Sorti chez Ravet-Anceau dans la collection Polars en Nord, une collection de polars (logique) qui se passent dans... eh non, pas le Nord mais le nord de la France sans majuscule, merci. le Pas-de-Calais n'est pas le Nord, les trois départements de l'ex-Picardie, pas davantage. Et les excroissances via les bouquins qui s'aventurent en Champagne-Ardennes ou en Normandie encore moins.
Tout part d'un cadavre retrouvé dans la Deûle (le Nil lillois). Pour la petite histoire, le bouquin est sorti en 2011, à une époque où on remontait pas mal de macchabées du canal. L'ombre d'un tueur en série planait sur la ville et comme j'y habitais, je ne sortais jamais sans ma bouée.
L'enquête est confiée au capitaine Flahaut (dans le bouquin, j'entends, pas dans le monde réel), qui va se heurter au Mensonge. Je pourrais l'écrire sans majuscule ou au pluriel, mais c'est pour que tu comprennes bien qu'on parle du thème central. Si la première personne interrogée dans le cadre de l'enquête avait dit la vérité, le roman aurait été plié en cinq pages. Mais non, elle ment, les autres personnages en font autant et de bobard en bourrage en mou, il se construit un véritable temple dédié à l'enfumage.
Le talent de Cluytens, c'est de faire en sorte que cet édifice de mensonges se tienne. A la fois en termes de crédibilité et de construction narrative et surtout au niveau de ses personnages. Ils ont tous une bonne raison de mentir, leur attitude est crédible et ne relève pas d'une grosse astuce sur le mode “oh ben là il va dire ça juste parce que j'ai besoin que l'histoire avance”.
Le point fort de ce roman, il est là, la psychologie des protagonistes. Marie en tête, miss guêpière rouge, symbole ambivalent de libération (lingerie, séduction, sexe) et d'enfermement (corset, étouffement). Une allégorie du couple, cette entité démoniaque qui brise tes rêves et tes projets.
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