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3,87

sur 1286 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au cours de mon exploration de l'oeuvre de Paul Auster, je suis tombée sur un article qui comparait Moon Palace à ce livre de Joseph Conrad. Je l'ai acheté et mis de côté le temps que je me décide à relire Moon Palace et finalement c'est Robert Silverberg qui m'a décidée ^_^

Pour le challenge auteur consacré à Robert Silverberg je vais lire Les profondeurs de la terre qui selon la 4ème de couverture serait un hommage à ce même livre de Conrad. L'affaire était donc entendue…

Marlow (le personnage principal) raconte son voyage au Congo à la fin du 19ème siècle (le livre a été écrit en 1899) afin de prendre la relève d'un certain Fresleven qui y a trouvé la mort. A cette époque, c'est l'ivoire qui est au centre de toutes les convoitises.

Marlow entend régulièrement parler d'un certain Kurtz qui le fascine de plus en plus. Avec son équipage, Marlow doit aller le récupérer en remontant le fleuve Congo. L'homme est mourant et au final

L'histoire en elle-même n'est pas exceptionnelle et pourtant le livre l'est. Joseph Conrad a une écriture vraiment profonde et il a l'art de la description et de la métaphore. L'histoire n'est qu'un prétexte pour dénoncer le colonialisme (exploitation, maltraitance, …) et pour montrer ce que l'homme détruit (vies, nature, …) pour le profit.

Pour info, j'ai lu l'excellente traduction de Catherine Pappo-Musard.
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« Au coeur des ténèbres » est plus qu'un extraordinaire roman d'aventures.

Il peut être vu comme un refus du matérialisme, une expérience mystique, nihiliste, quasi philosophique, une réflexion sur la mort, le sens de la vie, un retour aux cotés les plus primitifs et enfouis de l'homme.

La langue est exceptionnelle, les descriptions maritimes ou fluviales écrasantes de beauté.

La nature inquiétante et toute puissante ramène l'homme à sa juste place, celle d'un moucheron.

Le lecteur a lui aussi l'impression d'être happé dans un rêve enfiévré, ballotté par le rythme languissant de cette interminable remontée du fleuve ou les hommes blancs perdent leur raison, le fragile verni de leur civilisation pour se révéler à eux mêmes.

Un livre culte, hypnotisant, troublant, tout le génie de Conrad.

