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Une vie de province tome 1 sur 4

Catherine Lauga du Plessis (Traducteur)
EAN : 9782020525770
189 pages
Seuil (11/01/2002)
3.88/5   90 notes
Résumé :
Dans ce récit autobiographique, John Michael Coetzee, considéré comme l'un des meilleurs écrivains d'Afrique du Sud, raconte son enfance dans l'Afrique du Sud des années 50.

Il plonge le lecteur dans l'univers faussement naïf d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. Par fragments, à travers son regard, c'est toute la société brutale de cette époque qui se met en place, fondée sur l'apartheid, l'antisémitisme, les rivalités entre les Anglais et les Af... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Plongée dans les années 50 , à Worcester, nord est du Cap, proche du veld , "la steppe sud africaine". le futur auteur nous y narre son enfance , avec un 'il' qui impose de suite une distance entre ce qu'il fut et ce qu'il est.

le père rentre de la guerre et ses déboires professionnels obligent la famille à déménager . La mère est quantité négligeable pour l'enfant, elle l'instit, que l'on peut faire tourner en bourrique sans regrets ni remord.

Pourtant, ce livre va , fort pudiquement et tout en retenu, traduire l'amour d'un fils pour sa mère, la réciprocité étant prégnante dès les premières lignes.

Pudeur , retenue, modération. La plume de l'auteur "sucre" les faits les plus durs et rend son texte encore plus fort. Découverte de la religion , de l'amour ou tout au moins du désir , désillusion familiale, déchéance paternelle , l'auteur ne nous épargne rien de son enfance , mais le fait tout en modération .
En toile de fond , les problèmes ethniques Sud Africains, entre Afrikaners, Anglais , métis ou noirs et le racisme écoeurant envers les noirs.
il y a longtemps que je n'avais pas lu Coetzee . C'est toujours aussi bien , mais il ne faut pas que j'en abuse, malgré l'extrême qualité du propos et la force de la plume .
Sans doute que cette force justement cette écriture qui peut apparaitre neutre , peut être lassante.
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Retour de lecture sur “Scènes de la vie d'un jeune garçon” un roman autobiographique de l‘écrivain sud-africain John Maxwell Coetzee, écrit en 1997. Cet auteur a été lauréat du prix Nobel de littérature en 2003 et ce livre fait partie d'une trilogie nommée “Une vie de province”. Il y raconte son enfance de jeune Afrikaner, dans la classe moyenne des années 50 en Afrique du Sud, lorsqu'il avait environ 10 ans et qu'il habitait dans un lotissement de Worcester, une ville à 150 km du Cap. Une époque où la vie était plutôt rude, empreinte de beaucoup de violence, que ce soit au sein des familles ou à l'école à travers les châtiments corporels. On a grâce à ce roman une très belle peinture de ce que la vie a été dans ce pays, on voyage ainsi à travers son enfance dans différents lieux, entre son lotissement bien triste et la vie dans la ferme de son oncle, éleveur de moutons dans la campagne sud-africaine. Un pays particulier dont on découvre la fragmentation à travers les yeux de cet enfant qui ne comprend pas forcément la logique de la classification de ses habitants, entre leur couleur de peau: les noirs, les métis, les blancs, leur langue: l'afrikaans et l'anglais, leur religion: les catholiques, les protestants, les juifs. On plonge ainsi dans la vie intime de ce garçon avec ses secrets et ses angoisses. C'est un élève brillant et docile à l'école, despote et irascible à la maison, qui se cherche, entre un père qui ne lui inspire que de l'indifférence et qu'il méprise presque, et sa mère, qui est son repère principal dans la vie en raison de l'amour inconditionnel qu'elle lui porte. Les moments passés dans la ferme familiale sont décrits de manière particulièrement touchante, l'auteur arrive parfaitement à nous faire ressentir la joie et le bonheur immense qu'il y a vécu, ce sont ses plus beaux souvenirs d'enfance, mais il n'oublie pas d'un autre côté les ressentiments qu'il a gardé envers la famille de son père qui gérait cette ferme, qui n'a jamais vraiment accepté sa mère, et qui l'accueillait toujours de manière très froide. Coetzee nous fait là un descriptif très touchant et plein de pudeur de son enfance avec un réalisme très surprenant. Alors que le contexte est tout de même assez particulier, on peut retrouver des sensations et des manières de penser ou de fonctionner de notre propre enfance, qu'on avait totalement oubliées. Il y a une universalité dans ce roman qui nous renvoie vers le désarroi que nous avons nous même pu ressentir devant la complexité du monde des adultes et notre nécessité de le comprendre, de nous y intégrer. le tout est très intelligemment construit, découpé en 19 chapitres qui sont autant d'étapes dans le parcours initiatique de cet enfant, avec certains chapitres particulièrement forts notamment lorsqu'il parle de son père qui représente l'échec et qui finira dans une déchéance totale. le tout est raconté à la troisième personne du singulier avec un “il” qui met de la distance et rappelle que cela a été écrit par un adulte qui a maintenant dépassé tout cela. Ce regard porté sur le monde des adultes, avec une fausse naïveté, est particulièrement subtil, il montre toutes les contradictions et incohérences que peut avoir ce monde vu d'un enfant. C'est au final une biographie particulièrement réussie. On ne peut pas vraiment qualifier ce livre de chef-d'oeuvre, le sujet abordé s'y prête difficilement, mais c'est néanmoins un très beau livre, très touchant et intelligent. On sent dans ce récit très clairement la patte d'un grand écrivain, avec une plume précise de très grande qualité. J'ai hâte maintenant de la découvrir à travers une de ses oeuvres de référence.

