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Jean-Louis Comolli (Autre)
EAN : 9782378560911
112 pages
Verdier (04/02/2021)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Le cinéma documentaire se voulait le fruit d'un artisanat furieux, à l'écart du marché. De cette liberté des formes, les télévisions, principaux financeurs, ne veulent plus. Elles imposent des normes (commentaires redondants et montages accélérés) qui stérilisent les films diffusés et ceux qui aspirent à l'être. Une certaine tendance au conformisme s'impose. Il faudrait à la fois se conformer et donner le change en passant pour « neuf ».
Dans les années quatr... >Voir plus
Que lire après Une certaine tendance du cinéma documentaireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce bref essai de Jean-Louis Comolli, auteur du très important « Cinéma contre spectacle », est né d'une réflexion sur la non-sélection dans un festival spécialisé de son dernier documentaire. Il en élargit rapidement le spectre d'analyse, de manière brillante et accessible, au cinéma en général, reflets des changements sociaux, de la manière de « consommer » la culture; comme une pensée qui s'élabore à partir d'une conversation débutée il y a quelques temps.

Certains aspects paraissent datés, dans le sens que leur défaite est déjà consommée, en commençant par son insistance sur l'importance de montrer le cinéma dans ce qui était naguère des temples dédiés, aujourd'hui multiplex-parking-fastfood, hors quelques exceptions (le réseau Utopia dans le sud de la France me vient en tête); le regretté Serge Daney, qu'il évoque dans son livre, en parlait déjà dans les années 90 dans son « Devant la recrudescence des vols de sacs à main ». On comprend tout à fait cette injonction, mais elle passe pour une forme de purisme — tel le mélomane qui vous parle de ses exigences — à l'heure de Netflix, du tout-tout-de-suite, ainsi que de l'opposition possible, personnelle, de ces expériences audio-visuelles intensément émotionnelles, juste à l'aide d'un écran de 15 pouces (mais avec un très bon son, détail qu'il n'inclue pas comme décisif dans son texte, c'est Michel Chion qui va faire la gueule…) comme l' exemple de Twin Peaks, dans sa 3ème saison, 25 ans après, objet « télévisuel » total, permettant au fan de faire cesser à tout jamais l'inassouvissement permanent propre à la consommation de séries, et d'enfin se consacrer à ce qui est le plus important : la littérature…(sic)
Galéjade, pour enchainer sur la partie la plus profonde de l'essai, cette réflexion sur le temps, sur la nouveauté permanente, sur la nécessité de conserver, de préserver au lieu de vouloir toujours transformer, consommer, etc. Les va-et viens entre une pensée universalisante, et son application à son domaine d'expertise, le documentaire, sonnent justes, même si j'ai bien tiqué quant à son rejet en bloc de l'oeuvre de Jean Libon & co. « Strip-tease », qu'il juge à la manière de ce qu'il dénonce : partialement, rapidement, comme un bloc homogène de moqueries, alors que c'est avant tout une émission qui a fait école, en Belgique et ailleurs, d'une forme de documentaire sans artifices. Il s'arrête sans doute à des épisodes appelant, en premier rideau, à la raillerie de pauvres hères, mémoire collective de ces moments-phare, comme le fameux « j'aime ta kette » devenu gimmick pour les Belges, faisant oublier la dimension sociale de ces morceaux de vie-télévision.
Le long-métrage de cinéma « Ni juge ni soumise » prolonge cette voie, avec Yves Hinant à la caméra, et un joli succès critique et commercial, toujours pas du goût de notre auteur, ce qui pour cabotiner pourrait être qualifié de jalousie, plus sérieusement d'incompréhension, ce film étant selon moi horriblement horripilant, d'une ambivalence permanente, de rire et d'effroi, à la discrétion du spectateur.

En filigranes, on y lira une forme de plaidoyer décroissant et anti-capitaliste, conséquence logique à toute pensée honnête et holistique de ces dernières années.

Texte riche et condensé, adressé à chaque lecteur ou spectateur (ce qui me place en désaccord avec l'une des critiques), confirmant tout le bien-pensé envers les éditions Verdier, chaudement remerciées pour l'envoi de ce livre (ainsi que notre plateforme préférée), et qui donne bien-sûr l'envie d'approfondir en visionnant son dernier film, « Nicolas Philibert: hasard et nécessité », auquel on revient à la fin de l'essai, nous laissant après quelques nonante pages à des réflexions débordant le cadre et les pages.
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Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux éditions Verdier de m'avoir envoyé et offert ce livre dans le cadre de la Masse Critique de février non-fiction.
L'auteur Jean-Louis Comolli est un réalisateur et écrivain et à signé de nombreux livres sur le cinéma et le jazz.
Ce livre est sur le thème du cinéma documentaire. Après avoir réalisé quelques films de fiction dans les années 80, il renonce à ce cinéma "commercial" et préfère se lancer dans le cinéma documentaire pour sa liberté et sa parole filmée.
Ce livre se compose en deux parties. La première est une longue préface qu'il a écrit cet été 2020, défendant la place du cinéma documentaire ou non. Il proscrit le cinéma regardé chez soi, à la télévision ou sur ordinateur. L'art cinématographique se regarde pleinement sur grand écran dans une salle obscure. La seconde partie avait été écrite juste avant le confinement entre janvier et mars 2020. L'auteur specifie à la fin de sa préface que la seconde partie n'a subi aucune modification par rapport à la pandémie. Il y parle tout d'abord de son dernier film documentaire qu'il a réalisé avec Nicolas Philibert, le réalisateur entre autres "Être et avoir" (qui se passe dans une classe unique à la campagne). Il y parle aussi des festivals "Le cinéma du réel" qui est un festival de films documentaires. Son essai est très documenté et on apprend moult choses sur ce cinéma.
Le seul bémol c'est que son style d'écriture est assez ardue et donc pas très accessible. C'est un livre qui s'adresse à un public motivé et cinéphile.
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Livre reçu dans le cadre de l'opération « Masse Critique » de Babelio.
Le petit format de la collection « La petite jaune » m'a surprise tout d'abord. Puis, je l'ai trouvé maniable. Il « adoucit » en quelque sorte le côté « classique » de l'essai, et bien que le style de l'auteur ne soit en rien rébarbatif.