Et à peine 115 pages...
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Etonnant comme ce court roman en partie autobiographique ,a suscité une floraison d'adaptations et inspiré un grand nombre d'oeuvres de tous genres : films d'abord , le mythique Apocalypse Now , le plus fidèle de Nicolas Roeg mais on retrouve aussi sa trace dans "Aguirre la colère de Dieu" d'Herzog et de beaucoup d'autres .Des livres aussi (curieusement en SF je connais "Les profondeurs de la terre" de Silverberg et "L'épouvante" de Daniel Walther ) .Et il y a aussi des BD , des jeux vidéos. Il faut dire que l'histoire racontée par Charles Marlow de sa recherche de Kurtz au coeur de la jungle peut être lue à plusieurs niveaux : fable sur les méfaits du colonialisme ou plus généralement la confrontation de l'homme à ses ténèbres intérieures . Moi qui restait sur le visage inoubliable de Brando (l'horreur...) je craignais d'etre déçu mais je ne l'ai pas été ,le texte est saisissant .
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Classique de la littérature anglaise du début du siècle dernier, Au coeur des ténèbres fait partie de la longue liste des livres que je veux lire depuis des années sans jamais le faire, me laissant distraire par les dernières sorties.
Voilà qui est enfin fait et j'ai envie d'écrire "Mais pourquoi donc ai-je autant attendu?"
Une oeuvre forte, à l'écriture envoutante, ce roman assez court sur le mal qui se cache en chaque homme, sur la descente dans l'horreur dont chacun est capable.
La longue remontée du fleuve Congo sera l'occasion pour le narrateur, jeune marin anglais inspiré par l'expérience de l'horreur, d'entrer dans le fond des ténèbres infinies, tandis qu'il est confronté à la violence, au mépris, à la corruption, au colonialisme et à la vision d'un homme intelligent que la solitude et la jungle ont forcé à regarder au fond de ses propres ténèbres.
Un grand livre.
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Un écriture luxuriante, épaisse, sombre comme une jungle inaccessible et mystérieuse. J'ai du mal à croire que ce regard si moderne sur notre folie humaine émane de l'année 1899. C' est une oeuvre que l'on ressent vécue de l'intérieur et qui ne livre pas tous ses secrets.
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Un récit troublant et envoûtant. Il n'est pas surprenant que ce texte ait donné lieu à tant d'adaptations délirantes et psychédéliques. Vous ne voyez pas ce que je veux dire ? le film Apocalypse Now est tiré de ce récit. (Il s'agit en fait d'une adaptation moderne, transposée intelligemment à la Guerre du Vietnam). Cette remonté du fleuve, vers le coeur des ténèbres, pour découvrir l'inconnu sombre, épais, cruel du coeur humain: tant le récit que l'allégorie, tout est génial dans ce roman !
(Plus sur Instagram)
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Un bateau sur la Tamise, et Conrad nous régale depuis le début de sa prose unique « le jour finissait dans la sérénité exquise d'un éclat immobile ». Marlow, un marin, commence à parler aux autres, et rappelle que l'Angleterre a été aussi « l'un des lieux ténébreux de la terre » et que les Romains y avaient connu le froid, le brouillard, les tempêtes, la maladie, l'exil et la mort, pas de vin mais l'eau de la Tamise, rien qui convienne à un peuple civilisé, sauf la solitude qui s'agite dans la jungle des marécages. Marlow parle de son voyage initiatique le long du fleuve Congo: Tout petit il avait décidé d'aller dans les pays restés en blanc sur les cartes de son enfance, espaces qui entre temps s'étaient remplis de rivières, de lacs et de noms, et devenus des lieux de ténèbres, comme l'Angleterre pour les Romains de l'époque de César. Les ténèbres ne sont pas géographiques, mais liées au développement inégal de l'humanité. Après un recrutement dans une compagnie française dont Conrad décrit « la maison aussi silencieuse que la maison des morts »il arrive en Afrique Equatoriale, après avoir vu les derniers humains normaux, des noirs, et note « qu'apparemment les Français faisaient une de leurs guerre » bombardant la brousse depuis leur navire, tirant contre un continent, avec toute l'absurdité d'une farce sordide. Cette forfaiture devient morbide, lorsque Marlow débouche dans la vallée des morts et moribonds : comment ne pas voir, au delà du cynisme et de l'ironie, une diatribe féroce contre les européens. Conrad a fait le voyage au Congo, avec un bateau belge et c'est donc un récit presque autobiographique. C'est aussi un conte oral dans un bateau d'une aventure hors norme sur un autre bateau. Un belge habillé de blanc immaculé apparaît, et c'est la deuxième allusion au blanc, la première étant les blancs de l'Atlas. Puis Conrad parle des brouillards blancs qui empêchent la navigation. Dans les trois cas, le blanc est soit une zone qui n'existe pas, soit un paraître hors de son contexte, soit un inconvénient majeur. le belge lui parle de Kurtz, un héros, et ce personnage que nous verrons dans ses dernières heures de sa vie devient le but du voyage pour Marlow, qui découvre par ailleurs le monde du trafic d'ivoire, contre lequel les marchands échangent de produits manufacturés, des rouleaux de cotonnade camelote, des fils de cuivre. L'abominable trafic avec la façade d'une noble mission. Marlow qui a connu le démon de la violence, celui de la convoitise, celui du désir est frappé de voir l'asservissement d'hommes fait par d'autres, avec toute la sottise rapace et sans pitié que cela comporte. Voilà les ténèbres, non seulement celui de la grande jungle, mais aussi celui du coeur de ces colons venus juste gagner de l'argent en en faisant mourir d'autres. Les chercheurs d'or, voleurs sans sens moral, sordides boucaniers, sont pour Marlow / Conrad (même si ce dernier s'est essayé à la recherche de l'or) « insouciants sans hardiesse, avides sans audace, cruels sans courage ». de plus les noirs sur le bateau ne sont pas nourris, on leur donne seulement un peu de fil de cuivre, pour pêcher ou se pendre. Pas étonnant que le cannibalisme sévisse, quand on connaît la torture de la faim. Nous plongeons dans l'intérieur de la forêt vierge du Congo, en suivant le grand serpent du fleuve. Les pages de Conrad m'ont rappelé, par ses descriptions sur la nature exubérante digne de la création du monde, avec toutes les angoisses que génère une terre préhistorique, remplie de dangers, de bruits insolites qui font sursauter, de pourriture de la mangrove et d'éclatement luxurieux de la nature, exactement la grande forêt vierge équatoriale. Expérience unique, cette entrée dans les profondeurs, dans le coeur des ténèbres, j'en ai aimé le lyrisme et le rendu de la petitesse de l'homme dans cette explosion végétale. Sauf qu'aucun animal, que l'on rencontre inévitablement en Afrique centrale, n'est noté. Nous sommes bien dans un conte, pas dans une réalité, et pourtant Conrad réussit par magie à nous donner l'essence de la forêt.
Alors, Kurtz ? Fou ? détraqué surement. le meilleur de tous les chercheurs d'ivoire…. Mais à quel prix ? mettre les indigènes à genoux, dresser des piquets avec des têtes humaines devant sa case, demander et obtenir la plus absolue dévotion de la part des noirs. Si la grande forêt révèle à Marlow son appartenance aux premiers âges de l'humanité, surgissement des forces brutales qui le possèdent, Kurtz semble possédé « le milieu sauvage lui avait murmuré sur lui même des choses qu'il ne savait pas …. et l'avait attaché à lui âme contre âme par les cérémonies inimaginables de quelque initiation diabolique ». Ne jugeons pas moralement Kurtz, ni l'attitude de Marlow, ni donc Conrad, même si l'acceptation de Kurtz par Marlow ne correspond pas à ce qu'il a dit au cours de son récit. Car Kurtz est un être creux, « misérablement enfantin »qui annone des choses sans intérêt, un peu come Marlon Brando dans Apocalypse Now. Mais Conrad, lui, nous offre un voyage initiatique au fond des ténèbres qui sont au coeur de la grande forêt, et aussi dans le coeur des hommes. Peut être veut il nous dire aussi que la vérité que l'on cherche ne se trouve pas forcément, et que l'initiation est ailleurs ?
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Sentiment très contrasté à la suite de cette lecture. J'ai d'ailleurs suivi un rythme inhabituel et irrégulier pour lire cet ouvrage. Comme l'impression d'avoir rencontré un chef d'oeuvre au moment où j'avais besoin d'un blockbuster et de ne pas être à la hauteur de cette rencontre.
C'est un ouvrage de paradoxe selon moi. Un roman d'aventures mais qui demeure finalement très contemplatif, une contemplation presque onirique de l'environnement des protagonistes mais aussi rès philosophique et existentialiste où ce sont les tréfoinds des âmes quio sont observés. Ressenti très personnel j'y ai vu un lien avec Frankenstein de Mary Shelley sur ce point où l'observation de la nature et des hommes permet d'interroger notre condition humaine propre et interroger cette notion de nature humaine.

