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3,65

sur 86 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ceci est ma première lecture de JM Coetzee

Je ne savais pas que ce livre était une autobiographie fictionnelle. Si l'on peut qualifier ainsi ce roman, que j'ai lu en VO. D'autant plus en VO que si JM Coetzee écrit en Anglais, comme ce livre relate des événements qui se sont passés en Afrique du sud, il y a des phrases en Afrikaner.

L'histoire est relatée par un auteur qui rédige une biographie de JM Coetzee. Il contacte des personnes qui l'ont côtoyé avant sa mort... car dans ce livre Coetzee est mort.

Et on découvre le portrait d'un auteur qui ne se ménage vraiment pas. Il apparait au mieux comme insignifiant au pire comme un homme dérangé...

Mais cela lui permet de présenter différents portraits de l'Afrique du Sud et surtout différents aspects de ce pays si particulier. Car si il ne se résume pas à l'apartheid, forcément ce régime impacte fortement les relations sociales entre les individus, les familles etc...

Et il ne s'agit pas tant des relations entre les noirs et les blancs mais de l'impact que ce régime à sur la famille de Coetzee et lui même. Son rapport à la langue de son pays, à ce pays, ...

C'est une écriture à la fois simple mais efficace. C'est un portrait de lui même sans concession.




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Comme pour beaucoup de mes lectures c'est l'originalité de la forme qui m'a bien plu dans ce livre. Coetzee, prix Nobel de littérature renouvelle totalement le genre autobiographique en imaginant l'histoire d'un écrivain chargé de faire la biographie de Coetzee en interrogeant toutes les personnes qui l'ont connu. Ce n'est pas vraiment modeste mais c'est efficace. Il se permet le luxe de ne pas se montrer à son avantage, un peu lâche, amant médiocre, avec un intérieur carrément sale. Décourager les universitaires à la plume acérée, en prenant les devants ? on recherche les motivations, mais c'est un vrai bon moment de lecture.
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Dans cette autobiographie romancée publiée en 2009, John Maxwell Coetzee (plus connu sous les initiales J.M.) met en scène un universitaire qui rédige la biographie posthume de l'auteur décédé J.M. Coetzee, à partir de cinq témoignages complétés de fragments de son journal d'écrivain. Ce livre est le troisième volet de ses écrits autobiographiques, après « Scène de la vie d'un jeune garçon » (1997) et « Vers l'âge d'homme » (2002). Il nous livre ainsi des fragments de vérité et des indices de sa propre personnalité, à une période de sa vie bien spécifique : celle des années 70, de ses 30 ans, quand il est rentré au pays après avoir séjourné en Angleterre puis aux Etats-Unis dans les années 60. A cette époque, l'Afrique du Sud s'enfonce dans l'impasse de l'Apartheid, de la lutte armée clandestine et des répressions policières brutales.

Tour à tour, il nous est donné d'entrapercevoir plusieurs Coetzee : plutôt l'amant avec Julia, plutôt le fils et le membre du clan familial Coetzee avec sa cousine Margot, ou le Coetzee professeur de lycée vacataire et amoureux, avec la brésilienne Adriana, le Coetzee professeur en université avec Martin et le citoyen sud-africain Coetzee avec Sophie. En quelque sorte, un roman polyphonique, où le vrai et le faux s'entremêlent. Et à l'instar d'un de ses précédents livres intitulé «Foe », l'auteur nous place dans un véritable jeu de miroirs et l'on ne sait plus très bien en fin de compte qui a écrit le livre que l'on a dans les mains, s'il s'agit du narrateur universitaire, qui restitue les confidences des cinq témoins, ou de J.M. Coetzee en personne. le procédé de narration est assez habile en permettant à l'auteur de conserver toute la part d'ombre qu'il entend préserver. Et Coetzee s'avère être un homme de l'ombre.

D'emblée, il nous est confirmé ce que nous avions déjà constaté dans les deux premiers opus : J.M. Coetzee n'est pas un Afrikaner typique ; il n'est pas à l'aise culturellement dans son pays et apparaît décalé. Bien qu'il soit bien de souche Afrikaner, né dans la province du Cap, ses parents étaient des libéraux en rupture de ban avec cette tribu blanche puritaine et rigoriste; ils n'ont pas fréquenté l'église et n'ont jamais approuvé les partisans du Parti National, qui furent les soutiens de la politique d'Apartheid. Eduqué en anglais, il ne pratique pas l'afrikaans, qu'il comprend mais ne maîtrise pas complètement. Il écrit toujours en anglais. Il préfère le cricket au rugby, il est aussi quasi-végétarien dans un pays où chaque Afrikaner se pourlèche de viande rôtie au « braaivleis » (barbecue). Et il est poète dans un pays où la poésie est plutôt méconnue. Enfin, c'est un homme mince et élancé dans un pays où les costauds et les trapus sont valorisés. Pas étonnant aussi qu'il ait été soupçonné à maintes reprises d'être un « moffie » (un homosexuel en afrikaans) !