Jean-Louis Comolli, auteur, réalisateur de films et de films documentaires se voit refuser son dernier film sur Nicolas Philibert – auquel il rend hommage tout au long de cet essai – au festival Cinéma du réel. Suite à cela, il développe une réflexion qui s'inscrit dans le cadre d'une explication, et d'une interrogation sur le devenir du film documentaire. En effet, le propos et la pensée de l'auteur embrasse les réalités économiques, idéologiques et politiques actuelles, s'appliquant non seulement au cinéma et au cinéma documentaire mais également au théâtre, à l'art et à la littérature.

Une fois encore – et bien que ma lecture du livre "Critique et université" de David Vasse m'ait beaucoup appris –, je ne me pose pas en experte du cinéma et du cinéma documentaire qui plus est. Je suis une lectrice et une spectatrice qui aime approfondir le documentaire, le film ou le texte qu'on lui propose, en amatrice éclairée si possible. L'essai de J-L. Comolli qui, s'il n'utilise pas l'écriture inclusive nouvellement proposée, prend soin à chaque fois, d'inclure le féminin tel qu'il est possible de le pratiquer dans la langue, française notamment. Personnellement concernée et interpellée, j'écoute « la défense » du film, de et par Jean-Louis Comolli.

Après une "préface", le texte s'articule autour de quinze « entrées » émaillées d'exemples, sans introduction ni conclusion à proprement parler, comme si précisément, il s'agissait de parler et non de discourir. Un peu comme l'auteur a monté son film d'ailleurs. Il rappelle que le credo du film documentaire est une « mise en abyme » (p 14) de l'autre par écran interposés et que pour ce faire, il convient de respecter celui ou celle qui est filmé et celle ou celui qui le regarde ensuite. La société actuelle désirant toujours plus de nouveautés, réclame des miracles « hebdomadaires » (p37), un « plus-de-jouir » (p 71) et du spectaculaire à s'en gorger quitte à s'en dégouter. Les superlatifs, clichés, voire tics de langage s'imposent couramment (p 27), martèlent l'esprit et réduisent les capacités du libre-arbitre. Parce que le confinement imposé parachève « une sorte de victoire du virtuel sur le réel » (p 13), J-L. Comolli ausculte le passage du grand écran au petit écran (p 20), les rapports de force entre les éléments en place, la critique spécialisée et la « démocratie directe » (p 70) du Net. Il déplore la mainmise du capital, la rentabilité et la culture de masse qui font loi de nos jours (p 61).

Opposant le passé et sa répétition utile au présent du direct et de la nouveauté sans cesse renouvelée, l'auteur réclame un retour au respect. Face au mépris généralisé, il préconise de revenir à une éthique digne du cinéaste du réel, face au corps filmé, mais aussi face aux spectateurs et spectatrices. Dire « non » (p 73) au diktat des puissants pour recouvrer la liberté d'inventer (p 57) et préserver le « rêve d'un monde meilleur » (p 56).
En dépit de la tendance prédominante au cinéma d'action, J-L. Comolli « manifeste pour un cinéma de paroles » (p 78), exigeant mais fertile, riche de ce qui est dit et de ce qui est sous-entendu, pour "un secret" (p 81) que l'auteur m'a donné envie de partager.
anne.vacquant.free.fr/av/
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
En cette actualité de pandémie, les festivals qui se chargent d'exposer à travers le monde le cinéma documentaire ont presque tous cédé aux charmes du petit écran. Qu'est-ce qui disparaît quand on passe de la salle de cinéma au salon ? D'abord, cette salle, relativement obscure, bien davantage que les pièces où je vis. (...) Le grand écran permet de voir des nuances qui disparaissent sur le petit et dans le demi-jour du chez soi. Et puis la dimension des corps filmés, qui débordent le corps-spectateur. Des géants sur l'écran. Des lèvres, des bouches illimitées. Une exaltation extensive de tous les baisers. Je suis dévoré.
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Alors que la musique renvoie le drame à l'intérieur des corps et des âmes, entre des forces invisibles, la mise en scène balance tout à l'extérieur, dans le trop-plein du visible. Voir, voir, voir ! Un impératif contemporain. Et voici la critique pressée de célébrer des beautés qui n'en sont plus qu'à l'oreille. Fermer les yeux à l'opéra est parfois un réflexe - pour sauver la musique et le chant.
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Pendant des décennies, il arrivait au cinéma de transfigurer le monde, aujourd'hui il le répare.
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Nous parlons les mêmes langues, le sang n'est pas l'hémoglobine et il y a un partage de dignité entre qui filme, qui est filmé et, bien sûr, qui regarde et écoute.
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Aujourd’hui, , il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout, il faut le préserver. Ensuite nous pourrons le transformer.
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Jean-Louis Comolli - Daech, le cinéma et la mort
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