C'est superbement écrit, et l'esthétique de l'écriture n'empêche pas une immersion émotionelle. le beau n'est pas là pour faire beau, ou juste pour être là, il sert le questionnement et il sert le fil directeur de l'ouvrage.

Une grande expérience de lecteur assurément.
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Qui dit "Au coeur des ténèbres" dit désormais "Apocalypse Now". L'un ne va plus sans l'autre.
A l'instar de Blade Runner - qui est un des rares films à avoir su à ce point transcender un roman - Apocalypse Now est certainement une des meilleures adaptations cinématographiques réalisées à ce jour.
C'est celle de cette longue nouvelle de Joseph Conrad - ancien marin devenu écrivain -, qui inspira autant Orson Welles que Robert Silverberg.
Si Apocalypse Now est un chef-d'oeuvre, c'est d'abord pour la pertinence de sa transposition (Au coeur des ténèbres est une allégorie anthropologique de la descente aux enfers psychologique. Un enfoncement progressif et inéluctable dans les parties les plus sombres de l'âme. Par ses perpétuels contrastes visuels, l'oeuvre révèle des zones de lumière effrayantes, tout autant que splendides).
Ensuite bien sûr pour la peinture de ces époques qui atteignent sans broncher les tréfonds de la sauvagerie (mais qui sont les vrais sauvages ? le film de Coppola préférera la sauvagerie de la guerre du Vietnâm à celle de la domination colonialiste, mais peu importe. Same player, do it again).
Enfin également pour le seul spectacle opposant le sombre au clair, le noir à l'aveuglante lumière. Au coeur des ténèbres/ Apocalypse Now est un 'tableau' dans les multiples acceptions du terme. le film, bien sûr, qui décline un clair-obscur démesuré, un feu d'artifice de contrastes. Mais le livre tout autant.

Pour l'histoire du court roman de Conrad, elle est assez simple : un jeune officier de la marine marchande est envoyé au coeur du Congo belge, à la recherche d'un collecteur d'ivoire dont on est sans nouvelles. A priori une mission sans saveur.
Ce sera une plongée en enfer.

L'intérêt de ce récit ? Retenons le génie narratif. Rarement un récit d'horreur pure aura autant pris les traits du récit d'aventures.
Ici tout est gluant, la jungle isole son héros du monde civilisé en même temps qu'elle brise les illusions de ce jeune idéaliste au fur et à mesure qu'il remonte le bras de ce fleuve noir. le monde, d'un ennui mortel, ne paraît beau à voir que dans les flammes. Voilà ce qu'il ne peut s'avouer.
Rarement autant de thèmes si ardus à traiter (la folie, la barbarie, la sauvagerie, l'oubli de soi, l'arrogance colonialiste, la réclusion dans des idéaux flous et hypocrites) auront su trouver un écho aussi lumineux.
Au coeur des ténèbres est un chef-d'oeuvre inspirant un chef-d'oeuvre. Il relève non plus de la littérature, mais du mythe. Il ressemble à l'un de ces récits que devaient se faire les Dieux entre eux le soir au coin du feu pour se faire peur. Et dont l'homme est le héros.
"La lumière, la lumière, la lumière". Voilà comment se terminait le leur.

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Aux amateurs de croisière, je conseille ce périple fluvial en plein coeur de l'Afrique. À noter qu'ici, la croisière s'amuse beaucoup moins que dans la série TV des années 70-80 (sans doute parce qu'il n'y a aucun rapport entre les deux oeuvres, allez savoir). Il s'agit d'une histoire de déshumanisation, de folie et d'horreur coloniale.
Le bouquin a été adapté par Coppola en version guerre du Vietnam. le titre – Apocalypse Now – et les derniers mots du film – “l'horreur, l'horreur” – rendent on ne peut mieux l'esprit de cet aller simple vers les ténèbres.
Lien : https://unkapart.fr/sous-le-..
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