Marseille à l'extrême fin du XIX° siècle (le livre se ferme sur le réveillon 1900), sombre histoire de sympathiques anarchistes et de vilains bourgeois opiomanes, de policiers bourrus et de reporters fouineurs. C'est dire si l'histoire est convenue ! On retrouve là l'ambiance, pas désagréable au demeurant, des grands romans policiers d'autrefois, Rouletabille ou Arsène Lupin. Restent les qualités du roman historique, mais (c'est mon goût) je n'aime pas les romans policiers historiques : contrairement aux romans policiers étrangers (Xiaolong Qiu, Leonardo Padura,
Donna Leon, par ex.) qui créent une ambiance à partir de quelques détails et dépaysent vraiment, les polars historiques affichent toujours une documentation laborieuse qui tue l'ambiance. Que nous importe le nombre de morceaux dont a été composée l'obélisque de la place Castellane ? L'opposition entre le quartier du Rouet (aujourd'hui résidentiel) et celui du Prado est assez vivante, mais à côté de cela, combien de détails inutiles ! de même, le parler marseillais, pourtant si savoureux, semble "plaqué" pour faire couleur locale.
Enfin, tout le monde il est gentil et affectueux, sauf le méchant qu'il est de plus en plus méchant alors qu'on le croyait gentil : pas très fouillé au niveau des caractères !
Le vrai lecteur de romans policier (ou le lecteur de vrais romans policiers) s'ennuie un peu. A choisir, il y a tant d'ouvrages de souvenirs sur le Marseille ancien qui se lisent plus agréablement, si l'on veut retrouver cette ambiance désuète.