Par l'entremise de ces témoignages, Coetzee exprime partiellement ce qu'il perçoit du regard des autres sur lui-même tout au long de sa vie. Et avec chaque témoin, le portait brossé conduit à un second constat : Coetzee n'est pas un homme qui se livre facilement. Il est distant, toujours sur la réserve et passe pour un être froid et hautain. Il semble même charger le trait en peignant tantôt un piètre amant, un enseignant sans vocation, tantôt un fils pas à la hauteur ou un citoyen sans conscience politique forte et incapable d'engagement sincère.

Pourtant, le procédé d'écriture est fin et subtil à chaque fois, de sorte qu'il arrive à nous faire percevoir aussi ses qualités sans donner l'impression de se mettre en valeur (au contraire, ce livre pourrait presque passer pour une justification de soi…). le récit nous montre alors un amant inoubliable (avec Julia qui vient de quitter son mari), un cousin aimé par sa cousine Margot, un enseignant compétent, cultivé et soutenu par la directrice de lycée, par ses collègues d'université, comme par ses élèves (la fille d'Adriana). Et un fils qui s'occupe seul de son père âgé qui doit continuer à travailler, faute d'une retraite décente. Last but not least, Sophie nous révèle « un francophile convaincu ».

A travers ces évocations multiples, il ressort surtout le portrait d'un homme en proie à une grande solitude, mal à l'aise avec son corps et mal à l'aise avec les gens qui sont à l'aise. Son retrait par rapport à l'engagement politique de ses compatriotes écrivains dans les années 70 et 80 s'explique donc en partie et Sophie nous en livre les clés : la politique ne l'intéresse pas et il n'aime pas les écrivains politisés. Il n'a soutenu ni les Afrikaners ni les Noirs, qui étaient ses concitoyens mais qu'il ne considérait pas comme ses compatriotes. Fataliste, « pessimiste étincelant » a-t-on écrit à son sujet, il accepte le cours de l'Histoire mais ne va pas jusqu'à forcer sa nature en « entrant dans la danse ». En cela, il est resté d'une grande cohérence avec lui-même.

Enfin, il me reste l'image d'un homme sensible, d'une grande force de caractère et qui médite sur la condition humaine. Sa posture de fils responsable qui assume la charge de son père, à une époque où le placement des parents âgés en maisons de retraite prend son essor, est très révélatrice. Il a longtemps souffert de cette charge et les derniers mots du livre sont dramatiques. Rescapé d'un cancer du larynx, son père vient de rentrer à la maison et J.M. Coetzee réalise qu'il va devoir faire l'infirmier ou abandonner son père. le livre se clôt ainsi, sans qu'il soit précisé l'issue à son dilemme : « L'alternative, s'il refuse de faire l'infirmier, c'est d'annoncer à son père : - Je ne peux pas faire face à la situation. Je ne peux pas envisager de te soigner nuit et jour. Je vais t'abandonner. Au revoir. – C'est l'un ou l'autre. Il n'y a pas de troisième solution ».

Alors, dans cette peinture diffuse, où la vérité n'est qu'une suite d'éclairs fugaces et discontinus, il nous manque l'essentiel en définitive : Coetzee l'écrivain, l'homme de culture, l'auteur de fictions et le critique littéraire, grand connaisseur de la littérature, notamment du XIXe et XXe siècle. Car c'est cet homme de l'art qui peut seul racheter tous les autres Coetzee rencontrés au quotidien.

