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EAN : 9782357205949
347 pages
Editions Hervé Chopin (04/03/2021)
3.5/5   26 notes
Résumé :
Avril 1545, quinze ans avant les guerres de religion, l'enfer en Luberon.

Par un soir de tempête, un jeune homme épuisé et blessé surgit dans la bastide d'un paysan. C'est Arnaud de Montignac, capitaine aux gardes de Marguerite de Navarre. La sœur de François Ier l'envoie auprès d'un seigneur ami pour s'informer de ce qui se trame sur les bords de Durance. Trois armées en ordre de bataille, celle du roi de France, les troupes pontificales et les force... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Instructif, fluide et agréable mais pas palpitant.

La mise au pas de l'hérésie vaudoise par le massacre, trente ans avant la St Barthélémy. Un courant chrétien, se rapprochant du protestantisme, prônant des valeurs simples, c'était trop pour les vrais catholiques avides de pouvoirs. Politique et religion, cette association si explosive dans le détournement de la foi à des fins personnelles. L'histoire se répète dites-vous ?

Dans ce roman historique (ce n'est pas un essai), on suit un jeune capitaine envoyé par la soeur de la Reine qui assistera aux exactions dans ce pays du Lubéron, au nord de la Durance et qui en profitera pour tomber amoureux. (Qu'est-ce un bon roman historique sans une bonne petite romance en filigrane ? )

Entre l'avertissement au lecteur et les explications du seigneur d'Allen, nous avons une bonne vue des tenants et des aboutissants des décisions qui ont conduit à ce massacre. Loin d'être rébarbatif ou pontifiant, l'auteur est clair et facile à suivre. J'aime ce rappel de temps en temps, histoire de ne pas oublier que la France si prompte à donner des leçons au monde, a eu en son temps son lot de crevards infâmes et génocidaires.

La romance est mignonne, prend sa place dans le fil de l'histoire, sans le dénaturer.
Mes reproches : Un personnage principal trop lisse pour un roman trop lisse. Si l'auteur a su distiller quelques scènes très fortes, trash même, à bas de viols et d'éventration pour illustrer la barbarie qui peut s'emparer d'une troupe de soudards dont on a lâché la bride sur des populations civiles présentées comme l'ennemi, le tout glisse trop facilement.
On ne peut pas reprocher au roman un manque de fluidité. C'est plutôt le contraire même, ça se lit très bien, mais il manque ce souffle épique, cette ferveur qu'on retrouve si souvent dans les romans anglophones.

On avait la matière pour sortir de cette lecture, estomaqué, pris aux tripes, révolté et la quatrième de couverture nous en promettait. Et au final, en dehors d'une intéressante petite leçon d'histoire, on gardera surtout en mémoire le gentil couple formé par Arnaud et Isabelle.
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Après la "Guerre de cent ans " , la peste noire et les famines ruinèrent la région du Luberon . Cette terre redevenue vierge et pauvre vit déferler les Vaudois qui , persécutés , accusés d'hérésie , fuyaient les vallées alpines .
Ces adeptes de Pierre Valdo ( XIIème siècle ) s'opposaient à l'obscurantisme catholique et traduisirent la Bible en français pour que tous puissent la lire par exemple . Ou encore , ils refusaient de croire en l'existence de la vierge .

Bien qu'en terre papale , les seigneurs locaux favorisèrent leur installation pour raison économique et ils vécurent en paix pendant plusieurs décennies .
Mais , vers 1545 , à nouveau plusieurs seigneurs dont le baron d'Oppède , manigancent contre les vaudois .
Marguerite de Navarre cherche à s'informer en envoyant le capitaine de sa garde auprès de son ami , le seigneur d'Allen .
Et , là se mêlent Histoire et fiction .

L'Histoire a bien retenu le massacre des vaudois dans ces contrées qui furent ravagées par les armées du roi , du pape et de Provence .
Des armées souvent composées de mercenaires .
Sous prétexte d'un appel à adjuration non entendu , la Provence , le Vaucluse , la montagne du Luberon furent pillés et incendiés .
Seuls furent épargnés les villages reconnus catholiques .
Les vaudois furent massacrés tous sauf les hommes jeunes et vaillants qui furent réduits à l'esclavage , vendus et déportés à Marseille pour embarquer sur les galères .
On retrouve ici le célèbre édit de Mérindol promulgué par François 1er en janvier 1545 . Quant aux véritables raisons de ces massacres , l'auteur les dévoile ; elles rajoutent encore de l'horreur à l'horreur si c'est possible .