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"Pendant des jours et des jours après ce samedi, il ne peut chasser cette image de sa mère qui attend patiemment dans la chaleur accablante de décembre, pendant que lui, sous le chapiteau se fait divertir comme un roi. Son abnégation, son amour aveugle, total, pour lui et son frère, mais pour lui en particulier, le met mal à l'aise. Il voudrait qu'elle ne l'aime pas tant. Elle l'aime de façon absolue, il faut donc qu'il l'aime de façon absolue: voilà la logique qu'elle lui impose. Jamais il ne pourra la payer de retour pour ces torrents d'amour qu'elle déverse sur lui. L'idée d'avoir toute sa vie à porter le fardeau d'une dette d'amour le laisse interdit et le met en rage au point qu'il ne veut pas l'embrasser, refuse de se laisser toucher par elle. Quand elle se détourne en silence, ulcérée, il endurcit son coeur contre elle résolument, et se refuse à céder."
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Défi Solidaire 2024

Un roman autobiographique écrit à la troisième personne, "il", c'est John Maxwell Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003 et auteur sud-africain. L'incipit, mais c'est en fait valable pour tout le roman, présente une maison à Worcester en Afrique du Sud, dans les années cinquante, sèche et argileuse, où pas grand chose ne pousse. Un peu à l'image de ce roman, finalement, écriture sèche et lucide, images bien trouvées, certes, mais ce récit d'enfance (10-13 ans de l'auteur) s'illustre par son dépouillement (écriture au présent, peu de dialogue, peu de sentiments). En soi, c'est un livre assez "neutre", et pourtant je l'ai beaucoup aimé, je l'ai lu en deux jours (il faut dire qu'il n'est pas très long).

Le regard de Coetzee sur son enfance est à la fois factuel et traduit les pensées et raisonnements, parfois étranges (ex. quand il est persuadé que les bébés naissent par le trou de derrière) du garçon, avec en dépit de la troisième personne, une focalisation interne. Une autre critique parle de "fausse naïveté" et je suis d'accord. de très nombreux thèmes sont abordés : la ferme, l'école, la politique (avec le garçon qui est du côté des Russes sans savoir pourquoi), les châtiments corporels. Aucune complaisance dans le regard, au contraire, on sent que Coetzee se sent coupable, sans non plus se décrire comme un horrible personnage. On sent que c'est un enfant, et pas l'adulte qui se repeint, ce qui est honnête. Cela dit, on a notamment vers la fin quelques traces du futur écrivain; mais c'est subtil et bien fait. Par exemple, l'adulte Coetzee, végétarien, parle de cruauté envers les animaux.

Ce jeune garçon se comporte donc comme un jeune garçon, comme lorsqu'il demande à sa mère qui il préfère entre son frère et lui, quand sa mère lui dit "tu verras quand tu auras des enfants", ou quand dans son école ou au sport on se vante des blessures et autres bobos.

