Il était juste un peu plus de trois heures du matin. Toute seule sur son petit atoll d’asphalte, dans un delta formé par la convergence de deux routes de campagne, une pompe à essence restait ouverte toute la nuit. Pas très loin de là, une route noire à deux voies passait sous une autoroute. Et là-haut, sur les couloirs de la 101, de gros semis fonçaient en grondant ; bien que moins fréquents à cette heure-ci ils faisaient pourtant le tour du cadran. En bas, au niveau du sol, sous les hauteurs impériales de ce viaduc, tout n’était qu’obscurité et silence campagnard plein de grillons. Au bord de la route, les formes noires des arbres délimitaient l’îlot de lumière de la station. C’étaient de grands chênes à demi-dénudés qui se tordaient sous les étoiles.