L'intrigue va tourner autour d'une histoire d'amour . Une fiction un brin fleur bleue au milieu du chaos .

Si je n'ai pas été très convaincue par les aventures du capitaine Arnaud de Montignac , en revanche les événements du récit ont , me semble-t-il , permis de mettre l'accent sur des exactions et d'ignobles curées inhérentes à toutes périodes de troubles .
La nature humaine vue sous son pire aspect .

Sinon , ce roman m'a beaucoup plu pour sa riche documentation historique . C'est ce que je retiendrai .
Mais , j'ai moins apprécié l'alliance avec une intrigue qui s'étiole souvent sous la masse de données et de précisions historiques .

Ce récit reste une lecture didactique qui m'a permis d'approfondir un peu plus l'histoire des vaudois .
Quand on séjourne en Luberon , on la ressent fortement cette histoire surtout à Mérindol bien sûr . Mais là , c'est un intérêt lié à des souvenirs très personnels , j'en conviens .

En outre , cet ouvrage est bien écrit et délivre en filigrane quelques petits messages philosophiques ou vérités sur le genre humain pas désagréables à débusquer .
Autre atout , sa présentation claire .
Dans les premières pages , l'auteur distingue pour le lecteur les personnages historiques et fictifs , propose un bref condensé de données historiques ainsi qu'une topographie de la région .

Jean Contrucci , un auteur que je découvre et relirai certainement .
C'est avec plaisir que je remercie les éditions Hervé Chopin et l'équipe de Masse Critique Babelio de m'avoir offert ce livre .
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En ce jour de Pâques 2020 , j'achève cette lecture  : Il y a 476 ans, en 1545 , durant la semaine pascale Jean Meynier, baron d'Oppède, fourbe et sanguinaire, à la tête d'une armée de soudards s'élance vers les villages du Luberon où résident les Vaudois ( Pays d'Aigues, La Motte, Cabrières, Lacoste , Peypin et Saint Martin…) . Cet épisode tragique qui marqua profondément la Provence où se mêlent petite et grande Histoire, est raconté de façon romanesque, mais Jean Contrucci respecte la chronologie des faits et apporte des détails réalistes et authentiques (certains m'étaient inconnus) .
Certes comme le souligne la quatrième de couverture, c'est un pan de l'histoire qui n'est pas souvent relaté , mais en pays luberonais ce drame est toujours fort vivace notamment à Mérindol , village martyre , gardien de la mémoire vaudoise. Quand on se promène dans Lourmarin, on remarque que de nombreuses maisons portent un millésime sur leur façade, bien peu des XV et XVI ème siècle, puisque bon nombre d'habitations furent détruites au cours du pillage sanglant du village.


Je recommande de lire aussi l'ouvrage indiqué par l'auteur de Gabriel-Audisio(non pas le frère solaire d'Albert Camus mais l'historien membre de l'académie de Nîmes ) Les Vaudois: Histoire d'une dissidence (XIIe-XVIe siècle) et l'excellent opuscule publié par l'association d'Etudes Vaudoises et Historiques du Luberon( printemps été 2013 ISSN 0240-8422)
L'illustration de la couverture : des soudards aidés de lance, jetant du haut d'une tour une jeune femme, me fait plutôt penser à la Tour de Constance à Aigues-mortes, où se déroulèrent, aussi, des atrocités envers les "femmes hérétiques "


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"Le Printemps des Maudits" est arrivé dans ma boîte aux lettres en plein hiver des confinés grâce à la dernière masse critique et j'en remercie Babelio ainsi que les éditions Hervé Chopin.
J'avais hâte de me plonger dans ce roman historique prometteur, un genre que j'affectionne et dont le sujet m'attirait beaucoup.
Je ne peux cependant, au terme de ma lecture, me défendre d'une pointe (un peu aigue quand même, la pointe) de déception.

