clavel
Animé par Willy Richert avec Charlotte Binder
Désirs de mondes : imaginer et rêver
Les mondes imaginaires, d'où ils viennent et les rapports qu'ils entretiennent notre monde…
dimanche 4 décembre – Avec la participation de l'autrice-illustratrice, Sandrine Bonini, des auteurs Fabien Clavel, Philippe Lechermeier et de l'auteur-illustrateur Mortis Ghost.
Et la classe de 5ème 2 du collège Sainte-Clothilde, Paris (75). Un grand merci à la professeure Maryline Laguitton.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images Júlia Sardà, Leina et le Seigneur des Amanites, texte de Myriam Dahman et Nicolas Digard, Gallimard Jeunesse Avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.
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