La traduction de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis est très agréable et l'on se plait à rêver d'une suite, d'un autre autoportrait nous présentant J.M. Coetzee vingt ans plus tard, à 50 ans, quand son pays enterre l'Apartheid et prépare l'accession au pouvoir de Nelson Mandela.
J.M. Coetzee a longtemps enseigné la littérature à l'Université du Cap et aussi aux Etats-Unis. Aujourd'hui, il a quitté définitivement l'Afrique du Sud. Il s'est installé en Australie en 2002 et a reçu le prix Nobel de littérature en 2003. Il a également acquis la nationalité australienne en 2006.
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une forme très originale d'autobiographie romancée... S'imaginer mort et sa vie racontée par des personnes qui l'ont connu, voilà le parti choisi par Coetzee (sans prénom, c'est son choix, parfois John dans les entretiens), un portrait pessimiste, qui montre un homme terne, mal peigné et pas toujours agréable, qui vit avec son père mais qui n'approuve pas ses positions sur l'apartheid, mais dont il dresse un portrait très sensible dans les dernières pages. Un livre brillant, que j'ai dévoré lors de mes dernières vacances... L'apartheid, la place des métisses surtout, sont en filigrane tout au long du livre. Derrière un récit (enfin, des récits) en apparence d'interview, des questions importantes sont abordées.
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(...)



Tentative d'auto-apitoiement ou autoportrait plein d'humour ? On ne sait pas vraiment quel est le but poursuivi par l'auteur. Peu importe, finalement, le portrait apparaît pudique et taquin, et on passe un bon moment à lire ces “interviews” fictives, qui en apprennent autant sur les interviewés que sur l'objet de leurs propos. le livre interroge également sur le regard de l'autre, sur la subjectivité du point de vue des gens extérieurs par rapport à ce qu'on vit, ce qu'on ressent, sur la difficulté à communiquer, sur la condition humaine en général, solitaire et incomprise. C'est profond et léger à la fois, et on passe un moment, certes pas exceptionnel, mais très agréable en compagnie de Coetzee, aussi morne soit-il, soit disant.

Lire la critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Exercice périlleux celui dans lequel se lance J. M. Coetzee : un biographe enquête sur le célèbre écrivain Coetzee, décédé, et tente de retrouver quelques témoins qui l'ont côtoyé dans les années 70, au Cap. L'exercice n'est pas sans embûches car il est difficile au lecteur de décrypter la tentative autobiographique de Coetzee. Les femmes qui l'ont approché, qui ont parfois partagé sa vie intime, le décrivent comme un être solitaire, perdu, secret dont la présence aux autres est si retenue qu'il en devient inconsistant. Que faut-il en penser ? Que Coetzee fait de lui un portrait sans concession ? Donc forcément honnête. Ou qu'il force le trait à plaisir par dérision, parce qu'il ne s'aime pas ? Mais alors pourquoi se choisir comme sujet ? Peut-on y voir une tentative pour retrouver l'homme qu'il était ces années-là et dont il ausculte patiemment le malaise, le mal-être ? Peut-être tout cela.
le livre est passionnant parce qu'on oublie vite l'entreprise autobiographique pour suivre un personnage, un homme dans la trentaine, qui survit de petits boulots et déconstruit patiemment sa place dans la société sud-africaine. La déconstruction commence par le dynamitage familial. Chargé de son vieux père, ce sont deux hommes à la dérive qui sont montés dans le vieux canot rafistolé de la cellule familiale. D'ailleurs, aucun des personnages du livre n'échappe au naufrage familial. La cousine de Coetzee, Margot, est la seule à vivre un mariage heureux mais sa stérilité flotte comme une ombre sur le couple qu'elle forme avec son fermier de mari, car ils ne peuvent occulter la question de la transmission de la terre, du sens à donner à leurs efforts pour sauver leur ferme. Ce qui permet à Coetzee d'aborder la question de son identité Afrikaans. Qui sont les Coetzee ? Des fermiers du Karoo dont la légitimité à exploiter une terre arrachée à d'autres se délite au contact des transformations qui se préparent dans la société sud-africaine. L'apartheid, le nationalisme ont empoisonné à jamais les liens qui les retenaient à cette terre qu'ils aiment. Ils sont impuissants à maîtriser leur devenir en raison de la dépossession originelle qui voue à l'échec toute tentative de se maintenir sur un sol qui ne leur appartenait pas.
Coetzee habilement travaille la fissure qui l'éloigne de son identité. Il est de ce pays, il est Afrikaans, son enfance est faite de cette culture, mais l'homme a décidé d'y renoncer car il y a quelque chose d'irréconciliable entre un vécu et un devenir qui se vit comme en porte-à-faux. L'image est d'ailleurs là, quand le fils tente de réparer la petite maison du père, construction autrefois réservée à des ouvriers agricoles et qui prend l'eau à chaque pluie.
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Je suis tombée, par hasard, sur le 3ème volet autobiographique de Coetzee, sans avoir lu les deux premiers (Scènes de la vie d'un jeune garçon et Vers l'âge d'homme), et d'emblée, j'ai été séduite:

* Par la construction, peu conventionnelle, du récit d'abord.: L'auteur imagine qu'il est mort. Il s'invente un biographe, M. Vincent qui va raconter les années les plus décisives de son existence au travers l'interview de 5 personnes, qui auraient "compté" pour l'écrivain. Cinq témoignages sans concession qui permettent de mieux connaître l'auteur -même s'il faut dêmêler le vrai du faux-, et invite aussi à s'interroger sur la condition masculine, vue sous un point de vue essentiellement féminin (4 témoins sont des femmes) et interprété par un auteur masculin!!! une vraie gageure... Mais franchement : c'est pas si mal (cf extraits ci-dessous)

* Ensuite, ce livre est un modèle d'auto-dérision, dans le bon sens du terme (si tant est qu'il y en ait un) : on ne sent pas comme chez Houellebecq ce désir de se mettre en avant médiatiquement parlant, bien au contraire ! Coetzee porte un regard sans complaisance, ni humanité, sur lui même : homme maladroit, pitoyable et ridicule parfois, incapable d'affection et de tendresse, égoïste ; amant sans chaleur, indésirable, sans passion ni curiosité, éternel vieux garçon qui vit avec son père ; dépressif chronique qui s'est détourné du monde (à moins que ce ne soit le contraire, on ne sait jamais trop dans ce genre de situation toujours complexe)... amenant ainsi naturellement le lecteur à prendre parti et à abonder dans le sens des personnes qui témoignent : comment pourrait-on effectivement aimer un homme qui se néglige de la sorte et qui n'a pas une plus haute estime de lui-même ?

* Enfin, comme souvent, Coetzee interpelle le lecteur quant à certaines frontières plutôt fluctuantes : où s'arrête le réel, où commence la fiction ? quelle est la place de l'auteur, quelle est celle du lecteur ? L'auteur "interroge constamment l'écart qu'il y a entre l'oeuvre et la vie, entre le portrait que se feraient de lui ceux qui lisent ses textes et ceux qui le côtoient dans l'existence". (Les Inrocks)

Lien : http://rozven.hautetfort.com
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Le procédé est original : en faisant parler des personnes qui ont connu Coetzee, un portrait en creux se dessine, encadré par des notes et fragments extraits des carnets de l'écrivain. Cette construction multiplie les points de vue et les perspectives, agissant comme un prisme dans lequel apparaît une image déformée de l'homme dont il est question.



- C'est en effet un homme ordinaire qui se dessine, un homme plutôt maladroit avec les femmes, mal à l'aise en société, pataud, loin de l'image de grand homme à laquelle on s'attend quand on parle d'un écrivain connu. le talent dans l'écriture est-il vraiment un gage de grandeur ? L'auteur joue autour de ces questions en créant ce double qui n'est pas tout à fait lui...



- La réflexion sur l'entreprise autobiographique nous éclaire sur la part de fiction et de réel qui hante chaque écrit et chaque vie :



« Et si tous, tant que nous sommes, nous faisions dans la fiction, comme vous le dites de Coetzee ? Si nous ne cessions d'inventer l'histoire de notre vie ? Pourquoi ce que je vous dis de Coetzee serait-il plus digne de foi que ce qu'il vous dit de lui-même ? » (p.271)



- J. M. Coetzee nous offre un roman original très complet


Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Un portrait à moitié réussi d'un homme à moitié raté