Nous sommes en 1545 dans le Lubéron, le règne de François 1er jette ses derniers feux sur le royaume de France qui n'est pas encore ensanglanté par les guerres de religion comme il le sera quelques années plus tard.
Du moins pas par celles que l'on connaît et qu'on nous a enseigné à l'école.

Arnaud de Montignac, jeune noble, capitaine des gardes de la reine Marguerite de Navarre, dont l'esprit de tolérance et la culture ne sont plus à prouver, a été envoyé au bord de la Durance par sa royale suzeraine rencontrer le seigneur d'Allen afin de s'informer des événements qui secouent la région et qui ne vont pas tarder à la livrer au feu et au sang.
C'est que dans cette province âpre et reculée vivent de nombreux vaudois, ces disciples de Pierre Valdo, prédicateur du XII°siècle que l'église condamna pour hérésie.
Dans un royaume farouchement catholique et attaché à l'église qui craint l'essor du tout jeune protestantisme, ces vaudois -des familles de paysans essentiellement- représentent une menace.
C'est ainsi que trois armées, convaincues de mener une guerre sainte, vont fondre sur le Lubéron, pillant et incendiant les villages, torturant et massacrant les vaudois dans un déferlement de haine et de barbarie, sous les yeux d'Arnaud de Montignac, spectateur impuissant (et amoureux) de la folie des hommes. Il lui faudra se battre et choisir son camp.

Je tiens tout d'abord à saluer le choix de ce sujet pour ce roman. Pour moi, le mouvement vaudois était un courant religieux purement médiéval, une "hérésie" morte après le concile de Latran, un peu comme le catharisme. J'ignorais tout de sa survivance tout comme de la croisade menée par -entre autre- le baron d'Oppède. Outre que j'ai trouvé cette page d'histoire méconnue passionnante a bien des égards, je trouve également qu'elle peut constituer le cadre parfait pour un bon roman historique. J'imaginais avec gourmandise un récit dramatique, enlevé, animé d'un souffle romanesque grandiose; je rêvais un roman sublime et prenant!

Hélas, c'est là que le bât blesse: si "Le Printemps des Maudits" peut s'enorgueillir d'un travail de documentation extraordinaire et d'une rigueur historique plus qu'appréciable, point de souffle ni d'envolée. Son intrigue fictionnelle reste désespérément plate et attendue, facile... Un peu comme si elle avait été saupoudré par dessus le récit des faits historiques, sans conviction. C'est dommage car il y avait vraiment matière à réussir une grande et belle fresque....
On reproche si souvent aux romans historiques de prendre trop de liberté au détriment de la véracité des faits ou de donner une version biaisée de l'Histoire qu'on oublie que le défaut inverse est tout aussi -voire plus-frustrant.
Ainsi, je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment aux personnages, trop peu présents ou travaillés et le rythme, très factuel et plat, de la narration m'a parfois ennuyée.
Moi qui rêvais d'une nouvelle "Reine Margot" ou de la somptuosité des romans de Tim Willocks, me voici bien attristée.

Pour autant, "Le Printemps des Maudits" se laisse lire et le style de Jean Contrucci, plutôt agréable, n'est pas sans fluidité, mais c'est trop peu pour me marquer durablement et me bouleverser.
Finalement, le roman vaut surtout par sa volonté de sortir de l'oubli un épisode historique révoltant, intéressant et ô combien glaçant.
Il fait devoir de mémoire tout en rendant un très bel hommage aux vaudois du Lubéron, ce qui est à la fois beau et émouvant, nécessaire même si c'est aussi insuffisant à réussir le parfait roman.
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Le pari était hasardeux : plaquer une histoire d'amour sur cette page peu glorieuse de l'histoire de l'église catholique. D'autant que cette histoire sentimentale est cousue de fil blanc. le lecteur ne se fera pas vraiment d'inquiétude quant au sort des tourtereaux, même si le contexte général de dans lequel elle se déroule est particulièrement dramatique.

