A quarante ans, Sandra vit à Paris, a parfois un petit ami et cherche un sens à sa vie. Romain, son meilleur ami, en couple avec Marc, essaient d'avoir par GPA un enfant, par des moyens légaux et ce n'est pas facile. Cette démarche est coûteuse et comprend les frais d'avocat, de mère-porteuse, etc … Les États-Unis est le pays par lequel, ils veulent passer, mais les difficultés s'accumulent. Après, plusieurs tentatives infructueuses, Romain sollicite Sandra afin qu'elle devienne leur mère-porteuse, mais Sandra n'est pas prête. Elle n'a jamais voulu avoir d'enfants. Elle va donc réfléchir à cette proposition.
Quelle conséquence aura cette maternité sur le devenir de Sandra ? Est-elle consciente de ce que représente une grossesse ?
L'auteure nous plonge au coeur de l'intimité d'une femme pendant sa grossesse avec ses peurs, ses doutes, la maternité et toutes les questions que cela engendrent.
Un roman tout en finesse et son ressenti autour de la maternité et de la GPA.
J'ai aimé que l'auteure nous immisce dans la tête de Sandra, ce qui nous permet d'être avec elle dans son parcours, dans les difficultés qu'elle rencontre, dans les questions qu'elle se pose.
Une écriture percutante pour un livre qui aborde un sujet fort, osé et délicat, ce qui ne laissera personne indifférent. Un magnifique roman sur le désir d'enfant.
Une auteure qui m'a donné envie de lire son premier roman et que je vais suivre à l'avenir.
Merci aux 68 Premières fois et aux Éditions Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Celles qui ne se posent pas de questions, celles pour qui cela va de soi, celles qui font congeler leurs ovocytes, celles qui se piquent, celles qui vont récupérer la capote dans la poubelle, celles qui attendent le bon, celles qui se font ligaturer les trompes, celles qui s’en remettent à la méthode Ogino, celles qui n’en veulent pas parce que dévorées d’une passion qui les occupe tout entière, celles qui vont à l’étranger, celles qui dealent avec un copain, celles qui s’inséminent seules, celles qui pensent que c’est une hérésie en termes d’écologie, celles qui le font dans le dos, celles qui regrettent devant l’abnégation que la maternité implique, celles qui renoncent, celles qui adoptent, celles qui avortent.
(Les premières pages du livre)
Neuf mois et puis s’en vont. C’est ce que je m’étais dit : neuf mois et puis s’en vont. Sans conséquence aucune, si ce n’est le ventre qui fronce et la poitrine un peu plus affaissée – enfin, c’était inéluctable, de toute façon j’y étais déjà, au moins aurais-je connu un bonnet E.
Neuf mois et puis s’en vont. J’avais fini par y croire et la missive me cueille à la manière d’un uppercut.
« Dans cinq mois, vous allez être maman. »
Je titube, cherche une chaise à tâtons.
Je suis enceinte, je ne vais pas devenir mère. Je fais un enfant, je ne vais pas en avoir un ni ne l’attends ou alors seulement pour en être délivrée. Dans cinq mois, je vais accoucher, pas devenir maman.
Pour l’administration, je le suis. Je le serai toujours.
Même déchue de mon autorité parentale – tel est le plan – il restera des traces de ma grossesse. Des preuves. Et puisqu’on ne scinde pas grossesse et maternité, puisque ce que nous faisons est hors la loi, je serai mère ad vitam, telle est la réalité. Sur le papier.
Et dans ma tête ? Ma conscience, mon cœur.
Dans le reflet de la fenêtre, je surprends ma silhouette. Je ne me reconnais pas. C’était à peine un renflement, même pas de nausées, c’est devenu un petit ballon crâne. Du jour au lendemain, d’un instant à l’autre. Comme si, de mèche avec la caisse d’allocations familiales qui m’écrit, le ventre avait choisi ce moment pour saillir d’un coup.
L’air me manque. L’air me manque et ce ventre me pèse. Je suffoque. Un râle. Sous le coton du tee-shirt, j’empoigne mes seins lourds – de quoi ? –, les pétris avec vigueur, les pince, les tords, les griffe. Comme ça ne suffit pas, je martèle mon thorax. D’un poing, des deux. Lentement, plus fort. Je gémis. Comme ça ne suffit toujours pas, je tente d’empoigner mon ventre mais je n’ai pas de prise, la peau, déjà, est trop tendue. Je n’ai pas de prise sur mon propre corps. J’étouffe. De l’intérieur des poignets, j’écrase mes flancs, appuie, lamine, broie, malaxe, comprime. Avec mes ongles, j’écorche, gratte, érafle, laboure.
Dégage.
Ce n’est d’abord qu’un murmure.
Dégage.
Une injonction.
Dégage ! Dégage !
Un cri.
Dégaaaageeee !
Une vocifération.
Ensuite, c’est le sang qui m’arrête. Sous mes ongles, le sang. Et un peu de peau. Quelques lambeaux.
Qu’es-tu en train de faire ?
Je me lève, rouge aux joues, dépenaillée, meurtrie. Je me déshabille en prenant garde à ne plus croiser mon reflet, enfile un jogging, des baskets. Je dévale les escaliers d’un pas lourd, tentant d’amorcer un mécanisme d’expulsion à mon périnée.
Dégage.
Dans le parc des Buttes-Chaumont, une foulée après l’autre, le ventre de quatre mois tendu comme de la pierre.