Cela dit, l'aspect un peu "universel" ne doit pas faire oublier ce contexte qu'est l'Afrique du Sud des année 1950, où être anglais, afrikaans, Métis ou Noirs (mais on peut, dit Coetzee, faire semblant qu'ils n'existent pas), ou juif, a un sens très important. A ce sujet, Coetzee, qui n'est pas un auteur politique, utilise la parabole des trois frères pour dire qu'enfant, il croyait que les Noirs étaient le troisième frère, c'est à dire le moins fortuné, mais le meilleur (les derniers seront les premiers, ou une logique dans le genre).
C'est aussi un contexte très violent, avec des châtiments corporels, au point que quand il intègre le collège, moins violent, il est déçu qu'il y ait moins d'action.

Quand à la fin : . La relation mère-fils est elle aussi intéressante, le fils est élevé d'une façon très laxiste, ce qui en Afrique du Sud dans les années 50 ne se fait pas du tout, et plus la mère se sacrifie pour lui ,plus il se sent endetté et lui en veut, au point de développer des sentiments ambigus, même si les sentiments n'apparaissent que peu dans le livre. On parle davantage de sexe que d'amour, par exemple;

Un roman qui m'a été conseillé par les bibliothécaires (je ne savais pas quelle oeuvre lire de cet auteur) et que j'ai beaucoup apprécié et dévoré.
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Voici le début du grand récit autobiographique de Coetzee. Dans les montagnes du Karoo, sans doute là où Paton situe Pleure ô pays bien aimé, Coetzee raconte son enfance, à sa façon sèche, lucide et intransigeante. Il dit l'ambiguité du jeune sud-africain, habité des racines immémorielles de son pays (la ferme comme Heimat), et troublé des contradictions qui le rendent invivable : religion, langue, couleur. Il explore aussi ses rapports à sa famille, où le père n'existe pas, où il terrorise sa mère mais l'aime profondément.
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Trouvé un INÉDIT Par John Maxwell Coetzee
Possible que cela intéresse d'autres "fan"...


Décoloniser le roman
*
Ce texte de John Maxwell Coetzee, inédit en français, a été publié par la revue Upstream, Rondebosch, Afrique du Sud, 1988.

*
Je voudrais parler du roman et de l'histoire dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, et en particulier de ce qui me semble une tendance, une tendance forte, peut-être même dominante : placer le roman en dessous de l'histoire, lire les romans comme ce que j'appelle vaguement des investigations imaginatives des véritables forces et des véritables circonstances historiques ;

et inversement traiter comme manquant de sérieux les romans qui ne se livrent pas à ce travail d'enquête (...).

En des temps de pression idéologique intense comme aujourd'hui, lorsque l'espace au sein duquel le roman et l'histoire coexistent ­ comme deux vaches dans le même pré, chacun s'occupant de ses propres affaires ­ se réduit à presque rien, le roman, me semble-t-il, n'a que deux options : la complémentarité ou la rivalité. Si le roman entend fournir indirectement au lecteur des expériences de vie de première main dans une période historique donnée en exprimant des forces en lutte à travers des personnages en lutte et en remplissant notre expérience grâce à une certaine densité d'observations, si tel est son but, pour le reste ­ pour ce que j'appellerai sa structuration principale, en fonction de son modèle historique ­, sa relation à l'histoire est de toute évidence une relation secondaire.

Que signifierait, par contraste, un roman qui occuperait une place autonome, que je définis comme rivale de l'histoire ? Il s'agit (...) d'un roman ayant ses propres règles, ses propres thématiques dans le cadre de propres conclusions, pas d'un roman qui fonctionne selon les règles de l'histoire et aboutit à des conclusions qui peuvent être vérifiées par l'histoire (comme le travail scolaire d'un enfant est vérifié par la maîtresse d'école).

Je pense à un roman qui élabore ses propres paradigmes et ses propres mythes, dans un processus (et c'est peut-être le point où commence la véritable rivalité, voire l'hostilité) qui va jusqu'à démasquer le statut mythique de l'histoire ­ autrement dit, démythifier l'histoire. Puis-je être plus explicite ?