Ce contexte général, c'est la triste épopée vaudoise en Luberon. C'est le sort réservé par l'église romaine aux héritiers des disciples de l'église de Pierre Valdo, lequel avait fondé l'église des Pauvres de Lyon au 13ème siècle. Avant de se rapprocher de l'église réformée de Luther, ces disciples avaient eu le tort de vouloir lire la bible en leur langue vernaculaire. Il avait en effet fait traduire la bible latine en français de l'époque pour que le plus humble y ait accès.

Oui mais voilà, avoir accès à la bible c'était aussi y lire les vraies paroles du Christ et mesurer de cette façon l'écart considérable qui séparait le comportement de la curie romaine avec les évangiles. de sincères chrétiens les Vaudois sont donc devenus des hérétiques, avec le sort que leur réservait la toute puissante église officielle : le bûcher. Ce dont l'évêque de Tournon ne s'est pas privé. Il a convaincu le bon roi François 1er de lui prêter main forte en mettant à sa disposition des hordes de soudarts sans foi ni loi aux ordres du Baron Maynier d'Oppède pour réduire le soi-disant foyer d'hérésie.

L'histoire des Vaudois est fidèlement restituée sur un ton pédagogique de livre d'histoire. Reste que l'histoire d'amour qui la relève est comme une fleur sur un tas d'immondices : un peu de tendresse dans un monde de brutes. Celui qui ne veut pas s'atteler aux trois excellents volumes de Hubert Leconte à propos de l'épopée vaudoise (*) ne sera pas trompé quant au sort de ces malheureux par le printemps des maudits, c'est plus condensé et se lit comme le roman historique qu'il est.

L'église vaudoise existe encore en Piémont italien a contrario de l'église cathare. Cette dernière était sur le même crédo du retour à la vraie lecture des évangiles pour contrer la curie romaine laquelle se gardait bien, en assommant ses fidèles d'impôts, de s'appliquer les préceptes qu'elle prêchait avec la plus grande rigueur. N'est-il pas vrai que luxe et luxure ne figurent pas dans la parole restituée du Christ.

(*) La croix des humiliés ; Les larmes du Luberon ; le glaive et l'évangile - Editions Millepertuis
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Malgré les protections dont jouissait le baron d'Oppède vassal du pape Paul III en sa qualité de viguier de Cavaillon et de seigneur d'une ville du Comtat, on s'attendait donc que justice fût rendue. Moins à ces malheureux vaudois dont le sort - six ans après les faits- n'importait plus à grand monde, qu'à leurs seigneurs réclamant dédommagement pour les torts subis.
Mais la montagne accoucha d'une souris.
Le Parlement de Paris, estimant qu'il n'avait pas à prononcer un jugement à la place du roi, lui laissa la responsabilité de le faire en son âme et conscience, estimant que ce procès lui en avait donné tous les moyens.
Henri II choisit d'absoudre les coupables…
Par un de ces caprices dont l'histoire des rois de France est jalonnée, Maynier d'Oppède garda donc sa tête sur ses épaules et sortit de l'affaire totalement mis hors de cause. […] Seuls des dédommagements furent accordés aux seigneurs lésés. Quant aux malheureux vaudois dont le seul crime fut de vouloir revenir à la pureté évangélique, débarrassée des scories dont l'église l'avait encombrée depuis des siècles, personne ne se soucia de les plaindre ni de les consoler.
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On vit un gendarme qui, après avoir abusé de sa proie prête à enfanter à même le pavé de la nef, l’éventra pour brandir haut levé, comme un trophée sanglant, l’enfant encore vif qu’elle portait, et un autre précipiter la sienne depuis le haut du clocher.
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Monsieur veut dire ce que chacun sait. Qu’il est parmi les évêques et prêtres des gens pratiquant, en fait de charité, celle qui, bien ordonnée, commence par soi-même, et vivent en paillards, adultères, séducteurs ou larrons. Qui n’en connaît ?
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Des chercheurs qui cherchent on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent on en cherche. C’est trouver qui est difficile.
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Je suis votre dame, leur disait Blanche de Lévis, les larmes aux yeux, et en tant que telle, garante de votre sécurité. Je n’ai que ce souci en tête. Mais j’ai besoin que vous m’aidiez à la garantir. Pour ce, il faut vous soumettre au roi qui demande votre retour en la sainte foi de l’Église de Rome, en déposant les armes et en reniant vos erreurs.
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