Dégage.
À l’intérieur, « cela » ne sautille pas, « cela » pèse sur l’utérus. Et une fois sorti ? Sur mes épaules, ma conscience, mon cœur, mon avenir.
Je vois le lacet se dénouer, je ne ralentis pas la cadence. Je songe que ce pourrait être une solution, que c’est un signe. J’accélère la cadence. Je me laisse aller au poids du ventre qui me déstabilise, m’entraîne vers le sol.
Je chute.
— Qu’est-ce que t’as foutu ?
Il l’aboie plus qu’il ne le demande. Ce n’est pas dans ses habitudes mais c’est son droit, il est en droit, il a des droits sur moi. Je l’ai voulu, j’ai même exigé un contrat. Je lui ai donné le droit d’avoir des droits et d’abord celui que je file droit. Je ris. Romain écarquille les yeux, je lui fais peur. Moi-même… je m’effraie.
— Sandra, qu’est-ce que t’as foutu ? répète-t-il avec plus de douceur.
Je hausse les épaules.
— Un courrier de la CAF m’a gonflée, je suis allée m’aérer pour redescendre
Pour dégonfler. Paf, pffffft ! on n’en parle plus. Je ris de nouveau. Romain soupire, exaspéré. Debout devant le lit d’hôpital où les pompiers m’ont transportée, il me domine de tout son mètre quatre-vingts.
— Et il disait quoi, ce courrier, pour te mettre dans un tel état ?
Je singe, voix mielleuse.
— Dans cinq mois, vous allez être maman.
Il est fin, Romain, il comprend.
— Oh. Eh bien… eh bien je suppose que…
— Que quoi ? On a déclaré la grossesse ensemble, pourquoi ne s’adressent-ils qu’à moi ?
— Je ne demande pas mieux que de recevoir moi aussi ce genre de courrier, tu le sais.
Je le sais. Mais quant à toi, tu sais bien que ce n’est pas seulement cela dont il s’agit. Hein, tu le sais ? Alors je proteste – j’ai envie de protester, j’ai besoin de protester :
— Amber, on ne l’aurait pas fait chier avec ça.
J'aimerais avoir fait autrement. Mais certainement n'était-ce pas possible, sûrement fallait-il en passer par là. Croire que c'était pour du beurre. Et maintenant ?
Nous réinventerons. Nous ferons corps.
Qu'est-ce donc qu’être parents si ce n'est ressentir l'extrême fragilité de toute chose, si ce n'est de tendre le bâton pour se faire battre.
Celle qui ne se posent pas de questions,c elles pour qui cela va de soi, celles qui font congeler leurs ovocytes, celles qui se piquent, celles qui vont récupérer la capote dans la poubelle, celles qui attendent le bon; celles qui se font ligaturer les trompes, celles qui s'en remettent à la méthode Ogino, celle qui n'en veulent pas par que dévorées d'une passion qui les occupe toute entière, celle qui vont à l'étranger, celles qui dealent avec un copain, celle qui s'inséminent seules, celles qui pensent que c'est une hérésie en termes d'écologie, celles qui le font dans le dos...
Coffret littérature poche
Magic Time Magic Time de Doug Marlette et Karine Lalechere aux éditions 10-18
1990. Journaliste, Carter regagne son Mississippi natal pour couvrir la réouverture d'un procès douloureux : le meurtre de militants des droits civiques par le Ku Klux Klan, en 1965. Parmi les victimes : son premier amour. le juge Ransom, son père, était alors chargé de l'affaire. Carter veut la vérité. Mais en déterrant le passé, il va découvrir un secret aussi terrible qu'inattendu... Inspirée d'un fait réel, cette enquête haletante maquillée en thriller plonge dans l'histoire politique violente et ségrégationniste de l'Amérique pour en tirer une poignante leçon d'humanité?
https://www.lagriffenoire.com/76601-divers-polar-magic-time.html
Le chagrin des vivants de Anna Hope et Élodie Leplat aux éditions Folio
Durant les premiers jours de novembre 1920, l?Angleterre attend l?arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d?hommage. À Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l?armée ; Ada, qui ne cesse d?apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d?hommes mutiques, rongés par les horreurs vécues, ces femmes cherchent l?équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les c?urs s?apaisent.
https://www.lagriffenoire.com/87463-divers-litterature-le-chagrin-des-vivants.html
Churchill m'a menti de Caroline Grimm aux éditions Livre de Poche
C'est une histoire vraie et oubliée.
Celle de l'île de Jersey, abandonnée par Churchill en juin 1940, envahie par les Allemands deux mois plus tard.
Comment vont survivre les habitants de l'île livrés à l'ennemi ? Pour qui les nazis font-ils construire les seuls camps de concentration de l'Europe de l'Ouest ? Des centaines de Français y seront déportés. Pourquoi Churchill n'en a-t-il jamais parlé ?
Ces années de lutte, l?auteur les raconte en suivant le quotidien palpitant de personnages qui n'ont eu d'autre choix que de collaborer avec l'ennemi ou de résister.
Un livre poignant sur un chapitre ignoré de la Seconde Guerre mondiale.
Un chef-d??uvre. Gérard Collard, librairie La Griffe noire.
Un roman choral bouleversant. Caroline Grimm nous transporte. Charlotte Pons, le Point.
https://www.lagriffenoire.com/63342-romans-churchill-m-a-menti.html
Vous pouvez commander cette sélection sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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