Oui : un roman prêt à se bâtir en dehors des termes de lutte des classes, de conflit racial, de bataille des sexes ou de toute autre opposition à partir desquelles l'histoire et les disciplines historiques se construisent.

Pourquoi un romancier ­ moi-même ­ parle-t-il ici en termes d'hostilité au discours de l'histoire ? Parce que, comme je le suggérais plus haut, en Afrique du Sud la colonisation du roman par le discours historique avance à une vitesse alarmante.
C'est pourquoi je m'exprime ­ pour utiliser une image ­ en tant que membre d'une tribu menacée par la colonisation, une tribu dont certains membres ont été trop heureux ­ et c'était leur droit ­ d'embrasser la modernité, d'abandonner leurs arcs et leurs flèches ainsi que leurs huttes et d'emménager sous la voûte spacieuse des grands mythes historiques.-

source : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/COETZEE/10662

autre site que j'aime assez :
http://www.librairie-compagnie.fr/afrique-sud/auteurs/coetzee.htm
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Pendant des jours et des jours après ce samedi, il ne peut chasser cette image de sa mère qui attend patiemment dans la chaleur accablante de décembre, pendant que lui, sous le chapiteau se fait divertir comme un roi. Son abnégation, son amour aveugle, total, pour lui et son frère, mais pour lui en particulier, le met mal à l'aise. Il voudrait qu'elle ne l'aime pas tant. Elle l'aime de façon absolue, il faut donc qu'il l'aime de façon absolue: voilà la logique qu'elle lui impose. Jamais il ne pourra la payer de retour pour ces torrents d'amour qu'elle déverse sur lui. L'idée d'avoir toute sa vie à porter le fardeau d'une dette d'amour le laisse interdit et le met en rage au point qu'il ne veut pas l'embrasser, refuse de se laisser toucher par elle. Quand elle se détourne en silence, ulcérée, il endurcit son cœur contre elle résolument, et se refuse à céder.
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Il n'arrive pas à comprendre pourquoi il y a autour de lui tant de gens qui n'aiment pas l'Angleterre. L'Angleterre, c'est Dunkerqu, et la bataille d'Angleterre. L'Angleterre, c'est faire son devoir et accepter son sort sans bruit, sans faire d'histoires. L'Angleterre, c'est ce jeune garçon à la bataille du Jutland qui n'a pas abandonné ses canons alors que le pont de son bâtiment brûlait sous ses pieds. L'Angleterre, c'est Lancelot du lac et Richard Coeur de Lion et Robin des Bois avec son grand arc de bois d'if et son habit vert Lincoln. Qu'ont les Afrikaaners qui se compare à cela ? Dirkie uys, qui a chevauché sa monture jusqu'à ce que le cheval, épuisé, meure sous lui. Piet Retief, qui s'est fait ridiculiser par Dingaan. Et puis les Voortrekkers qui se sont vengés en faisant feu sur des milliers de Zoulous sans fusils, et qui en tirent gloire.
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Toujours, semble-t-il, il y a toujours quelque chose qui va de travers. S’il veut quelque chose, s’il aime quelque chose, tôt ou tard, il faut en faire un secret. Il commence à se voir comme une de ces araignées qui vivent dans un trou, fermé d’une trappe. L’araignée doit toujours venir se réfugier dans son trou et rabattre la trappe sur elle, pour se couper du monde et se cacher. 
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À la maison, c’est un despote irascible ; à l’école il est doux comme un agneau, à son pupitre à l’avant-dernier rang, le rang le plus obscur pour surtout ne pas se faire remarquer, et il se raidit de peur quand commence la séance du fouet. En vivant cette double vie, il s’est créé un fardeau d’imposture.
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Ainsi, ce garçon qui sans réfléchir est resté sur le droit chemin de l'innocence où la nature l'a mis, qui est pauvre, et donc bon, comme les pauvres le sont toujours dans les contes de fées, souple et délié comme une anguille, agile comme un lièvre, et qui le battrait sans peine s'ils se mesuraient à la course ou à un jeu d'adresse, ce garçon, qui lui est un vivant reproche, ne lui en est pas moins assujetti d'une manière qui lui cause une gêne si profonde qu'il est au supplice, il rentre la tête dans les épaules, et ne veut même plus le regarder, malgré sa beauté.
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