Un homme élague un arbre tandis que les badauds disciplinés poursuivent leur chemin en l'ignorant. Non loin, un modeste travailleur solitaire rentre chez lui, dans sa discrète maison située dans un quartier pavillonnaire. Ce soir-là, il mange seul comme à chaque fois. Il avale machinalement ses légumes tout en griffonnant quelques croquis sur son carnet à spirales. Griffonne ? Pas vraiment, car si l'on se penche sur ses dessins, on constate qu'il a pris le temps d'observer l'élagueur ainsi que chaque détail croisé sur son chemin.
Dave est le nom de cet homme. Un homme légèrement dodu et totalement imberbe – à un poil près. Un homme ordonné, méticuleux, ritualisé. Un homme qui est vigilent au fait que toute chose soit exactement à sa place, que tout soit constamment ordonné. Et Dave n'est pas un cas isolé parmi les habitants de l'Ile d'Ici. La maniaquerie excessive est collective.
« Ici, chaque arbre était parfait. Chaque rue était parfaite. La forme même de Ici était parfaite ».
Le problème des gens d'Ici, c'est la mer. Aucun d'entre eux ne l'apprécie. Pire, elle leur fait peur. Car seule la mer les sépare de Là. Là étant l'exact contraire d'Ici : chaos, désordre et mal.
Sur le ton du conte et avec pour seul accompagnement une voix-off assez monocorde (les passages dialogués étant rares dans cet ouvrage), le lecteur suit cette lecture presque dépourvue de soubresauts narratifs. A l'instar de ce monde automatique, j'ai eu l'impression d'être moi aussi bien rangée, trop calme face à cette lecture qui glisse et – fait étrange car assez rare – bien assise sur mon siège… agacée par le caractère simpliste du propos. On nous sert un cloisonnement presque enfantin des choses, opposant l'organisé à l'insoumis, le propre au chaos, l'esthétique au mal… Heureusement, le lecteur aguerri et persévérant est d'avance convaincu quant au fait que Dave, malgré son côté « mouton de Panurge » parfaitement assumé, va mettre son grain de sel dans cet agencement policé où rien ne bouge ou plutôt, va laisser un poil au fond de la baignoire parfaitement astiquée. C'est une évidence… charge à l'auteur de nous surprendre vis-à-vis d'une intrigue qui semble cousue de fil blanc.
(...)
Progressivement, la simpliste dissociation des choses s'adoucit, tout comme cette désagréable impression que l'intrigue – aussi excentrique soit-elle – n'est pas en mesure de me surprendre. Pour autant, la lecture reste morne et propose une chronique sociale où tout le monde passe au crible. Scientifiques, pseudo-experts, médias, presse people, politiciens, armée… l'auteur montre leur incapacité à raisonner, leur habileté dans l'art de tergiverser et tout simplement, leur incapacité à agir de façon constructive et à réfléchir de manière intelligente. Un peu comme nos sociétés actuelles qui sont chapeautées par des hommes issus du monde de la politique, de la finance (et je vous laisserais compléter la liste). Malheureusement, le scénario de
Stephen Collins manque de petites excroissances auxquelles le lecteur pourrait se raccrocher. La narration reste monocorde, son rythme est ennuyeux.
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