- Vous me proposez une interview ?
. Oui, comme un hommage à la forme du livre.
- Ma foi, pourquoi pas. C'est vrai que Coetzee a conçu son livre sur une idée assez originale : un biographe recueille 5 témoignages de personnes ayant connu l'écrivain, pour en réaliser un portrait posthume.
. Cette idée vous a séduit ?
- J'ai trouvé le procédé évidemment artificiel, mais intéressant avec cette mise en abyme qui permet à Coetzee de se décrire ou se faire décrire, tout en mêlant le vrai et le faux. Mais il m'a semblé pourtant qu'à un moment, le procédé ne marchait plus, en partie en raison de l'amoindrissement d'intérêt suscité notamment par les derniers témoignages.
. Avez-vous eu l'impression toutefois de mieux connaitre l'écrivain, ou l''homme ?
- Là encore, la réponse est mitigée. S'il est évident que Coetzee livre certainement des indices sur la façon dont il se perçoit...
. L'avez-vous trouvé mégalomane ?
- Non, je crois qu'il a senti le danger et du coup, il a dressé un portrait à charge : son personnage tel qu'il ressort de cette fausse biographie est un homme assez falot, coincé, peu sociable et incapable de susciter vers lui des élans passionnels de la part des femmes. Bien sûr, on sent qu'il cherche avant tout à nous persuader que le grand écrivain qu'il est, n'est pas de facto, un grand homme et on veut bien le suivre dans cette démonstration, même si cela paraît un peu exagéré.
. Vous trouvez qu'il en fait trop ?
- Oui, car il ne se fait vraiment pas de cadeaux, n'évitant même pas un ridicule humiliant lors d''une piteuse tentative d''allier sexualité et Schubert. Mais malgré tout, on retrouve dans cette fausse biographie le Coetzee de ses livres précédents : l'inadapté, décrit comme un "étranger" dans son pays, comme il est un étranger par rapport aux femmes. Il ne se sent pas véritablement afrikaner mais malgré tout, il reste lié à cette terre tout en s''estimant en tant que "blanc", illégitime.
Dans le livre, 2 passages sont assez éclairants. Ainsi, lors du récit de son "excursion" dans le Karoo, là d'où vient sa famille, on sent que ce paysage lui inspire une vraie tendresse, presque une passion. En revanche, quand on évoque son attitude politique, il est décrit comme un écrivain "antipolitique".
. Apolitique ?
- Non, non : antipolitique. C'est-à-dire qu'il n'envisage pas avec enthousiasme l'avenir qu'il voit se dessiner pour l'Afrique du Sud, ce qui, on le comprend, ne lui vaut pas la sympathie des anti-apartheid.
. Au final, votre avis sur le livre ?
- le style de Coetzee reste intact et à ce titre, le livre est intéressant. La variété des témoignages procure souvent beaucoup de plaisir, en particulier le premier, celui de sa maitresse tout en intelligence et en humour décapant. Mais, au fur et à mesure de l'avancée dans le roman, je m''attendais à une révélation finale qui allait donner un tournant inattendu à l'ensemble, le vivifier. Et de ce point de vue, c'est un peu décevant. le livre se termine par un extrait du journal de Coetzee qu'on a un peu de mal à situer et qui reste assez mystérieux, renforçant le côté bancal du roman.
. "Bancal" : ça pourrait refléter votre sentiment général ?
- Finalement : oui !
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J.M. Coetze nous livre ici une fiction autobiographique. Par l'intermédiaire d'un journaliste qui interviewe cinq proches de l'auteur récemment décédé, Coetze nous donne sa vision de l'écrivain et se dénigre en tant qu' homme.
Différentes approches, celles d'amantes, d'une cousine, d'un ami ou d'une mère d'élève, décrivent l'auteur comme un niais, un être ridicule empêtré dans son corps.
" Comment pouvez-vous être un grand écrivain si vous n'êtes qu'un petit homme ordinaire?"
Les grands écrivains vivent-ils donc dans un monde à part, et sont-ils mal à l'aise dans leur vie d'homme? C'est ce que semble nous dire J.M. Coetze. Je n'ai pas lu les deux premiers romans autobiographiques, mais celui-ci exprime de manière très touchante le malaise de l'homme, indépendamment de son talent. J'ai apprécié son dévouement pour son père, sa façon de manier la pelle et d'ainsi renier l'esclavage, son écoute poétique de la musique classique. Mais l'on perçoit, notamment par le biais du témoignage de la cousine, l'homme bléssé.

Le contexte est intéressant puisqu'il positionne les afrikaners dans l'Afrique du Sud.
" Notre présence était légale mais illégitime. Nous avons un droit abstrait d'y être, mais ce droit reposait sur une imposture. Notre présence était fondée sur un crime, à savoir la conquête coloniale, perpétuée par l'apartheid."
L'auteur traite du rôle de l'éducation, de l'importance des livres et de la place de l'écrivain.
"Si l'on représente l'enfant comme une plante, l'éducateur devrait nourrir les racines de la plante et la regarder pousser en la surveillant, plutôt que de tailler les branches pour lui donner une forme, comme les kuypéristes le préconisent." Il renie ainsi l'éducation du protestantisme hollandais.
C'est donc un livre très intéressant, traité de manière vivante et touchante par le biais de différents témoignages.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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